Les fondements et la doctrine de la politique étrangère américaine( Télécharger le fichier original )par Abdessalam Saad JALDI Université de Mohammédia - Mémoire de fin d'étude pour l'obtention de la licence des études fondamentales droit public section française 2007 |
Section B : La politique étrangère de l'administration George W. Bush : rupture ou continuité da ns l'histoire américaine ?Revenons à la réflexion de Kerry pour examiner la politique de l'équipe Bush : « tout simplement, l'administration Bush a poursuivi la politique étrangère la plus inepte, la plus arrogante et la plus idéologique dans l'histoire moderne ». (Discours au Council on Foreign Relations le 3 décembre 2003). La politique étrangère de l'équipe Bush est certainement l'une des plus «idéologiques» de l'histoire des Etats-Unis. Elles s'appuie sur un événement fondateur (le 11 septembre) constitutif d'une doctrine claire (la lutte contre toute forme de terrorisme et de menaces), servie par des formules percutantes et simples telle que « L'axe du mal ». Cette doctrine est mise en oeuvre à travers une argumentation très wilsonienne, se référant à la mission divine des Etats-Unis de rendre le monde meilleur. Elle a en outre l'avantage d'être assez polymorphe pour légitimer toute intervention, même injustifiée, sous la forme de « guerre préemptive », que l'équipe Bush a élevée au rang de stratégie (comme l'invasion de l'Irak et le renversement de Saddam Hussein). La référence à « l'arrogance » de la politique étrangère de Bush constitue vraisemblablement une critique de l'unilatéralisme dont fait preuve l'équipe présidentielle. En effet, John Kerry, démocrate dans la lignée de Bill Clinton, condamne l'attitude de l'équipe Bush qui, après un recours opportuniste au multilatéralisme (formation d'une coalition internationale contre le terrorisme), intervient en Irak contre l'avis général de l' opinion internationale, appliquant la formule : « multilatéraliste si possible, unilatéraliste quand nécessaire ». L'équipe Bush a ainsi l' « arrogance » de profiter pleinement du statut de grande puissance des Etats-Unis, qui leur permet de refuser l'implication dans les accords internationaux et de faire cavalier seul (refus de faire ratifier et appliquer le Protocole de Kyoto de 1997, refus de reconnaître la Cour Internationale de Justice, ...). Ainsi, appliquant une idéologie forte, l'administration Bush ne constitue pas réellement une rupture dans la pratique de politique étrangère américaine. Au regard de l'Histoire, les Etats-Unis ont toujours associé de manière traditionnelle la moralité à la puissance. L'administration Bush marque seulement l'application d'une nouvelle obédience idéologique, « néo-conservatrice », qui allie la moralité wilsonienne, aux moyens réalistes de Roosevelt. « [...] pour la première fois, le wilsonisme serait réaliste puisqu'il ne s'affirmerait plus par l'intermédiaire d'une organisation internationale impuissante ou suspecte, mais par celui d'un empire irrésistible et bienveillant » (Entretien avec Pierre Hassner et Justin Vaisse, Questions Internationales, p. 55). En revanche, la pratique très unilatéraliste de la politique étrangère de l'administration Bush et son mépris apparent des institutions et des règles internationales marque un tournant dans l'attitude des Etats-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, alors que c'est ce même pays qui avait présidé à la naissance de ces institutions mondiales. « Les Etats-Unis s'efforceront constamment
d'attirer le soutien de la communauté internationale, mais
n'hésiteront pas à agir seuls, si nécessaire, afin
d'exercer leur droit à la défense, en agissant de façon
préventive contre les terroristes, dans le but de les empêcher de
causer des dommages au peuple américain et au
pays ». L'équipe Bush ne constitue donc pas une rupture dans les fins, mais bien sur les moyens, l'unilatéralisme et la généralisation du concept de guerre préventive s'opposant au pragmatisme de la pratique américaine de la politique étrangère. Ainsi, même si les candidats démocrates s'opposent farouchement à la politique étrangère menée par George W. Bush, ils n'ont pas présenté, sur le fond, une alternative si dissemblable. Il fonde sa différence en priorité sur le retour au multilatéralisme (un multilatéralisme « musclé »...) et propose une « nouvelle ère d'alliances ». Bibliographie : Blin Arnaud, Le désarroi de la puissance : Les Etats-Unis vers la guerre permanente ?, Lignes de Repères, oct. 2004 Chaliand Gérard et Blin Arnaud, America is Back : Les nouveaux césars du pentagone, Bayard, 2003 Chomsky Noam, De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Agone, Collection Contre-Feux, 2002 Guisnel Jean, Bush contre Saddam. L'Irak, les faucons et la guerre, La Découverte, Cahiers libres, 2003 Kaspi André, Les Américains, Point Seuil Histoire, 2 vol., 1990. Martin Jean-Pierre, Royot Daniel, Histoire et Civilisation des Etats-Unis, Nathan Université, collection fac. Histoire Nguyen Eric, La politique étrangère des Etats-Unis depuis 1945, de Yalta à Bagdad, Studyrama, coll. Principes, nov. 2004 Nouailhat Yves-Henry, Les Etats-Unis et le monde de 1898 à nos jours, Armand Colin, Paris, 2003, 359 p. Zinn Howard, Une histoire populaire des Etats-Unis d'Amérique, de 1492 à nos jours, Agone, 2002 |
|