Analyse des faits politiques en Afrique: cas de la Cote d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Herphi Halerre Bouyoméka Mikolo et Pascaline AVLESSI projet cerco du benin - Licence communication et relations internationales 2010 |
Paragraphe 2 : Les conséquences politiques au plan internationalOn peut, dans la mesure du possible, dire que les principales crises qui ont marqué la cote d'ivoire sont celles de la guerre civile et celle de la crise postélectorale de 2010-2011. Et en outre, ces guerres, bien qu'internes, ont causé chacune, de lourdes conséquences à l'international. A- Les conséquences internationales de la guerre civile Le 6 novembre, l'aviation ivoirienne bombarde la base française de Bouaké faisant 09 morts et 37 blessés parmi les soldats français et un civil américain appartenant à une ONG. Les forces françaises ripostent en détruisant les deux Sukhoï ainsi que trois Mil Mi-24 et un Mil Mi-8 postés sur la base de Yamoussoukro, quinze minutes après l'attaque. Jacques Chirac, ancien président français, donne l'ordre de riposter en détruisant également tous les moyens aériens militaires ivoiriens. Cette action a pour objectif d'empêcher toute nouvelle attaque des FANCI contre les rebelles, contraire aux Accords de Marcoussis et également d'empêcher toute nouvelle attaque contre les positions françaises. Une heure après l'attaque sur le camp des forces françaises, des combats éclatent entre les militaires français et ivoiriens pour le contrôle de l'aéroport d' Abidjan, essentiel pour la France de manière à établir un pont aérien. L'ONU a adopté à l'unanimité la résolution 1572 qui prévoit un embargo sur les armes et un gel des avoirs et des interdictions de voyager des individus qui entravent l'application des Accords de Linas-Marcoussis et d'Accra III, les responsables de violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire en Côte d'Ivoire, les personnes qui incitent publiquement à la haine et à la violence et les personnes violant l'embargo sur les armes. Le Président en exercice de l'Union Africaine, le médiateur de cette même Union pour la crise ivoirienne et le Président en exercice de la CEDEAO viennent de réussir une première mondiale : mettre sous tutelle un pays membre de l'Organisation des Nations Unies en violation flagrante de la charte de cette même organisation qui dispose en son chapitre XII, dans l'exposé du Régime International de Tutelle que « le régime de tutelle ne s'appliquera pas aux pays devenus membres des Nations Unies, les relations entre celles-ci devant être fondées sur le respect du principe de l'égalité souveraine » (article 78). La Côte d'Ivoire, par la série des résolutions prises à son sujet par le Conseil de Sécurité de l'ONU, arrive au terme d'une longue marche faite de sang et de douleurs à être mise sous tutelle de la France par l'ONU. Comme la Côte d'Ivoire n'est pas autonome et qu'au titre de la charte c'est à la France, puissance métropolitaine d'en être responsable, elle se retrouve mise sous tutelle. Mais contrairement à ce que dit la Charte, la tutelle n'est pas exercée par les Nations Unies mais directement par la France. Toutes les résolutions au sujet de la Côte d'Ivoire ont été proposées par la France. Au total, quatorze résolutions entre février 2003 et décembre 2005. B- Les conséquences internationales de la crise postélectorale Sur le plan politique, la Côte d'Ivoire est aujourd'hui isolée sur la scène internationale. Aux sanctions de la Communauté Internationale, les chefs d'Etat de la CEDEAO ont aussi décidé d'utiliser les grands moyens comme sanctions graduelles afin de faire capituler le président sortant, Laurent Gbagbo et de le pousser à céder le pouvoir à Alassane Ouattara. Et c'est au cours du sommet extraordinaire sur la Côte d'Ivoire de l'organisation sous-régionale qui s'est tenue le 24 Décembre 2010, à Abuja au Nigéria, que ces sanctions ont été prises. D'ailleurs les chefs d'Etats ont déjà suspendu la Côte d'Ivoire de ses rangs, tout en demandant au président sortant Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir. Il s'agit donc pour la CEDEAO d'augmenter le nombre de ses hommes dans cette mission. Selon Radio France Internationale (RFI), ces renforts seraient pré-positionnés au Ghana. Leur mission, précise-t-on, n'est pas de renverser Laurent Gbagbo, mais de le dissuader d'utiliser la force. Bien que les chefs d'Etat de la région assurent que l'usage de la force ne sera pas nécessaire, l'ancien premier Ministre de Gbagbo, lui, demande de déloger avec l'usage de la force. Il est tout de même indispensable de constater que la division d'opinion au sein des partisans du conseil de sécurité de l'ONU et de l'Union Africaine suscite des critiques face à la situation. Des critiques qui sont relayées implicitement dans l'opinion publique internationale par des pays comme la Russie. Selon le président russe, «l'ONU devrait servir de médiateur entre les deux parties et en aucune circonstance aider une des parties, notamment le camp Ouattara». Quelques jours auparavant, le ministère russe des Affaires Etrangères avait déclaré que la Force Licorne et l'ONUCI s'étaient ingérées dans un conflit interne en Côte d'Ivoire en apportant leur soutien aux troupes d'Alassane Ouattara. Pour tout, le délit est que les exactions commises par ces mêmes dirigeants ont été suivies par plusieurs des membres permanents du conseil de sécurité de l'Union Africaine qui, pour eux, n'a attiré qu'un souci de division. Le Gabonais Jean Ping, président de la Commission de l'Union Africaine, après sa sortie d'audience avec le président Gbagbo a donné sa position suite aux événements : «L'Union Africaine n'a jamais demandé le départ du président Gbagbo. Avec tout le respect et toute la considération que nous avons pour la presse, nous n'avons pas de déclaration à faire. Nous sommes venus travailler». Une déclaration d'autant plus étonnante que le président Sarkozy fait savoir à qui veut l'entendre qu'il a même le soutien de l'UA et de la CEDEAO, d'après une source de media étrangers et de RFI. On le voit bien, il y a un véritable malaise et une absence véritable de consensus sur le cas ivoirien contrairement à ce que présentent les médias français. C'est justement ce qui agace le président de la Commission de l'UA. En effet «très agacé par les pressions et ingérences extérieures aveugles» dans les affaires ivoiriennes, il se serait offusqué surtout de la cabale contre Thabo Mbeki, soulignant qu'à cette allure, l'UA n'aurait plus de médiateur nulle part, si l'organisation panafricaine devait envoyer sur le terrain, chaque fois, des ennemis d'un des camps en conflit. On peut le dire sans risque de se tromper que le dossier ivoirien gêne beaucoup. Plusieurs leaders de la Communauté CEDEAO se sont prononcés en demandant au président sortant, Laurent Gbagbo, de céder le pouvoir. A ce niveau, l'Union Européenne, qui a maintes fois participé à des négociations avec le Président sortant, a décidé le 20 décembre 2010 que Laurent Gbagbo sera soumis à une interdiction de visa. Les Etats-Unis ont eux aussi utilisé les mêmes moyens de coercition avec Gbagbo. Cette sanction est aussi valable pour 18 de ses alliés et conseillers. La sanction a été adoptée 48 heures après l'accord. En matière de pertes en vies humaines, la Commission des droits de l'homme des Nations Unies évalue à la mi-janvier 2011, le nombre de morts à au moins 247 personnes, soit une augmentation de 37 personnes mortes par rapport à la semaine précédente. La commission recense par la même occasion 49 disparus depuis le début des manifestations postélectorales. |
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