Conclusion du dernier chapitre
La création du festival de la photographie
contemporaine de Bamako a permis de révéler de nouveaux talents,
dont les images plurielles nous projettent dans un autre monde. Grâce
à lui, nous avons un autre regard sur le continent et sur plusieurs
photographes Africains qui ont intégré l'Histoire de la
Photographie internationale.
Cependant, la biennale et ses partenaires doivent accentuer
leur effort pour faire de Bamako un centre de ressources dans le domaine de la
photographie en Afrique. La construction d'archives photographiques des
Rencontres devient une des urgences des politiques culturelles qui souhaitent
créer une mémoire permanente.
Aujourd'hui, les Rencontres ont atteint une certaine
maturité mais il faut repenser la place du festival dans la ville et
intégrer les productions artistes dans les différents quartiers.
C'est en repensant l'espace scénique et la médiation culturelle
de l'événement que les individus évolueront dans leur
vision minimaliste du photographe et le rôle qu'il doit jouer dans une
société.
Dans ce contexte, on comprend mieux la phrase de
Mariétou Sissoko « Etre photographe, c'est être solide et
courageux, mais aussi avoir un objectif bien précis » car elle
reflète parfaitement ce problème d'identification sociale que
connaît chaque photographe qui s'est libéré du mode «
ancien » de représentation. Pour devenir un photographe reconnu en
Afrique, il faut travailler dur et persévérer dans le domaine
pour qu'un jour il puisse être exposé.
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Conclusion générale
Cette étude a eu pour but essentiel de découvrir
une nouvelle génération d'artistes, d'en réaliser le
profil professionnel et d'étudier leurs productions artistiques.
Grâce à notre analyse, réalisée au préalable
sur le mode de représentation proposé par les studios photos,
nous avons pu constater que les photographes, du festival de Bamako, ont
évolué vers un professionnalisme et un esthétisme
contemporain.
En effet, nous avons prouvé que les oeuvres
présentées peuvent être qualifiées de «
contemporaines » grâce aux techniques utilisées et un
esthétisme résolument moderne. Ainsi, l'apparition de ce festival
a permis de faire connaître cette production artistique au monde entier,
contrant la vision ethnocentrisme véhiculée depuis le
colonialisme.
Aujourd'hui, ces artistes ont pris conscience de leur
liberté individuelle et souhaitent se battre afin d'être reconnus
comme « photographes professionnels ». Malgré le
développement des structures et des politiques culturelles qui
souhaitent faire évoluer ce métier, le chemin reste long puisque
le problème vient de la vision des populations, encore tournée
vers les images du passé.
C'est dans ce contexte que la phrase de Boubacar prend tout
son sens : « J'ai fait un rêve, c'est que le métier de la
photo se développe et Bamako se professionnalise et devienne vraiment la
capitale de la photographie Africaine ». Les sociétés
Africaines ne sont pas encore prêtes à accepter et comprendre un
art qui bouleverse les traditions de l'image véhiculée pendant
plusieurs siècles. Le jour où l'Afrique aura trouvé sa
stabilité économique, politique et sociale, les populations
comprendront l'importance de ce métier car c'est grâce à
l'image que les sociétés se construisent, se transforment et
évoluent.
L'autre objectif de ce mémoire était de voir si
il existait une nature intrinsèque des photographies africaines.
Après cette étude, il s'avère que cette question est sans
fondement. Car que voudrait-on appeler photographies africaines, si ce n'est la
photographie produite en Afrique ? En effet, faire parti d'un même
continent est-il un fait suffisant pour établir cette familiarité
de coutumes, de cultures et d'histoire qui constituent les fondements de
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langage partagé ? Il existe certainement ce que nous
pourrions appeler une humanité africaine, qui correspondrait aux
expériences communes à l'ensemble du continent. Mais une fois
cette ligne tracée, l'on s'aperçoit qu'elle est finalement un
outil on ne peut faire grand chose, parce que la réalité sociale
de l'Afrique empêche ces approximations. En considérant les
travaux de Mohamed Camara (Mali) et de Pierrot men (Madagascar), on est
forcé de constater que la seule manière d'aborder cette
production est une approche individuelle.
La conclusion de ce mémoire est d'affirmer qu'il
n'existe pas une mais des photographies africaines. Notre volonté
était de travailler sur un secteur méconnu afin de sensibiliser
le lecteur à l'importance et à la diversité des pratiques
photographiques du continent africain. Ces professionnels détiennent un
patrimoine visuel qui constitue une mémoire unique, dans laquelle nous
devons puiser afin d'être au plus proche de la réalité
sociale.
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