II.2
.2. Essor du secteur tertiaire
A travers l'analyse de la structure des emplois, on constate
que les femmes se retrouvent majoritairement dans les emplois du secteur
tertiaire. En effet, depuis la fin des années 1950, une tendance qui a
caractérisé l'évolution de la structure des emplois
explique la concentration des femmes dans ce secteur : la tertiarisation du
marché du travail. Au coeur de cette mutation, les femmes n'ont pas
accompagné le mouvement, elles ont très fortement
contribué à le produire. Et inversement, c'est parce que l'emploi
devenait de plus en plus tertiaire que les femmes y ont accédé
nombreuses.
Le déclin de l'agriculture et de l'industrie qui se
déroule tout au long du 20ème siècle va commencer à
profiter massivement aux femmes dès le début des années
1960. A partir de ce moment, on voit se profiler une accélération
des processus de tertiarisation de la société qui se poursuit
aujourd'hui encore. Entre les années 1955 et les années 2005, la
part des emplois tertiaires, c'est-à-dire des emplois
créés dans le secteur des services, passe de 40 % à 70 %
du total. La répartition sectorielle des emplois a donc connu une forte
mutation. C'est donc dans le secteur tertiaire que les femmes vont s'engouffrer
à grande vitesse, accélérant ainsi le mouvement qui pousse
de plus en plus de salariés vers les emplois tertiaires. Les femmes se
retrouvent donc principalement dans le secteur tertiaire car elles
débutent leur entrée sur le marché du travail au moment ou
ce secteur est né. Ainsi, cela a permis aux femmes à rapidement
trouver des emplois, et au secteur des services de se développer.
Cette prédominance des femmes dans le tertiaire se
vérifie dans tous les pays, y compris dans ceux ou la part du secteur
agricole demeure importante, et dans ceux ou la désindustrialisation est
moins marquée. On a donc là un des éléments
d'explication de la progression de l'activité féminine. Depuis
plusieurs décennies, le tertiaire est une des terres d'accueil de
l'emploi féminin. Nombres de métiers et professions
traditionnellement féminins s'y retrouvent. Or le tertiaire est
resté tout au long des années de crise, le seul secteur
créateur d'emplois. En ce sens, la division sexuelle des secteurs
d'activité a protégé les femmes de la crise de l'emploi et
permis la continuité de la progression de l'activité
féminine. Mais les femmes sont aussi les plus touchées par le
chômage et cela pour toutes les catégories socioprofessionnelles.
En effet, l'écart est en leur défaveur d'environ un point. Ainsi,
en 2006, le taux de chômage des employées est d'environ 9.5 %
tandis que celui des employés est d'environ 8.5 %. De même pour
les femmes de la CSP artisan, commerçants et chef d'entreprise dont le
taux de chômage est de 5 % alors que pour les hommes de cette CSP il est
de 4 %. Seul pour la CSP ouvrier, l'écart est plus important. En effet,
17.3 % des ouvrières sont au chômage contre 10.2 % des hommes. Le
taux de chômage par CSP est donc plus important pour les femmes.
Les femmes se retrouvent donc principalement dans le secteur
tertiaire car elles sont arrivées sur le marché du travail au
moment de l'évolution de la structure des emplois avec l'apparition du
secteur tertiaire. Ainsi, elles ont non seulement trouvés rapidement des
emplois dans ce secteur, mais ont également contribué à
son développement.
Il existe donc une discrimination sectorielle des femmes. Les
femmes sont inégalement réparties au sein des secteurs
d'activité économique et au sein des catégories
socioprofessionnelles. Les femmes se retrouvent principalement dans le secteur
tertiaire car elles sont arrivées sur le marché du travail au
moment de son apparition et ont ainsi aussi contribué à son
développement. Les femmes subissent donc une discrimination sectorielle
mais il existe aussi des discriminations au niveau des salaires et des
revenus.
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