CHAPITRE DEUXIEME :
LA DOCTRINE DE L'EGLISE SUR
LA QUESTION DES ACTES INTRINSEQUEMENT MAUVAIS
II.0. Introduction
Notre société est confrontée à des
nouveaux problèmes éthiques, associés principalement aux
développements technoscientifiques qui propulsent nos rêves du
côté de l'immortalité, du contrôle de la vie
naissante, de l'expression des opinions et des intérêts
individuels, des communications instantanées où chaque internaute
devient une vedette. Le progrès de nos civilisations est remarquable
à bien des points de vue : notre vie quotidienne est plus facile, nous
nous sommes affranchis de bien des conditionnements de l'espace et du temps.
Tout va vite, tout change vite, et le besoin de s'en remettre à une
tradition ou à un stock de certitudes déjà bien
acceptées n'est plus là. Chacun a son opinion personnelle, tout
le monde a raison, personne n'est vraiment responsable.
Ainsi, le développement de la morale postconciliaire
s'est effectué dans un contexte polémique difficile, avec une
remise en cause des fondements même de la théologie morale,
accompagné d'un doute sur les compétences - et donc la
légitimité - du magistère à se prononcer dans ce
domaine. Tout le travail de l'Église s'accorde à retrouver les
fondements scripturaires et ontologiques en morale, ces fondements étant
seuls capables de faire face à un relativisme ambiant dont les racines
remontent jusqu'au nominalisme.
Nous sommes en effet, dans la culture de l'invention, de la
créativité, des défis posés à la nature,
à la morale. Jean-Paul II aimait rappeler que nos progrès
contemporains sont quelque peu en déficit de progrès
éthique.
Alors, s'il est difficile d'imprégner notre
progrès d'une éthique forte et durable, qu'en est-il de
l'éthique chrétienne issue de la foi au Fils de Dieu fait homme?
Qu'en est-il, également, de l'enseignement de l'Église catholique
sur des questions chaudes comme l'avortement, le sida et le condom, les
mères porteuses, la recherche sur l'embryon, le clonage, l'euthanasie ?
, Bref, tous ces actes que l'Eglise qualifie d'intrinsèquement mauvais
mais qui sont devenus pratiques courantes et même
légalisé par certains états?
N'est-il pas trop tard ? L'Église de ce temps est-elle
seulement en mesure de se réapproprier elle-même ces fondements
avant même de chercher à faire passer ses idées au dehors ?
En d'autre termes, quelles sont les sources de l'Eglise en morale en
général et sur les actes intrinsèquement mauvais en
particulier ?
Notons par ailleurs que nous allons étudier les sources
de la théorie des actes intrinsèquement mauvais à partir
de la période du Concile Vatican II.
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