Les processus migratoires des migrants via Paris. Le cas des nouveaux arrivants dans deux lotissements pavillonnaires d'Eure et Loire( Télécharger le fichier original )par Audrey LELONG Université de Rouen - Master politique locale et développement 2008 |
II Construction de l'objet2.1 L'objet d'étudeFace à cette augmentation générale de la population dans les franges comme nous pouvons le voir sur la cartographie ci-après qui présente le taux des nouveaux arrivants dans les départements limitrophes à l'Ile-de-France en 1999, j'ai choisi de me centrer sur un département en particulier. Cette carte montre que l'Eure-et-Loir accueille 16,7% de nouveaux arrivants en 1999 contre 15,2% dans l'Yonne (ce taux élevé avait inquiété la DDE de l'Yonne qui avait confié en 2007 « l'étude sociologique de la population arrivée dans le Sénonais depuis 1990 »2 au bureau d'étude ACADIE) 14,9% dans l'Oise et aux alentours de 14% dans l'Eure et dans le Loiret. L'étude sociologique de la population arrivée dans le Sénonais depuis 1990 annonce que 40% des nouveaux arrivants dans le nord du Sénonais sont des franciliens et elle nous présente les caractéristiques des nouveaux arrivants, les causes de leur départ d'Ile-de-France ainsi que leur satisfactions et insatisfactions du territoire d'accueil. En voici un résumé: 13 2 Synthèse de l'étude disponible sur www.yonne.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/NOUVEAUX_ARRIVANTS_SENONAIS_2007_cle74385f.pdf Profil : Actifs profession intermédiaire et cadre 35% sont des couples avec au moins un enfant Peu de famille de plus de 3 enfants Part importante de retraités La moyenne d'âge à l'arrivée est de 43 ans Ecoles Niveau de vie Commerces Insatisfactions : Les transports Les modes de garde Les loisirs, les animations l'étude sociologique de la population arrivée dans le Sénonais depuis 1990 Les principales causes d'arrivée dans le Sénonais : L'activité professionnelle La volonté de changer de cadre de vie Le choix immobilier Rapprochement familial Les satisfactions et insatisfactions du territoire d'accueil : Satisfactions : 15 Le département de l'Eure-et-Loir que j'ai choisi d'étudier se développe aussi rapidement grâce à sa facilité d'accès à la région parisienne et à sa situation géographique favorable (meilleure liaison et plus de proximité avec Paris et les départements d'Ile-de-France à l'ouest de Paris sont mieux appréciés) et j'ai voulu comprendre quelles étaient les raisons qui amenaient les habitants d'Ile-de-France à migrer vers ce département. Comme l'a montré Marc Augé dans son article intitulé Les tribulations immobilières d'un ethnologue paru dans Le Monde diplomatique en Août 1999, la facilité et la rapidité d'accès à la région parisienne est la cause principale du développement des lotissements pavillonnaires dans les départements des franges : « Depuis Chartres, Evreux, Dreux, L'Aigle, Rouen, l'univers pavillonnaire déborde et s'étend au long des rivières et des axes routiers ». En effet, comme nous pouvons le voir dans ce tableau qui regroupe les données de trois recensements (1968,1982 et 1999), les départements limitrophes de l'Ile-de-France ont vu leur population tripler entre 1968 et 1999. Paris a perdu près de 470 000 habitants au profit de la petite couronne et surtout de la grande couronne. Mais la décroissance démographique de Paris profite également et de plus en plus aux départements limitrophes qui ont gagné 700 000 habitants sur la même période. EVOLUTION DE LA POPULATION DE 1968 A 1999, PAR COURONNES CONCENTRIQUES AUTOUR DE PARIS 16 Après avoir réalisé les entretiens auprès des ménages migrants vers les départements des franges (dans des villes, des quartiers et des habitats divers) je me suis particulièrement intéressée aux ménages franciliens qui quittent la région Ile-de-France afin d'accéder à une maison individuelle ou plus spécifiquement à un pavillon en lotissement pavillonnaire qui est une tendance migratoire forte. En effet, à l'occasion du changement de région 69% sont passés du collectif à l'individuel et une part tout de même importante (31%) a souhaité refaire l'expérience de l'individuel mais cette fois dans un quartier pavillonnaire. Le changement de région occasionne ou permet fréquemment le passage du collectif à l'individuel, mais il faut cependant nuancer les proportions dans un sujet comme celui-ci car l'attention se focalise sur les opérations de lotissements qui attirent de 60 à 70% de franciliens (selon les sources et selon les opérations). Lors de l'enquête j'ai été confrontée à des ménages aux profils très divers, qui habitaient aussi bien dans un centre-ville, dans un lotissement que dans un hameau. C'est la particularité des ménages qui se sont installés en lotissement qui a retenu le plus mon attention. J'ai alors laissé de côté pour ce mémoire toutes les migrations vers les centres-villes, les hameaux, les lieux-dits où il n'y a pas de lotissements pavillonnaires. J'ai pris l'initiative de travailler sur le développement de lotissements pavillonnaires également parce que l'intérêt porté pour la maison individuelle depuis les années 70 est intéressant pour son évolution quantitative, pour les bouleversements qu'elle induit dans le secteur productif du logement, pour les modes de vies et d'habitats qu'elle sous-entend, pour les nouvelles pratiques d'urbanisme et d'architecture qu'elle introduit. A chaque époque un style d'habitat est privilégié et devient dominant. Comme nous pouvons le voir sur le graphique, après 1994, le nombre de constructions neuves collectives a chuté contrairement aux constructions neuves individuelles qui ont atteint leur plus haut niveau en 2000. Ainsi, pour permettre la multiplication des maisons individuelles, le développement des lotissements pavillonnaires a été et est encore très en vogue. 17 L'EVOLUTION DES STYLES D'HABITAT Source : ministère chargé de l'Equipement, Sitadel - ministère chargé de l'Agriculture, enquête Teruti. Mais quelles que soient les raisons des migrations vers ces territoires, ce mouvement de déconcentration urbaine a été possible grâce aux performances des transports individuels ou collectifs et il montre que l'Ile-de-France ne peut plus être seulement qualifiée comme un lieu d'attraction fort mais aussi comme une région de répulsion. |
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