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La réception des actes intrinsèquement mauvais d'après Bernard HàĪring

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par Daniel KIMBMBA KAHYA
Université catholique du Congo - Licence 2012
  

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I.2.9. L'utilitarisme

1) Présentation

L'utilitarisme est une doctrine éthique qui prescrit d'agir (ou ne pas agir) de manière à maximiser le bien-être global de l'ensemble des êtres sensibles. L'utilitarisme est donc une forme de conséquent alisme131(*) : il évalue une action (ou une règle) uniquement en fonction de ses conséquences, ce qui le distingue des morales déontologistes, notamment la morale kantienne. 132(*)

Et  par principe d'utilité, on entend le principe selon lequel « toute action, quelle qu'elle soit, doit être approuvée ou désavouée en fonction de sa tendance à augmenter ou à réduire le bonheur des parties affectées par l'action. [...] On désigne par utilité la tendance de quelque chose à engendrer bien-être, avantages, joie, biens ou bonheur. »133(*)

On parle aussi parfois d'utilitarisme des préférences pour désigner une variante qui prescrit de maximiser la quantité de préférences satisfaites. On peut encore appeler utilitaristes d'autres doctrines cherchant la maximisation d'autres conséquences, tant que celles-ci restent étroitement liées au bien-être général des êtres sensibles (l'humanité pour certains, l'humanité et les animaux (ou certains animaux) pour d'autres).134(*)

2) Analyse

On peut résumer le coeur de la doctrine utilitariste par la phrase : Agis toujours de manière à ce qu'il en résulte la plus grande quantité de bonheur (principe du bonheur maximum). Il s'agit donc d'une morale eudémoniste, mais qui, à l'opposé de l'égoïsme, insiste sur le fait qu'il faut considérer le bien-être de tous et non le bien-être du seul agent acteur. L'utilitarisme est donc un conséquentialisme eudémoniste. Cependant cette définition minimale du principe d'utilité ne doit pas masquer les nombreuses différences existantes entre les systèmes utilitaristes: utilitarisme hédoniste, utilitarisme indirect, utilitarisme de l'acte contre utilitarisme des préférences, etc.

Il convient donc de ne pas réduire le concept d'utilité à son sens courant de moyen en vue d'une fin immédiate donnée. L'utilitarisme se conçoit comme un critère général de moralité pouvant et devant être appliqué tant aux actions individuelles qu'aux décisions politiques, tant dans le domaine économique que dans les domaines sociaux ou judiciaires.

Cinq principes fondamentaux sont communs à toutes les versions de l'utilitarisme :

a) Le principe de bien-être (the Greatest Happiness Principle en anglais) :

Le bien est défini comme étant le bien-être. C'est-à-dire que le but recherché dans toute action morale est constitué par le welfare, le bien-être (physique, moral, intellectuel).

b) Le conséquentialisme.

Les conséquences d'une action sont la seule base permettant de juger de la moralité de l'action. L'utilitarisme ne s'intéresse pas à des agents moraux mais à des actions : les qualités morales de l'agent n'interviennent pas dans le calcul de la moralité d'une action. Il est donc indifférent que l'agent soit généreux, intéressé, ou sadique, ce sont les conséquences de l'acte qui sont morales. Il y a une dissociation de la cause (l'agent) et des conséquences de l'acte. L'utilitarisme ne s'intéresse pas non plus au type d'acte : dans des circonstances différentes, un même acte peut être moral ou immoral selon que ses conséquences sont bonnes ou mauvaises.

c) Le principe d'agrégation.

Ce qui est pris en compte dans le calcul est le solde net (de bien-être, en l'occurrence) de tous les individus affectés par l'action, indépendamment de la distribution de ce solde. Ce qui compte c'est la quantité globale de bien-être produit, quelle que soit la répartition de cette quantité. Il est dès lors envisageable de sacrifier une minorité, dont le bien-être sera diminué, afin d'augmenter le bien-être général. Cette possibilité de sacrifice est fondée sur l'idée de compensation : le malheur des uns est compensé par le bien-être des autres. S'il est surcompensé, l'action est jugée moralement bonne. L'aspect dit sacrificiel est l'un des plus critiqués par les adversaires de l'utilitarisme.

d) Le principe de maximisation.

L'utilitarisme demande de maximiser le bien-être général. Maximiser le bien-être n'est pas facultatif, il s'agit d'un devoir.

e) L'impartialité et l'universalisme.

Les plaisirs et souffrances ont la même importance, quel que soit l'individu qu'ils affectent. Le bien-être de chacun a le même poids dans le calcul du bien-être général. Ce principe est compatible avec la possibilité de sacrifice : ce principe affirme seulement que tous les individus valent autant dans le calcul. Il n'y a ni privilégié ni lésé a priori : le bonheur d'un roi ou d'un simple citoyen sont pris en compte de la même manière.135(*)

L'aspect universaliste consiste en ce que l'évaluation du bien-être vaut indépendamment des cultures et des particularismes régionaux. Comme l'universalisme de Kant, l'utilitarisme prétend définir une morale valant universellement.

Mais cependant, l'utilitarisme fait tenir la moralité dans les conséquences, ce qui pose plusieurs problèmes aux yeux de certains de ses adversaires : d'abord l'incertitude. C'est-à-dire que les conséquences d'un acte ne sont pas déterminables avant qu'il ait lieu. On n'est jamais certain que les conséquences supposées de l'acte seront bien ses conséquences réelles. Un acte apparemment innocent peut alors s'avérer immoral au vu de ses conséquences, comme un acte supposé mauvais se révéler moral. Ensuite, l'infinité qui fait que les conséquences forment une chaine : si l'acte A est cause de B, et que B cause C, l'acte À cause C indirectement. Évaluer les conséquences de l'acte pose dès lors un problème d'identification de ces conséquences : quand dire qu'un acte n'est plus cause? Où arrêter la chaîne des conséquences?

Et enfin, le relativisme moral : si l'utilitarisme pose le bonheur ressenti comme critère de l'évaluation morale, n'importe quelle sensation de plaisir qui résulterait de telle ou telle action pourrait justifier cette action. C'est pourquoi certains utilitaristes conscients du problème, notamment les représentants du réalisme de Cornell136(*) ont tenté d'élaborer une version objective de l'utilitarisme où la définition du bonheur ne dépend pas des sensations de l'agent.137(*)

* 131 Le conséquentialisme fait partie des éthiques téléologiques et constitue l'ensemble des théories morales qui soutiennent que ce sont les conséquences d'une action donnée qui doivent constituer la base de tout jugement moral de ladite action. Ainsi, d'un point de vue conséquentialiste, une action moralement juste est une action dont les conséquences sont bonnes. Plus formellement, le conséquentialisme est le point de vue moral qui prend les conséquences pour seul critère normatif. On oppose généralement le conséquentialisme aux éthiques déontologiques, lesquelles mettent l'accent sur le type d'action plutôt que sur ses conséquences, et à l'éthique de la vertu, laquelle se concentre sur le caractère et les motivations de l'agent. Le terme "conséquentialisme" a été lancé par G.E.M. Anscombe dans son essai Modern Moral Philosophy en 1958, essai critique envers ce point de vue moral. Depuis lors, le terme a largement investi la théorie morale anglophone.

* 132 Cfr. C. AUDARD, Anthologie historique et critique de l'utilitarisme. Paris, PUF, 1999, p. 73.

* 133 Ibidem

* 134 Cfr. Ibidem.

* 135 Cfr. Ibidem.

* 136Cfr. D. OWEN BRINK, Moral Realism and the Foundation of Ethics. Cambridge (UK), Cambridge University press, 2001, p. 132.

* 137 Cfr. Ibidem.

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