Conclusion
Médée est, dans l'esprit de plusieurs, un
être sans pitié qui n'a pas hésité à
supprimer ses enfants. Son savoir a, dans une certaine mesure, joué
contre elle. Sans ses pouvoirs, elle n'aurait peut-être pas conquis Jason
et les évènements que l'on connait ne seraient peut-être
pas arrivés. Cependant, il faut aller plus loin que cette image de cette
magicienne machiavélique. Le savoir hors-norme de Médée a
parfois fait peur aux auteurs et compilateurs.
On retiendra que, chez Boccace, une liste impressionnante de
capacités surnaturelles caractérise Médée. Pour
lui, elle est la « Medee royne », donc un être
puissant. Il est aussi le seul à l'appeler, comme c'est le cas ici,
« enchanterresse ». Malgré toutes ses
possibilités et ses qualités, Médée demeure, dans
De cleres et nobles femmes et dans De claris mulieribus, une
personne déloyale. Elle apparaît comme quelqu'un qui
possédait de multiples dons, mais qui en a mal usés.
Parmi les compilateurs, Antoine Dufour est celui qui utilise
les mots les plus durs à l'égard du personnage. Elle est
comparée à un serpent et qualifiée de meurtrière.
Ses dons ne servent qu'à produire le mal. L'auteur, il l'avoue, n'aime
pas parler d'elle, car elle n'est pas un modèle pour personne.
Médée est également
« apotiquèresse », c'est-à-dire qu'elle
connaît les vertus des plantes. Selon Dufour, elle n'utilisera pourtant
pas ce savoir à bon escient, car elle est une menteuse, une vicieuse,
une fournaise insatiable et bien d'autres choses encore.
Christine de Pizan est remplie de bons mots à
l'égard de Médée. Dans le chapitre XXXII du livre I, ses
connaissances sont presque sans borne. Ses dons sont au service de ses
volontés, car elle sait tout faire. Par ailleurs, il n'est pas dit
qu'elle manquait de vertu comme chez d'autres, mais qu'elle a été
trahie, provoquant ainsi son courroux. Dans le livre II, le chapitre mentionne,
encore une fois, qu'elle possède un grand savoir et qu'elle
maîtrise charmes et enchantements. Malgré le titre du chapitre,
plus d'informations concernent Jason.
Finalement, selon Symphorien Champier, Médée est
une victime de l' « ingrat » Jason. Le savoir de
l'enchanteresse permettra pourtant de le sauver de la mort et de
conquérir la Toison d'or. « L'art magique »
n'empêchera pourtant pas la traîtrise du mari envers sa femme. Par
ailleurs, Champier écrit que le couple continua à vivre ensemble
longtemps. Médée est une femme de tête, la plus forte des
trois figures de cette étude. Son savoir est diversifié et
puissant. La popularité de ce personnage ne s'est jamais
démentie, de l'Antiquité grecque à aujourd'hui.
Pièces de théâtres, opéras ou autres le prouvent.
Reste à savoir si les créateurs ont plutôt vu sa
cruauté plutôt que sa douleur.
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