II.2 PROGRAMMES D'AJUSTEMENT AU RWANDA
48
resté modéré en 1996.Ainsi le taux de
couverture des importations par les exportations a fortement baissé
entre 1990 et 1994, tombant de 45% en 1990 à 28% en 1992 et à 9%
en 1994. Il s'est redressé par la suite pour atteindre 26% en 1995 et
28% l'année suivante, ce niveau demeurant toutefois très
préoccupant.
En 1997 la balance commerciale s'est
détériorée de 17,5%. Cependant, en dépit de la
baisse de la valeur des exportations (31,0%), elle s'est
améliorée l'année suivante passant de -184,5 millions de
USD en 1997 à -168,5 millions de USD en 1998, soit une réduction
de 8,7% du déficit commercial suite à la diminution de 16,2% des
importations réalisées au cours de cette année. Le taux de
couverture des importations par les exportations est resté très
faible au cours de cette période, il est en effet passé de 28% en
1996 à 33% en 1997, à 27% en 1998 et à 30.7% en 1999,
niveaux qui restent de loin inférieurs au taux de 45% enregistré
en 1990
La période de 2000 à 2003 a été
marqué par évolution remarquable des exportations de 11.3% en
2000 et 36% en 2001 ceci est le résultant de la performance
réalisée dans la production du café et l'exportation des
minerais notamment le colombo-tentalite. Du cote des importations on a
enregistre un baisse de la valeur de 10.7% en 2000, de 1% en 2001 et 9% en
2002. ainsi le taux de couverture des importations par exportation est passe de
31.1% en 2000 , de 42% en 2001, 33% en 2002 et 29% en 2003.
En dépit d'une performance exceptionnelle
enregistrée en 2004 , 2005 et en 2006 au niveau des exportations, la
balance commerciale s'est davantage détériorée par rapport
à l'année 2003, en raison d'une augmentation plus importante de
la valeur des importations cause d'une grande partie par l' augmentation du
cours de pétrole . Le déficit commercial s'est en effet
détérioré de 3% pour passer à un déficit de
160,0 millions de USD en 2004, de 43 % pour passer à 229,3 million de
USD en 2005 et de 29% pour passer à 296 million de USD en 2006, contre
154,7 millions de USD en 2003.
49
II.2.1 PROGRAMME D'AJUSTEMENT STRUCTUREL AU RWANDA DE 1990
à 1993
Pour tenter de redresser l'économie et de stimuler
certaines restructurations, le Rwanda accepte en 1990 un Plan d'Ajustement
Structurel de la Banque Mondiale et du FMI qui vise à stabiliser
l'économie et à la rendre plus compétitive
vis-à-vis de l'extérieur. Pour réaliser ces objectifs, le
PAS opte pour une dévaluation du franc rwandais jusqu'alors
surévalué, il supprime les taxes à l'exportation
exceptées les taxes sur le café que le gouvernement rwandais
maintient jusqu'en 1992 et, enfin, il impose des quotas d'importations.
Deux dévaluations du franc se succèdent pour,
d'une part augmenter en monnaie locale le prix des exportations et stimuler
ainsi la production intérieure à l'exportation et pour, d'autre
part, freiner les importations en les rendant relativement plus chères
en monnaie locale et stimuler la production locale de produits de substitution
aux importations. En novembre 1990, a lieu une première
dévaluation du franc rwandais de 40% suivie d'une seconde de 15% en juin
1992. Les effets attendus de ces deux dévaluations visaient
principalement à stimuler les exportations de café qui
représentaient entre 60 et 80% des exportations dans les années
8054.
Contrairement aux attentes, la dévaluation ne joue pas
son rôle de stimulant au niveau du secteur productif et elle n'induit pas
la hausse attendue du prix du café au producteur car les mesures mises
en place entrent en contradiction avec les objectifs. En effet, le Programme
d'Ajustement Structurel (PAS) prévoit supprimer le système de
stabilisation du prix au producteur que le Rwanda a adopté pour
préserver et garantir le revenu des petits producteurs de café,
favorable aux producteurs depuis la chute du cours en deçà du
niveau de revenu garanti, mais défavorable à l'Etat qui finance
l'écart par des subsides. Supprimer le système stabilisateur a
comme objectif de répercuter les effets positifs de la
dévaluation sur la hausse relative du prix du café en monnaie
locale à concurrence du taux de dévaluation mais aussi d'assainir
le budget de l'Etat en supprimant les subsides
54 Banque Mondiale : Rwanda, la note de
stratégie économique, The World bank,1993 P 15
50
aux producteurs de café. Or, cette mesure n'a pas
été envisagée dans le contexte international de chute du
cours du café.
Le PAS impose des quotas pour freiner les importations qui,
loin de baisser, augmentent après le déclenchement de la guerre
en octobre 1990. Le déficit externe s'aggrave.
La dette extérieure envers les principaux
créditeurs (Banque Mondiale et FMI) s'accroît et passe de 158
millions en 1980 à 1 milliard de dollars en 1996 et la dette domestique
du Rwanda passe de 1 milliard de francs rwandais en 1982 à 5,6 en 1994
en passant par un pic de 6,9 milliards en 199055.
Au niveau interne, le déficit budgétaire de
l'Etat, contenu jusqu'en 1986, s'accroît de 21,4 milliards de francs
rwandais en 1990 il double en trois ans et il atteint à 41,3 milliards
en 1993 . Le déficit résulte à la fois d'une diminution
des recettes fiscales et d'une flambée des dépenses. Lorsque
chute le cours du café, les recettes provenant des taxes à
l'exportation se réduisent. Les dépenses s'envolent: le Rwanda
augmente la taille de son armée, restreinte jusqu'alors, et il
accroît ses dépenses pour la propagande électorale. Le PAS
prévoyait une contraction des dépenses mais il est contré
par une situation de guerre et un processus de démocratisation.
La communauté internationale finance le déficit
budgétaire, Certaines dépenses courantes ou en capital sont
financées sous forme d'emprunts plutôt que sous forme de dons. Le
taux d'investissements productifs passe de 23% du PIB en 1980 à 12% en
199056. En moyenne, l'investissement n'est financé qu'environ
pour un tiers par l'épargne domestique, tandis que l'autre partie est
financée par l'aide étrangère.
Les effets négatifs de la dévaluation se font
sentir dès 1991 lorsque les prix à la consommation flambent. Le
taux d'inflation atteint près de 20% en 1991 puis baisse aux alentours
des 10% en 1992 et 1993 alors que sa moyenne durant les années 1980 et
jusqu'en 1990 est restée relativement basse (4,7%/an). Ceci
55 CHATHELINE A, Op-cit P23
56 Ibidem
51
confirmer notre première hypothèse disant que
l'application du programme d'ajustement structurelle n'a pas tenu compte de la
structure économique du pays.
II 2 1 2 IMPACT DU PROGRAMME D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
SUR LA BALANCE COMMERCIALE
Contrairement aux effets attendus de la dévaluation de
la monnaie lors du PAS l'indice de valeur des importations a connu une
augmentation de 74.9% en 1990 jusqu' à 158.8% en 1993. Ceci est dû
principalement de la relèvement de l' indice des prix dans les pays de
G5 qui sont les principaux fournisseurs du Rwanda pour les produits
manufacturés et l' augmentation de la valeur des biens importés
faute de leurs substitutions après la dévaluation de la monnaie.
Tandis du côté des exportations leurs valeurs ont connu petite
évolution de 67.7% à 72 .1% ceci est dû aux performances
réalisées dans la production du thé de 1990 à 1992.
Ceci veut dire que la valeur des importations a augmenté à cause
de la dévaluation combine de l'augmentation des prix à la
production tandis que les exportations ne connaissent qu'une
légère augmentation de la quantité. Ces croissances
marquent l'évolution du déficit de la balance commerciale car
l'augmentation de la valeur importée dépasse celle de la valeur
exportée. De ce fait le déficit, de la balance commerciale durant
cette période connaît une évolution à la hausse de
52 .5%.
En effet,le processus de libéralisation de
l'économie rwandaise a été réalisé trop
rapidement et le gouvernement n'a pas pu contrôler ses instruments pour
protéger les paysans et éviter les conséquences sociales
des dévaluations brutales successives et de la hausse des prix à
la consommation.
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