7. La mobilisation de l'épargne privée
régionale au service du développement
L'une des causes majeures du retard de la sous-région
concernée est la faible mobilisation de l'épargne
régionale et continentale face aux difficultés d'attirer des
investissements directs étrangers. Les systèmes financiers dans
la région sont trop frileux, sélectifs, et pratiquent des taux de
crédit prohibitifs ; ils doivent être redynamisés et
devenir compétitifs afin de collecter de l'épargne et la mettre
au service des priorités de développement de la région.
Outre le financement des opérations de développement, il convient
de respecter la théorie de la croissance endogène qui veut que le
progrès technique soit un facteur essentiel de la croissance
économique et admettre que le problème de son financement se
pose. Sachant que le progrès technique dépend de la connaissance
technique et scientifique, qui est considérée comme un capital
à financer, le lien entre la croissance et la connaissance technique et
scientifique passe donc par le financement des innovations techniques, qui se
heurte à des difficultés importantes du fait de leur rendement
incertain. Il se pose donc aussi le problème du soutien à la
recherche fondamentale, la valorisation de la recherche appliquée, les
garanties aux institutions financières spécialisées qui
apportent des fonds propres aux PME.
L'Association des bourses africaines (ASEA), depuis plusieurs
années, encourage le développement des bourses de valeurs mais
aussi la coopération entre elles à l'intérieur de quatre
grandes régions. Peu de sociétés nationales y sont
cotées, les marchés étant caractérisés par
un faible taux de liquidité et un faible volume des
sociétés, hormis quelques bourses telles que la Bourse de
Johannesburg (considérée
143 YANG GUPTA S., Regional trade Arrangements in Africa,
IMFADB Board's Documents, 2005,
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économies. Enjeux et défis congolais
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comme la plus active). Il se pose donc un réel
problème de la mobilisation de l'épargne soit à travers le
système bancaire et non bancaire, soit à travers les
marchés financiers ou encore d'autres structures, pour répondre
aux besoins de financement d'activités opérationnelles ou de
capital-risque. Il faut noter aussi que la coordination et l'harmonisation des
règles prudentielles et de supervision bancaire, ainsi que les
politiques financières en vigueur dans la SADC, ne peuvent se faire sans
une coordination des politiques monétaires nationales. Cela pose, par
conséquent, le délicat problème de la création
d'une monnaie unique dans la SADC.
Bref, l'intégration régionale par la
libéralisation des marchés est une nécessité mais,
exige que l'on mette en place les bases de croissance, et dépend des
Etats membres. Il reste néanmoins à la SADC de prendre des
décisions infiniment plus lourdes de conséquences qui
détermineront dans une large mesure sa capacité à
affronter la dynamique d'une intégration économique
centrée sur le commerce, la production industrielle et la
mobilité des personnes et de leurs biens. Pour cela, elle doit :
Au lieu d'agir exclusivement, comme jusqu'à
présent, sur la base de compétences sectorielles nationales, la
SADC doit créer de nouvelles structures vouées
spécifiquement à des questions d'intérêt
régional (directions de la planification et de la coordination) pour
confier ensuite, au niveau national, la coordination de ces seules
compétences à des comités nationaux de la SADC.
La SADC devrait s'écarter d'un fonctionnement
axé sur des projets et des secteurs, avec un appareil administratif
réduit, pour se réorienter vers une approche pluridisciplinaire
centrée sur des programmes de développement. La condition
préalable en est que l'intégration régionale soit
perçue non pas comme un but à atteindre, mais comme un processus.
Cela exige une structure institutionnelle plus large qui puisse à la
fois opérer au niveau stratégique et coordonner les
modalités d'application (directions de la planification et de la
coordination).
La SADC n'est animée que d'une volonté politique
limitée de maîtriser le passage d'une communauté
basée sur une coopération sélective et fonctionnelle
à une communauté régionale reposant sur le commerce;
à sa décharge il faut reconnaître qu'elle ne réunit
encore pour cela que des conditions économiques insuffisantes (faiblesse
du volume commercial intracommunautaire, déséquilibres
commerciaux, domination économique de l'Afrique du Sud).
La réussite, d'ici au milieu du siècle prochain,
de cette transition visée dans le protocole commercial dépend
essentiellement du succès des réformes allant dans le sens de
l'économie de marché, de l'harmonisation des
réglementations
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concernant le commerce et les transports et de la solution des
déséquilibres commerciaux entre les Etats membres. Au plan de
l'organisation la SADC doit viser plus fortement l'action et se
débarrasser du poids des susceptibilités nationales si elle veut
que sa transformation en zone de libre-échange soit un succès.
La SADC doit tenir compte, dans ses structures d'organisation,
de l'évolution de l'environnement global (participation du secteur
privé, abandon de l'économie planifiée) et des exigences
placées dans les prestations de la communauté (efficacité
des processus de décision, consolidation de la coordination des
secteurs, élargissement du rôle du secrétariat
général). Sur le plan politique, les dirigeants ne doivent pas
penser uniquement aux gains à court terme; ils doivent en effet tenir
compte des avantages que la coopération présente à long
terme pour améliorer les résultats économiques de la
région dans son ensemble et développer les marchés. La
facilitation du commerce ainsi que des règles et des procédures
administratives mieux harmonisées permettraient de rendre la
région plus attractive commercialement parlant, ce qui donnerait lieu
à des partenariats plus diversifiés, notamment entre des
partenaires du Nord et du Sud.
C'est de cette façon que la sous-région
d'Afrique Australe serait moins vulnérable aux chocs ou aux
échecs observés ailleurs, comme la crise économique et
financière qui frappe actuellement le monde, et pourrait, de ce fait,
réussir à libéraliser le commerce et accroitre la
production dans la région et relever le niveau de vie de la
population.
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