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Les processus migratoires des migrants via Paris. Le cas des nouveaux arrivants dans deux lotissements pavillonnaires d'Eure et Loire

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par Audrey LELONG
Université de Rouen - Master politique locale et développement 2008
  

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1.2.2 Pour les classes moyennes

Ces franciliens d'origine sont majoritairement propriétaires de leur appartement, ou de leur maison mais dans une plus faible proportion (dans notre échantillon, nous avons une seule personne propriétaire de son pavillon). Le fait qu'ils le deviennent s'est fait selon eux, dans « l'ordre des choses ». Puisqu'ils sont pour la plupart originaires de la région, leur départ n'était pas envisageable et les prix de l'immobilier, notamment des appartements, leur permettaient d'acheter dans la région, bien qu'ils soient de la classe moyenne.

Ces catégories moyennes, désireuses d'être propriétaire d'une maison individuelle pourraient aussi acheter ce bien en Ile-de-France mais elles ne le font pas.

Comme la problématique des prix immobiliers de la région ressort à chaque question sur les causes de leur départ, nous avons cherché des informations précises sur les prix des maisons individuelles en Ile-de-France et dans les franges et nous nous sommes aperçus que les prix de l'immobilier dans certaines parties d'Ile-de-France sont accessibles, même pour une maison individuelle mais les accédants à la propriété n'ont donc pas pour seule motivation l'achat d'une maison individuelle puisqu'ils ne souhaitent pas en acheter une en Ile-de-France, là où les prix leur permettraient car ils considèrent que l'implantation des lots pavillonnaires est faite dans des quartiers mal réputés et où les avantages souhaités ne sont pas concevables dans ces lieux.

Pour eux, l'achat d'un pavillon est le résultat de nombreux efforts et il est le symbole de leur réussite sociale. Mais le pavillon dans un quartier mal fréquenté ne les sort pas de leur situation de classe moyenne. Pour se distinguer, il faut un pavillon bien situé, mais en Ile-de-France les prix sont trop élevés pour ce type de bien. Ils n'hésitent donc pas à franchir le pas.

Ainsi, ils fuient leur environnement de « banlieusards » pour satisfaire leurs exigences.

« La campagne pour élever ses enfants c'est mieux que dans une barre d'immeuble où il n'y a pas que du beau monde » (Chatou 78 -- Hanches 28 -- Mme A., secrétaire administrative).

« Les policiers étaient venus à l'école, nos enfants ne devaient pas voir ça » (Arcueil 94 -- Hanches 28 -- Mr R., ouvrier.

« On habite à Trappes et le grand va entrer au collège, on a voulu déménager pour éviter que les enfants aient un mauvais enseignement. Avant l'entrée en hème on a alors acheté un pavillon dans un lotissement qui se construit, tout

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en restant travailler en IDF. Là-bas, les enfants vont être entourés d'autres enfants «bien élevés et sans problème» (Trappes 78 -- Saint-Rémy-sur-Avre 28 -- Mme K., logisticienne).

« On le sait, on est maghrébins mais on voulait quitter cette population pour notre enfant. Pour lui, on voulait un environnement où il a une chance d'évoluer sainement» (Arcueil 94 --Hanches 28 -- Mr R., ouvrier).

Cette distinction souhaitée est encore plus flagrante pour les classes moyennes qui se sont installées dans le lotissement de Hanches. Ces personnes ayant connu les inconvénients des quartiers difficiles de l'Ile-de-France ont souhaité s'endetter pour être dans un lotissement résidentiel et ainsi mettre à distance les classes populaires et les minorités racisées. La séparation physique avec ces populations précises leur semble être le moyen le plus efficace pour ne pas être assimilée socialement à elles.

Pour cela, ils choisissent précisément et sont très exigeants sur ce qu'ils souhaitent pour leur nouveau quartier et logement. Le plus important est ce qui est à proximité de l'habitation et ils ne veulent pas choisir une commune qui serait dépourvue en commerces, en services à la population... puisqu'ils décident qu'ils ne doivent plus avoir recours à l'Ile-de-France pour d'éventuels manques. Le seul lien avec l'Ile-de-France qui leur restera sera leur famille qui a par ailleurs influencé leurs trajectoires. En effet, leur arrivée en Eure-et-Loir signifie l'absence de lien sur le territoire d'accueil puisque ces familles affirment n'avoir aucun lien de parenté ni amical avec des habitants de la région. Mais si elles n'ont pas d'origines locales dans le département de destination, leur famille, souvent proche et dans certain cas juste de l'autre côté de la frontière (en IDF) pèse dans leur choix de localisation géographique.

A travers ces types de migrants différents, nous avons soulevé trois possibilités que les migrants ont envisagées. La première est la possibilité d'avoir accès à une maison à prix accessible mais dans une ville d'Ile-de-France qui n'est pas valorisée, soit de choisir d'habiter dans une ville plus prestigieuse mais les prix étant élevés, ils n'auraient la possibilité d'acheter qu'un appartement avec une moindre surface. Enfin, ils ont la possibilité de s'éloigner de la région et avoir à un prix à peine plus élevé que leur appartement l'habitation dont ils rêvent. Très menés par leur envie de maison individuelle, ils ont aussi des critères au niveau de la commune mais nous verrons que le fait de pouvoir devenir propriétaire d'une maison les rend beaucoup moins exigeants au départ sur les avantages souhaités pour la ville d'accueil.

Leurs différents arbitrages entre toutes les possibilités qui s'offrent à eux les font opter pour un habitat qui privilégie l'entre-soi pour les uns et la distinction pour les autres.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard