La participation des populations dans la construction des équipements publics marchands financés par le Programme National de Développement Participatif (PNDP )

Paragraphe 1.4 : Instrumentalisation de la participation communautaire par les élites

Les élites sont des personnes ressources qu'elles le veulent ou pas, avec qui les communautés doivent composées pour leur développement. A ce titre les élites doivent se comporter d'une manière exemplaire car elle représente en quelque sorte des lanternes pour les localités d'où elles sont originaires. A ce titre, ces lanternes doivent pouvoir éclairer les populations. Mais dans la majorité des cas, ces élites se servent de la population pour conserver leur position gouvernementaliste. C'est l'une des situations qui s'est produite dans l'arrondissement de Ngoumou, les élites du coin ont fait de la récupération politique en voyant que la construction de ces marchés pouvait crédibiliser d'avantages leurs images auprès des populations.

Dans le processus de participation du PNDP l'une des priorités est accordée à la participation financière des populations à concurrence de dix pourcent du montant global de l'ouvrage. Le PNDP pour sa part voudrait que ce soit la contribution des populations ; au cas où, celles-ci n'ont pas les moyens financiers de le faire, elles doivent offrir la main d'oeuvre à hauteur du montant demandé. Mais, dans le cas des marchés de Mfida et Fegmimbang c'est une élite qui a apporté la contribution. Et, cette élite n'est pas portée par la population. Et pour cette élite l'ouvrage est à son actif ce qui mécontente la population qui à leur tour réagissent par la non utilisation des ouvrages.

Paragraphe 1.5 : Dynamiques socio-historiques

Les dynamiques socio historiques représentent les évènements majeurs qui ont eu lieu dans une communauté pouvant influencés le bon fonctionnement d'un projet. Dans le cadre de la construction de l'équipement marchand de Sombo, cette dynamique n'a pas été prise en compte ; car la mairie a décidé de manière unilatérale de redorer le blason de Sombo sans tenir compte des dynamiques socio- historiques. Il s'avère qu'autrefois un grand marché se passait à Sombo, de tel enseigne qu'il se déroulait une activité commerciale intense tel qu'aujourd'hui à Boumnyebel. Mais, une histoire raconte que les coups de vol à répétition et surtout la mauvaise réputation des populations locales ont découragés les voyageurs si bien que ces voyageurs ont cessé de s'arrêter à Sombo pour une courte pause avant de reprendre la route. A cet effet, les populations de Boumnyebel, village limitrophe ont profité de cette aubaine pour créer un marché très attrayant pour le bonheur des voyageurs. D'après un voyageur que nous avons approché il pense que : «  le marché de Sombo ne fonctionne pas  parce qu'autrefois,  quand on s'arrêtait à Sombo, il y avait des coups de vols à répétition surtout, les habitants de la zone mettaient le somnifère dans les repas et les boissons des routards sachant que, quelques kilomètres plus loin, il se produirait un accident, ainsi ils se précipiteraient sur les lieux du drame les premiers pour dépouiller les malheureuses victimes ». Vérité ou simple supputation, en tout cas les planificateurs en charge de la réalisation du diagnostic participatif n'ont pris pas cela en compte. D'après Olivier de Sardan «Le développement n'est qu'une forme de changement social et ne peut être appréhendé isolement. L'analyse des actions de développement et des réactions populaires à ces actions ne peut être disjointe de l'étude des dynamiques locales, des processus endogènes ou des processus informel et formel de changement »^59(*). 

* ⁵⁹ Jean -Pierre Olivier de Sardan, Anthropologie et développement : Essai en sociologie du changement social, Karthala, Paris, 1995, page 6.