La réception des actes intrinsèquement mauvais d'après Bernard HàĪring( Télécharger le fichier original )par Daniel KIMBMBA KAHYA Université catholique du Congo - Licence 2012 |
I.2.3. Equilibrage scolastique entre l'intention et l'acte chez Pierre Lombard1) Présentation Pierre Lombard (1100 - 1160), fut un théologien scolastique et un archevêque de Paris du XIIe siècle.69(*) 2) Analyse Dans la cadre de son enseignement, il élabora, suite à une originale méthode basée sur les Questions / Discussions, une méthode scolastique aux fins de l'enseignement des Maîtres de l'Université, le Livre des Sentences (1152), où pour la première fois, dans l'enseignement universitaire, on faisait la distinction entre l'Écriture et la théologie ; ce livre, cette Somme, servit entre autres de modèle à Thomas d'Aquin.70(*) Son oeuvre la plus connue était Libri quatuor sententiarum, le Livre des Sentences. Il servit de manuel théologique de base dans les universités médiévales, des années 1220 au XVIe siècle et était encore commenté un siècle plus tard. Il n'y a aucune oeuvre dans la littérature chrétienne, à part la Bible elle-même, que l'on ait commenté aussi souvent. Tous les grands penseurs médiévaux, d'Albert le Grand et Thomas d'Aquin à Guillaume d'Ockham et Gabriel Biel, étaient sous son influence. Même le jeune Martin Luther écrivit encore des commentaires sur les Sentences.71(*) Les Quatre Livres de Sentences sont une compilation de textes bibliques, joints aux passages correspondants des Pères de l'Église et de beaucoup de penseurs médiévaux, dans le domaine entier de la théologie chrétienne. Le génie de Pierre Lombard s'est appliqué à la sélection des passages, qu'il essayait de concilier quand ils semblaient défendre des points de vue différents, et à l'arrangement de la matière dans un ordre systématique. 72(*) C'est dans son 2ème livre des Sentences où P. Lombard aborde la question de la moralité des actes d'après l'intention ou d'après l'oeuvre. Là, il met en exergue la position d'Abélard qu'il confronte à celle de ses adversaires et tente enfin de fournir une réponse équilibrée au problème discuté en s'appuyant sur Saint Augustin.73(*) P. Lombard commence par donner la position d'Abélard qui est parti d'une réflexion sur le péché jusqu'à devenir une théorie générale sur la moralité : tous les actes sont indifférents de sorte que par eux-mêmes ils ne sont ni bons, ni mauvais, mais chaque acte devient bon ou mauvais par l'intention bonne et mauvaise par l'intention mauvaise.74(*) Quant aux adversaires d'Abélard, ils soutiennent que certaines oeuvres sont bonnes de telle sorte qu'elles ne peuvent être mauvaises, quelle que soit la manière dont on les fait ; au contraire, certaines oeuvres sont mauvaises de sorte qu'elles ne puissent être bonnes, quelle que soit la raison de les faire ; d'autres oeuvres enfin sont bonnes ou mauvaise selon leur fin ou leur raison.75(*) En s'appuyant sur Saint Augustin, P. Lombard tente une réponse adéquate à la question qu'il formule ainsi : « l'intention volontaire est certes la cause de la moralité des actes. »76(*) Il rejoint ainsi Abélard. Mais il affirme par contre que ce principe ne s'applique pas dans le cas d'une action mauvaise en soi.77(*) * 69 Ph. DELHAYE, Pierre Lombard, sa vie, son oeuvre. Paris-Montréal, Seuil-Fides, 1961, p. 203. * 70 Cfr. Ibidem. * 71 Cfr. P. LOMBARD, Les Quatre livres des sentences. Traduit et commenté par Marc OZILOU. Paris, Cerf, Sagesses chrétiennes, 2012. * 72 Cfr. Ibidem. * 73 Cfr. S. PINCKAERS, Ce qu'on ne peut jamais faire. Op. cit., p. 36. * 74 Cfr. Ibidem. * 75 Cfr. Ibidem. * 76 Ibid, p. 37. * 77 Cfr. Ibidem. |
|