SOMMAIRE
La malnutrition joue un grand rôle dans la
moitié des décès d'enfants dans le monde, ce qui est plus
que de n'importe quelle maladie infectieuse et pourtant elle n'est pas une
infection. Elle laisse, chez des millions de survivants, des séquelles
durables sous forme d'infirmité, de vulnérabilité
chronique aux maladies, de handicap intellectuel. Menace pour les femmes, les
familles et les sociétés tout entières, elle constitue une
violation insigne des droits de l'enfant.
Nous avons entrepris une étude dont le but est
d'identifier les facteurs à l' origine de la fréquence de la
malnutrition dans la communauté rurale de Nguène Sarr en vue de
formuler des suggestions appropriées.
Pour atteindre les objectifs d'enquête, des instruments
d'enquête ont été élaborés :
- Un instrument de collecte de données
anthropométriques des enfants âgés de 0 à 5 ans.
- Un guide d'entretien pour les mères d'enfants,
- Un guide d'entretien pour le personnel communautaire,
- Un guide d'entretien pour les responsables administratifs
et
- Un questionnaire pour le personnel qualifié
responsable de la prise en charge des enfants.
La moitie soit 53,50% des enfants présente au moins
une des formes latentes de malnutrition due à des facteurs
immédiats, sous-jacents et fondamentaux a été
ressortie.
Ces résultats ont motivé la formulation de
recommandations à court, moyen et long terme pour améliorer
l'état nutritionnel des enfants dans cette zone.
PROBLÉMATIQUE
La santé d'un individu dépend en grande partie
de la manière dont il se nourrit. Un vieil adage dit qu'il faut manger
pour vivre, mais encore, faudrait-il pouvoir et «savoir» manger, car
un régime alimentaire déséquilibré par excès
ou par déficit d'apport peut être aussi néfaste qu'un
manque de nourriture.
Ce déséquilibre constitue un réel
problème de santé publique à travers le monde. Il peut
s'agir d'une part d'une suralimentation avec ses conséquences sur la
santé tels que l'obésité, le diabète, les maladies
du coeur et d'autre part d'une sous-alimentation qui induit à la
malnutrition par carence communément dénommée
sous-alimentation ou dénutrition.
Selon OMS (2008), cette dernière contribue à
près de 55 % à la mortalité chez les enfants
âgés de 0 à 5 ans dans le monde et cette proportion est
majorée dans les pays pauvres. En outre, elle augmente le risque de
décès dans cette population en s'associant à d'autres
maladies dont elle facilite souvent la survenue telles que : la rougeole,
les IRA, les diarrhées, le paludisme, etc....
Au Sénégal, malgré la baisse
récente de la mortalité infanto-juvénile entre 1997 et
2004, passant de 145 à 121%o, la santé des enfants reste encore
très préoccupante dans l'optique de l'atteinte des OMD 4. La
malnutrition par carence y demeure un sérieux problème de
santé publique et touche principalement les enfants de 0 à 5 ans
avec des taux élevés de morbidité et de mortalité
représentant à elle seule 35% de la mortalité infantile
(PNR, 2008).
Selon le PNR (2008), le taux de malnutrition au
Sénégal est passé de 22% en 1993 à 16% en 2008.
Depuis, la situation nutritionnelle s'est dégradée suite à
une flambée des prix des denrées alimentaires consécutive
à une crise économique mondiale. Ces tendances montrent que des
efforts considérables restent à déployer pour atteindre
l'objectif de 10% de taux de malnutrition d'ici 2015 fixé par les OMD.
C'est ainsi qu'au Sénégal, la lutte contre la malnutrition fait
partie intégrante des actions prioritaires du Ministère de la
Santé et de la Prévention avec comme credo la
nécessité du dépistage précoce et la prise en
charge adéquate des cas. Le Sénégal a eu à mettre
en oeuvre des projets de nutrition pour aider les couches les plus
vulnérables à maintenir ou recouvrer un état nutritionnel
durable.
Il existe, cependant, des disparités entre le milieu
urbain et le milieu rural du fait du faible dynamisme des activités
agricoles dont dépendent près de 60% de la population
occupée et une concentration de la pauvreté en zones rurales. De
ce fait, la croissance économique enregistrée au cours de la
décennie passée profite peu aux populations
défavorisées.
D'autres facteurs comme les mauvaises pratiques d'allaitement
maternel exclusif, d'alimentation de l'enfant, et le faible niveau
d'alphabétisation des mères expliqueraient aussi cette mauvaise
situation nutritionnelle. Selon l'enquête PRN de 2004, 29% des
mères considéraient encore qu'il existe des aliments interdits
aux enfants et aux femmes enceintes. Cette même enquête a
montré que seuls 7,8% des enfants recevaient plus d'aliments durant un
épisode de diarrhée. La malnutrition est beaucoup plus
fréquente chez les enfants nés de femmes non scolarisées:
21% contre moins de 10 % chez les femmes scolarisées. (EDS IV, 2005).
Parallèlement aux faits décrits, la
région de Louga semble supporter le plus gros lot de ce fléau. En
effet, durant l'exercice de la fonction de major du service des urgences
á l'hôpital de Louga, nous avons constaté que parmi les
enfants reçus en général á l'hôpital, le
tableau de malnutrition plus ou moins chronique constituait dans la plupart des
cas le facteur déterminant des problèmes de santé et le
principal motif de consultation. De plus, l'absence d'unité de
récupération pondérale combinée á un
déficit de prise en charge intégrée faisait tantôt
motif d'évacuation vers des centres spécialisés, ce qui
affaiblissait d'avantage les familles.
Le phénomène semble être plus
accentué dans la communauté rurale de Nguène Sarr
située dans la région de Louga, où la malnutrition n'est
pas pourtant toujours un motif réel de consultation. Cependant, elle est
tellement présente que dans la majorité des cas reçus, le
constat est automatique et à l'absence de moyens appropriés de
prise en charge correcte, les cas chroniques sont aussitôt
transférés à l'hôpital de Louga.
La confirmation est apportée grâce à nos
investigations personnelles au niveau du service de consultation nutritionnelle
et pondérale (SNP). En effet, durant l'année 2009, sur 356
d'enfants reçus en consultation SNP, 59 ont présenté une
malnutrition aigüe et 66 une malnutrition chronique et 102 une
insuffisance pondérale soit un total de 227 ce qui représente
63,75% par rapport aux enfants bien nourris.
Cet état de fait dépasse de loin les taux
nationaux cités antérieurement et reflètent ainsi la
situation nutritionnelle relative aux carences en micronutriments qui au fait
n'est autre qu'une déduction des comportements et autres facteurs
induisant à la malnutrition protéino-énergétique
à Nguène Sarr. Une fréquence élevée de la
malnutrition infantile engendrerait des conséquences néfastes sur
la santé de cette population ainsi que sur dans l'économie des
familles.
L'amélioration de l'alimentation infantile semble donc
être une condition nécessaire à la réduction de la
prévalence de la malnutrition chronique. C'est pourquoi, conscient de ce
problème de santé publique touchant cette population
caractérisée par sa vulnérabilité et compte tenu de
l'absence de toute recherche antérieure dans cette localité, nous
sommes motivés á entreprendre une étude dont le but est
d'identifier les facteurs à l'origine de la fréquence de la
malnutrition chez les enfants âgés de moins de cinq ans dans la
communauté rurale de Nguène Sarr en vue de formuler des
suggestions appropriées.
Pour y arriver, nous tenterons de répondre à la
question de recherche suivante :
Quels sont les facteurs qui expliquent la
fréquence de la malnutrition chez les enfants âgés de 0
à 5 ans dans la communauté rurale de Nguène
Sarr ?
La présente étude se subdivisera en cinq
chapitres :
Chapitre I : Revue de la littérature
Chapitre II : A perçu sur le milieu de
l'étude.
Chapitre III : Méthodologie de l'enquête.
Chapitre IV : Résultats de l'enquête.
|