REVUE DE LITTÉRATURE
Les différents ouvrages consultés nous ont
permis de recueillir des informations sur la malnutrition
infanto-juvénile que nous allons aborder comme suit:
1. situation épidémiologique de la malnutrition
dans le monde
2. Définition de la malnutrition et des
différentes formes de malnutrition
3. les facteurs qui expliquent la fréquence
élevée de la malnutrition
4. les conséquences de la malnutrition
5. les solutions préconisées en vue de
réduire l'ampleur de la malnutrition
I. SITUATION EPIDEMIOLOGIQUE DE LA MALNUTRITION
DANS LE MONDE
Depuis les sommets mondiaux sur l'alimentation de 1996 et de
2002, les dirigeants de la planète se sont engagés à
plusieurs reprises à réduire la faim et la malnutrition. Et
pourtant, on estime que le nombre de personnes sous-alimentées et
souffrant de la faim est passé de 800 millions à presque un
milliard, alors que la crise économique s'ajoute aux difficultés
des pays en développement. L'éruption de la crise alimentaire
début 2008, suivie de la crise financière survenue au cours de
l'été de la même année, ont contraint les dirigeants
du monde à reconnaître les difficultés des gros
défis auxquelles est confrontée la communauté
internationale pour faire face à son engagement à réaliser
les Objectifs du Millénaire pour le Développement et plus
particulièrement l'OMD 1, visant à éradiquer
l'extrême pauvreté et la faim (Mueller, 2008).
Selon UNICEF (2006), 143 millions d'enfants de moins de 5 ans
souffrent encore de dénutrition dans le monde en développement,
et plus de la moitié d'entre eux vit en Asie du Sud. La majorité
des pays qui affichent des progrès insuffisants se trouvent en Afrique
subsaharienne.
Dans le monde en développement, 30 % de la population
et presque un tiers des enfants sont sous alimentés de façon
chronique, soit un total de 777 millions d'individus ; 11 millions d'enfants de
moins de cinq ans meurent chaque année ; la malnutrition est responsable
de plus de la moitié de ces décès ; les deux tiers des 150
millions d'enfants malnutris dans le monde vivent en Asie. Chaque année,
11 millions de bébés de petit poids (moins de 2,5 kg) naissent en
Asie du sud et 3,6 millions en Afrique subsaharienne. Plus de deux milliards de
personnes souffrent de carences en micronutriments, soit un sur trois ; 100
à 140 millions d'enfants souffrent d'avitaminose A et 500.000 enfants
deviennent partiellement ou totalement aveugles chaque année ; 39 % sont
anémiés; 150 millions d'enfants présentent un retard de
croissance; 17 % des enfants et jusqu'à 50 % dans certains pays pauvres
sont de faible poids à la naissance (OMS 2000).
Les ravages de la malnutrition s'étendent aussi
à des millions de survivants qui restent infirmes, chroniquement
vulnérables aux infections et intellectuellement diminués. En
effet, la malnutrition nuit au système immunitaire, au
développement physique et mental et ainsi, réduit la
capacité d'apprentissage, la qualité générale de
vie et la productivité à l'âge adulte (Bellamy, 1998).
Selon FAO(2005), la malnutrition
protéino-énergétique (MPE), la carence en vitamine A, les
troubles de la carence en iode et les anémies nutritionnelles provenant
principalement d'une carence en fer ou de pertes de fer sont les
problèmes nutritionnels les plus courants et les plus importants
rencontrés dans presque tous les pays d'Asie, d'Afrique,
d'Amérique latine et du Proche-Orient. Un peu plus de 2 milliards de
personnes à travers le Monde souffrent de carence de fer ou d'iode dont
206 millions en Afrique.
II. DÉFINITION DE LA MALNUTRITION ET LES
DIFFÉRENTES FORMES DE MALNUTRITION
2.1. Définition de la
malnutrition
Malnutrition signifie principalement « mauvaise
nutrition ». Elle concerne l'insuffisance ainsi que l'excès de
nourriture, les mauvais types d'aliments, et la réaction du corps
à de nombreuses infections qui entraînent la malabsorption des
éléments nutritifs ou l'incapacité d'utiliser les
éléments nutritifs convenablement pour préserver la
santé (WWD, 2001).
Selon FAO (2006), La malnutrition est
caractérisée par un apport insuffisant ou excessif de
protéines, d'énergie et de micronutriments tels que les
vitamines, ainsi que par les infections et les troubles fréquents qui en
résultent.
2.2. Les différentes formes de
malnutrition
2.2.1. La malnutrition aiguë : maigreur ou
émaciation
Selon UNICEF (2005), La
malnutrition aiguë comprend la malnutrition
modérée et la malnutrition sévère et est
déterminée par un indice Poids/Taille (P/T) < - 2 ET
(écarts type) selon les nouvelles références de l'OMS.
Elle se caractérise par une nette insuffisance de poids par rapport
à la taille. Pour évaluer rapidement le degré de
malnutrition d'un enfant on peut se servir d'un bracelet mais le rapport
poids/taille est aussi utilisé.
· La malnutrition modérée
se définit par un indice poids sur taille compris entre 70 et 80% du
ratio normal.
· La malnutrition sévère
se définit par un indice poids sur taille inférieur à 70%
du ratio normal.
De même, le manuel de Merck indique que de la
malnutrition sévère, celle protéino-calorique se
présente sous 3 formes : sèche (fine,
déshydratée), humide (oedémateuse,
tuméfiée), et une forme combinée entre
les 2 extrêmes (PORTER, 2010).
La forme sèche, le
marasme, dérive d'un jeûne presque complet avec
une carence en protéines et en substances nutritionnelles non
protéiques. L'enfant souffrant de marasme consomme des quantités
très faibles d'aliments, souvent parce que sa mère ne peut pas
l'allaiter, et est très maigre en raison de la perte de ses muscles et
de la graisse corporelle (PORTER, 2010).
Citant WELLCOME (1996), il insiste en
rappelant que la forme humide est dénommée
kwashiorkor, un mot africain signifiant « premier
enfant-deuxième enfant ». Ce terme se réfère au fait
que le premier nouveau-né développe une malnutrition
protéino-calorique à l'arrivée d'un deuxième enfant
qui le remplace au sein maternel. La carence en protéines est
habituellement plus marquée que la carence énergétique et
provoque un oedème. Les enfants souffrant de kwashiorkor tendent
à être plus âgés que ceux souffrant de marasme et
sont sujets à développer la maladie après le sevrage.
La forme combinée de malnutrition
protéino-calorique est dénommée kwashiorkor
marasmique. Les enfants qui en souffrent ont des oedèmes et
davantage de graisse corporelle que ceux souffrant de marasme (CRUCHOT, 2008).
2.2.2. La malnutrition chronique encore nommée
rabougrissement ou retard de croissance
D'après DUBOT (2005), la malnutrition chronique est
caractérisée par un retard du développement de l'enfant
notamment dans sa croissance. Elle reflète l'histoire alimentaire et
nutritionnelle de l'individu et est déterminée par la
qualité de vie, le pouvoir d'achat, les politiques vis-à-vis de
l'environnement et les insécurités récurrentes. Elle est
déterminée par un rapport Taille/Age (T/A) < - 2 ET de la
médiane de la population de référence. La malnutrition
chronique devient sévère lorsque le rapport T/A < - 3 ET.
2.2.3. l'insuffisance pondérale
Forme de malnutrition qui englobe les 2 autres types (les
formes aiguë et chronique), l'insuffisance pondérale se
définie comme un rapport Poids/Age (P/A) inferieur à - 2 ET de la
médiane de la population de référence. Sa forme
sévère se définit par un P/A inferieur - 3 ET. Comme
dans le cas de la dénutrition, elle aggrave l'impact de la maladie c'est
ainsi qu'une grande proportion des décès d'enfants de moins de 5
ans, lui est imputable (MSAS, 2010).
III. LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA
FRÉQUENCE DE LA MALNUTRITION
Selon Smith et Al. (2000), si on veut réduire
la fréquence de la malnutrition infantile, il est nécessaire d'en
comprendre d'abord les causes.
Il affirme que, les déterminants immédiats du
statut nutritionnel d'un enfant sont les rations alimentaires et la
santé, qui sont à leur tour influencées par trois
déterminants sous-jacents au ménage : la sécurité
alimentaire, les soins adéquats aux mères et aux enfants et un
environnement sain. Ces trois déterminants sont quant à eux
influencés par des déterminants de base : les ressources
potentiellement disponibles pour un pays ou un groupe de personnes, et un
nombre de facteurs politiques, culturels et sociaux qui influencent
l'utilisation de ces ressources.
6.1.1. Les facteurs
immédiats
Les causes de la malnutrition dans les PVD sont multiples et
très souvent liées entre elles. Trois causes principales
immédiates se distinguent : l'insuffisance quantitative et qualitative
de la ration alimentaire, les croyances et tabous et la maladie. Leur
interaction tend à créer un cercle vicieux (CRUCHOT, 2008).
a) Production ou consommation
insuffisante
Selon DUBOT (2005), les carences alimentaires peuvent
être dues principalement à deux facteurs :
La disponibilité des vivres :
dans les zones rurales, la sécurité alimentaire dépend de
l'accès à la terre et aux autres ressources agricoles requises
pour garantir une production familiale suffisante. Or, le manque de terre, la
mauvaise qualité des terres et leur éloignement par rapport aux
villages, constituent des causes de l'indisponibilité des vivres.
L'accès aux vivres (accès
financier, physique et social): même si un marché regorge de
produits, lorsqu'ils sont chers (viande, fruits et légumes par exemple),
alors les familles trop pauvres pour les acheter ne peuvent
bénéficier de la sécurité alimentaire.
b) Facteurs socioculturels
Ils correspondent à :
La valeur symbolique liée à
certains aliments qui dans l'esprit de certaines populations gardent un sens
qui limite leur consommation à certaines occasions solennelles et
à certains groupes d'individus (FAO, 2005).
Les coutumes traditionnelles
influençant la consommation alimentaire. Dans bon nombre de zones
rurales, l'habitude de ne préparer qu'un seul repas en fin de
journée est certainement néfaste pour les enfants d'âge
scolaire qui doivent en prendre au moins trois par jour (FAO, 2005).
Le sevrage : nous assistons de nos
jours à un sevrage de plus en plus précoce et brutal du fait
d'une nouvelle grossesse ou de la tendance à nourrir l'enfant au biberon
de par les contraintes de travail de la mère le plus souvent. Selon
quelques croyances traditionnelles, une femme enceinte ne doit allaiter, son
lait étant considéré comme devenu mauvais du fait de son
état (Girard, 2008).
Les interprétations
socio-anthropologiques : les mères observent
régulièrement le corps de leur enfant et qu'elles le qualifient
spontanément de « beau », de
« bon », de « gros », de
« gai », de « maigre » et, bien
entendu, de « bien portant » ou de « mal
portant » (Allen, 1982). « L'enfant sain est un petit gros
jovial, qui court partout, qui est toujours content et qui ne se plaint pas
parce qu'il est sain » ; pour résumer ces
dernières, on peut dire qu'un « beau corps bien
fait » doit être harmonieux, avec une tendance à
l'embonpoint bien réparti sur tout le corps (Garine, 2004). À un
niveau très général, l'alimentation appelle la
répétition et favorise la mise en oeuvre de procédures
ritualisées.
En outre, quand elle devient
« protectrice », comme dans le
« tokhantal », elle fait appel à la croyance et
partage de ce fait une caractéristique essentielle du rituel. Il faut,
« pour que ça marche », que les acteurs y croient.
c) Facteurs infectieux
De nombreuses recherches ont montré qu'il y avait une
relation étroite entre l'état de nutrition et les maladies
infectieuses. Les maladies infectieuses se déclarent plus facilement et
sont souvent mortelles chez les enfants mal nourris, elles peuvent provoquer
aussi une malnutrition. L'enfant malnutri, résistant moins bien à
la maladie, tombe malade plus souvent, et de ce fait la malnutrition empire
(CRUCHOT, 2008).
6.1.2. Les facteurs sous-jacents
Selon Unicef (2008), la malnutrition est aussi le
résultat d'une combinaison de facteurs sous-jacents :
Les famines et les guerres : responsables
d'une petite partie de la malnutrition mais avec des formes graves et souvent
mortelles. 90 % des réfugiés ou déplacés sont des
femmes et des enfants. Un million et demi d'enfants vivent dans 42 pays en
conflit aujourd'hui.
Les catastrophes naturelles : ouragan,
sécheresse, tremblement de terre, éruption volcanique, gel,
inondation, typhon, invasion d'insectes ; ces fléaux peuvent
détruire 20 ans de développement dans une région.
La sécurité alimentaire insuffisante
dans les familles qui ne peuvent produire ou acquérir les
aliments contenant l'énergie et les nutriments nécessaires.
Le manque d'accès à l'eauet
d'installations sanitaires : l'insalubrité à
l'intérieur et à proximité des maisons favorise les
maladies infectieuses (diarrhée), qui deviennent à leur tour, des
causes majeures de malnutrition.
La mauvaise qualité des services de
santé : chers, non existants, peu accessibles, inadaptés
entrainant de faibles taux de vaccination et une prise en charge
inadaptée des enfants malades et malnutris.
L'inadéquation des soins aux mères et
aux enfants : les familles et les communautés n'ont pas les
moyens de prendre en charge leur santé et leur alimentation.
L'état nutritionnel des mères :
qui font des bébés plus petits et plus sujets à de graves
problèmes de santé.
L'allaitement maternel insuffisant et un sevrage
brutal. En 2005, 60% des bébés dans le monde
n'étaient pas nourris exclusivement au sein pendant les 6 premiers mois
de leur vie.
Le manque de produits thérapeutiques
pourtant très efficaces pour traiter la malnutrition
aiguë, comme les nouvelles pâtes alimentaires hautement
nutritives.
La discrimination à l'égard des femmes
et des jeunes filles ; l'analphabétisme et la place des
femmes sur le marché du travail sont des causes fondamentales de la
malnutrition, les enfants nés de femmes sans éducation, ont deux
fois plus de risques de mourir en bas âge.
6.1.3. Les facteurs fondamentaux
Tous les efforts des familles pour assurer une bonne
nutrition peuvent être battus en brèche par des facteurs
politiques, juridiques et culturelles comme le degré auquel les droits
des femmes et des jeunes filles sont protégés par la loi et la
coutume ; le système politique et économique
déterminant la distribution du revenu et des avoirs ; enfin, les
idéologies et les politiques gouvernant les secteurs sociaux (UNICEF,
1998).
IV. LES CONSÉQUENCES DE LA MALNUTRITION
En plus de ses effets immédiats (souffrance,
mortalité), la malnutrition peut avoir sur les enfants des effets
à long terme, surtout si l'enfant est pris en charge trop tardivement.
Un enfant victime de manques importants, particulièrement entre 0 et 5
ans, peut révéler plus tard à l'école des handicaps
neurologiques (mémoire, faculté d'assimilation). La malnutrition
a donc des répercussions graves sur la santé des enfants, leur
développement futur et celui de la société (UNICEF,
2009).
En plus, DIAGNE (1998) citant ADAMSON (1995) signalait que
ses effets pouvaient être regrettables sur le cours de la grossesse,
l'embryon, le nouveau-né, la femme enceinte ou allaitante.
V. LES SOLUTIONS PRÉCONISÉES EN VUE
DE RÉDUIRE L'AMPLEUR DU PROBLÈME
D'après FAO (2005), une amélioration durable de
l'état nutritionnel peut exiger le déploiement simultané
d'actions dans différents domaines. Dans de nombreux cas, ces causes
sous-jacentes sont la pauvreté et l'accès difficile à la
nourriture.
Il faut donc commencer par ouvrir aux pauvres un meilleur
accès à la nourriture pour amorcer le processus visant à
la sécurité alimentaire des ménages. Cela peut se faire en
augmentant la production et la disponibilité alimentaires, les revenus
et les biens de capital des nécessiteux, ou en leur assurant la
protection de la sécurité sociale. L'axe de la
sécurité alimentaire des familles rurales pauvres se situe au
niveau de la petite agriculture et de la transformation artisanale des
aliments, qu'il faut donc promouvoir. Ces activités sont
génératrices de nourriture, d'emploi et de revenu (FAO, 2005).
En général, une augmentation du revenu
réel se traduit par un progrès de la consommation alimentaire et
de l'état nutritionnel.
Sur une vision parallèle, MC LACHLAN(2003) insiste
sur :
Mobiliser groupes et leaders communautaires
pour reconnaître et exiger une bonne nutrition pour femmes et jeunes
enfants en particulier.
Baser les actions directes sur la
communauté et le conseil pour un changement de conduite.
Combiner fortification et
suppléments, dont sel iodé, fer/acide folique et
supplément vitaminé et favoriser l'apport de micronutriments.
Améliorer les services de nutrition
pour en faire des services de santé principaux.
Améliorer les services d'eau et
d'hygiène publique.
Eduquer les filles et les femmes.
Fournir des stratégies de revenu pour
les femmes.
Assurer un environnement favorable à
une politique d'alimentation et de nutrition.
Il convient avant tout d'aider les communautés à
évaluer et à analyser leurs problèmes avant de prendre les
mesures qui s'imposent à tous les niveaux. Cette stratégie
consiste en « l'approche des trois
A » : Apprécier le problème, Analyser ses
causes et Agir afin d'améliorer la nutrition des enfants (Unicef,
2008).
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