L'orientation scolaire aujourd'hui, est une
réalité inséparable de l'école. On l'instaure de
plus en plus tôt dans les cursus scolaires. Cette précocité
s'explique à différents niveaux, par la professionnalisation de
l'orientation scolaire et par la demande de plus en plus précise des
spécialisations dans les filières professionnelles, en fonction
des exigences des milieux professionnels. Puisque dans la plupart des
systèmes éducatifs les élèves sont concernés
par l'orientation scolaire dès les débuts de leur scolarisation,
l'orientation scolaire doit s'adapter à cette réalité. Ce
besoin d'orientation va s'accroître de plus en plus pour trouver son pic
à l'adolescence, tranche d'âge où l'élève
fait face à des mutations et à des crises identitaires.
L'orientation scolaire va s'articuler à ce niveau- comme d'ailleurs
à tous les niveaux de l'orientation scolaire, mais avec moins d'urgence
-, au carrefour de la pédagogie, de la psychologie, de la sociologie et
de l'économie, pour répondre au besoin d'identification et
d'accomplissement du jeune. Au Cameroun, surtout dans les lycées
d'enseignement général, les adolescents se trouvent
inévitablement confrontés au choix des filières, à
partir de la classe troisième, qui auront une incidence immédiate
sur son orientation universitaire et sur son choix professionnel.
· L'orientation scolaire et la crise
identitaire
Dans son ouvrage intitulé : Le sens de
l'orientation : une approche clinque de l'orientation scolaire et
professionnelle, Baudouin (2007) pose le problème psycho clinique
inhérent à toute orientation socioprofessionnelle visant les
adolescents. Il montre en l'occurrence comment en France, l'orientation
scolaire, devient imposante à partir de quinze ans. Non seulement le
choix d'un métier ou d'une formation devient obligatoire à cet
age, l'adolescent est confronté à la crise identitaire. Pour
l'auteur, le fait que l'adolescent se trouve
19
confronté à des choix qui orienteront sa vie
future à un moment de sa vie où il se cherche des repères
à différents niveaux de sa personnalité sociale et
individuelle, impose la prise en considération d'éléments
cliniques intégrant le counseling au conseil d'orientation. Ainsi, les
difficultés de choisir une orientation scolaire sous-tendues par des
choix identificatoires difficiles à cette période
charnière de la vie de l'adolescent, doivent être abordées
concomitamment à la crise d'adolescence. En faisant
référence à la psychanalyse et à d'autres travaux
de spécialiste de l'adolescence, l'auteur souligne l'importance des
références inconscientes qui déterminent les choix
à l'adolescence. Des interrogations saillantes sur les
déterminismes psychologiques et socioculturelles amènent l'auteur
à interpeller l'orientation scolaire sur les choix et la liberté
de choisir qui sont posés avec pertinence par l'adolescence. L'auteur
souligne également ici la responsabilité des parents, des
spécialistes du conseil et des pédagogues, en vue d'amener les
adolescents à une plus grande lisibilité des choix qui tiennent
compte des valeurs réelles de l'apprenant, de ses potentialités
mais aussi de ses fantasmes et de son imaginaire.
· Les bases socioéducatives de l'orientation
socio professionnelle
Publiée en 2007, sous le titre : Activité
d'orientation et développement des métiers,
la revue Education permanente, dans son numéro 17,
s'est appesantie sur les bases socioéducatives de l'orientation. Ce
thème y est abordé sur divers plans, à partir de
situations diverses : l'école, la validation des acquis et les bilans de
compétences. Cette revue montre comment les ressources multiples entrent
en synergie pour servir l'orientation scolaire. Les articles qui y sont
présentés sont issus d'une collaboration entre des professionnels
de l'orientation scolaire et des chercheurs sur divers domaines de
l'éducation. Ces différents spécialistes, conseillers
d'orientation, psychologues, formateurs associés au travail de
validation des acquis, s'interrogent sur les récents
développements qui sont survenus dans l'exercice de l'orientation et
soulignent l'importance de la situation pédagogique sur l'orientation
socioprofessionnelle. L'orientation scolaire n'est plus l'apanage des seuls
membres du corps éducatif formel, ou des conseillers
spécialisés, mais utilise toutes les ressources
socioéducatives pour répondre à sa vocation.
Diverses problématiques sont abordées dans
cette revue, qui vont de la didactique de l'information sur les métiers,
« à l'activité et aux conditions de son
développement, dans les situations de travail ordinaires et dans les
périodes de transition inhérentes au travail d'orientation.
»
· 20
Orientation et genre
La question du genre occupe une place importante dans la
littérature publiée sur l'orientation scolaire. En effet, il a
été remarqué concernant le genre que les filles et les
garçons n'ont pas toujours les mêmes préférences
pour les formations universitaires et pour les métiers. Seron (2007 : 1)
note qu' « alors que les bancs des auditoires de psychologie sont
remplis de jeunes femmes, ceux de sciences appliquées grouillent de
garçons. Dans les Hautes Ecoles, les filles représentent plus de
75% des étudiants dans le secteur paramédical, et seulement 10 %
des élèves du secteur technique. Bien des influences expliquent
ces écarts et la persistance d'une ségrégation scolaire
puis professionnelle, mais certaines sont spécifiques à
l'orientation scolaire. » L'orientation scolaire encore aujourd'hui,
se heurte donc à des préjugés socioculturels relatifs au
statut de l'homme et de la femme, à la représentation du jeu de
rôle et à la configuration sociale des rapports sociaux de sexe.
Ainsi, en Afrique comme en Occident, persistent encore, quoique qu'en
proportion dissymétrique, la représentation du métier et
de la formation de la fille en rapport avec le ménage ou la famille
(Alaluf, Imatouchan, Marage, Pahaut, Sanvura, Valkeneers &
Vanheerswynghels, 2003 ; Ernst, 2003 ; Gottfredson & Lapan, 1997 ; Morgan,
2001 ; Zeldin & Pajares 2000). L'on a notamment souligné que les
filles choisissent généralement volontiers les filières
à orientation moins prestigieuse et moins technique que les
garçons. Ceci se soutient toujours des préjugés sociaux
qui entourent encore l'orientation professionnelle, malgré les
avancées majeure enregistrées dans la promotion de
l'égalité des genres.
Il a été enregistré quelques facteurs de
causalité qui se repartissent entre les préjugés de genre
dans le système d'orientation, les représentations sociales du
genre et le sentiment d'efficacité personnelle : « à
côté des influences directes des orienteurs, deux autres
phénomènes, que nous avons déjà abordés par
ailleurs, jouent sur les choix que posent les adolescentes : le manque de
confiance en leurs capacités et la représentation très
masculine du métier d'informaticien. Dans les domaines scientifiques et
technologiques, les filles ont des niveaux d'efficacité personnelle
inférieurs aux garçons, et ce, en dépit de
résultats scolaires parfois supérieurs. » Seron (2007 :
Op. Cit.). Les filles auraient plus d'attrait pour les filières
littéraires, les sciences humaines et sociales, et s'orienteraient peu
dans les filières techniques et scientifiques. Gottfredson et Lapan
(1997) identifient trois critères qui orientent le champ de
carrières possibles : la compétence perçue, le prestige de
la profession et la compatibilité au genre. Les étudiants qui
sont confrontés aux problèmes de l'orientation se
réfèrent souvent à ces trois critères pour
éliminer les choix qui sont incompatibles.
· 21
Orientation et information
Plusieurs travaux ont été effectués dans
le domaine de l'orientation scolaire en rapport avec l'information. Au fond,
tout le métier de conseiller d'orientation se fonde sur la notion
d'information. Certains auteurs (Ernst, 2003 ; Gottfredson & Lapan, 1997
; Morgan, 2001 ; Zeldin & Pajares 2000)
insistent sur le rôle de l'information dans l'orientation scolaire et
socioprofessionnelle. A l'heure de la mondialisation de l'information, le monde
scolaire et professionnel est extrêmement mouvant et dynamique. Les
domaines de compétences et de formations évoluent à une
vitesse vertigineuse. Il apparaît donc crucial pour les apprenants et
pour les professionnels de l'orientation d'être informés de
l'essentiel de ces mutations.