5.2 Interprétation des résultats
L'analyse des résultats se fera essentiellement en deux
phases : dans un premier temps nous analyserons les résultats de
l'estimation de l'équation du revenu principal puis dans un second nous
nous pencherons sur l'interprétation des résultats du
modèle de participation aux emplois secondaires.
5.2.1 Analyse des résultats de l'équation de
revenu
D'après le tableau (9) ci-dessus, il existe un lien
positif entre le temps consacréà l'activitéprincipale et
le revenu qui en découle. En effet, pour une personne ayant
consacréun temps
égal à moyenne de la durée hebdomadaire
de travail, un accroissement d'une heure de travail se traduit par une
augmentation de son revenu de l'activitéprincipale de 330 FCFA, toutes
choses égales par ailleurs.
S'agissant de la variable situation de famille (situation
matrimonial), elle influence à la hausse le revenu principal. En effet,
par rapport aux célibataires considérés comme
modalitéde référence, un individu mariémonogame
peut accroître son revenu principal en terme absolu d'environ 28.860 FCFA
en moyenne, le polygame de 30.300 FCFA, le veuf de 20.900 FCFA, le
divorcé(ou séparé) de 24.300 FCFA et enfin l'individu en
union libre de 20.440 FCFA en moyenne.
De même, nos estimations mettent en exergue un effet
assez élevédu niveau d'instruction sur le revenu issu de
l'activitéprincipale. Ce effet décroît avec le niveau
d'instruction. Ainsi, par rapport à un non scolarisé, un actif
ayant le niveau supérieur aurait, en moyenne, un revenu
supplémentaire de l'ordre de 167.840 FCFA; celui ayant un niveau
secondaire 2ème Cycle gagne 63.410 FCFA de surplus;
celui du secondaire 1er Cycle s'en sort avec un
surplus de 32.760 FCFA; et enfin, l'actif du niveau primaire améliore
son revenu principal de près de 14.100 FCFA [cf. tableau n°(9)].
Cependant, comparativement à un homme, le fait
d'être une femme est un facteur désavantageux dans la
rémunération. La différence entre le revenu principal d'un
homme et celui d'une femme est d'environ 22.000 FCFA en moyenne. Cela renforce
le constat selon lequel, à compétences égales, les hommes
seraient mieux rémunérés que les femmes. Aussi l'âge
a-t-il un effet positif sur le niveau du revenu principal, même si cet
effet est d'une moindre importance. Une hausse d'une année d'âge
accroît le revenu issu de l'activitéprincipale d'environ 1.170
FCFA.
Déterminants de la pluriactivitéau
Cameroun 31
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travail
5.2.2 Analyse des résultats de la participation aux
emplois secondaires
Les variables traduisant les caractéristiques
démographiques ont en majoritéun effet positifs sur la
décision d'être pluriactif. La situation matrimoniale influence
positivement la chance qu'a un actif de devenir pluriactif. En effet, le fait
de passer du statut de célibataire au statut de mariémonogame
augmente sensiblement la probabilitéd'un pluriactif (21,1%). Le
constat
demeure le même pour les statuts de mariépolygame
(27,6%), veuf (9,8%), divorcé/séparé(18,6%) et union libre
(12,4%).
Par ailleurs, par rapport aux célibataires
(modalitéde référence), les mariés polygames ont
plus de chances d'être pluriactifs que les mariés monogames. Ce
constat s'expliquerait par le fait que, à revenu égal, un
polygame a plus de charges qu'un monogame; et donc serait tentéde
rechercher de nouvelles sources de revenu. Par contre, la chance de devenir
pluriactif s'amenuit avec les personnes en union libre,
divorcées/séparées et veuves en raison de l'autosuffisance
que leur conf`ererait le revenu tiréde l'activitéprincipale.
Pour ce qui est de l'âge d'un actif, il influence tr`es
faiblement à la hausse, de l'ordre de 0,2%, la décision d'exercer
une activitésecondaire due probablement à ce que l'individu perd
ses capacités physiques à cause du poids de l'âge. Par
contre, le fait d'être une femme décroît de l'ordre de 12,6%
la chance d'être exposéà l'exercice de plusieurs emplois
secondaires par rapport à un homme.
De même, le lien de parentéavec le chef de
ménage se rév`ele comme un facteur limitatif de la participation
aux emplois secondaires. Ainsi, par rapport au chef de ménage, la
conjointe
a moins de chance d'exercer plusieurs emplois (6,8%) en
raison, souvent, d'une responsabilitérelativement faible de
la conjointe pour subvenir aux besoins des membres de la famille.
Ceci confirme le constat fait lors de l'analyse descriptive et
selon lequel les hommes seraient plus exposés que les femmes à la
pluriactivité(Cf. tableau n°6). Sur le plan religieux, nous
remarquons que seule la modalitéanimiste augmente, d'environ 9,1%, le
risque d'exposition d'un actif occupéà la
pluriactivité.
Les facteurs qui rendent compte des ressources
matérielles et immatérielles propres à un individu ont
dans l'ensemble un impact positif sur la probabilitéde participer aux
emplois secondaires. Ces facteurs sont notamment le niveau d'instruction et le
type d'habitat. S'agis-sant du niveau d'instruction, il augmente
considérablement la chance d'un actif occupéd'être
pluriactif.
Par rapport aux non-scolarisés, les autres individus
auraient plus de chances de participer aux emplois secondaires. Cette
probabilitéévolue à la hausse avec le niveau
d'instruction; elle est de 8,7% pour le primaire; 17,3% pour le secondaire
1er Cycle; 33,4% pour le secondaire
2ème
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Cycle et enfin, 71,0% pour le supérieur. Ce fait se
justifierait par une plus grande possibilitéd'emplois pour
les personnes les plus instruites en raison de la diversitéde leurs
compétences.
Pour ce qui est du type d'habitat, son impact sur la
décision d'exercer plusieurs activités secondaires doit
être nuancé. En effet, comparativement aux actifs occupés
vivant dans les maisons isolées, ceux habitant dans les maisons à
plusieurs logements ont moins de chance d'être pluriactifs. A
l'opposé, le fait de vivre dans les concessions/sarés tire
à la hausse (2,8%) la chance d'exercer au moins un emploi secondaire.
Les variables socio-économiques impactent
différemment aussi, dans un sens comme dans l'autre, la participation
des actifs occupés aux emplois secondaires. Le revenu principal semble
avoir un effet non incitateur à la pluriactivité. En effet, cette
influence avoisine 0,5% et se révèle ainsi très
négligeagle dans la décision d'un actif d'exercer plusieurs
emplois secondaires. Tout comme le revenu principal, le temps
consacréà l'activitéprincipale impacte très
faiblement (0,1%) la participation aux emplois secondaires.
Aussi remarquons-nous que le milieu de résidence
favorise la participation à la pluriactivité. En effet, le fait
de passer du milieu urbain au milieu semi-rural et rural accroît
respectivement d'environ 12,3% et 27,0% la chance d'être pluriactif; ce
qui corrobore le constat issu de l'analyse descriptive et selon lequel la
pluriactivitéest un phénomène plus fréquent en
milieu rural.
A l'issu de l'analyse de l'interprétation des
résultats économétriques, on peut fait ressortir les
points saillants suivants :
- le revenu principal peut être expliquépar
le temps consacréà l'activitéprinci-pale, le sexe, le
niveau d'instruction, l'âge et enfin la situation matrimoniale;
- le temps consacréà
l'activitéprincipale ainsi que le revenu tiréde cette
acti-vitésemblent influencer très faiblement la décision
de participer aux emplois secondaires;
- un polygame a plus de chance qu'un célibataire
d'exercer plusieurs activités secondaires;
à comp
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étences égales, les femmes ont tendance
à gagner moins que les hommes;
|
- les individus habitant le milieu rural sont plus enclin
à être pluriactifs; - le niveau d'instruction est un facteur
incitatif à la pluriactivité.
En ce qui concerne l'hypothèse de recherche
formulée plus haut, les résultats économétriques
nous permettent de confirmer que le temps consacréà
l'activitéprincipale est bien un facteur limitatif de la décision
de participer aux emplois secondaires puisque l'influence de celui-ci sur la
pluriactivitéest négative voire négligeable.
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