Conclusion
La « tresinstruite » Circé, selon
Boccace dans De cleres et nobles femmes ainsi que dans De claris
mulieribus, n'ignore rien de la vertu des herbes et des plantes. En tant
que fille du soleil et d'une nymphe, ses pouvoirs sont surnaturels. Le texte
mentionne que les mathématiciens sont d'accord pour affirmer
qu'être fille su Soleil donne des capacités particulières.
Tout comme Médée et les sibylles, elle est prophétesse.
Grâce à ses connaissances en herboristeries, Circé
prépare des venins et des breuvages. Ceux-ci lui serviront pour
transformer des hommes en bêtes. Elle fit ainsi avec les compagnons
d'Ulysse pour ensuite les retransformer en humain à la demande du
héros. Cet épisode occupe d'ailleurs une grande partie du
chapitre. Finalement, Circé est désignée sous
l'appellation « enchanteresse » de même
qu'empoisonneuse.
Pour Antoine Dufour dans sa compilation La Vie des femmes
célèbres, Circé est luxurieuse. Égoïste,
elle cherche à se satisfaire et atteindre le plaisir sans
préoccupation pour autrui. Sa malice dessert ses envies diverses. Elle
est dangereuse pour les Hommes, puisqu'elle les métamorphose en animaux.
À cause de sa méchanceté, elle mourut de manière
cruelle et « ténébreuse »,
c'est-à-dire en s'ôtant la vie. Néanmoins, malgré ce
tableau obscur, Dufour mentionne qu'elle est une « grande
enchanteresse ». Sans les nombreux défauts pointés du
doigt par l'auteur, on aurait pu associer ces termes à des
qualités, mais ce n'est pas le cas. Il loue d'une certaine
manière les connaissances du personnage.
Dans le chapitre « Ce dit de Medee et d'une autre
royne nommee Circes », Christine de Pizan loue le savoir de cette
dernière, quoique très peu. Circé sait concocter des
breuvages qui rendent les hommes des animaux ou en oiseaux. Sa connaissance de
« l'art d'enchantement » est vaste. Tout comme
Médée, elle est une reine. Christine se garde de condamné
Circé. Elle se contente de raconter une partie de l'histoire de
L'Odyssée. Si l'auteure se refuse à des commentaires
négatifs, c'est qu'elle veut promouvoir les capacités de son
texte. Se basant sur la compilation de Boccace, elle l'a retravaillé
afin de rendre un ouvrage à la gloire des femmes. La Cité des
dames est un effet direct de la Querelle des femmes qui sévissait
à l'époque où elle rédigea son livre. Christine a
donc repris à son compte les écrits de son maître et les
corrigea d'une manière « féministe ».
|