a- Portée
L'entrée des opérateurs
économiques dans le football, comme mécènes ou
investisseurs a largement contribué au changement de configuration au
football. Elle a conduit, dit Andreff, à ce que la valeur des actifs
devienne une variable stratégique de leur gestion. Les clubs de football
ont été contraints, par nécessité, à se
gérer comme des entreprises commerciales, voire comme des entreprises
multinationales. Aussi bien sur le plan d'approvisionnement que sur celui de
financement, plusieurs innovations ont été constatées dans
le management des clubs riches d'Europe. La cotation en bourse, par imitation
des multinationales, passe pour la plus spectaculaire.
L'histoire du football renseigne que ce jeu serait
venu d'Angleterre. Eh bien, tout comme pour la balle, c'est en Angleterre
qu'est née la cotation en bourse des clubs de football. Tottenham, club
de Londres a ouvert la voie en 1983. Depuis ce temps, jusqu'à
maintenant, on compte pas moins de vingt équipes cotées en bourse
en Angleterre. Et par effet de contagion, plusieurs clubs d'Europe sont
également cotés en bourse : Ajax d'Amsterdam, en mai 1999 ; en
Italie, la Lazio de Rome ; au Danemark, le FC Kopenhagen fait partie de quatre
autres équipes qui expérimentent l'aventure boursière.
En Allemagne, la Banque centrale a même
sollicité la cotation d'un fonds de placement possédant des
participations dans les dix-huit clubs allemands de première division.
Pour sa part, le club italien de la Fiorentina a lancé, en collaboration
avec la banque d'affaires Merril Lynch, un emprunt obligataire à 10 ans
pour un montant total de 70 milliards de lires, emprunt garanti par les
recettes futures des abonnements. Et, en compensation, Merril possède
une option de 10 % sur le capital du club. Vu sous cet aspect, il n'est plus
possible de croire que seuls les nationaux du pays originaire du club seront
actionnaires. Loin de là, au contraire. La voie est ainsi
impérialement ouverte à l'entrée des investisseurs de tous
les bords du monde.
Il est donc indéniable, conclut Mattys Nico
(1999, p. 28) que le football est devenu une véritable industrie. Les
clubs sont imbriqués dans la vie économique et sont
gérés comme de véritables entreprises. La
compétition reste certes le centre des préoccupations mais, en
orbite, on trouve une chaîne toujours plus longue d'argent, de puissance
et de célébrité. La mondialisation, grand
accélérateur de l'accroissement des échanges
internationaux, « tend à créer une économie mondiale
intégrée, dans laquelle compétitions et marchés
englobent la terre entière.. .Des ressources, qui jusque là
étaient largement nationales ou inexploitées, deviennent
internationalement mobiles tandis que les économies nationales
deviennent de plus en plus interdépendantes » (Mathieu Edouard,
1999, p. 7).
A l'instar d'autres entreprises, celle du football
qu'on ne croirait se situer que sur un territoire donné, se
préoccupe actuellement à faire signe de vie sur le plan
international. Elle y vend son produit : le club. Ses revenus sont de plus en
plus diversifiés : de la vente des tickets, ils ont trouvé dans
d'autres sources, un moyen certain d'expansion économique et
internationale du football.
Citons notamment le sponsoring, le merchandising,
les droits de retransmission. Se référant aux clubs de football
européens, Andreff W (2000, pp. 182 et s) souligne que la plupart des
clubs professionnels européens n'ont plus la structure de financement du
modèle Spectateurs- subventions- sponsors- local. L'actuel modèle
de financement est de plus en plus fondé sur quatre sources :
Médias- magnats- merchandising- marchés.
b- Evolution du football
coté en bourse :
« Contrairement à la plupart des
actions, les actions de football sont souvent un investissement à
connotation sentimentale. Ce sont surtout les particuliers qui sont prêts
à remuer ciel et terre pour acquérir des actions de leur club
favori » (Mattys N., 1999, p. 29).
A court terme, le cours des actions de foot fluctue
principalement au gré des résultats des équipes. Une
promotion en division supérieure, l'obtention d'un titre national ou
l'engagement d'un joueur de qualité sont susceptibles de faire monter le
cours. A cet effet, le quotidien économique français La Tribune
(1er juillet 1998) rapporte l'explication d'un courtier en bourse
sur la variation de l'action du club danois Brondby : « C'est la valeur de
Sand (joueur de l'équipe nationale du Danemark) qui monte, après
la victoire sur le Nigeria. Il cherche à quitter Brondby et cela va
faire une grosse rentrée d'argent au club ». A l'inverse, les
contre- performances enregistrées de manière successive sont
généralement de nature à faire péricliter le cours.
Les conflits internes entre dirigeants et joueurs ou le soupçon
d'utilisation des substances dopantes ne sont pas moins dévastateurs des
pronostics optimistes collés aux cours des actions des équipes
cotées en bourse.
Cette description de la cotation en bourse des clubs
maintient en meilleure position les droits de retransmission et le
merchandising. La plupart des clubs exploitent un club shop où l'on peut
trouver des gadgets en tout genre aux couleurs du club. Outre Manchester nom
qui évoque le merchandising, Anderlecht, selon La Dernière Heure
(du 24 octobre 2000, p. S 4) aurait aussi réalisé, rien qu'au
cours de trois premiers trimestres de l'an 2000, d'importantes recettes
estimées à 37,2 millions d'Euros en recourant au merchandising.
Donc, l'aspect merchandising, pour certains clubs comme Manchester a tellement
pris des proportions gigantesques qu'il dépasse même les
frontières nationales.
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