I.2 LA RELATION
INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS - CROISSANCE ECONOMIQUE
Avant d'analyser l'impact du risque politique sur les IDE dans
les pays d'Afrique subsaharienne, il nous semble important de montrer d'abord
les réflexions théoriques et les investigations empiriques sur la
relation IDE-croissance économique dans les différentes
régions et pays.
Selon S. Adams (2009), deux principales perspectives
théoriques ont été utilisées pour expliquer
l'impact des IDE dans les économies des pays hôtes : les
théories de la modernisation et les théories de la
dépendance. Les théories de la modernisation basées sur la
théorie néoclassique de la croissance endogène
suggèrent que les IDE contribuent à promouvoir la croissance
économique dans les pays en développement. Dans la perspective
des nouvelles théories de la croissance, le transfert de technologie par
l'entremise des IDE à destination des pays en développement est
spécialement important à cause du manque d'infrastructures
nécessaires en termes population instruite, de marchés
libéralisés, de stabilité sociale et économique,
pour innover et promouvoir la croissance dans la plupart des pays en
développement (Calvo et Sanchez-Robles, 2002). La perspective de la
modernisation est, quant à elle, basée sur le principe
fondamental en économie qui stipule que la croissance économique
requière de l'investissement en capital. Cependant, toujours selon
Adams, contrairement à la perspective de la modernisation, les
théoriciens de la dépendance s'attendent à ce que la
dépendance aux investissements étrangers aient un effet
négatif sur la croissance et la distribution du revenu. A cet effet,
Bornschier and Chase-Dunn (1985) in Adams (2009) affirment que les IDE
créent une structure industrielle dans laquelle le monopole
prédomine conduisant à ce qu'ils décrivent comme la
« sous-utilisation de la force productive ».
L'hypothèse sous-jacente est qu'une économie
contrôlée par les étrangers ne se développe pas de
manière organisée, mais croit plutôt de manière
désarticulée (Amin, 1974). Adams (2009) explique cela par le fait
que l'effet multiplicateur par lequel la demande dans un secteur du pays
crée une demande dans les autres secteurs est faible dans un tel cas, ce
qui conduit à stagner la croissance dans les pays en
développement. Adams (2009) souligne par ailleurs que cet argument est
d'autant plus important que la plupart des IDE en Afrique se dirigent dans les
secteurs des ressources naturelles (Pigato, 2000) qui ont des barrières
substantiels à l'entrée.
Kristian Eppenberg et Armin Riess (2004) estiment que la
théorie économique retient 3 éléments à
travers lesquels les IDE influencent la croissance économique : ce
sont le taux d'investissement national, les gains d'efficience et les effets de
« spillovers ». Tout d'abord, comme ils le disent,
étant donné le déséquilibre entre épargne et
investissement reflété dans le déficit des comptes
courants, une entrée nette d'IDE peut aider à augmenter le taux
d'investissement dans le pays hôte. Cela contribuera à accroitre
le stock de capital productif et ainsi l'output produit. Ensuite, les gains
d'efficience des firmes acquises ou créées peuvent provenir de
deux sources : les économies d'échelle et la
réduction des facteurs d'inefficience. La réduction des facteurs
d'inefficience créent des gains de productivité qui prennent
naissance dans le transfert de bonnes pratiques aux firmes nouvellement
acquises, dans la forme d'un nouveau management, d'une nouvelle connaissance et
d'une nouvelle technologie. Enfin, les effets de
« spillovers » apparaissent quand la connaissance et la
technologie de l'investisseur étranger qu'il transfère à
la firme acquise débordent à l'environnement économique
local. Cela se passe notamment lorsque la firme vend des biens
intermédiaires aux firmes locales.
Nous ajoutons brièvement quelques études
empiriques sur la relation IDE - croissance économique. Ewe-Ghee Lim
(2001) estime que bien qu'il n'y ait pas de consensus sur la relation entre IDE
et croissance économique, il y a une opinion croissante ces
dernières années selon laquelle les IDE sont positivement
reliés à la croissance économique. Ronald Findlay (1978)
postulait que les IDE augmentaient les taux de progrès technologiques
dans le pays hôte et donc la croissance à travers un effet de
contagion (ou diffusion technologique) issu de la technologie avancée et
des pratiques managériales des firmes étrangères. La
création et la diffusion des nouvelles technologies constituait, pour
lui, le déterminant major de la croissance économique. Cet effet
de contagion, caractérisé par les externalités positives,
pouvait conduire à améliorer la productivité et
l'efficience des firmes locales. Zhang (2001) montre, dans une procédure
en étape réalisée en Amérique et en Asie, que les
IDE tendent à promouvoir la croissance économique en Asie de
l'Est plutôt qu'en Amérique Latine. Toujours selon Zhang (2001),
l'impact des IDE dans l'économie d'accueil est spécifique au pays
mais les IDE tendent à plus promouvoir la croissance économique
quand les pays hôtes adoptent un régime de libéralisation
des échanges, améliorent l'éducation et donc le capital
humain, encouragent les IDE verticaux, et maintiennent la stabilité
macroéconomique. Borensztein, Gregorio et Lee (1997) ont testé
l'effet des IDE sur la croissance économique en utilisant les flux d'IDE
des pays industrialisés dans 69 pays en développement au cours
des deux décennies passées. Ils ont trouvé que les IDE
contribuent à la croissance économique seulement quand une
capacité d'absorption suffisante des technologies avancées est
disponible dans l'économie du pays hôte.
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