3.La rationalisation et l'accroissement de
l'efficacité de la SADC comme bases de l'intégration
économique
La globalisation de l'économie mondiale et la
concurrence entre partenaires intégrés au commerce international
exigent une rationalisation de la SADC afin de la rendre plus viable, plus
pertinente et plus apte aux changements imposés par la
libéralisation des échanges à l'échelle
planétaire. Dans les huit (8) Communauté Economique
Régionales (CER) reconnues par l'Union africaine, on rencontre de pays
qui sont membres de plus d'une à la fois. Ce chevauchement affaiblit la
mise en oeuvre de protocoles et empêche que soient atteints les objectifs
de l'intégration économique, ce qui s'ajoute à un usage
inefficient des ressources en soi déjà limitées de la
région. Afin de rationaliser la SADC de manière à faire
d'elle une union économique avec la perspective d'une ZLE et d'une
monnaie unique, il paraît souhaitable que chaque pays choisisse
d'appartenir exclusivement à une seule CER.
Globalement, on pourrait considérer que la
proximité géographique, l'interdépendance
économique, la communauté de langue et de culture ainsi que
l'histoire de la coopération et les ressources naturelles
partagées servent de base à la constitution de la
SADC142.
142 CERNAT L. (2001). «Assessing regional trade
arrangements: Are South-South RTAs more trade diverting?», Dans Policy
Issues in International Trade and Commodities Study Series, n° 16.
CNUCED, New York et Genève.
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économies. Enjeux et défis congolais
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L'analyse des structures actuelles des CER en Afrique et la
SADC y compris indique qu'elles ne répondent pas aux critères
d'efficacité et de résultats attendus des organisations modernes.
Ces structures devraient être complètement révisées
dans leur mode de recrutement des responsables et de fonctionnement afin de
sortir de lourdeurs administratives, de dépendance politique excessive
et devenir davantage des structures souples de promotion de
l'intégration, en coordination étroite avec les administrations
nationales. Une répartition des tâches devrait être
clairement établie entre la SADC et les Etats membres afin d'optimiser
les ressources et rendre effectif le processus d'intégration
économique.
4. Le rôle plus actif d'un ou des leader(s)
sous-régional(ux)
Dans la SADC, il devrait y avoir un pays ou groupe de pays
leaders susceptible d'impulser l'intégration économique
régionale à l'image de ce qui fut observé dans l'Union
européenne. On pourrait avoir deux pour la SADC ; l'Afrique du Sud d'une
part pour sa puissance économique et son avancée en
démocratie et la RDC d'autre part pour ses immenses potentialités
naturelles et sa position géostratégique.
En effet, pour la RDC, c'est grâce à son
appartenance à la SADC que la République démocratique du
Congo avait bénéficié de l'assistance militaire du
Zimbabwe, de la Namibie et de l'Angola. N'eut été la
présence militaire de ces pays amis, la RDC continuerait à subir.
Aujourd'hui qu'il est question de favoriser l'intégration
économique régionale, la RDC, de par sa position
géostratégique, ses immenses ressources, est à même
de jouer un rôle de premier plan et en tirer profit pour son
développement. Au fait, outre la SADC, il y a également la
Communauté économique des Etats d'Afrique centrale, CEEAC, et la
Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL.
Si on analyse attentivement les objectifs de ces trois communautés, on
se rend à l'évidence qu'ils se recoupent. Et fait extraordinaire,
la République démocratique du Congo se trouve au centre de toutes
les actions.
Il s'agit là « d'une position naturelle » et
qu'il revient à la RDC, disons à ses dirigeants, d'en saisir la
portée exacte pour agir et réagir en conséquence. En
d'autres termes, la SADC et d'autres CER demeurent incontestablement des «
outils de travail régional» pour la République
démocratique du Congo. C'est dire qu'on ne peut construire la CEEAC, la
CIRGL et la SADC sans la République démocratique du Congo, tant
il est vrai qu'outre sa position sur le plan géographique, politique, le
Congo dispose d'un marché important. Il est le carrefour pour «
réunir » l'Afrique de l'Est à celle de l'Ouest, du Nord et
du Sud, en passant toujours par l'Afrique centrale. La RDC est incontournable.
Il faut le savoir, le comprendre et se mettre en exergue. D'autant qu'au regard
de sa position géographique, les pays de la sous-région d'Afrique
australe attendent beaucoup de la RDC. En ce qu'elle est l'une d'importantes
réserves des ressources (énergétiques, agricoles et
autres) ; ce qui fait que tous les autres pays
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économies. Enjeux et défis congolais
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ont intérêt à passer par elle. Sur le plan
agricole par exemple, la RD Congo devra se positionner pour nourrir les pays
arides de la SADC. Dans le secteur énergétique, l'on sait
notamment que tous les experts sont unanimes pour prédire que les eaux
souterraines sud-africaines vont sécher d'ici l'an 2013. Autant de
questions majeures que les uns et les autres entendent discuter au cours de la
présidence congolaise du bloc qui semble être le plus dynamique et
le plus solidaire pour la RDC par rapport à sa position
géographique.
Or, pour jouer le rôle de leadership, il y a des
préalables. D'abord, disposer des hommes dotés d'une vision
régionale des questions majeures, ensuite des cadres compétents
qui ont la maîtrise des dossiers et enfin, honorer ses engagements. Sur
ce dernier point, la RDC manifeste de graves insuffisances. Elle accuse du
retard quant à sa participation au processus d'intégration
économique régionale. Notamment, la non signature du «
Protocole commercial » qui est justement l'un des points de départ
du processus d'intégration économique régionale qui
consacre la mise en place d'une Zone de Libre Echange SADC entamé depuis
2008, et une Union Douanière de la SADC en 2010. Autre chose : savoir
sélectionner des projets de développement.
Enfin, pour ce qui concerne la RSA, entant que puissance
émergente et première puissance économique de la
sous-région, les autres pourraient profiter de sa maturité et ses
expériences pour afin bien décoller.
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