5.2- Recommandations à l'endroit des enseignants
La seconde partie de nos recommandations s'adresse aux
enseignants. L'enseignement, comme nous l'a confirmé certains directeurs
que nous avons rencontré, est un métier sacerdotal. L'enseignant
doit posséder certaines qualités pour pouvoir bien faire son
métier.
En ce qui concerne les pratiques punitives, il est certes
difficile de pouvoir conduire une classe de plus de cent (100)
élèves sans souvent porter des coups pour servir d'exemple aux
autres. Mais, étant donné que la loi prohibe cette pratique, il
est de bon ton d'obtempérer. Bien que les enseignants soient
imbibés dans cette éducation traditionnelle dans laquelle
transparaît le système punitif autoritariste, ils doivent faire
preuve d'adaptation. Il existe une gamme variée de punitions et
l'enseignant a à choisir entre celles qui sont autorisées au
détriment de celles prohibées.
Les enseignants devront comprendre qu'il ya un lien
étroit entre les PC et la violence. Etant donné que la violence
scolaire constitue de nos jours un frein à l'épanouissement
affectif des élèves, elle se doit d'être contrée et
évitée et ce, d'abord par les enseignants. On doit
procéder à une « prophylaxie
intellectuelle », selon les mots de Bakali (1997). La punition
ne résout pas les vrais problèmes. Les conceptions selon
lesquelles les punitions corporelles sont les plus efficaces dans la situation
d'enseignement-apprentissage sont « révolues ».
Selon les investigations menées par Bakali (idem :
60) dans les CEG du Golfe dans le cadre de son mémoire de
Maîtrise, 35% des enseignants ne cherchent pas à comprendre les
élèves, 20% les menacent, 15% ne respectent pas les
élèves et les ridiculisent, 13% les dédaignent. Ceci
entraîne un manque de communication et agit négativement sur les
activités pédagogiques. Pour rétablir un bon climat
propice au bon déroulement des activités pédagogiques, il
faut rétablir la communication entre les deux protagonistes.
L'enseignant dans ces conditions devra abandonner les
méthodes brutales, l'autorité excessive pour devenir un guide, un
conseiller et un animateur. L'enseignant devra donc s'habituer, ou mieux
s'adapter à sa tâche, celle d'aimer les élèves pour
en faire des hommes, des êtres épanouis. L'article 29 de la CIDE
ne dit-elle pas que :
« l'éducation doit viser
à épanouir la personnalité de l'enfant, à
inculquer à l'enfant le respect des droits de l'homme et des
libertés fondamentales, à inculquer à l'enfant le respect
de sa culture d'origine et d'adoption, à le préparer à
assumer ses responsabilités dans une société libre, dans
un esprit de compréhension, de paix, de tolérance,
d'égalité et d'amitié entre tous, à inculquer le
respect du milieu naturel » ?
La communication est l'élément le plus important
dans le processus d'enseignement-apprentissage puisqu'il s'agit d'un processus
interactif. « Il apparaît évident que les
communications constituent un chaînon essentiel des relations humaines
dans l'école [...]. (Elles) constitue(nt) un élément non
négligeable de paix scolaire » (Delaire, 1986 :
75).
Enfin, il y a certaines règles
élémentaires que nous nous proposons de rappeler à travers
les lignes suivantes :
- Dans une situation d'apprentissage, l'excès ou
l'insuffisance de punitions sont des erreurs pédagogiques ;
- Si on doit punir, il faut éviter le châtiment
corporel et que la punition soit proportionnelle à la gravité de
la faute commise ;
- Les punitions non corporelles doivent être
manipulées avec beaucoup de prudence
- La punition doit être attribuée avec
impartialité et justice ;
- Il faut punir avec calme et non dans la colère et
l'agitation ;
- On pourrait négocier le type de punition avec
l'élève ce qui impliquera davantage d'impliquer de façon
constructive l'enfant dans le processus punitif ;
- Si nécessaire, « il faut éduquer
autant que possible de façon que la punition soit inutile. S'il le faut,
punir rarement et comme à regret» (Weyergans, cité par
Mensa K., 1997 : 201).
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