Pratiques étudiantes et vécu de l'espace universitaire: le cas des campus de Tunis et de Manouba( Télécharger le fichier original )par Dhaher Najem Université de Tunis - Diplôme d'études approfondies en urbanisme 2005 |
3-3-2 Modes d'occupation de l'espace en fonction du lieu de résidence:Tableau 27 Les résidents chez les parents:
Les étudiants résidents chez leurs parents sont nombreux à aller au cours seuls (59% de l'effectif), et à la bibliothèque avec un ami (43% de l'effectif) Lorsqu'ils habitent chez leurs parents, les étudiants sont minoritaires à fréquenter le restaurant universitaire soit accompagnés (25% de l'effectif), ou seuls 23% Tableau 28 Les étudiants dans une résidence universitaire.:
Les résidents dans le campus universitaire sont plus nombreux que les autres à être accompagnés sur le site. En résumé, Les rencontres aux cafétérias constituent une forme de sociabilité quotidienne pour tous les étudiants qui cherchent à se rencontrer ailleurs que dans les structures universitaires classiques. Comme l'écrit C.VALLABREGUE:"aller au café, ce n'est pas uniquement chercher un refuge entre deux cours quand la bibliothèque est pleine, ou éviter un déplacement lorsqu'on habite une chambre éloignée de la faculté .Il semble que le café réponde avant tout à un besoin de contact que les structures universitaires ne satisfont pas"26(*). D'ailleurs, et malgré la place des cafétérias comme principales espaces de sociabilité des étudiants dans les deux campus étudiés, ces dernières n'attirent en effet qu'une petite proportion des étudiants dans la journée Ce qu'on a pu remarquer, c'est que la configuration spatiale des lieux où se rencontrent les étudiants induits des modes fonctionnels d'occupation et, au mieux pour ceux qui restent et doivent se satisfaire une sociabilité" bricolée"27(*) sur les lieux de passage, autour des cafétérias, dans les couloirs, les salles de cours ou encore dans les chambres Universitaires. Ainsi l'environnement dans lequel évoluent les usagers du domaine universitaire n'est pas sans conséquences sur la vie interne du campus et sa fréquentation par la population étudiante. En effet, si le campus de Tunis atteint par ses dimensions l'échelle d'un véritable quartier urbain, il n'en possède pas la plupart des caractéristiques. Les fonctions qui devraient être rassemblées, apparaissent nettement individualisées et les allées et venues des occupants du site dessinent sur le terrain (et parfois à travers les pelouses) un réseau de cheminements bien différent du tracé réel des allées. Dans le campus de Tunis, l'absence de lieu de rencontre, de centre de vie social sur le campus a probablement contribué à la division de la" communauté étudiante" en multiples groupes et fractions selon les âges, la forme de résidence, l'origine géographique, les enseignements suivis, le sexe. Bien qu'ils appartiennent au même campus, les étudiants de la Faculté des sciences ne s'aventurent pas beaucoup à aller visiter la Faculté de droit ou l'Ecole des ingénieurs. Cela est valable pour tous les établissements du campus, qui, constituent des entités où chacune est renfermée sur soi-même avec des policiers à l'entrée de chaque établissement. Au campus de Manouba par exemple, on remarque deux types d'occupation des cafétérias qui tiennent lieu d'espace de sociabilité, une occupation d'habituer qui concernent étudiants les résidents et une occupation transitoire qui concernent les étudiants non-résidents. Cette distinction s'opère puisque les différentes cafétérias du campus de Tunis ne donnent pas lieu aux mêmes types d'occupation. Ainsi, la plupart des étudiants du campus de Tunis témoignent d'une utilisation plus fonctionnelle de l'espace. Ceci est valable aussi pour les étudiants non-résidents au campus de Manouba. Par ailleurs, il n'y a pas de différences significatives entre le fait de fréquenter seul ou en groupe certains espaces universitaires comme la buvette, le restaurant universitaire et les autres espaces de vie des étudiants quelque soit l'université. Enfin, c'est en vain que l'on cherche une identité étudiante construite autour du campus, c'est du moins ce qu'on a pu conclure d'après notre travail d'investigation dans les deux sites universitaires objet de notre recherche. Seule une étude approfondie peut nous renseigner d'une façon- plus concrète. La véritable unité fondatrice de l'identité étudiante est constituée lorsqu'elle existe, par les études poursuivies, par les goûts et les choix affinitaire, bien plus que par un mode de vie lié au campus. La majorité des étudiants non-résidents sur le site quittent le campus de Tunis après la fin des cours, beaucoup fréquentent les cafétérias et les espaces de convivialité dans ses environs. Cet usage explique peut-être les difficultés de développer une vraie vie sur le campus, et c'est pourquoi le campus de Tunis en premier lieu et même celui de Manouba n'apparaissent pas à notre avis comme des espaces de la vie étudiante, ils sont plutôt vécus par les étudiants comme des espaces de travail. En se posant la question quel mode de vie les villes nouvelles peuvent offrir aux étudiants? , MERLIN dit dans son étude "les universités et les villes nouvelles de l'île de France " en se référant au modèle universitaire d'Oxford et de Cambridge: "... Les collèges britanniques qu'on vient d'évoquer, avaient une ambition: ne pas se contenter d'apporter des connaissances, mais former de véritables citoyens, de futurs responsables attentifs au monde qui les entoure." * 26 - C.Vallabregue- La condition étudiante-Paris- Petite bibliothèque- Payot, 1970-page111. * 27 - Terme utilisé par Valérie Elrich dans sa recherche: la vie étudiante dans les Alpes Maritimes-Op.cit. |
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