Analyse des faits politiques en Afrique: cas de la Cote d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Herphi Halerre Bouyoméka Mikolo et Pascaline AVLESSI projet cerco du benin - Licence communication et relations internationales 2010 |
Paragraphe 2 : les conséquences économiquesLes perturbations qu'a connu ce pays ont suscité pas mal de craintes et beaucoup d'engouements. Le démarrage des activités a connu des lenteurs considérables à cause du faible taux de croissance économique observé depuis le début des crises. De ce fait, ces perturbations se sont ressenties non seulement sur le plan national, mais aussi sur le plan international. A- Sur le plan national Les jours pillages qui ont marqué les manifestations anti-françaises des 6, 7 et 8 novembre 2004 en Côte d'Ivoire, suivis du départ massif de plus de 8.000 occidentaux dont une très grande majorité de français, risquent de nuire à tous les secteurs d'activité et de peser gravement et durablement sur l'économie ivoirienne, les entreprises hexagonales contribuant jusque là à plus de 51% aux recettes fiscales du pays. A la mi novembre 2004, la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire (CCI-CI) a dressé le premier bilan suivant : 10 000 emplois directs ont été perdus suite à ces violences et 100 entreprises ont disparu. Ce bilan est d'autant plus inquiétant qu'en Côte d'Ivoire, chaque salarié fait vivre en moyenne 10 à 20 personnes. Sur 147 filiales de grandes entreprises françaises recensées en Côte d'Ivoire, 135 fonctionnent au ralenti après le départ de 75% des 350 expatriés employés par ces grandes entreprises. S'il apparaît moins atteint, le secteur industriel risque d'être handicapé par le manque d'approvisionnement, par annulation de commandes et/ou par le défaut de paiement de leur production. Selon un entrepreneur privé spécialisé dans l'import-export et qui n'a pas eu à déplorer de pillages, l'activité de son entreprise est actuellement réduite à 5% de la normale. Dans le secteur du cacao dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial avec 40% des parts de marchés, les producteurs ont souffert de perturbations dans l'acheminement de la production vers le port d'Abidjan pendant les troubles. Les stocks de fèves qui ont pu atteindre le port d'Abidjan attendent d'être évacués vers l'Europe et l'Amérique, les armateurs hésitant à envoyer leurs bateaux vers les côtes ivoiriennes présentées comme une destination à risque. Les coopératives de la filière café-cacao sont très inquiètes sur le retard pris par l'Administration ivoirienne pour financer la campagne 2004-2005. Les finances publiques de l'État ivoirien, déjà mises à mal par quatre années difficiles, accusent le choc: le ralentissement général de l'économie a d'ores et déjà un impact considérable sur les cotisations sociales et sur les recettes douanières. Les mesures d'accompagnement aux entreprises, essentiellement sous forme d'exonérations fiscales (voir ci-dessous), pèseront encore davantage sur le budget de l'Etat en 2005. A plus long terme, l'évaluation à la hausse du "risque pays" par les organismes de garantie va avoir des conséquences désastreuses sur l'investissement et les activités d'import export en Côte d'Ivoire. Les PME/PMI, principales victimes de la crise : La crise franco-ivoirienne ne devrait pas remettre en cause la présence ni les intérêts en Côte d'Ivoire des grands groupes français, mais pourrait en revanche porter un coup très rude au tissu des quelque 600 PME/PMI présentes dans le pays. Pour Bernard Conte, professeur d'Économie à l'université Bordeaux IV et spécialiste de l'Afrique de l'Ouest, la conséquence la plus grave d'un départ des Français de Côte d'Ivoire sera la disparition de ces petites et moyennes entreprises ou industries (PME/PMI), principales victimes de la crise et qui étaient très bien réparties dans tous les secteurs d'activité, générant quelque 36.000 emplois ivoiriens. Ces PME/PMI jouent un rôle important de redistribution en matière d'emploi, et sont aussi des têtes de pont vers le marché Ouest africain. Si ces entreprises disparaissent de Côte d'ivoire le risque existe qu'une partie d'entre elles se déplacent vers des zones plus stables de la région, comme le Sénégal, le Togo ou le Bénin. La situation est d'autant plus dommageable que le pays traverse de graves difficultés économiques avec un taux de croissance négatif depuis 2000: -2,5% en 2000, 0% en 2001, -1,6% en 2002 et -5% en 2003, selon les chiffres de l'Agence française de développement (AFD). Enfin, début novembre, la Banque mondiale a classé la Côte d'Ivoire dans la catégorie des pays à dette improductive; les financements ont été stoppés. Voici une liste provisoire des dégâts recensés à la mi-novembre 2004 : · six établissements scolaires dispensant des programmes français dévastés à Abidjan, San Pedro et Yamoussoukro, · plusieurs centaines de logements pillés, · des agences Orange et Telecel détruites à Cocody, Yopougon, Abobo, Plateau. · les stations d`essence à l`enseigne Total ont été fortement endommagées dans plusieurs quartiers. · la pâtisserie Michel Eynard à Cocody détruite. · les domiciles de Français dans plusieurs quartiers totalement mis à sac, · la boutique Amobla sur le boulevard pillée, · les domiciles de personnalités et de partis politiques mis à sac, · un magasin sur le boulevard de Marseille spécialisé dans la vente d`objets d`arts a été entièrement pillé, · des supermarchés notamment les magasins cash center à Yopougon et à Abobo ont été totalement dévastés, · à San Pédro et dans d`autres villes de l`intérieur: destructions massives d`entreprises françaises. Alors même que les dégâts occasionnés par la crise 2002-2004 sont en train de mettre la Cote d'ivoire dans un état pitoyable, ceux de la récente crise postélectorale 2010-2011 surgissent avec des conséquences aussi nombreuses que désastreuses au plan économique. En effet, l' Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) reconnaissant Ouattara comme le vainqueur de l'élection de 2010,le gouverneur de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Philippe-Henry Dacoury-Tabley, qui assurait toujours le financement de l'état dirigé par Gbagbo, a été obligé de démissionner le 21 janvier 2011. Ce qui fait que Gbagbo, pour ne pas être à court de liquidités, organise la saisie des agences de la BCEAO. Le 24 janvier, Ouattara demande et obtient un embargo sur le cacao ivoirien, qui est mis en place jusqu'au 8 avril 2011. Alors que les prix avaient baissé avant l'élection à 2 780 dollars la tonne, le prix de la tonne de cacao atteint 3 666 dollars en février. Ouattara déclare que la crise pénalise l'économie. Des manifestations de producteurs de cacao ont lieu en février pour dénoncer l'embargo. Le 9 février, la Bourse régionale des valeurs mobilières d'Abidjan ferme après que des forces loyalistes à Laurent Gbagbo envahissent ses bureaux puis rouvre le lendemain. Le 15, elle referme après une réunion du conseil d'administration. La bourse, le 25, est déplacée temporairement à Bamako au Mali. Durant la semaine du 14 au 18 février, des banques, notamment la BICICI, Citibank, la SGBCI, Standard Chartered Bank, Access Bank, la BIAO, la BACI, Ecobank ferment leurs agences. Elles invoquent des problèmes d'ordre technique et sécuritaire. Cela provoque une pénurie de monnaie et des difficultés pour l'État ivoirien pour payer ses fonctionnaires. Le 17 février, le gouvernement Gbagbo décide de nationaliser la BICICI et la SGBCI, ce qui permet le paiement des fonctionnaires début mars. Le 22 février, la SIR, Société Ivoirienne de Raffinage, n'ayant plus la possibilité d'acheter de pétrole brut, suspend toutes ses activités jusqu'à nouvel ordre. Cette raffinerie fournit en essence, non seulement la Côte d'Ivoire, mais aussi d'autres pays de la région comme le Mali ou le Burkina Faso Suite à la fermeture des banques et des ports, les prix de la viande, de l'huile, du sucre et du gaz ont fortement augmenté. Les médicaments ne sont plus disponibles. Le 9 mars, Gbagbo donne jusqu'au 31 mars aux exploitants de cacao ivoirien pour reprendre leurs exportations sous peine de sanctions financières. La crise ivoirienne a aussi un impact dans d'autres pays de la sous-région comme le Mali et le Burkina Faso, ou le Niger qui dépendent des ports de Côte d'Ivoire ou de l'économie ivoirienne. B- Sur le plan international Les conséquences de la guerre civile ont des impacts néfastes aussi bien politique, économique que social, non seulement pour la Côte d'Ivoire, mais aussi pour les pays voisins. Au Burkina Fasso, pris dès le départ pour boucs émissaires dans une crise dont les causes profondes leurs échappent ,les ressortissants sahéliens vivant en Côte d'Ivoire ,burkinabè et maliens en particulier, subissent des exactions de toutes sortes : il s'agit principalement d' expropriation de leurs biens patiemment acquis, d'humiliations diverses allant de violences corporelles aux viols des femmes ou pire, d'assassinats...Face à cette situation, le gouvernement burkinabè a lancé l'opération «Bayiri» qui signifie « retour au pays natal ». Elle vise le rapatriement des burkinabè de Côte d'Ivoire qui désirent regagner leur pays. L'opération « Bayiri » est essentiellement financée par le Gouvernement, mais elle enregistre des contributions diverses provenant de toutes parts (Individus, sociétés privées, institutions internationales, organisations non gouvernementales...). Les dons se composent non seulement de liquidités, mais aussi de nattes, médicaments, nourriture, vêtements... L'opération, depuis son démarrage le 13 novembre 2002 au début décembre 2002, a permis le rapatriement d'environ 4.000 volontaires, candidats pour un retour au pays natal. Les rapatriés sont pour la plupart des femmes, des enfants et de jeunes adolescents de 17 à 20 ans. Nous rappelons que les statistiques avancent le chiffre d'environ trois millions de burkinabè vivant en Côte d'Ivoire, souvent depuis plusieurs générations. Les répercutions fondées sur la base du rapatriement créent d'énormes dégâts au plan sociales des pays voisins Ces rapatriements vont poser de nombreux problèmes sanitaires, alimentaires et de réinsertion sociale. Certes, la production céréalière prévisionnelle 2002-2003 du Burkina, évaluée par le dispositif d'enquête permanente agricole, est estimée à 3.276.600 tonnes de sources proches du ministère de l'agriculture. Cette production est en augmentation de 5% comparée à la campagne 2001-2002 et de 22% au regard de la moyenne des cinq dernières campagnes. Un bilan céréalier prévisionnel excédentaire de 672.900 tonnes s'en dégage. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que les populations du Burkina tirent l'essentiel de leurs revenus de l'agriculture. La solidarité familiale aidant, les rapatriés dépouillés de leurs biens, vont constituer un poids énorme pour les familles d'accueil au village en terme de prise en charge alimentaire, vestimentaire et de santé. En l'absence d'autre source de revenu, les excédents des récoltes céréalières risquent d'être très rapidement engloutis. En décembre 2002, s'il est vrai que la crise ivoirienne n'avait pas encore eu de répercussion sur le cours des céréales, il est à craindre qu'une augmentation significative de la demande soit à l'origine d'une tension sur les prix. A la même époque, les hausses de l'ordre de 10 à 15% du prix des produits alimentaires importés étaient la simple conséquence de la déviation du fret qui entraîne des coûts supplémentaires. |
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