TITRE I : AMBIVALENCE ET TYPDLOGIE DE LA SYNERGIE : UNE
ANALYSE CONCEPTUELLE DES MOTIVATIONS DE FUSION.
TITRE I : AMBIVALENCE ET TYPOLOGIE DE LA SYNERGIE :
UNE ANALYSE CONCEPTUELLE DES MOTIVATIONS DE FUSIONS
Cette premiere partie regroupe trois chapitres se resumant pour
l'essentiel a la definition du concept de synergie (Chapitre I), sa mesure
(Chapitre II) et son effectivite (Chapitre III). Il est ici question de dresser
un survey theorique et chronologique de ce maillon central de l'economie
industrielle en examinant tous ses aspects, ses specificites, afin de pouvoir
tirer quelques enseignements.
CHAPITRE I : Definition et nature des synergies liees
aux fusions
La premiere section se resume a une tentative de definition et de
modelisation de la synergie. Ce chapitre mettra egalement l'accent sur le
caractere dual du concept, avec plus presicement les synergies externes
(section 2) et internes (section 3).
Section 1 : Definition et modelisation du concept de
synergie
Nous essayerons tour a tour d'expliquer ce qu'est la

synergie (paragraphe 1), puis nous tenterons de la formaliser
grace a un modele math matique emprunte a Igor ANSOFF (paragraphe 2).
Para9raphe 1 : Definition du concept de synergie
D'une maniere generale, le mot synergie que les anglosaxons
appellent synergy ou synergism date du 18eme siecle et vient du grec synergia
qui veut dire cooperation. I1 s'agit donc d'une action coordonnee de plusieurs
organes, c'est-a-dire
une association de plusieurs facteurs qui concourent a une
action, a un effet unique.
La synergie est souvent designee sous le nom d'effet
"2 2 = 5" (3), traduisant l'idee selon laquelle
l'entreprise peut obtenir d'une nouvelle combinaison d'activites, un impact
superieur a la somme de ses resultats pris individuellement.
Les entreprises caracterisees par des desequilibres inverses sont
complementaires et ont interet a s'associer. Ces associations permettent de
faire apparaitre d'importants
gains de synergie. La reunion d'actifs complementaires,
auparavant partiellement inutilises fait du nouvel ensemble constitue par
l'integration des activites, plus que la somme des composants rassembles. Ainsi
un fort potentiel commercial peut permettre d'utiliser pleinement la capacite
de production inemployee
d'une autre entreprise. En outre, la capacite de financement
d'une firme a activite stagnante peut valoriser le potentiel de croissance
d'une societe aux ressources financieres insuffisantes. De nombreuses
entreprises souffrent de desequilibres internes : exces de capacite dans
certaines fonctions, insuffisance dans les autres, ce qui rend mutuellement
profitables aux participants les operations de croissance externe.
Le but vise par cette strategie est d'accroltre la compe-
(3) Confere Igor ANSOFF "Strategie de developpement de
l'entreprise" pages 61 et 64, traduction frangaise, 1968 (ed. H &
T).
titivite globale du groupe issu de la fusion grace a une
complementarite des activites entre elles.
La synergie joue lorsqu'une addition de deux ensembles permet une
grande diminution du clout. Ce concept a ete utilise pour la premiere fois en
gestion par Igor ANSOFF dans son ouvrage célèbre "Corporate
Strategy" en 1965.
Plus recemment en 1987, Bruno HUSSON l'a developpe
dans "La prise de contrale d'entreprises" (PUF - Finance). Dans
les deux cas, la synergie n'echappe pas au determinisme du
tout car en fait, chacun des auteurs associe a ce concept les
effets de la grande taille et par consequent, de la baisse des
cot-its.
Pour mieux comprendre le concept de synergie, nous allons
emprunter certains rudiments de "l'approche systemique" (3bis) dans la
mesure oil la synergie n'est positive que si l'on adopte une demarche
systemique.
Cette approche nest pas une approche d'entreprise mais
l'entreprise est integree dans celle-ci. L'approche systemique nait dans les
annees 1930 suite aux decouvertes en biologie. De la cellule vue d'une facon
isolee, on passe a la cellule
(3bis) La theorie des sytemes de VON BERTALANFFY a debouche dans
les annees 1960-70 sur une formulation generale.
L'approche systemique est née et ne s'est developpee qu'a
partir de trois etudes concommittantes :
* la cybernetique de Norbert WIENER (1948),
* la theorie de l'information de SHANON et WIENER (1949),
* la theorie des jeux de VON NEUMANN et MORGENSTER (1947).
Ces theories et approches stipulent qu'entre les parties d'un
systeme, it existe des organes fonctionnellement differents, des informations
qui creent des liaisons ente eux et qui empruntent les structures du systeme,
des processus d'autoregulation qu'on soit en processus de meme finalite ou
d'anta-
gonisme.
Ce sont les developpements de ces approches qui ont fait
reconnaitre la theorie generale des systemes, comme etant d'application
generale et tendant vers l'unite des sciences.
inseree dans un environnement, ce qui constitue une veritable
revolution intellectuelle. En effet, on demontre que la cellule isolee ne peut
non seulement etre comprise isolement, mais doit etre situee dans le corps ou
elle se trouve normalement. On ne peut comprendre comment elle marche si on ne
voit pas quelle peut etre sa fonction dans le corps dont elle est issue. Un
raisonnement analogue peut etre fait en remplacant la cellule par une activite
ou par une entreprise, et le corps par l'ensemble des activates ou le
groupe.
L'approche systemique est en opposition avec l'approche
mathematique et scientifique monolithique de l'epoque et des
époques precedentes. A cette periode, VON BERTALANFFY ecrit "un tout est
plus que la somme de ses parties", signifiant simplement que les
caracteristiques constitutives ne peuvent s'expliquer a partir des
caracteristiques des parties prises isolement. Les proprietes du complexe
paraissent donc par
rapport a celles des elements comme "nouvelles" et emergentes".
Un systeme peut etre defini comme un complexe d'elements en interaction.
C'est sans doute la base du raisonnement d'Igor ANSOFF puisqu'il
pense que la grande entreprise homogene et integree
a plus d'avantages que l'agregation de petites entreprises prises
separement.
L'explication de la synergie par l'egalite 2 + 2 = 5 parait
paradoxale car elle remet en cause un principe mathematique elementaire
d'additivite des valeurs.
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