Conclusion partielle
La deuxième et dernière partie de ce Travail
d'Etude et de Recherche (T.E.R), après avoir montré les
différentes entraves à une bonne gestion de la
végétation (problèmes d'ordre institutionnel et
logistique), a mis l'accent sur les véritables motivations des
politiques de décentralisation en matière forestière. Cela
a permis de révéler les acquis et les lacunes de la zone dans ce
processus. Les acteurs du développement (élus locaux, services
techniques projets, population...), malgré une collaboration qui laisse
à désirer, ont mis sur pieds une forme d'organisation susceptible
de préserver la biomasse végétale. Cependant, elle doit
répondre aux exigences qui fondent une vie durable: profiter de la
ressource sans compromettre l'aptitude des générations futures
à satisfaire leurs éventuels besoins.
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23 Atlas pour la conservation des forêts tropicales
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CONCLUSION GENERALE
Le traitement et l'analyse des données
collectées sur les différents sites cibles ont permis de
comprendre l'évolution du patrimoine ligneux de la communauté
rurale de Koussanar. C'est dynamique se lit à travers deux
éléments essentiels qui appuient nos hypothèses:
- le premier est relatif aux conditions
socio-économiques qui déterminent le milieu. Celui-ci souligne
l'importance des modes d'utilisation (agriculture, élevage, exploitation
forestière) et des impératifs économiques liés aux
ressources forestières. Il a montré l'influence que ces facteurs
exercent sur son évolution parallèlement aux données
physiques (pluviométrie, températures).
- le second concerne la gestion durable de la
végétation. Il apporte la preuve que la décentralisation
qui a supplanté l'approche verticale, malgré des principes
relativement bien définis, est confrontée à une
incompréhension de la part des élus locaux et à des
difficultés dans la coordination entre acteurs du développement.
Aussi, apparaissent-il de nombreuses failles dans les initiatives de protection
de l'environnement.
Les implications de ces dysfonctionnements se traduisent par
des perturbations dans la dynamique des sites naturels, notamment de la faune
et de la flore. Les répercussions sur les activités
économiques de la zone sont relativement perceptibles face à
cette évolution négative dans un contexte marqué par une
multiplicité et une complexité des enjeux. Cette situation est
exacerbée par une poussée démographique qui se fait de
plus en plus sentir.
Paradoxalement, les populations locales, dans leur
majorité, n'ont pas encore saisi la problématique attachée
à la gestion du potentiel ligneux. Ainsi, la sensibilisation et la plus
grande responsabilisation deviennent d'une acuité particulière
dans les processus de prise de décisions, les stratégies de
protection et de mise en valeur. La concertation est devenue un outil
indispensable entre les différents acteurs pour un développement
local effectif. Elle passerait par une démarche intégrée
qui prendrait en compte tous les paramètres d'un développement
durable.
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En outre, la collaboration scientifique (utilisation de
nouveaux outils de gestion comme les systèmes d'information
géographique (S.I.G) devrait aider à l'amélioration de la
qualité de l'organisation et du contrôle en matière
environnementale d'une manière générale pour que la
richesse forestière arrête de se dégrader. On vise surtout
à assurer la durabilité écologique à travers
laquelle la qualité de la vie serait améliorée. Cette vie
durable est subordonnée au respect de certaines clauses définies
par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (.U.I.C.N):
- ménager les ressources non renouvelables ;
- respecter les limites de la capacité de charge des
milieux ;
- changer les comportements et les habitudes individuelles ;
- donner aux communautés les moyens de gérer leur
environnement.
En définitive, la confirmation des hypothèses
est le fruit d'un long travail de synthèse documentaire ; d'analyse, de
traitement et de croisement de données aussi bien quantitatives que
qualitatives issues de nos enquêtes et observations. L'élaboration
du document final qui aura pris une année découle d'un certain
nombre de résultats obtenus sur le terrain:
-Résultat 1- L'appréhension des
déterminismes physiques et des motivations sociales de la pression sur
la phytocénose a été effective grâce aux
compilations de séries statistiques et aux enquêtes
réalisées in situ par le truchement du questionnaire et des focus
groupe. Cela nous a édifié sur les spécificités
naturelles et anthropiques de la zone, facteurs déterminants dans la
compréhension de l'évolution des potentialités
environnementales et des enjeux attachés à la gestion de
celles-ci. Pour ce qui concerne l'analyse des données physiques et
humaines, cinq figures (1, 2, 3, 4, 9) et deux tableaux (1 et 2) nous ont servi
de base. Les informations qualitatives sont souvent intégrées
sous forme de citations (2).
- Résultat 2- Nous avons pu saisir le
rythme d'exploitation de la végétation. Les dommages d'ordre
agricole et pastoral étant difficilement quantifiable, les chiffres
obtenus sont surtout relatifs à l'exploitation forestière
à proprement parler (production de charbon et de bois divers). Elle est
très intense et ne prend pas souvent en compte la capacité de
régénération des espèces. De surcroît, la
clandestinité est très présente. Quatre tableaux (3, 4 et
5) et sept
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figures (6, 7, 8, 10, 11, 12, et 13), évaluent
l'attaque et la fragilisation sans précédent du patrimoine
ligneux de la communauté rurale de koussanar. On y assiste à un
véritable processus de savanisation et de déforestation. Or les
répercussions que cette évolution négative pourrait
engendrer sur les activités génératrices de revenus
commencent à se faire sentir.
- Résultat 3 - En associant la
synthèse bibliographique aux données qualitatives recueillies
auprès des acteurs locaux de développement, des populations et en
s'interrogeant sur l'évolution de la qualité de la gestion des
ressources avant la décentralisation et dans le cadre de celle-ci, nous
avons cerné les forces et les lacunes de la responsabilisation des
collectivités locales. A ce sujet, les tableaux 6, 7, 8 et la figure 4
sont parlants. Les faiblesses de la gestion sont relatives au manque de
collaboration des différents acteurs ; d'une part et à la faible
intégration des populations dans les processus de prise de
décisions, d'autre part. Des illustrations de taille sont
apportées par les entretiens et certains évènements que
nous avons eu à relater dans le présent travail. Toujours est-il
que des prémisses valorisation du patrimoine ligneux sont
constatées pourvu qu'elles relèvent les défis de
l'organisation et de la participation.
Au total, 22 illustrations dont 4 cartes, 5 graphiques, 5
planches photographiques et 8 tableaux ont servi de base de confirmation de nos
hypothèses. Elles appuient et complètent aussi bien les
enquêtes que la recherche documentaire.
Pour relancer la recherche sur la problématique du
développement dans la communauté rurale de Koussanar, des pistes
de réflexion se sont imposées à nous. Elles sont
liées aux impacts positifs et négatifs des programmes de
développement sur la dynamique spatiale et sociale de la zone. En fait,
on assiste depuis quelques années à un foisonnement de ces
projets visant à améliorer les conditions de vie des populations.
Ils s'implantent, se succèdent et parfois disparaissent sans qu'on
puisse avoir un aperçu scientifique sur leur modèle
d'organisation et leurs incidences au niveau local. Une évaluation de
leurs impacts accessible à l'ensemble de la population serait de bon
augure. Entre autres, on peut retenir Enda pronat, "Wula Nafaa", P.N.I.R,
Africare, Ancar, etc. Il en est de même pour la coopération entre
koussanar et Saint-Cyr de France.
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