La réception des actes intrinsèquement mauvais d'après Bernard HàĪring( Télécharger le fichier original )par Daniel KIMBMBA KAHYA Université catholique du Congo - Licence 2012 |
II.4. Le catéchisme de l'Eglise catholique1) Présentation Le Catéchisme de l'Église catholique est un ouvrage d'instruction à la doctrine chrétienne catholique, résumant la foi, l'enseignement et la morale de l'Église catholique. Il a été promulgué le 11 octobre 1992 et publié solennellement le 7 décembre 19923. Sa rédaction a été suggérée par l'Assemblée générale extraordinaire du Synode des Évêques de 19853,4, vingt ans après la fin du concile Vatican II et approuvée par Jean-Paul II le 7 décembre 19853. Ce catéchisme est un ouvrage de référence pour tout fidèle catholique quant aux dogmes, sacrements, vie morale et vie spirituelle, qui a pour objectif de faciliter la rédaction de catéchismes locaux. C'est une somme importante, comprenant plus 650 pages, mais sa formulation est claire et didactique afin d'être comprise par le plus grand nombre5. Il a été réédité, dans sa version définitive6, en août 1997. Un compendium (version abrégée) en a également été publié en 2005. 2) Le catéchisme et la morale C'est dans la troisième partie, la vie dans le Christ que le Catéchisme traite de la morale chrétienne. En effet, la morale du catéchisme reprend l'enseignement traditionnel inspiré de la synthèse thomiste.158(*)Il présente la fin ultime de l'homme, crée à l'image de Dieu ; la béatitude et les chemins pour y parvenir : par un agir droit et libre, avec l'aide de la loi et de la grâce de Dieu, par un agir qui réalise le double commandement de la charité, déployé dans les dix commandements (CEC 16). Les convictions fondamentales du catéchisme de l'Eglise catholique vont se transcrire dans les affirmations suivantes : la dignité de la personne humaine, le désir de bonheur, la liberté, les actes humains, la conscience, les vertus, le péché et la corruption, la vie communautaire, la loi, le rôle du magistère dans l'annonce du précepte moral et enfin les commandements. Concernant l'agir moral et la question des actes intrinsèquement mauvais, le Catéchisme affirme que la qualité de l'objet choisi, de l'intention et des circonstances, rendent compte de la dignité de la personne, de son désir de bonheur et de sa vraie liberté. L'objet de l'acte doit être conforme au bien véritable, selon les règles objectives de la moralité. L'intention du sujet agissant volontairement vise à la fois la fin ultime et les finalités assignées à des actions singulières. Les circonstances peuvent modifier la bonté ou la responsabilité d'un acte. Mais un acte qui est radicalement mauvais, en raison de son objet, ne cesse pas de l'être en raison de l'intention et des circonstances. La fin ne justifie pas les moyens, il n'est pas permis de faire le mal pour qu'en résulte un bien (CEC 1756). Il s'agit donc d'une moralité construite d'abord sur l'objet de l'acte, un ordre moral objectif, c'est-à-dire, qui exprime toujours et en toute circonstance un désordre de la volonté qui ne se tourne pas vers le bien conforme à l'ordre rationnel, conforme au bien de l'être humain (1749-1761). Nous avons ici les éléments repris plus longuement par Veritatis Splendor sur le mal objectif. Cela est évident dans l'ordre idéal, si l'on parvient à établir une nette distinction entre le bien et le mal, une frontière sans équivoque qui fait que le mal n'est que mal, et le bien n'est que bien. Dans le discernement éthique qui met en travail la raison de la quête du bien, cette évidence n'éclate pas toujours, surtout en raison de l'influence des passions (1762-1775) qui contribuent à l'incontournable ambiguïté éthique. En somme, le Catéchisme enseigne que la personne ou le moraliste qui réfléchit en vue d'une action bonne doit peser toutes les dimensions concrètes de l'action, évaluer à quelles conditions elle respecte le mieux la dignité des personnes et à quelles conditions elle demeure éthiquement valable, tout en étant porteuse de mal. Voilà le terrain de travail de l'éthique, terrain très souvent miné par des solutions trop simplistes, utilitaristes et fonctionnelles, et peu cohérentes avec ce que la raison identifie comme ayant du sens pour le bien de l'être humain. C'est dans cet espace d'ambiguïtés que certains moralistes ont proposé des options trop laxistes et risquant de compromettre la conquête du vrai bien. C'est à eux que Veritatis Splendor s'est adressé en premier lieu. * 158Cfr J. HONORE, « Le catéchisme de l'Eglise catholique », dans Nouvelle Revue Théologique, 115, 1993, p. 14. |
|