Avec la révolution pédagogique introduite par
l'Ecole Nouvelle, un nouveau paradigme pédagogique a été
mis en place, intégrant l'apprenant dans la situation
pédagogique, comme ressource. Cependant, les connaissances
technologiques de l'époque ne permettaient pas d'intégrer dans la
situation pédagogique, des ressources nouvelles, comme celles que l'on
connaît aujourd'hui dans le domaine du multimédia ou plus
généralement des TIC.
Le moins que l'on puisse dire est que le
20ème siècle a été le siècle du
développement technologique et de la mise à contribution des
technologies de la communication et de l'information dans les champs de la
pédagogie. Ce qui l'a enrichi beaucoup enrichie. Progressivement, avec
le développement des ressources technologiques, la pédagogie
s'est enrichie de ressources nouvelles. L'avènement de l'écran
cathodique et de la cinématographie a permis d'introduire de nouvelles
ressources visuelles importantes en pédagogie. Par le moyen des films
documentaires, des films éducatifs, des projections sur diapositives, la
pédagogie est devenue une science de proximité. La
découverte de l'outil informatique, et surtout, son application à
l'Internet et à l'Intranet ont complètement
révolutionné le champ de la pédagogie de l'orientation
scolaire. Aujourd'hui, l'école formelle ne constitue qu'une interface de
la réalité pédagogique plus que jamais dynamique. Les
apprentissages à distance
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se sont de plus en plus multipliés, jusqu'à
atteindre le domaine universitaire. Le choix des formations et des
carrières passe largement aujourd'hui dans les champs du
numérique au travers des TIC (Bibeau, 1996 ; 2003 ; Brynjolfsson &
Yang, 1996).
Cet ensemble de faits a été à l'origine
de la préoccupation majeure qui nous a permis de fonder notre sujet de
recherche. Au vue de cette intégration progressive des TIC dans
l'éducation, la formation et l'emploi, où se place l'orientation
scolaire au Cameroun ? En posant cette question, nous nous situons dans la
nécessité actuelle de l'ouverture de tout le système
éducatif aux TIC, et spécialement, celui de l'orientation
scolaire. En effet, l'ouverture aux TIC constitue en même temps un
apport, un enrichissement et un défi pour le conseiller d'orientation
dans un contexte de sous-développement qui est celui du Cameroun,
où la documentation devenue de plus en plus hors de portée, est
d'ailleurs loin de répondre aux besoins. Ceci est encore plus vrai dans
un monde où la connaissance évolue à une vitesse
vertigineuse, au même titre que les ressources informatiques, dont les
champs de maîtrise et de culture doivent être sans cesse
actualisés, si l'on veut répondre à la vocation de
l'orientation scolaire moderne.
Plusieurs travaux publiés dans ce domaine soulignent
l'importance des TIC dans l'orientation scolaire et professionnelle.
Les technologies de l'information et de la communication
(TIC) qui ont
progressivement envahi le champ de l'orientation scolaire,
sont aujourd'hui incontournables (Conseil supérieur de
l'éducation, 2000 ; Matmati, 2001). Trois dimensions principales ont
été identifies : l'observation, l'analyse des flux et le suivi
individualisé des élèves ; la documentation et la mise
à disposition de l'information ; l'aide personnalisée à la
connaissance de soi, aux choix et à la décision, utilisant des
logiciels à caractère interactif et/ou psychologique.
Le concept d'éducation à l'orientation a ainsi
été mis en exergue, pour signifier trois axes de connaissance :
la connaissance de soi, la connaissance de l'environnement
socioéconomique et la connaissance des formations. La mise en oeuvre du
concept d'éducation à l'orientation a abouti aujourd'hui,
inexorablement, à la mise à contribution des TIC dans l'auto
information et dans l'autonomisation des apprentissages.
Il faut cependant noter que malgré l'importance accrue
des TIC dans le champ de l'orientation scolaire, un certain nombre de
difficultés s'opposent encore à leur intégration dans le
champ de la pédagogie en général. Pour Larose, Grenon et
Palm (2004 : 114), « Les obstacles à une mise en oeuvre plus
efficace, plus diversifiée et surtout mieux intégrée des
TIC en enseignement sont nombreux. Outre ceux qui relèvent des contenus
et de la cohérence
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de la formation initiale ou continue qui leur est offerte,
les praticiennes et les praticiens sont confrontés à plusieurs
irritants environnementaux qui à la fois réduisent la
probabilité qu'ils utilisent plus et mieux ces ressources et qu'ils en
diversifient le profil d'intégration. Qu'il s'agisse de la
disponibilité des équipements, de leur qualité [...] de
celles des ressources humaines qualifiées ou compétentes qui sont
rapidement accessibles pour la praticienne ou le praticien, nos données
confirment la réalité de ces obstacles. ». Des auteurs
(Bibeau, 2004 ; Dufort et Bibeau, 2003 ; Gervais, 2000 ; Danvoye, 2002) ont
analysé ces difficultés. On peut globalement les classer en cinq
catégories:
· Les difficultés
économiques
Ces difficultés sont notamment liées au
financement des TIC, à l'acquisition de certaines applications et
contenus « qui entraînent des coûts récurrents pour
les commissions scolaires », au coût des abonnements annuels
à des périodiques ou à des vidéos en ligne,
à l'accès aux services d'animation pédagogique en ligne.
On peut également inclure dans cette rubrique le développement et
la mise à jour de banques de ressources numérique - qui est
également très coûteuse en temps et en personnels.
· L'indexation normalisée et la diffusion
des ressources numériques
Selon (Gervais, 2000) « Les enseignants et les
élèves éprouvent de grandes difficultés à
trouver l'information sur les contenus disponibles dans Internet.
L'appropriation par ceux-ci de matériel pédagogique et didactique
complémentaire en soutien aux apprentissages des élèves et
en complément aux ressources imprimées (manuels scolaires
notamment) semble toujours difficile même si les technologies sont
disponibles à l'école depuis le milieu des années
quatre-vingts. »
Au Cameroun, encore aujourd'hui, l'on n'a même pas
à disposition dans les universités, les ressources
numériques et les technologies de l'information et de la communication
à la portée de tous. Ce qui souligne évidemment que la
situation est plus dramatique dans les lycées et collèges.
· La qualité et l'évaluation des
ressources numériques éducatives
Il est très difficile pour l'élève
d'évaluer la masse d'informations disponibles dans le web, puisque
plusieurs contenus posent légitiment le problème de la
validité et crédibilité de l'information disponible,
« alors que le personnel enseignant désire utiliser des
ressources numériques parfaitement adaptées aux approches
pédagogiques ainsi qu'aux orientations. »
Au Canada par exemple, lors d'une enquête
effectuée sur l'utilisation des ressources du web à des fins
d'orientation scolaire (Karsenti, 2004) indique que « 42 % des
enseignants en formation ont déclaré avoir utilisé
Internet pour faire des recherches pendant leur dernier
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stage » ; Larose, Grenon et Palm (2004)
quant à eux, soulignent que seulement « 62 % des enseignants
répondants demandent à leurs élèves de faire des
recherches d'informations sur Internet » .Ce qui prouve que
même dans les pays avancés, l'utilisation des ressources
numériques à des fins pédagogiques et d'orientation pose
encore quelques problèmes.