INTRODUCTION
Les formations végétales naturelles de la
République du Bénin sont dominées par des forêts
claires et des savanes boisées disséminées sur
l'étendue du territoire. Ces formations tranchent nettement avec les
vastes formations forestières denses humides de certains pays africains
comme la Guinée, le Libéria, la Côte-d'Ivoire, le Ghana, le
Nigeria, le Gabon, le Congo Brazzaville, la République
Démocratique du Congo, etc. WHITE (1986) parle du "Dahomey gap" dans la
carte de végétation de l'Afrique.
C'est dire que le Bénin n'est pas un pays forestier. De
façon générale, les formations végétales
naturelles du Bénin se retrouvent en grande partie dans les domaines
classés et qui représentent environ 24% du territoire national.
Ces classements ont eu lieu entre 1940 et 1955 (MDR, 1994).
Au Bénin, l'essentiel des ressources naturelles se
trouve à l'intérieur des forêts classées. S'il est
vrai que l'approche globale pour le développement durable requiert la
nécessité d'une gestion rationnelle des ressources naturelles, il
est aussi vrai qu'au Bénin, l'explosion démographique et le
faible niveau de vie des populations rurales en général et des
riverains des forêts classées en particulier, ne permettent plus
d'assurer cette gestion rationnelle desdites forêts sans que l'on ne
résolve dans le même temps, les problèmes de vie et de
survie qui se posent aux populations.
Ainsi, une agriculture tributaire de certaines pratiques
irrationnelles qui affectent dangereusement les ressources naturelles, une
agriculture caractérisée par la culture itinérante sur
brûlis et orientée vers une recherche effrénée de
terres cultivables, se développe autour et le plus souvent à
l'intérieur des forêts classées induisant par
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conséquent une crise de l'environnement.
TONCIC-SORINJ1 cité par MALDAGUE (1974) estime que l'actuelle
crise de l'environnement est la conséquence des erreurs qui se sont
accumulées depuis longtemps par suite de l'ignorance et du manque de
réflexion des populations quant aux conséquences de leurs
actions. Il avertit qu'à l'heure actuelle, nous n'avons plus l'excuse de
l'ignorance. Or, de tous les temps, l'homme a entretenu avec les
végétaux en général et les plantes en particulier,
des relations riches et nombreuses. Ces relations, tout en participant à
une meilleure connaissance de l'Homme et de la plante, nous ramènent
à l'ethnobotanique, une science au carrefour de la botanique et des
sciences humaines.
Au moment où la mondialisation amène les pays
vers un marché planétaire commun, il urge que les pays en voie de
développement évaluent les chances de leur participation. Une des
pistes de cette évaluation peut se situer au niveau des connaissances
endogènes dans l'utilisation des organes végétaux. Parmi
ces végétaux, figure en bonne place, l'espèce
Daniellia oliveri. Elle est endémique à l'Afrique
(Figure1)2. Cette espèce appelée Zatin en
Fon, Iya en Nago, possède des atouts importants en
matière de régénération et des usages sur le plan
local. Elle est cependant peu valorisée car, classée parmi les
"autres essences autochtones" dans l'ordonnance N° 74/26 du 22 mars 1974,
portant fixation des taux de taxes et redevances perçues à
l'occasion de la délivrance des permis d'exploitation forestière
en République du Bénin. Cette ordonnance3
précise en son article 1er point 4 que l'exploitation d'essences
forestières autres que l'Iroko (Milicia excelsa),
Caïlcédrat (Khaya senegalensis), Lingué
(Afzelia africana), Samba (Triplochiton scleroxylon),
Fraké (Terminalia superba), Antiaris (Antiaris
africana), Vène (Pterocarpus erinaceus), Albizia
(Albizia lebeck),
1 TONCIC-SORINJ cité par Dr MALDAGUE (M.), 1974,
Problématique de la crise de l'environnement Université LAVAL,
p195.
2 Répartition spatiale de Daniellia oliveri dans
le monde : CAB international 2000.
3 L'ordonnance est prise par la présidence de la
République du Bénin. Elle a force de loi. Depuis 1974, elle n'a
pas connu de modifications au niveau de cet article.
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Fromager (Ceiba pentandra), est subordonnée au
paiement d'une redevance établie comme suit :
- circonférence de moins de 2 mètres 400 F CFA
- circonférence de 2 mètres à 2,99
mètres 800 F CFA
- circonférence de 3 mètres et plus 1600 F CFA
Ces taxes sont de nos jours ridicules et participent à
l'exploitation abusive de certaines espèces ligneuses à peu de
frais.
Pour mieux apprécier l'importance de la situation, notre
travail porte sur le thème : "Etude ethnobotanique et biologique de
Daniellia oliveri dans le centre du Bénin".
Le développement de ce thème, a été
organisé en trois grandes parties essentielles qui ont exploré le
contenu.
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Pour y parvenir, il a
été question d'examiner le cadre
théorique et socio-spatial du centre du Bénin.
Cette démarche a permis de cerner et de mieux
apprécier, les conséquences issues des rapports entre populations
et les
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Figure n° 1 : Répartition
spatiale de Daniellia oliveri dans le monde (Points en jaune)
Source : CAB International (2000)
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disponibilités des ressources naturelles.
Une présentation des investigations du terrain et
l'analyse des résultats obtenus ont permis de faire des projections sur
les domaines couverts par Daniellia oliveri. Mais avant, une revue du
contenu de la problématique fondant la scientificité du
thème a été nécessaire.
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I- PROBLEMATIQUE
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