Introduction Générale
CEtte introduction se propose de présenter de
façon concise le contexte et la justification de l'étude,
d'aborder la problématique associée à ce travail et enfin
d'énoncer les objectifs, les hypothèses, l'intérêt
du thème ainsi que les résultats attendus.
0.1 Contexte et justification de l'étude
Compte tenu des efforts de réduction de la
pauvretéqui sont déployés au niveau africain, l'impact des
politiques macro-économiques des dirigeants sur la distribution des
revenus et sur la pauvretéest devenu un domaine d'analyse et de
recherche pertinent. De même, face aux défis actuels d'atteindre
les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et pour
mieux comprendre les facteurs explicatifs des différents niveaux de
développement économique et social à l'échelle
nationale, régionale et mondiale, il est impératif de disposer
des informations économiques de qualité. Les problèmes
liés à l'identification des paniers
de pauvretésatisfaisant les critères
internationaux de comparaison et de représentativitédes pays sont
très importants. Mais l'absence des PPA reflétant la structure du
PIB en
terme de dépenses devient un obstacle aux comparaisons
des multiples indicateurs de la stratégie de réduction de la
pauvreté.
Parallèlement, ces nombreux défis couplés
au processus de mondialisation, d'intégration régionale, de
réorientation de l'aide publique au développement et de
mobilitédes facteurs de production ne font qu'accroître le besoin
de comparaison multilatérale. Pour réaliser les comparaisons
multilatérales, il faut disposer des outils de conversion, en une
même monnaie, des dépenses du Produit Intérieur Brut (PIB)
ainsi que d'autres statistiques économiques mesurées
habituellement en monnaies locales. Les taux de change peuvent jouer ce
rôle de
Thème : L'impact de la structure du PIB sur les
PPA : Une approche par les simulations 2
Mémoire professionnel BAD-Tunis
ASSOGBA Kochikpa Norbert
conversion mais, à l'unanimité7
(Banque Mondiale, 1999, P.4) les partisans de la théorie comparative
s'accordent sur le fait que, les résultats qu'on obtiendrait en
utilisant comme convertisseurs économiques les taux de change entre les
différents pays, sont erronés car renfermant deux composantes :
une composante « volume de biens et services » et
une composante « niveau de prix » atteignant parfois
des proportions très importantes. Il en est ainsi parce que les taux de
change du marchésont très volatiles au point d'entraîner
des variations de niveaux de vie relatifs trop brusques à court terme
pour être vraisemblables.
Dans ce contexte, force est de constater qu'il se pose un
problème cruxial dès lors qu'on aborde la question de comparaison
internationale. Pendant que les pays en voie de développement mettent
les bouchées doubles, dans le cadre des objectifs du millénaire
pour le développement et de la réduction de la pauvreté,
pour améliorer le pouvoir d'achat réel et, de ce fait, le
bien-être de leurs peuples, les comparaisons internationales faites au
moyen
des taux de change révèlent des
résultats non fiables et trompeurs8 qui ne sont pas
àla hauteur des attentes (Dikanov, 2007). Dans le même
temps, ces mêmes comparaisons
réalisées au moyen de déflateurs spatiaux
que sont les Parités du Pouvoir d'Achat (PPA)
réévaluent les indicateurs de bien-être
social et repositionnent ainsi les pays en voie de développement dans le
système de comparaison internationale. Ainsi, il n'est plus admis de
faire des comparaisons axées sur les taux de change.
Il devient alors impératif de recourir à
d'autres outils, construits à partir des prix de biens et services d'un
panier de référence dont la composition en Positions
Elémentaires (PE) est dictée par la structure de la
comptabiliténationale en harmonie avec le Système de
ComptabilitéNationale (SCN-93). Ces outils de conversion ne sont rien
d'autres que les Parités de Pouvoir d'Achat (PPA). Contrairement aux
taux de change, ils aplanissent les distorsions liées aux prix des biens
et services et permettent ainsi de procéder à un état des
lieux original c'est-à-dire non voilédes économies, des
situations sociales et de créer un cadre de comparaison internationale
axésur les volumes dont l'accroissement traduit réellement la
création de richesses et par suite une amélioration du
bien-être collectif. La plupart des comparaisons utilisant les taux de
change révèlent des insuffisances dans les relations entre les
données et les situations actuelles qu'elles tentent de comparer
(BAD,
7Observations de la Banque
Mondiale sur le rapport d'évaluation du Programme de comparaison
internationale, mars 1999
8Yuri Dikhanov, économiste
à la Banque mondiale, janvier 2007
Thème : L'impact de la structure du PIB sur les
PPA : Une approche par les simulations 3
Mémoire professionnel BAD-Tunis ASSOGBA Kochikpa
Norbert
mars 2007). Pourtant, l'importance des PPA n'occulte pas la
question fondamentale liée àleur robutesse à
court terme.
Les parités de pouvoir d'achat, si elles sont
nécessaires, devront cependant, à l'opposédes taux de
change, être précises et tr`es robustes à la structure de
l'économie pour assurer, ne serait-ce qu'àcourt terme, une
certaine précision et stabilitéaux valeurs des indicateurs
socio-économiques qu'elles engendrent et qui entrent en ligne de compte
dans le syst`eme de comparaison internationale. Par exemple, on ne saurait
faire des comparaisons entre
nations ou blocs régionaux sur des indicateurs
composites de niveau de vie ou de pauvretédont on connaît la
variabilitéà court terme: leurs valeurs auraient
déjàchangéavant même
l'exercice de comparaison. A y voir de pr`es, on pourrait
croire que cette variabilitédes PPA proviendrait de leur mode de calcul
qui utilise principalement des pondérations du PIB qui sont encore
sujettes, en partie, à des erreurs de mesure résultant de la non
prise en compte dans les comptes nationaux du secteur informel qui, tout de
même, occupe une part non négigeable dans les différentes
économies africaines (conf`ere tableau 1) plus bas.
En effet, selon les comptables nationaux d'Afristat, la part
du secteur informel dans l'éco-nomie nationale des pays africains au sud
du sahara avoisinerait 25 à 33% du PIB selon que l'agriculture est ou
non retenue (Leenhardt, 2005). Bon nombre de pays ne parviennent pas encore
à isoler l'informel dans leurs comptes nationaux; en revanche la plupart
d'entre eux l'appréhendent implicitement par des méthodes telles
que :
- les proportions héritées parfois de sources tr`es
anciennes;
- les enquêtes, plus ou moins récentes, mais non
spécifiques au secteur informel, ou ne le désignant pas comme
tel;
- les enquêtes portant spécifiquement sur le
secteur informel mais dont les champs géographiques et/ou sectoriels
sont le plus souvent restreints.
Mais à côtéde ces techniques, Blaise
Leenhardt, a proposé, dans son rapport sur: « Le poids de
l'informel en UEMOA », une méthodologie d'évaluation du
poids du secteur informel. L'application de cette méthodologie à
permis d'élaborer une premi`ere estimation du poids du secteur informel
au niveau national et régional à partir des résultats des
enquêtes 12-3 réalisées dans les capitales des pays membres
de l'uemoa sur la période 2001-2003. Le tableau qui vient en donne une
illustration.
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PPA : Une approche par les simulations 4
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TAB. 1 - Poids de l'informel non agricole dans le
PIB
Poids de l'informel en % du PIB
Bénin
|
28
|
Burkina-Faso
|
15
|
Côte-d'Ivoire
|
34
|
Mali
|
37
|
Niger
|
13
|
Sénégal
|
22
|
Togo
|
15
|
UEMOA
|
28
|
Source : Rapport sur « le Poids de
l'informel en UEMOA », Septembre 2005 ; page 28
Pour répondre au besoin pressant de disposer des
parités de pouvoir d'achat incorporant la structure du PIB et donc les
habitudes de consommation, la communautéinternationale, notamment la
Commission Statistique des Nations Unies (UNSC), a initiéle Programme de
Comparaison Internationale (PCI) en 1968 afin de faciliter les comparaisons
internationales du PIB et de ses composantes sur la base des
équivalences de pouvoir d'achat. L'Afrique a
étéprogressivement insérée dans ce système
de comparaison internationale dont la composante africaine9
est dénommée Programme de Comparaison Internationale pour
l'Afrique (PCI-Afrique). Au delàdes objectifs originels qui lui sont
assignés à savoir la production des estimations de
paritéde pouvoir d'achat et la facilitation de comparaison
internationale, le PCI-Afrique vise à long terme les points suivants
:
- Renforcer les capacités statistiques nationales en
statistique des prix et en comptabiliténationale;
- Faire du PCI une partie intégrante des
systèmes nationaux de statistique; - Intégrer les parités
de pouvoir d'achat relatives à la pauvretédans le PCI; - Enfin,
promouvoir l'utilisation des données du PCI.
Les PPA sont très importantes dans les comparaisons
internationales; cependant, leur calcul repose sur des pondérations
sujettes à une mesure erronée des rubriques de base du PIB en
raison, notamment, d'une intégration marginale de l'informel dont le
poids dans
9le Programme de Comparaison
Internationale couvre 5 grandes régions du monde : l'Afrique,
l'Amérique latine, l'Asie et le Pacifique, l'Asie de l'ouest et enfin
les pays de l'Eurostat-OCDE
Thème : L'impact de la structure du PIB sur les
PPA : Une approche par les simulations 5
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les différentes économies se
révèle tout de même non négligeable (voir tableau
1). Fort de cela, il s'avère nécessaire de s'intéresser
aux effets d'une modification de la structure (contributions relatives) des
dépenses du produit intérieur brut sur les PPA afin de s'assurer
que ces dernières ne sont pas sensibles aux erreurs de mesure au point
de connaître de variations significatives pouvant mettre en cause leur
robutesse.
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