2) Discussion et analyse
générale
Le taux de réponse à notre questionnaire est
de 68,31%. Il s'agit d'un bon taux de réponse supérieur aux taux
habituellement constatés dans les enquêtes similaires. Ceci
reflète la motivation et l'intérêt porté par les
dermatologues à cette question. Il est probable également, que
l'adjonction d'une enveloppe timbrée et libellée à
l'adresse de l'enquêteur ainsi qu'une lettre d'introduction et de
motivation sont aussi des facteurs qui ont encouragé les praticiens
sollicités à répondre au questionnaire et à nous
le réadresser.
Nous regrettons cependant de ne pas avoir pu analyser plus
finement les posologies et la durée du traitement du fait du nombre
insuffisant de réponses précises. En effet, les dermatologues de
l'étude on bien répondu quant à l'antibiotique prescrit
mais n'ont pas toujours précisé la posologie et la durée
exactes du traitement. Or un sous-dosage ou une durée de traitement
insuffisante sont un risque d'échec thérapeutique et de
sélection de souches résistantes.
Au contraire, un surdosage ou un temps de traitement trop
long exposent à des effets secondaires plus importants et une
augmentation du coût du traitement.
Concernant l'analyse statistique des données, nous
n'avons pas pu mettre en évidence de différences statistiquement
significative (définie par un p<0,05) entre les différents
paramètres analysés en corrélation :
- nous n'avons pas mis en évidence de
corrélation entre le fait de rencontrer fréquemment
des pathologies infectieuses et une prescription
d'antibiotiques plus conforme aux recommandations,
- nous n'avons pas réussi à mettre en
évidence un lien statistique entre l'âge
des dermatologues et une prescription d'antibiotiques plus
conforme aux recommandations,
- enfin, la comparaison entre les prescriptions des
dermatologues exerçant dans le secteur
privé et ceux exerçant dans le secteur
public n'a pas montré de prescriptions plus
conformes aux recommandations pour l'un des deux groupes
par rapport à l'autre.
Il est cependant à noter que nos effectifs dans les
sous-groupes étaient trop petits rendant les résultats
difficilement interprétables.
Si nous devions revenir sur les principales habitudes de
prescriptions en contradiction avec les recommandations de bonne pratique, nous
retiendrions :
- la fréquence de prescription d'une
antibioprophylaxie systématique lors des gestes de petite chirurgie
dermatologique.
- le traitement des furoncles non-récidivants et des
folliculites superficielles par un antibiotique par voie générale
par la majorité des dermatologues.
- le traitement antibiotique systématique des germes
isolés sur les plaies chroniques.
- la fréquence de prescription de l'acide fusidique.
D'après l'analyse faite précédemment, il
s'agit le plus souvent d'un mésusage de cet antibiotique par ailleurs
onéreux. A titre d'exemple le traitement antibiotique de 10 jours d'une
infection cutanée de l'adulte par de l'acide fusidique coûte 449
MAD. Un traitement par une pénicilline M pour la même
période coûte (en fonction qu'il s'agisse de la molécule
mère ou d'un générique) entre 178 et 248 MAD, un
traitement par une amoxicilline simple coûte entre 136 et 218 MAD, un
traitement par une amoxicilline protégée coûte entre 177
et 336 MAD, un traitement par une céphalosporine de première
génération coûte entre 190 et 234 MAD et enfin un
traitement par un macrolide coûte entre 289 et 392 MAD en fonction
de la famille de macrolide utilisée.
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