C- Les foires « Off »
1- Pourquoi cette nécessité ?
Le phénomène des foires
« off » est le résultat de la multiplication des
Salons à la fin du XIXe siècle. Pourtant ces foires ne
sont apparues en France qu'à partir de 2006. A l'instar de nombreuses
grandes foires d'Art Contemporain tel Art Basel à Miami, la Fiac a vu
naître à ses cotés des satellites. Auparavant Paris
était la seule ville à ne pas avoir de
« off ».
Comme nous l'avons vu, la Fiac, cette même année,
a changé de lieu d'exposition. La foire est passée de 25 000
m2 d'exposition à la Porte de Versailles, à 6 000
m2 au Grand Palais, donc par manque d'espace, les organisateurs ont
dû réduire le nombre d'exposants. De nombreuses galeries
présentes à la Fiac les années précédentes
se sont retrouvées rejetées de la foire. Afin de garder cette
vitrine sur le marché de l'art international, les galeristes ont du
réfléchir à une nouvelle façon d'être vus
sans être dépendants de la Fiac.
D'autres part, il ne faut pas oublier que la participation
à une foire entraîne de nombreux frais. En effet, pour les
galeristes existe déjà un défi financier. Cette
année, le prix de la location des stands s'élevait à 440
euros le mètre carré au Grand Palais et 310 euros pour la Cour
Carrée du Louvre. A cela il faut ajouter les frais de transport,
d'assurance...Toutes les galeries ne peuvent se permettre d'investir une somme
aussi importante lors de ces foires.
De plus, les critères de sélection à
l'entrée de la foire sont très restrictifs. En 2006, la Fiac
souhaitant retrouver son aura, a durci cette sélection et c'est ainsi
que des galeries tel Baudoin Lebon ou Louis Carré présentes
depuis plusieurs années se sont vu refuser l'entrée de la foire.
La Fiac, souvent décrite comme nationale ou même régionale,
souhaitait développer son aspect international et a donc
privilégié les galeries étrangères, parfois de
moindre importance, par rapport aux galeries françaises.
Suite à ces différents évènements,
les galeristes ont ressenti le besoin de créer des foires
« off ». Ces foires permettent à de jeunes galeries
qui ne peuvent être présentes à la Fiac d'être aussi
sur le devant du marché de l'art.
2- Slick, Art Elysées, Show off, Cutlog
La foire est devenue un événement incontournable
dans le fonctionnement d'une galerie, c'est pour cela que sont apparues Slick,
Show Off ou Art Elysées en 2006. Chacune de ces foires se voulait
différente, avec une éthique bien définie.
Slick a été crée par deux galeristes
(Cécile Griesmar et Johan Tamer-Morael) et une journaliste (Aude de
Bourbon Parme). Les créateurs veulent donner à leur foire une
identité underground. Slick accueille les scènes
émergentes françaises et internationales. Afin de participer
à la foire les galeries doivent avoir plus de deux ans, car dans ce laps
de temps elles ont pu devenir un peu plus « rentables »,
visibles et constituer un stock. La foire off est aussi un tremplin vers le
marché de l'art international, en profitant notamment, du rayonnent de
la Fiac. Cette année, Slick se composait d'une soixantaine de galeries,
les organisateurs ne souhaitaient pas dépasser ce chiffre pour ne pas
perdre leur ouverture à la jeune création. S'adressant au grand
public, ils ne peuvent offrir un trop grand panel qui perdrait ce public
néophyte. A comparer avec la foire de Bâle qui comporte trois
cents stands, mais celle-ci est destinée à un public de
professionnels, de marchands qui souhaitent avoir une offre vaste d'oeuvres.
C'est une foire consacrée aux galeries et d'artistes
émergents. Son but est de faire la communication et de positionner ces
jeunes galeristes sur le marché. Comme me l'expliquait Cécile
Griesmar ils veulent « mettre en selle les
« bébés » galeries ».
Art Elysées a été créée
à la suite de l'éviction de certaines galeries françaises
de la Fiac. Tout d'abord appelé Elysées de l'Art, elle fut
rebaptisée en 2008 pour sa deuxième édition. Située
sur les Champs Élysées, elle est la plus proche voisine de la
Fiac. Telle la galerie Magda Danysz, la galerie Beaudoin Lebon fait partie des
galeries qui ont été refusées à la Fiac et qui ont
désiré créer leur foire propre. Art Elysées
pourrait se définir comme la petite soeur de la Fiac,
premièrement par les organisateurs mais aussi par sa volonté de
se définir comme une foire d'Art Moderne et d'Art Contemporain.
Show Off se situe aussi géographiquement auprès
de la Fiac, au Port des Champs Elysées. Initiée par cinq galeries
françaises (Magda Danysz, Éric Dupont, Olivier Houg, Les Filles
du Calvaire et Vanessa Quang), désireuses de créer une
plate-forme d'échanges entre artistes émergents, amateurs d'art
et galeristes, la foire est ouverte à tous les mediums. Pour ces
galeries anciennement présentes au sein de la Fiac, il leur était
difficile de s'inscrire au sein de cette grande foire. En effet elles ne
présentent pas des artistes toujours très côtés sur
le marché de l'art et ne font pas de second marché, c'est
à dire d'art moderne. Elles sont plus des découvreuses de
talents. A l'origine, ces galeries se sont réunies dans une
association à but non lucratif et veulent que les gens qui souhaitent
découvrir l'art contemporain puissent facilement le faire ; cette
mission leur semble prioritaire sur les simples bénéficies
financiers.
La petite dernière, Cutlog, a ouvert ses portes pour la
première fois en 2009. Cutlog se veut alternative et
complémentaire aux autres foires internationales et parisiennes. C'est
un nouveau carrefour pour les artistes, collectionneurs, galeristes,
conservateurs et directeurs de musées du monde entier.
Souvent taxées de « salons des
refusés » ces foires Off ont-elles une réelle place
auprès de la grande Fiac ?
Nées pour la plupart en 2006, elles sont devenues des
satellites de la Fiac ; bien sûr elles profitent du rayonnement de
celle-ci, mais elles se veulent chacune autonome.
Cette multiplication des foires « off »
peut se voir pour la Fiac comme une reconnaissance de son importance. En
effet, si la Fiac n'amenait pas un grand nombre de collectionneurs et visiteurs
à Paris, ces foires « off » n'auraient pas lieu
d'être. Les foires « off », tout d'abord
créées pour permettre une plus grande visibilité des
galeries et artistes, profitent de la renommée de la Fiac.
La question est de savoir si les collectionneurs allant
à la Fiac vont aussi dans les foires secondaires.
Il existe plusieurs types de collectionneurs, ceux qui iront
à la Fiac et seulement à cette foire, car pour eux, seules les
oeuvres de grande valeur et reconnues sont intéressantes. Une autre
catégorie va à la fois se rendre à la Fiac mais aussi se
rendre aux foires « off » afin de prospecter, de trouver de
nouveaux artistes pour lesquels ils feront un réel pari sur l'avenir de
leur carrière. Une troisième catégorie se rendra à
la Fiac car celle-ci est la plus reconnue de toutes et présente une
grande qualité d'oeuvres mais composée de plus jeunes
collectionneurs ou possédant moins de moyens financiers, elle
achètera sur les foires « off ».
Chaque foire a un public à la fois similaire mais aussi
bien spécifique selon ce qu'elle présente.
Comparé à Miami qui comprend plus d'une
vingtaine de foires satellites, Paris en 2009 n'a que quatre foires
« off », mais n'est ce pas trop pour le
marché ?
La présence de ces foires permet d'avoir un large
échantillonnage de l'Art Moderne à l'Art le plus Contemporain
à un moment donné. Pour les galeries, cela leur permet
d'être vues sur la place du marché parisien par tous les plus
grands collectionneurs mondiaux.
Dans le monde entier, il y a environ sept cents foires ;
nous pourrions ainsi faire deux foires par jour tout au long de l'année.
Il est impossible physiquement de toutes les faire. Lors de la foire de
Bâle par exemple, Art Basel, il y a trente-six
« off ». Cette multiplication des foires n'en fait pas
toujours la qualité. Bien sûr cette inflation permet une
démocratisation de l'Art Contemporain auprès du grand public mais
il arrivera sûrement un jour où le marché va se recentrer,
comme me le notifiait Jennifer Flay « forcément des foires
vont décliner car le marché est plus
sélectif ».
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