En Côte d'Ivoire, le type de logement est un facteur
discriminant de la pauvreté en milieu urbain. La proportion de
ménages pauvres habitant les cases, les baraques, les maisons
isolées, est élevée. Cette proportion est respectivement
de 69,o%, 64,2% et 50,3% à laquelle s'ajoutent les ménages
pauvres des cours communes à hauteur de 31,3%. Ce facteur n'est pas
discriminant en milieu rural où chaque ménage dispose
généralement d'un toit. Comme le type de logement, l'accès
à l'eau potable et à l'électricité constitue un
facteur déterminant de pauvreté aussi bien en milieu urbain qu'en
milieu rural.
En 2008, 40,5% des citadins qui n'ont pas accès
à l'eau potable sont pauvres contre 21,7% chez ceux qui ont accès
à l'eau potable. En d'autres termes, quand l'eau est disponible en
ville, elle est chère et il existe un potentiel capable d'accéder
financièrement à l'eau potable mais qui ne sont pas raccordables
au réseau de distribution existant. De même, 89,7% de la
population urbaine à accès à l'électricité
contre 31,5% en milieu rural. Au total, 35% de la population n'a pas
accès à l'électricité et est pauvre. A l'inverse,
seulement 32,9% des populations ayant un compteur d'électricité
individuel sont pauvres. Autrement dit, la disponibilité d'une source
d'éclairage moderne dans un ménage détermine son statut de
pauvreté. En cas de maladie, les populations pauvres se tournent d'abord
vers un guérisseur ou l'automédication au lieu de consulter un
personnel de santé moderne. En effet, 52,0% de ceux qui déclarent
consulter un guérisseur en premier, en cas de maladie, sont pauvres,
contre seulement 25% chez ceux qui préfèrent dans ces cas
consulter un médecin. Cette situation traduit le manque ou
l'éloignement des centres de santé et le coût
élevé des prestations de santé moderne.
Ci-devant, l'expérience de Dr Patricia N'Guessan,
directeur coordonnateur du Programme National de Nutrition (PNN) : Avant
d'occuper cette fonction, elle a été pendant longtemps
pédiatre au CHU de Treichville. Elle nous raconte que vers la fin, elle
en avait ras-le-bol de voir des mères incapables de sortir la somme de
8000 FCFA pour payer des poches de sang afin de sauver leurs enfants
anémiés. « Quand pour cette somme, des femmes nous
abandonnent leurs enfants pendant deux (02) ou trois (03) jours et reviennent
soit les bras vides soit avec l'argent et que nous sommes obligés de
leur dire que l'enfant est mort depuis leur départ, cela finit toujours
par entamer le moral des plus endurcis d'entre nous », relate le
médecin. Elle dit ne même plus se souvenir du nombre de ces
mères, parce que totalement démunies et qui repartent avec leurs
rejetons quand on leur demande de payer 3000 FCFA de frais d'entrée. Ce
drame, est vécu au quotidien dans tous les services des hôpitaux.
C'est le Pr Ezani, directeur dudit CHU qui rappelait, lors d'une
intervention
Présenté par YAVO Yavo Guy, élève
Ingénieur en Finances
l'année dernière, que son établissement
avait des arriérés de plusieurs centaines de millions au titre de
leurs efforts sociaux. Mais, cela est largement insuffisant vu le nombre trop
élevé d'indigents et de pauvres qui ont largement besoin de
soins. Dans ce cas, cette masse se rabat vers les tradipraticiens et autres
guérisseurs.
La pauvreté est inversement liée au niveau
d'instruction car le taux de pauvre diminue au fur et à mesure que le
niveau d'instruction augmente. De 57,5% chez les populations sans instruction,
ce taux retombe à 6,6% chez les populations d'un niveau
d'éducation supérieur. En d'autres termes, l'investissement dans
l'éducation est un levier clé de réduction de la
pauvreté. La probabilité d'être pauvre augmente avec la
taille du ménage. La taille moyenne des ménages pauvres est de
6,3 personnes contre 3,9 chez les ménages non pauvres. De 10,7 chez les
personnes vivant seules, le taux de pauvreté passe à 34,8% chez
les personnes d'un ménage de 4 personnes, à 51,7% chez celles
vivant dans un ménage de 6 personnes et à 66,4% chez celles
vivant dans un ménage de 10 personnes.
Pour paraphraser M. Marcel Zadi Kessy PCA du groupe
CIE-SODECI qui disait, lors d'une conférence publique à Assinie
Mafia, sur les questions de développement et de pauvreté : «
Un homme qui touche 100.000 FCFA par mois est pauvre. Mais s'il vit seul, c'est
supportable. S'il prend une compagne avec le même salaire il devient
doublement pauvre. Et si sa compagne lui fait un enfant avec toujours le
même salaire, il devient triplement pauvre et ainsi de suite... »
Présenté par YAVO Yavo Guy, élève
Ingénieur en Finances