Paragraphe 4 :
Contributions des études antérieures
Certains auteurs, Andreff en particulier, mettent
en évidence la coexistence de deux modèles de financement de
football professionnel en europe.
Le modèle traditionnel SSSL :
Subventions-Spectateurs-Sponsors-Local, ne conserve une certaine
efficacité que pour les clubs les moins développés
financièrement .Il est de plus en plus, supplanté par le
modèle MMMM : Medias-Magnats-Marketing-Marchés qui modifie
la donne financière du football.
Ainsi au modèle de financement traditionnel
relativement stable, égalitaire et donnant accès à des
ressources limitées, est venu s'ajouter un modèle aux
propriétés différentes. Nettement moins égalitaire
et beaucoup plus volatile, contrepartie d'un élargissement des
ressources mobilisables, ce second modèle est fondamentalement
marqué par le recours à des capitaux privés.
Il faut en second lieu souligner, qu'une nuance
importante doit enrichir l'analyse ici mentionnée. Le modèle MMMM
semble devoir être décomposé en deux sous modèles.
Les clubs pour lesquels la part des ressources apportées par les magnats
prend une forme fondamentale tendant à devenir de plus en plus nombreux
avec des conséquences financières aussi essentielles que
perturbantes.
Sur un plan théorique, deux modèles
peuvent être opposés selon que les modalités de
répartition des droits s'inspirent plutôt de
l'équité ou d'une volonté égalitaire. Dans un
modèle équitable, la répartition des droits devait
épouser étroitement la capacité de chacun des clubs
à les engendrer. Dans un modèle égalitaire, cette
répartition est indépendante de la contribution propre de chacun
à la valeur des droits. Ces deux modèles reposent sur les
logiques différentes : le premier correspond à une logique
de marché où les gains sont proportionnés à la
production individuelle assimilée au performance sportive ou à
l'attrait inégale de chaque club ; le second repose sur une logique
de péréquation avec un mode de rétribution sans lien
évident avec les positions de marché des acteurs.
En recouvrant à une analogie avec la
problématique du financement des collectivités locales, on peut
présenter le premier modèle comme celui dont les ressources des
collectivités locales ne seraient déterminées qu'en
fonction de leur propre potentiel fiscal, tandis que le second modèle
mettrait en oeuvre une péréquation.
Inspirés de logique différente, les
deux modèles ont aussi des conséquences théoriquement
contrastées. Dans le premier modèle, la différenciation
des gains permet de rémunérer plus justement les
investissements, mais débouche sur une segmentation des clubs. Dans le
second modèle le système de discrimination des
rétributions est neutralisé, les incitations à
l'investissement sont gelées et les positions sont peu
segmentées. Le choix entre les deux modèles apparaît ainsi
dans ces approches théoriques, à la fois un choix et un choix
d'efficacité.
Jean-Paul Minquet (2007), a constaté du
point de vue financier que les diffuseurs sont d'autant plus enclins à
investir que le « capital joueur » d'un championnat
important.
Pour sa démonstration, le professeur a observé
qu'il existait une corrélation quasi- constante entre ce capital joueur
(charges comprises) et les droits payés par les
télévisions. Ce ratio a été de l'ordre de 3% par
club lors des dernières saisons. Pour tenter d'évaluer le montant
des droits TV pour la période 2008-2012, le professeur a
procédé en deux étapes. Il a d'abord cherché
à calculer le capital joueur du championnat en appliquant son ratio de
3% au 20 clubs( soit un indice de 60%) au prévision du revenu
télévisé établit par la DNCG pour la league 1 en
2006-2007 ( 495 millions d'euros). Le chiffre obtenu est donc de 825 millions
d'euros (495/0,6).
Ensuite, il est établi sur une longue
période une corrélation égale à 0,62 entre les
valeurs de droit TV et celle du capital joueur. Les droits TV
nécessaires pour assurer le financement de capital joueur
s'élèvent donc à 513 millions euros (825*0,62) en
considérant que ceux-ci représentent 80% du total des droits
de l'ensemble de la league (ne reste pas à league 2 en taxe et en frais
de fonctionnement), il est arrivé à une estimation de 640
millions d'Euros (513 /0,8).
M.Yvon Collin a estimé que si le bon dosage
du système d'incitation se révélait essentiel, cela ne
suffirait pas à prévenir un décalage entre les charges
salariales et les ressources ordinaires des clubs. Pour préserver les
équilibres financiers, il convient que la masse salariale de chaque
club n'excède pas un plafond fixé par référence
à des recettes correspondant aux anticipations réalistes. Un
plafonnement de la masse salariale doit intervenir, règle de bonne
gestion réclamé par certains responsable du football, mais dont
l'expérience montre qu'elle doit être posé explicitement
afin que les clubs ne soient pas tenter de s'en exonérer pour
acquérir un avantage compétitif. Le plafonnement de la masse
salariale globale, s'il devrait être adopté doit trouver un
prolongement pour les salaires individuels, sans quoi une excessive
segmentation du marché du travail déjà largement à
l'oeuvre, se produirait.
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