III Problématique
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Ce mémoire traite des stratégies
résidentielles des franciliens afin de comprendre comment ils en
viennent à prendre la décision de déménager.
J'ai choisi d'étudier la question de leur
mobilité en me penchant particulièrement sur les processus
résidentiels qui permettent de voir quels arbitrages sont faits pour
qu'ils prennent la décision de quitter l'Ile-de-France d'une part et
d'aller habiter en lotissement pavillonnaire d'autre part.
Plus précisément, nous chercherons à
comprendre comment les franciliens en viennent à partir d'Ile-de-France?
Quelles causes évoquent-t-ils pour expliquer leur départ et leur
engouement pour le pavillonnaire?
Pour traiter une telle problématique, il est important
d'avoir à l'esprit que nous avons à faire à des
mobilités de courtes distances puisqu'elles ne dépassent pas 90
km. Selon Thierry Debrand et Claude Taffin4, les distances
parcourues entre 2 lieux d'habitation sont révélatrices des
causes du déménagement.
En effet, d'après eux, les mobilités de courtes
distances sont associées aux changements de la structure du
ménage. En revanche, la mobilité de longue distance est induite
par un changement professionnel pour au moins une personne du ménage.
En regardant les trajectoires résidentielles des
ménages ex-provinciaux, nous pourrons voir si leur arrivée en
Ile-de-France était une migration professionnelle (s'il s'agit bien
d'une migration de longue distance). Parallèlement, nous regarderons si
les migrations de courtes distances, de l'Ile-de-France vers les franges ont
principalement des causes familiales.
Mais dans le développement de notre analyse, nous
apporterons un éclairage sur toutes les causes de
déménagement invoquées par les interviewés pour
décrire la réalité la plus finement possible telles que
l'envie d'être propriétaire, la recherche d'entre-soi et le
rôle des promoteurs immobiliers dans la décision. Tous ces
facteurs pris en compte dans la stratégie résidentielle des
ménages nous montrerons que les processus de décision peuvent
être divergents selon le profil sociodémographique du
ménage migrant et de sa situation passée, actuelle et future.
3-1 Migration et cycle de vie
Nous étudierons donc les mécanismes qui font
qu'un ménage choisit de migrer. Nos interrogations sur les migrations
des franciliens nous amèneront à aborder la question de la
composition familiale et sociale des migrants pour savoir si nous sommes dans
un phénomène où l'Ile-de-France opère une
sélection d'une ou plusieurs type de ménages.
Ces questions nous intéressent car un
déménagement n'est jamais neutre. Comme le montre Paul Clerc dans
son article « la mobilité des familles françaises;
changement de logement et calendrier familial »5, le changement
de localisation géographique est en relation étroite avec un
moment de la vie. Il a rendu compte lors de son analyse que le mariage et
l'accroissement de la famille était les deux facteurs principaux de
migrations extra-régionales.
L'importance du facteur familial est considérable
puisque désormais, les ménages ne vont plus s'adapter au logement
mais chercher ce qui conviendra à la famille au moment actuel, ce qui
implique parfois plusieurs déménagements entre le moment de
l'installation en couple et la retraite. Il sera donc intéressant de
voir le parcours résidentiel antérieur des ménages
arrivant en lotissement afin de voir les causes de chacun de leur
déménagement et de savoir s'ils ont considéré leurs
installations comme passagères ou définitives, et notamment pour
leur arrivée dans un lotissement.
Dans quel but viennent-t-ils s'y installer et sont-ils aussi
enthousiastes quelques années après l'installation?
4 Debrand T., Taffin C., « Les facteurs
structurels et conjoncturels de la mobilité résidentielle depuis
20 ans », Économie et Statistique, N° 381-382, 2005.
5 Clerc P., « La mobilité des familles
françaises. Changements de logement et calendrier familial »,
Population, n° 1, 1974.
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Si nous prenons les données d'une enquête de
l'INED restituées par Catherine Bonvalet et Eva Lelievre6, on
distingue une nette différence entre les caractéristiques
démographiques et sociales des personnes qui quittent l'Ile-de-France et
celles qui y restent. Selon elles, les ménages les plus poussés
hors des frontières de l'Ile-de-France sont les couples ainsi que les
catégories sociales supérieures. Catherine Rhein ira
jusqu'à dire que « la composition démographique des
ménages mobiles est à peu près l'inverse de celles des
ménages stables »7.
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