Examen de l'attitude d'étudiants universitaires burundais à l'égard de la promotion féminine( Télécharger le fichier original )par Mbawa MWENYEBATU Université du Burundi - Licence en sciences de l'éducation 1978 |
CHAPITRE IIL'ECHELLE D'ATTITUDELes échelles d'attitude se sont surtout développées aux Etats-Unis à partir des années 30. A cette époque, beaucoup d'immigrants entrèrent aux Etats-Unis, fuyant un antisémitisme qui devenait de plus en plus violent en Occident. C'est également à cette époque que des minorités américaines (surtout les Noirs et les Juifs) commencèrent à beaucoup insister pour l'obtention et la reconnaissance de leurs droits. Ces deux facteurs créèrent des difficultés qui, pour être résolues, nécessitèrent entre autre la création de techniques diverses dont les échelles d'attitude. Les échelles d'attitude nous donnent des renseignements sur la direction de l'attitude (pour ou contre) et sur le degré plus ou moins élevé de cette attitude. Elles « restent un moyen de les (les attitudes) approcher d'une façon quantitative sans pour cela abandonner la réalité tangible de l'expression de l'attitude, que les opinions verbales47(*) ». Il est facile de les mesurer si nous supposons avec MOSCOVICI48(*)que (i) « il existe vraiment chez le sujet une attitude envers la personne ou le groupe visés) ; (ii) la personne est capable d'exprimer son attitude et (iii) elle accepte d'exprimer son attitude » On peut supposer que notre population, des étudiants universitaires, a assurément une attitude envers la promotion féminine ; ces étudiants sont capables de l'exprimer et il s'est vérifié d'ailleurs qu'avec beaucoup de bonne volonté, ils ont répondu à nos items, acceptant ainsi d'exprimer leur attitude. Aucune échelle mesurant l'attitude des étudiants universitaires burundais vis-à-vis de la promotion féminine n'existe encore. C'est pourquoi nous avons décidé d'en construire une. Comme nous le disions au début de ce chapitre, beaucoup de chercheurs ont construit des échelles d'attitudes, suivant parfois des méthodes différentes. Nous décrivons succinctement les 4 méthodes les plus utilisées49(*) : 1. Les différentes méthodes proposéesL'échelle de BOGARDUS (1925) Elle est aussi appelée « échelle des distances sociales ». On demande par exemple au sujet à quelle « distance » il désirerait maintenir les membres des divers groupes raciaux et nationaux. Exemple : En me guidant d'après la seule impulsion de mes sentiments, j'admettrais volontiers les membres de telle communauté à une ou plusieurs des catégories suivantes, marquées d'une croix : Comme proches parents ; Comme amis personnels à mon club ; Comme voisin dans ma rue ; Comme employés dans mes affaires ; Comme citoyens de mon pays ; Comme touristes dans mon pays ; Je voudrais leur interdire l'accès de mon pays50(*) L'échelle de GUTTMAN51(*) (1941) Elle est aussi connue sous le nom « d'échelle hiérarchique », car composée de propositions rigoureusement hiérarchisées. Elle va des opinions les plus faibles aux opinions les plus fortes. Adhérer à une proposition signifie accepter toutes les opinions plus faibles, et le rejet d'une proposition implique celui des opinions dites plus fortes. De construction fort compliquée, l'échelle de type GUTTMAN demande un très grand nombre de sujets et exige des calculs fort nombreux et de grands tableaux. L'échelle de THURSTONE52(*) Aussi appelée « the Thurstone equal-appearing interval». Le procédé est le suivant: Rassembler un grand nombre de propositions qu'on présume en rapport avec l'attitude à mesurer ; Présenter ces propositions à un grand nombre de juges (25 à 200) qui les classeront en 11 catégories allant de la plus favorable à la moins favorable ; la catégorie « 6 » étant neutre ; Eliminer les propositions qui ont été classées dans plusieurs catégories ; ne retenir que les propositions les plus typiques, statistiquement ; Construire finalement l'échelle avec un certain nombre de propositions régulièrement échelonnées (d'où son autre appellation « d'échelle à intervalles apparemment égaux ») entre les 2 opinions extrêmes ; On attribue alors à chaque sujet un score qui est fonction des items avec lesquels il est d'accord. Un grand nombre de juges travaillant en équipe est nécessaire pour que le chercheur sélectionne ses items. Cette échelle peut être appliquée collectivement. L'appréciation des scores obtenus est basée sur l'avis des juges qui ont classé les items dans un ordre objectif. Chaque score individuel comporterait une signification indépendante des scores d'autres sujets. L'échelle « Racisme » de M. NTAWURISHIRA a été construite par ce procédé. L'échelle de LIKERT53(*) Elle est aussi appelée « méthode des appréciations additionnées » (method of summated ratings) parce que les réponses peuvent être considérées comme des appréciations (ratings) et qu'on les additionne. La construction d'une échelle par le procédé de LIKERT est très aisée, en plus de la grande richesse d'information qu'elle permet. Le chercheur propose au sujet le choix entre 5 jugements relatifs à la même opinion. La validité et la fidélité d'une échelle obtenue sur une échelle des types LIKERT et THURSTONE n'auraient pas de grande différence, affirment KRECH et CRUTCHFIELD (1952) et DUVERGER54(*). * 47 DEBATY(P) : op.cit, p.39 * 48 MOSCOVICI ( S) : op.cit, p. 193 * 49 Nous nous sommes très largement inspiré de : CASTELLAN (Y) : op.cit, pp. 202-205 DEBATY (P) : op.cit, pp. 22-24 DAVAL (R): op.cit, pp. 191-344 KLINEBERG (O) : op. cit, pp. 555-556 MAQUET (M) : op.cit, p. 6 MUCCHIELLI (R) : op.cit, pp. 29-31 NTAWURISHIRA (L) : op.cit, pp.13-14 SPROTT (W.J.H): «Psychologie sociale», trad., Paris, Payot, 1954, pp. 120-130 * 50 MUCCHIELLI (R) : op.cit, pp. 29-31 * 51 EDWARDS (A.L.) : « Techniques of attitude scale construction», New York, Appleton Century Crafts, 1957, pp. 172-200; cite par MAQUET (M): op.cit., p.6 * 52 Voir, pour plus de détails, NTAWURISHIRA (L) : op.cit., pp. 14 et svtes et DAVAL (R) : op.cit., pp. 192-211 * 53 EDWARDS (A.L.): op.cit., pp172-200 cité par MAQUET : op.cit., pp. 6-17 FERGUSON (L) : Personnalty measurement », Mc Graw-Hill Book Cy, Inc. pp 81-122, cite par MAQUET: pp. 6-17 DAVAL (R): op.cit, pp. 211-220 * 54 Cité par NTAWURISHIRA (L) : op.cit., pp.13-14 |
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