Contribution à l'étude des origines de la poésie mallarméenne( Télécharger le fichier original )par Mohamed Dr Sellam Université de Bordeaux - Doctorat 1981 |
CHAPITRE SIXIEME.SPECIFICITE ET ORIGINALITE DE LA POESIE MALLARMEENNEzzzMallarmé en tant que poéte symboliste et visionnaire profond,ne s'abaissa pas jusqu'à exploiter des thèmes courants,banals,tels que les passions de l'amour,les vices et tares sociaux,ou même la soif de la gloire,enfin des thèmes déjà exploités jusqu'à la satiété tant par les romantiques que par la plupart de ses contemporains..Parmi les nombreux thèmes principaux traités intelligemment par Mallarmé,il y en a un qui attire plus particulièrement l'attention,,tant par la magie suprême que par l'irrésistible force qu'il ne cesse d'exercer sur les esprits :c'est la religion : Il palpite,il frémit d'espérance et de fiévre.Si le coureur de Hérédia,qui aspire malgré les obstacles à la victoire,s'agite,se demène fievreusement avant d'atteindre son but,par contre l'homme de Mallarmé,sous l'attrait de la religion,aspire à la pureté : Et voici qu'au contact glacé du doigt de fer, Un coeur me renaissait,tout un coeur pur et fier.. C'est l'effet magique de la religion..Son magnétisme,son pouvoir indomptable,s'exercent puissamment non seulement sur les faibles mentalités,mais encore et cela d'une façon plus déterminante,sur les esprits que l'on considère souvent comme des esprits forts.. Et voici que,fervent d'une candeur divine, Tout un coeur jeune et bon battit dans ma poitrine.Cette ineffable exaltation,née au contact d'une religion au pouvoir implacable,s'épuise et s'évapore au contact d'une réalité plus réelle et plus imposante...Celle,à coup sûr,des contingences du temps,les contre-coups d'une destinée inexorable... Je sens en moi toutes les passions D'un vaisseau qui souffre ; Le bon vent,la tempête et ses convulsions Sur l'immense gouffre-- Me bercent--d'autres fois,calme plat,grand miroir Ces traits tragiques,s'ils étaient lancés par Baudelaire dans ses plus tristes moments,Mallarmé,son ardent disciple,ne les aurait absolument pas désavoués ;bien plus, il se les aurait appropriés sans réticence..car le sens de la religion,comme le sens du vide,ne guérit pas,ne procure pas le baume dont on aurait besoin dans les moments les plus graves,lorsque la désespérance,l'horrible désespérance s'empare de l'âme et la soumet sous son pouvoir tyrannique56(*).. En outre,pour Mallarmé,comme d'ailleurs pour Verlaine ou encore Verhaeren,ce n'est la religion,ni l'espoir,qui puissent réveiller l'âme abattue et défaillante : Qu'il était bleu,le ciel,et grand l'espoir, L'espoir a fui,vers le ciel noir.(Verlaine) Rien ne fait aimer l'espoir ;lorsque,aigri par l'angoisse,accablé de chagrin,l'homme se trouve devant une alternative sans issue.. Je ne vois plus rien Je perds la mémoire * 56 -Mallarmé n'en a pas été épargné.Toute sa vie durant,il a connu toutes les misères,surtout au lendemain de la mort de son jeune enfant Anatole «Le tombeau d'Anatole. » |
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