§2.Défis
Pour réaliser l'intégration des économies
de la sous région, la SADC doit relever, à notre humble avis, un
certains nombres de défis. Ainsi, nous pouvons relever notamment :
1. Le développement de la région reste un
défi majeur que doit relever les Etats membres de la SADC qui,
nécessairement doit passer par d'autres mécanismes. De ce fait,
le rapport de la SADC pour atteindre les objectifs de développement du
millénaire, définis par l'ONU, note qu'elle doit faire face
à une pauvreté massive de ses populations, une
insécurité alimentaire endémique, une dégradation
de l'environnement et des carences institutionnelles. À ce contexte
régional s'ajoute un contexte mondial économique
défavorable, le poids de la dette et l'inaccessibilité aux
marchés des pays développés.
121, Rapport CENUCD, Op.cit, 2009, p17 122 NTUARMBA O.,
Op.cit, p.493
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2. Harmonisation des critères de convergence
macro-économiques. Pour Jean-Louis Kayembe, la réalisation de ces
critères par l'ensemble des pays membres constitue une condition sine
qua non de l'intégration économique tant
recherchée123.
3. Stimuler les échanges commerciaux intra-SADC ;
l'intégration de la Sous-région dans l'économie africaine
et mondiale ; l'intégration financière ; la création de
l'emploi et la lutte contre la pauvreté.
4. La stabilisation macroéconomique au sein de la SADC
par des mesures réalistes, efficaces et adaptées aux
spécificités des économiques, afin de promouvoir
effectivement un développement harmonieux de l'Afrique Australe dans son
ensemble.
5. Doter la région d'une Banque centrale unique et
d'une monnaie unique. Il est clair évident qu'une Afrique sans murailles
monétaires, offrant à ses peuples une monnaie unique, sera, tous
les observateurs en conviennent, une Afrique où les facteurs de
croissance économique pourront jouer pleinement pour permettre à
nos Etats respectifs de relever les cinq défis majeurs au
développement durable, à savoir la stimulation des
échanges commerciaux intra SADC, l'intégration de notre
sous-région dans l'économie africaine et mondiale,
l'intégration financière, la création de l'emploi et la
lutte contre la pauvreté.
Une communauté économique régionale ne
peut perdurer que si, à côté des gains de
prospérité qu'elle permet de réaliser, des relations
transnationales culturelles, sociales et économiques voient
également le jour. Cela présuppose une harmonisation des lois et
des règlements dans les Etats membres de la dite communauté.
L'extension des échanges commerciaux passe par la suppression, non
seulement des droits de douane, mais aussi des obstacles commerciaux
non-tarifaires ainsi que par l'harmonisation des textes régissant la
circulation routière et les investissements. Le renforcement des
contacts sociaux exige une simplification des procédures de
franchissement des frontières et une suppression de l'obligation de
visa. De telles harmonisations et simplifications sont un préalable
indispensable à l'application des décisions de politique
économique prises au niveau ministériel ou présidentiel.
Si les « petits rouages » sont grippés, les « grands
rouages », ne peuvent pas tourner rond.
Pour une communauté régionale
géographiquement aussi vaste que la SADC, il est donc d'une importance
capitale:
Que la circulation des personnes soit simplifiée et rendue
moins coûteuse,
123 NKAMBUA, J.M., « Evaluation du cadre de convergence :
Les travaux du sous-comité macroéconomique de la SADC à
Kinshasa », in L'Avenir Quotidien, le 04
Août 2010
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Que la circulation des marchandises par la route soit soumise
à une réglementation commune et simplifiée,
Que le trafic ferroviaire de marchandises soit
simplifié et que ses coûts soient abaissés (droits de
transit),
Que les codes d'investissement soient uniformisés afin
d'éviter une concurrence interne superflue,
Enfin que les autres lois et réglementations influant
sur le climat des investissements Solent harmonisées.
Les lenteurs observées dans l'harmonisation et la
simplification des modalités d'application tiennent pour une part
à la faiblesse des structures administratives de nombreux pays de la
SADC et des structures de coordination de la SADC elle-même, de l'autre
à des réticences politiques. Beaucoup d'Etats de la SADC
pratiquent encore une politique de conservation du pouvoir qui interdit
largement tout esprit d'initiative à l'appareil administratif. Les
réserves politiques émises sur la suppression des visas et la
simplification des contrôles frontaliers dans la circulation des biens et
des personnes sont en premier lieu le fait de l'Afrique du Sud. L'abrogation du
visa obligatoire - c'est la crainte nourrie à Pretoria - conduirait
à une augmentation fulgurante du nombre d'immigrants clandestins et
attiserait les tensions qui existent déjà sur le marché de
l'emploi en Afrique du Sud.
En résumé on retiendra que des progrès
concrets vers l'intégration seront difficiles à accomplir sur la
seule base d'accords ou de conventions si, parallèlement, les
modalités d'application ne sont pas harmonisées. La SADC se doit
donc d'axer plus fortement son travail sur l'action si elle ne veut pas se
trouver prise dans un « bouchon décisionnel ». Il importe pour
cela d'accélérer certains processus de décision et de
mettre au point des mécanismes d'application. Toutefois, pour relever
ces défis, la SADC doit accélérer les réformes et
exploiter au mieux les atouts de la région. Celle-ci dispose de
ressources en matières premières minérales abondantes, une
agriculture importante, des ressources en eau et laccès aux
ressources des Océans atlantique et indien. Elle a aussi des ressources
humaines en personnel qualifié dans divers secteurs économiques
et des gouvernements démocratiques. Sa situation géographique en
fait un lien incontournable vers l'Asie et l'Europe.
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