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Les enchanteresses dans les compilations du XVe siècle

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par Julie Grenon-Morin
Université Sorbonne-nouvelle - Master 2 2011
  

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PREMIER CHAPITRE

Médée

Introduction

Les enchanteurs, mais aussi les enchanteresses, sont nourris par deux sources : l'Orient et l'Occident. Ces sont des figures fantasmagoriques, marquées par des origines du monde celtique. Ils sont des savants, des devins, des astrologues qui pratiquent le maleficia ou le beneficia. Parfois, ils se caractérisent par une empreinte de la démonologie. Au fil des siècles, ils deviendront des magiciens conjurant le démon5(*), selon Christine Ferlampin-Acher. Médée fait partie de ces enchanteurs/enchanteresses, bien qu'elle ne soit pas reliée aux légendes celtiques. Ce personnage a transcendé les siècles comme peu de figures antiques l'ont fait. Au Moyen âge, les compilateurs qui ont écrit sur elle sont Christine de Pizan, Antoine Dufour, Boccace et Symphorien Champier. Du côté des oeuvres de fiction, Médée est notamment présente dans Le Voir-dit et Le Roman de Troie. C'est son récit de son amour pour Jason qui a surtout retenu l'attention. Bien d'autres auteurs ont parlé de Médée, mais les textes mentionnés ont été retenus pour des raisons précises. D'abord, Le Voir-dit de Guillaume de Machaut est une oeuvre phare du Moyen âge. Le poète chante les femmes et il est donc intéressant de se pencher sur lui ici. Ensuite, Le Roman de Troie présente un portrait complet de Médée, surtout en ce qui a trait avec son savoir magique.

En guise d'entrée en matière pour les trois types de figures de mon étude, je propose pour chacune une définition qui résume leurs actions dans les mythes:

Personnage du mythe grec des Argonautes. Comme Circé, dont elle est la nièce [Médée], n'est pas une divinité, bien qu'elle soit petite-fille du Soleil et fille d'une Océanide, mais une enchanteresse. Elle a appris, en effet, l'art de la magie, qu'elle utilise pour permettre à Jason de dérober la Toison d'Or, mais aussi pour se venger de ses ennemis : devant les filles du roi Pélias, elle dépèce un vieux bélier, le jette dans un chaudron où bout une mystérieuse préparation et l'en ressort petit agneau; les filles de Pélias, stupides, feront subir à leur père ce traitement qui, loin de le rajeunir, le tuera. Plus tard, Médée empoisonne la robe et les bijoux qu'elle offre à sa rivale, Créuse. Après avoir tué ses propres enfants -pour se venger de Jason, infidèle, ou pour les préserver de l'exil- elle s'envole sur un char attelé de chevaux ailés, présents de son aïeul, le Soleil. Sans être une fée, concept d'origine celtique, Médée en possède beaucoup de traits, que l'on retrouvera dans de nombreuses légendes : la beauté, la richesse, la passion pour un héros mortel, la faculté de se déplacer dans les airs, le caractère impitoyable de ses vengeances. Sa cruauté et les poisons qu'elle compose l'apparentent aussi aux futures sorcières. (À noter qu'avant Eurypide, Médée était présentée comme une victime des Corinthiens et non comme une criminelle.)6(*)

Comme nous le verrons, les compilateurs résument de manière concise ces évènements. Ils perçoivent l'enchanteresse de manière à la fois positive et négative. Abordons tout d'abord le savoir mal reçu par les auteurs présent dans l'oeuvre de Boccace et Dufour affirment à plusieurs reprises ne pas être entièrement satisfaits du savoir magique de Médée. Dufour, en particulier, semble presque détester le personnage. Il la compare à des êtres démoniaques et stipule qu'elle méritait son triste sort. Boccace se montre plus nuancé et il fait mention de plusieurs capacités surnaturelles. Ensuite, Boccace, Christine de Pizan, Champier et Dufour, dans une certaine mesure, valorisent ce même savoir. Dans le cas de Christine de Pizan, cela n'est pas étonnant. L'écrivaine met en scène son héroïne dans deux chapitres, l'un dans le premier livre et l'autre dans le second, « De Medee amante ». Champier, quant à lui, s'est autorisé très peu de lignes pour parler de Médée. Ses louanges sont donc proportionnellement restreintes.

* 5 Jean-Patrice. Entre Science et nigromance. Astrologie, divination et magie dans l'Occident médiéval (XIIe-XVe siècle), Paris, Publications de la Sorbonne, 2006, p. 418.

* 6 Catherine Rager. Dictionnaire des fées et du peuple invisible dans l'Occident païen, Turnhout, Brepolis, 2003, pp. 631-632.

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