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Activités rurales et patrimoine ligneux: implication des populations, enjeux et perspectives de gestion dans la communauté rurale de Koussanar (département de Tambacounda au Sénégal)

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par Elias THIAM
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Maitrise 2006
  

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IV- 2- Les contraintes liées à la gestion du couvert végétal

Elles sont d'ordre institutionnel et logistique.

IV-2-1- Les contraintes d'ordre institutionnel

Les entraves à une bonne gestion de la végétation sont relatives à :

- la méconnaissance des textes de lois par certains acteurs locaux ; la majorité des élus n'ayant pas un niveau de scolarisation élevé. Ceci entraîne une cacophonie et un retard dans les prises de décision malgré les nombreuses sessions de formation. C'est probablement la raison pour laquelle les actions allant vers la protection de l'environnement occupent une place très minime dans le programme du conseil rural. La majeure partie des ressources est affectée aux activités de loisirs comme les "navétane" et autres. Les « réalisations à caractère social et culturel au détriment de projets de développement économiques » (PLD 2004) basées sur la valorisation des potentialités locales sont constatées. La communauté rurale reçoit des fonds de dotation dépassant souvent les cinq millions et des fonds de concours évalués annuellement à près de trois millions sans compter les fonds propres (plus de dix millions). Ils sont orientés vers les actions se rapportant aux différentes compétences transférées. A en croire un agent du conseil (documents à l'appui), ce financement concerne les volets suivants : éducation-santé-jeunesse-sport, action sociale, activités culturelles, vacances citoyennes (budget de 412 000 en 2005 et 2006), etc. Le volet environnement y occupe donc une faible place malgré les différents enjeux

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dont il fait l'objet. Il est inclus dans les vacances citoyennes et se limite au reboisement. Ce dernier est principalement mené par la brigade forestière et est souvent laissé à la merci de la divagation des animaux faute d'un soutien conséquent de la part du CR. Mais, nous précise un conseiller, membre de la commission de l'environnement, « le budget alloué au secteur forestier ne dépasse guère 300 000 FCFA » comme en 2005. Il est prélevé des fonds propres19 du conseil. En somme, moins de 2% des recettes est destiné au volet environnement et gestion des ressources naturelles. Ceci est d'autant plus inquiétant que depuis 1994, aucun soutien financier en direction de l'environnement n'a été constaté mise à part la subvention de 2005.

Tout ceci se traduit par un manque de coordination entre les différents niveaux d'intervention. La gestion des feux de brousse est laissée entre les mains exclusives du service forestier. Or, les textes transfèrent une partie de cette compétence aux collectivités locales.

Au delà de ces lacunes d'ordre social et organisationnel, ce sont les incertitudes de lois qui mutilent la préservation des ressources.

- les incertitudes de lois sont à mettre en rapport avec celles sur le domaine national qui supplante la gestion coutumière. D'après cette loi, « ce sont les zones de terroirs qui sont des espaces de culture et d'élevage exploitées sous le contrôle de l'Etat »20. Maintenant, avec la décentralisation, c'est le conseil rural qui est chargé de l'affectation et de la désaffectation de ces terres. Ce principe ne reconnaît que la mise en valeur. Or, le pastoralisme n'est pas considéré comme telle. En conséquence cela peut générer une extension des parcours au détriment des zones de culture, une diminution des jachères due à une phobie de perte de terres par certains exploitants. C'est pourquoi le projet de lois d'orientation agro-sylvo-pastorale propose en son article 44 la reconnaissance du pastoralisme comme mode de mise en valeur de l'espace rural.

19 Fonds issus de la taxe rurale, la taxe forestière, les amendes douanières et de la gendarmerie , les produits du Fonctionnement des fourrières, les droits de place tirés du marché quotidien de Koussanar, des marchés hebdomadaires (Koussanar et Dawady), les produits de la patente, etc.

20 Rapport sur l'état de l'environnement au Sénégal, CSE, 2005, 231p, pp.116

En outre, la majorité des populations ignorent cette loi et se recroquevillent sur leurs habitudes coutumières en s'opposant farouchement à toute procédure d'expropriation, d'où un véritable

problème de préservation des ressources forestières. Ces contraintes d'ordre institutionnel se répercutent à tous les niveaux de difficultés.

A ce titre, un fait majeur met en exergue le problème qui existe entre la population locale et le conseil rural en matière de gestion des terres: la réserve privée de faune de Koussanar.

C'est une étendue de 3000 ha qu'avaient voulu installer en 2003 les promoteurs Jacques Resk et son frère Georges. Ils envisageaient d'en faire un Bandia II. et avaient demandé 6000 ha mais le conseil rural leur en a octroyé la moitié. A l'image de ce qui a été constaté au ranch de Dolly, la réalisation de ce projet a rencontré l'hostilité d'une partie de la population, des éleveurs peuls essentiellement. Ces derniers ont refusé d'adhérer à ce projet car, estiment-ils, ces terres contigües à la forêt classée des Pagnate abritent des mares dont ils se servent pour l'abreuvage du bétail. De sources proches du conseil rural, les promoteurs avaient prévu de construire un forage pour l'alimentation en eau des animaux et d'autres actions visant à annihiler les impacts potentiels d'un tel projet sur son environnement immédiat. Ces mesures ont décidément été rejetées par les dissidents.

Face à cette farouche opposition de la population à la décision du conseil rural, le préfet a sorti un arrêté demandant aux promoteurs d'arrêter les travaux qui ont été enclenchés. En dehors des considérations politiques et des querelles de tendances au niveau local, cette histoire traduit un manque de concertation en amont des projets et d'association des populations concernées. Elle édifie également sur la complexité de la gestion des terres sises en zone de terroir.

Pourtant, cette réserve pouvait avoir des incidences certains sur le plan environnemental et celui socio-économique. Elle aiderait à la préservation d'espèces menacées et à l'introduction d'autres types de formations. En plus, elle enrichirait la zone en ressources animales et participerait ainsi à une forme de restauration de la biodiversité qui est aujourd'hui très fragilisée. L'activité touristique se développerait, favorisant la diversification des sources de revenus, et la création d'emplois en sus de ceux directs.

Toujours est-il que la question n'est pas encore définitivement close mais a peu de chance d'aboutir.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon