II.2: Le financement bancaire et la
trésorerie
II.2.1 Les crédits par caisse
L'entreprise est souvent confrontée à des
insuffisances passagères de trésorerie au cours de son cycle
d'exploitation, et ce en raison du décalage résultant de
l'exigibilité immédiate des décaissements et de la
disponibilité tardive des encaissements.
Pour faire face à ces insuffisances, l'entreprise a
recours à des crédits d'exploitation appelés aussi
crédits par caisse.
On peut faire la distinction entre les crédits par
caisse globaux destinés à financer globalement l'actif circulant
et les crédits par caisse spécifiques adaptés à
certains postes du bilan.
II.2.1.1 Les crédits par caisse globaux
Les crédits par caisse globaux ne sont pas liés
au financement d'un poste d'actif déterminé ou d'une
opération particulière mais de l'activité de
manière globale. Ils ont pour objet de palier une insuffisance du fonds
de roulement (FR) par rapport au besoin de fonds de roulement (BFR) et de
compléter la trésorerie. Ces concours font courir à la
banque un risque plus important que les autres formes de crédit, du fait
de leur caractère global. En effet, ces crédits ne sont pas
affectés à un élément de l'actif. Dans cette
catégorie, on distingue la facilité de caisse, le
découvert, le crédit de campagne, le crédit de soudure.
a)La facilité de caisse
La facilité de caisse est un concours bancaire à
court terme qui permet de palier de courts décalages entre les
dépenses et les recettes d'une entreprise. Cette forme de crédit
est souvent sollicitée pour honorer les échéances de fin
de mois tel que: salaires, sécurité sociale ...etc. Bien qu'ayant
une validité annuelle, elle ne doit être octroyée en
principe que pour une période très limitée (quelques jours
par mois).
Pour déterminer le plafond de l'autorisation d'une
facilité de caisse et son montant le banquier se base sur le chiffre
d'affaires mensuel confié à la banque et sur le plan de
trésorerie de l'entreprise. En générale, le banquier
accorde jusqu'à (15) jours de chiffre d'affaire.
L'entreprise qui sollicite une facilité de caisse est
une entreprise qui fait face à des dépenses dont les recettes ne
seront encaissées que quelques jours plus tard. Ceci entraîne donc
une évolution alternative du compte tantôt créditeur,
tantôt débiteur.
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II. Organisation de la trésorerie
Le banquier doit donc bien surveiller le compte client afin
d'éviter les abus qui se traduiraient par un basculement d'une
facilité de caisse à un découvert permanent.
Le banquier ne doit alors accorder cette forme de
crédit qu'aux clients les plus sérieux et les plus importants
d'autant plus que ce crédit n'est pas éligible au
réescompte.
b) Le découvert
C'est certainement le concours à court terme le plus
sollicité et le plus utilisé. Il peut être autorisé
dans le cas où l'entreprise est en attente d'une rentrée de fonds
et qu'elle souhaite disposer à l'avance des fonds attendus.
Le découvert est donc un crédit à court
terme qui a pour principale fonction de répondre à des besoins
(insuffisances) temporaires de trésorerie provenant :
· Soit d'un gonflement des besoins de fonds de roulement
qui peut provenir d'une augmentation rapide de l'activité et du chiffre
d'affaires. Dans ce cas, il faut s'assurer qu'il s'agisse d'un besoin
temporaire et qu'il soit appelé à disparaître avec un
retour aux conditions normales de l'exploitation.
· Soit d'une diminution du fonds de roulement et cela
est plus préoccupant pour le banquier. Cette diminution peut receler des
causes dangereuses (remboursement d'une dette à long ou moyen terme, la
démission d'un associé, l'acquisition d'un investissement....
etc.)
En aucun cas le découvert ne saurait apporter une aide
structurelle, donc permanente à la trésorerie.
Le découvert peut être simple ou mobilisable.
b.1) Le découvert simple
Il s'agit seulement d'autoriser l'évolution en
position débitrice du compte client. Sa durée est de (15) jours
à quelques mois par an jusqu'à ce que le client n'ait plus un
besoin de trésorerie. Quant au montant, celui-ci ne doit pas
dépasser (15) jours du chiffre d'affaire puisqu'il est fixé par
l'article 23 de l'instruction 47/94 de la BA qui dispose : « les
découverts en compte courant doivent diminuer afin de ne pas
dépasser l'équivalent de (15) jours du chiffre d'affaires
»
b.2) Le découvert mobilisable
Cette forme de découvert permet de créditer le
compte client du montant plafond (l'autorisation) au lieu de le laisser
évoluer en position débitrice.
Le découvert mobilisable est généralement
consenti pour le financement d'une opération bien précise
(exemple : un crédit documentaire relayer par un découvert
mobilisable).
Les intérêts seront dans ce cas calculés
sur le montant total du prêt. Le banquier fait signer à son client
un billet à ordre d'échéance (90) jours.
Contrairement au découvert simple, celui-ci est
éligible au réescompte.
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II. Organisation de la trésorerie
c)Le crédit relais10
« Comme son nom l'indique, le crédit relais est
une forme de découvert qui permet d'anticiper une rentrée de
fonds qui doit se produire dans un délai déterminé et pour
un montant précis » Appelé aussi « crédit de
soudure », il est destiné à permettre à l'entreprise
d'anticiper sur une rentrée de fonds à provenant soit de la
cession d'un bien (immeuble ou fonds de commerce) soit d'une opération
financière (augmentation de capital ou déblocage d'un emprunt
obligataire), soit de la TVA payée sur un investissement.
Donc pour gagner du temps l'entreprise sollicite ce type de
crédit.
d) Le crédit de campagne
« Le crédit de compagne est accordé dans le
cas où sont saisonniers : le cycle de fabrication, le cycle de vente de
l'entreprise, ou les deux successivement »
Le crédit de campagne est donc accordé aux
entreprises dont l'activité est saisonnière pour leur faciliter
le stockage de leurs marchandises entre le moment où elles sont
achetées ou fabriquées et celui où elles pourront
être vendues.
Il faut cependant classer ces entreprises en deux types :
d'une part, celles qui à l'entrée du cycle supportent de
très importants décaissements puis réalisent des ventes
échelonnées (exemple : un fabricant de sucre, achète
rapidement la betterave au moment de la récolte et fabrique du sucre et
le revend par quantité modérée tout au long de
l'année) ; d'autre part, celles qui décaissent pendant un temps
mais revendent d'un coup leurs produits en fermant le cycle (exemple : le
fabricant de cahiers ; achète peu à peu ses matières
premières, procède également progressivement à la
fabrication mais est toutefois obligé de stocker sa production
jusqu'à l'approche de la rentrée scolaire où la vente est
massive).
L'utilisation d'un crédit de campagne se fait par le
débit du compte client à concurrence d'un plafond
préalablement déterminé.
Pour déterminer la durée et le montant d'un
crédit de campagne, le banquier examine le plan de financement de la
campagne. Le plafond d'autorisation est le pic négatif des cumuls des
soldes de trésorerie ; quant à la durée de ce
crédit, elle dépend de la longueur de la compagne. La banque ne
finance pas tous les besoins de l'entreprise, le reste doit être
assuré par les propres moyens de l'entreprise : l'autofinancement.
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