6 Conclusion
Au terme de cette analyse sur la pluriactivitéau
Cameroun, la participation aux emplois secondaires apparaît
théoriquement comme une alternative pour les actifs occupés de se
prémunir des risques de gestion et de la pauvretéà travers
des stratégies de diversification des revenus.
Nous observons que la pluriactivitéest
inégalement répartie selon les régions au Cameroun. Elle
est moins intense dans les deux grandes villes que sont Yaoundéet Douala
comparativement aux autres régions. De même, on constate que le
phénomène est beaucoup plus répandu en milieu rural
qu'urbain; les hommes sont plus touchés que les femmes
indépendamment de leur zone de résidence. Les personnes
travaillant dans les exploitations agricoles du secteur primaire sont par
contre les plus exposés à la pluriactivité. En outre, les
individus pluriactifs exercent beaucoup plus pour compte propre et dans une
situation informelle.
Les revenus découlant des emplois secondaires sont en
deçàde ceux que procure l'activitéprincipale et pourraient
de ce fait ne pas être un facteur incitatif à l'exercice de
plusieurs
emplois. Les jeunes de la tranche d'âge 10-29 ans sont
les moins exposés au phénomène tandis que leurs
aînés de la tranche d'âge 30-49 ans sont plus
marqués. Aussi, remarque t-on que, le taux de
pluriactivitédécroît avec le niveau d'instruction.
A la suite de l'analyse en correspondances multiples et de la
classification, il apparaàýt trois groupes de pluriactifs. Les
individus du premier groupe sont pour la plupart issu du secteur informel
agricole, vivent en milieu rural et ont majoritairement le niveau primaire. Le
second groupe est constitué, pour l'essentiel, des salariés des
secteurs public et privéformel. Le troisième groupe est celui des
pluriactifs du secteur informel non agricole, vivant en milieu urbain et
excerçant un emploi indépendant.
Sur le plan économétrique, la situation
matrimoniale impacte le revenu principal à la hausse; l'effet le plus
important étant observéau niveau des individus mariés
polygames (30.300 FCFA). Comme observédans l'analyse descriptive l'effet
du niveau d'instruction sur le revenu principal est positif et croissant. Les
individus ayant le niveau supérieur enregistrent le surplus de revenu le
plus élevé(167.840 FCFA) alors que ceux ayant le niveau primaire
ont le surplus le plus faible (14.100 FCFA), la modalitéde
référence étant les individus non scolarisés. Le
genre exerce également une influence sur le revenu principal. Par
rapport aux hommes, les femmes ont un déficit de revenu moins
élevéd'environ 22.000 FCFA.
Globalement, les variables démographiques, notamment la
situation matrimoniale et l'âge ont un effet positif sur le revenu
principal. Cependant, la situation matrimoniale est le facteur au niveau duquel
on observe les effets les plus prononcés. De plus, le lien de
parentéavec
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c Norbert ASSOGBA & Edouard KALAWA Groupe de
travail
le chef de ménage constitue un facteur limitatif
à la participation aux emplois secondaires. Sous l'angle religieux, le
fait d'être animiste modifie à la hausse la chance d'être
pluriactif par rapport à la religion catholique.
Par ailleurs, les facteurs rendant compte des ressources
matérielles et immatérielles, notamment le niveau d'instruction
et le type d'habitat accroissent dans l'ensemble la chance de participer aux
emplois secondaires; l'impact le plus intense étant observépour
le niveau d'instruction. Par contre, le temps consacréà l'emploi
principal influence à la baisse la chance d'être pluriactif.
Du côtédes variables socio-économiques, le
revenu principal a un effet négatif mais très faible sur la
décision d'exercer plusieurs activités secondaires. Le milieu de
résidence contribue àaugmenter la chance d'être
pluriactif par rapport aux actifs occupés du milieu urbain.
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