UNIVERSITÉ DE PARIS III SORBONNE-NOUVELLE UFR
de Médiation Culturelle
Technique et esthétique des photographies de la
7ème édition du festival de la photographie contemporaine
de
Bamako.
Mémoire présenté en vue de la validation de
la première année de Master de Médiation Culturelle.
Les photographies contemporaines Africaines
BÉRÉHOUC MÉLANIE
2009
Sous la direction de Mr Bruno Péquignot
Marie-Ange Bordas, Journey /Parcours «
Displacements/Déplacements » 2002
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Sommaire
Introduction générale p. 3
Chapitre 1 p. 6
« La transformation des sociétés
africaines induit une profonde individualisation, en fait, un processus de
recomposition des relations sociales qui se reflètent sur l'espace
photographique entier. La photographie devient ainsi un espace
réfléchissant de la dynamique des valeurs. » Jean-Bernard
Ouédrogo
Chapitre 2 p. 27
« Les photographes comme les autres artistes, comme
les intellectuels, jouent un rôle dans la société. Ils
inventent leur vocabulaire. Ils rêvent ou dénoncent la
vérité au quotidien. »
George Vercheval
Chapitre 3 p. 62
« Etre photographe, c'est être solide et
courageux, mais aussi avoir un objectif bien précis »
Mariétou Sissoko
Conclusion générale p. 77
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Introduction générale
« J'ai fait un rêve, c'est que le métier
de la photo se développe et Bamako se professionnalise et devienne
vraiment la capitale de la photographie Africaine »1
Voilà une vingtaine d'années que la culture
africaine envahit notre continent. Celle-ci nous est transmise par le biais de
spectacles, dont la plupart nous offre la vision d'une culture traditionnelle.
Même si nous admettons l'avancée de l'Afrique, en ce qui concerne
la création contemporaine, beaucoup d'occidentaux sont restés
figés dans cette culture tournée vers les traditions anciennes.
Aujourd'hui, même si les Africains véhiculent cette image dans le
monde entier, il y a de nouveaux artistes, qui eux, se sont tournés vers
la création contemporaine.
En 1994, deux photographes français ont
découvert les photographies de Malick Sibidé et ont
souhaité rassembler plusieurs oeuvres des photographes du continent,
afin de faire découvrir au monde, des images qui révèlent
une nouvelle dimension historique, économique et esthétique de
l'Afrique. Cette action aura eu pour conséquence de mettre en exergue un
aspect artistique négligé jusqu'alors par les spécialistes
de l'art. Face à l'engouement inattendu des photographes, des structures
culturelles et des visiteurs, cette rencontre est devenue la première de
ce qu'on nomme aujourd'hui le festival de la photographie contemporaine de
Bamako. Cette biennale s'est développée dans le but de diffuser
l'art photographique africain et d'aider les artistes à trouver leur
place dans le paysage culturel mondial.
À partir de là, nous nous sommes posés
plusieurs questions sur ces images qualifiées de « contemporaines
». Pouvons-nous utiliser ce qualificatif concernant ces photographies ?
Est-ce qu'elle rentre dans le cas de la définition d'une photographie
d'art contemporain ?
1 Boubacar dit Kobé Tangara
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Autrement dit, sur quels critères esthétiques se
basent-elles ? Quelles sont les techniques utilisées ? Et enfin quel est
le profil social de ces nouveaux artistes ?
C'est à partir de ces interrogations que nous nous
sommes intéressés à cette nouvelle
génération d'artistes et à leurs productions afin
d'étudier les conditions de production d'une esthétique
particulière. Notre démarche, à la fois sociologique et
esthétique, se base sur le principe que « tout ce qui contribue
à la production comme à la réception de l'image trouve sa
source dans le social et le culturel »2. En effet,
l'articulation des recherches, à la fois artistique et sociologique,
permet de mettre en exergue un certain nombre de données sur ladite
société. Se faisant, nous allons extraire les racines
sociologiques des photographies puisque toute oeuvre se présente comme
un ensemble complexe de significations : c'est un ensemble qu'il convient
d'étudier, pour saisir le sens d'une composition artistique.
Afin d'être au plus proche de la création
contemporaine en Afrique, nous avons choisi de porter notre étude sur la
dernière édition, celle de 2007. Ainsi, nous avons
sélectionné 37 artistes et regroupé des données sur
leur parcours professionnel, leur technique et leur vision esthétique.
Ses données ont été reparties dans deux tableaux
(situés à la fin du dossier des annexes) avec lesquels nous avons
créé une base d'analyse sociologique. À partir de
là, nous avons décidé de séparer notre
mémoire en trois parties.
L'invention de la photographie est attribuée à
Joseph Nicéphore Niépce, un chercheur français du
XIXème siècle. Cette invention va être introduite en
Afrique, par les sociétés occidentales qui vont imposer leur mode
de représentation, afin d'illustrer leur puissance coloniale. Cependant,
les Africains vont très vite chercher à se démarquer de
cet esthétisme imposé et inventer un nouveau langage unique au
continent. De cette révolution esthétique sont nées les
studios photos qui vont imposer un système de représentation
pendant plusieurs années. Par conséquent, il semble
nécessaire de commencer notre étude par l'analyse de cette
production, afin de pouvoir comprendre la nouvelle génération
d'artistes.
L'analyse de cette nouvelle génération va
s'effectuer en trois temps. Tout d'abord, nous allons tenter de comprendre
comment la dynamique historique et économique de
2 Bruno Péquignot, recherches sociologiques sur les
images, 2008, p.33.
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l'Afrique a contribué à créer ces
nouveaux artistes, de ce que nous pouvons nommer « la période
bamakoise ». Avec notre base de données, nous allons pouvoir
dresser le profil professionnel de ces producteurs, dans un deuxième
temps. Puis, nous nous intéresserons aux photographies
elles-mêmes, d'un point de vue technique et esthétique. Ce
chapitre nous permettra ainsi, de mettre en exergue le nouveau visage de
l'Afrique, vu par des artistes professionnels.
Comme nous pouvons le supposer, la création de ce
festival, national et international, va bouleverser les habitudes des
photographes en les catapultant dans le monde extérieur. En effet, comme
nous l'avons dit, le rôle principal de ces rencontres est de diffuser
l'art photographique au delà des frontières et d'aider ces jeunes
artistes à trouver leur place dans le monde. L'analyse de ces
changements sera complétée avec l'étude de la
réception des oeuvres. Effectivement, il semble nécessaire de
voir comment cette production est accueillie par les sociétés
occidentales d'une part, et d'autre part, par les sociétés
africaines.
L'appréhension et la compréhension des
photographies, articulées sur une mise en rapport avec l'étude
des conditions sociales de production des oeuvres, ainsi que leur diffusion et
réception, va nous permettre de déterminer les
caractéristiques sociales des artistes et de confirmer ou infirmer la
qualification d'oeuvres « contemporaines ». Nous pourrons ainsi
répondre à notre problématique et bien plus nous verrons
s'il existe, aujourd'hui, une nature intrinsèque aux photographies
Africaines ou si cet art est résolument tourné vers la
contemporanéité ?
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« La transformation des sociétés
africaines induit une profonde individualisation, en fait, un processus de
recomposition des relations sociales qui se reflètent sur l'espace
photographique entier. La photographie devient ainsi un espace
réfléchissant de la dynamique des valeurs. »3
3 Jean-Bernard Ouédraogo, Art photographique en
Afrique - Technique et esthétique dans la photographie de studio du
Burkina Faso, 2002, p.146.
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