Discrimination sur le marché du travail : les
femmes
Mémoire présenté pour l'obtention d'une
licence d'économie
Professeur : Elèves :
Mme Catherine SOFER Nassila BENSEMANE
Yasemin BICKEN
Youssef FENNIRA
2008-2009
SOMMAIRE
SOMMAIRE
1
INTRODUCTION
1
I. Les nouvelles théories
économiques de la discrimination et mesures
économétriques
3
I.1. L'approche de Becker et les mesures de la
discrimination
3
I.1.1. La discrimination des différents
agents du marché
4
I.1.2. Modèles de recherche d'emploi
6
I.1.3. Les travaux économétriques
8
I.2. La discrimination statistique
12
I.2.1. Fiabilité de l'information
12
I.2.2. Discrimination statistique et
stéréotypes
14
II. Discrimination des femmes sur le marché
du travail
15
II.1. Discrimination des femmes à
l'entrée sur le marché du travail
16
II.1.1. Les causes des discriminations
16
II.1.2. Les disparités contractuelles
à l'embauche
17
II.2. Discrimination sectorielle des femmes
19
II.2.1. La place des femmes dans les
différents secteurs d'activité
19
II.2 .2. Essor du secteur tertiaire
20
II.3. Discrimination des salaires et des
revenus
22
II.3.1. Théories explicatives et
évolutions salariales
22
II.3.2. Salaires par secteur et retraites
23
III. Les politiques sociales portant sur la
discrimination
25
III.1. Les actions de l'Etat
26
III.2. Les politiques sociales au sein de l'Union
Européenne
27
III.2.1. Objectifs de l'UE dans la lutte contre la
discrimination
27
III.2.2. La Feuille de route, engagement de la
Commission à faire progresser la politique d'égalité entre
les femmes et les hommes.
28
III.3.Comparaison au sein de l'Union
européenne
30
CONCLUSION
31
BIBLIOGRAPHIE
32
ANNEXE I
34
ANNEXE II
36
Salaires horaires nets moyens dans le secteur
privé à temps complet et à temps partiel
36
INTRODUCTION
La féminisation du marché du travail est
indéniable. La part des femmes dans la population active
française est passée de 34 % à 47 % de 1962 à
aujourd'hui. Malgré cette hausse, les inégalités
salariales entre les hommes et les femmes persistent. Les femmes sont
statistiquement moins enclines à occuper des hauts postes et obtenir des
salaires élevés ; leur salaire mensuel moyen est
inférieur de 20 % à 27 % à celui des hommes. Le sexe reste
donc un facteur déterminant de la position professionnelle des individus
sur le marché du travail.
Ces inégalités sont représentatives de la
discrimination que subissent les femmes, mais n'en sont que la partie
visible.
De manière générale, la discrimination
signifie que pour deux individus de productivités identiques, l'un des
deux aura moins de chance d'accéder au marché du travail, de
grimper dans la hiérarchie et d'avoir le même salaire. On peut
distinguer deux types de discrimination : la discrimination dite
économique, illustrée par l'exemple ci-dessus et la
discrimination à l'embauche dans certains secteurs qui poussent les
femmes à choisir certains types d'études au lieu d'autres ;
études qui ont la réputation d'avoir des débouchés
discriminants sur le marché du travail et sont donc moins attrayant pour
les femmes car moins rentables. Dans ce dernier exemple, la variante est que la
discrimination sur le marché est à l'origine des écarts de
productivité entre les deux sexes ; écart de
productivité qui peut aussi être expliqué par le
harcèlement ou le dénigrement de leur participation sur leur lieu
de travail par leurs collègues masculins qui peuvent engendrer une
baisse de productivité.
Il existe une autre forme de discrimination qui trouve son
origine dans les choix et les préférences des agents (facteurs
exogènes) qui peuvent exprimer une préférence pour la
sphère domestique au détriment de la sphère productive,
caractéristique propre à la division sexuelle du travail car elle
l'amplifie, ce qui la différencie de la discrimination raciale, sur
laquelle la division du travail domestique ou non domestique n'interfère
pas. Les choix de spécialisation des femmes sont donc dictés par
le rôle que leur attribue la société ce qui en fait une
discrimination de type social.
Les femmes se retrouvent prisonnières d'un
marché du travail principalement masculin par sa direction, qui
perpétue les valeurs du passé et ne s'adapte pas aux
caractéristiques de l'emploi féminin qui pourtant est un gain de
productivité indéniable sur le marché.
Mais pourquoi les femmes sont-elles donc
discriminées ? Pourquoi ont-elles tant de mal à
intégrer le marché du travail et s'y développer ?
L'écart de salaires constaté est-il le fruit de pratiques
discriminatoires ? La discrimination devient-elle une attitude en
société ?
Différents travaux, comme ceux d'Oaxaca -Blinder (1973) et
d'autres qui en découlent, ont cherché à déterminer
la part due à la discrimination dans les inégalités de
salaires observées. D'autres comme Becker (1957) ont essayé de
trouver les origines même de la discrimination sur le marché du
travail.
Pour comprendre quels sont les déterminants de la
discrimination sur le marché et comment ils sont perçus, nous
allons dans un premier temps étudier les différentes
théories économiques et les travaux économétriques
afin de mieux cerner les causes de la ségrégation et les
écarts de salaires qui persistent dans le temps. Dans un second temps,
nous allons présenter le constat français de ces discriminations
et comment celles-ci sont expliquées. Enfin, nous présenterons
les différentes politiques sociales mises en oeuvre pour y
remédier à l'échelle française et européenne
ainsi que le bilan de chaque pays.
I. Les nouvelles
théories économiques de la discrimination et mesures
économétriques
I.1. L'approche de Becker
et les mesures de la discrimination
Francis Edgeworth (1922) est l'auteur de la première
théorie néoclassique mais les travaux de Gary Becker (1957)
restent les plus importants dans l'étude de la discrimination.
La théorie de Becker (1957) expose les
préférences discriminatoires, qui reposent sur le fait qu'il y
ait un goût pour la discrimination de la part des employeurs,
employés ou consommateurs qui renoncent à une partie de leurs
revenus pour éviter de travailler avec les femmes.
I.1.1. La
discrimination des différents agents du marché
Par hypothèse, les hommes et les femmes ont les
mêmes productivités marginales, ils sont donc substituables.
Les employeurs cherchent à maximiser leur
utilité et non leurs profits. Leur préférence à
l'embauche des hommes repose sur le gain d'utilité, en supposant que les
femmes leurs apportent une utilité négative. Kenneth Arrow
(1972/1973) et Gary Becker (1957) formulent l'hypothèse que les
employeurs retirent simultanément une utilité négative des
femmes et une utilité positive des hommes. Etant donné qu'en
réalité le fait qu'un employeur n'embauche que des personnes d'un
même sexe, la théorie est inconcevable.
Kenneth Arrow (1972-1973) et Gary Becker (1957) vont
émettre une seconde hypothèse, selon laquelle tous les employeurs
ont un comportement discriminatoire mais vont choisir ce qui les avantage pour
maximiser leur utilité ; engager des femmes à plus bas salaire et
supporter un coût psychologique ou embaucher des hommes. Selon ce qui est
le plus rentable, l'employeur choisira de n'embaucher que des femmes ou que des
hommes. A long terme, seule l'entreprise la moins discriminatoire, qui aura
donc fait le plus de profits survivra et rachètera ses concurrents. Les
inégalités salariales vont donc se dissiper, dans la mesure
où les entreprises embauchant des hommes disparaissent et celles
embauchant des femmes se développent.
Si les employeurs ont une répulsion à engager
des femmes, cette répulsion est représentée par un
coefficient dit « coefficient de discrimination ». En posant les
femmes comme le type B et qu'elles postulent pour un travail en demandant un
salaire WB, le coût salarial perçu par l'employeur équivaut
à WB(1+di), où di représente le coefficient de
discrimination de l'employeur i. donc même si un travailleur de type A se
présente avec un salaire demandé WA>WB il sera embauché
si WA<WB(1+di).
Il est considéré comme étant de «
connaissance commune » que les deux agents ont les mêmes
caractéristiques productives.
Les deux hypothèses nous donnent deux
prédictions : une ségrégation entre entreprises et des
disparités salariales qui disparaissent à long terme.
Néanmoins, cette analyse comporte des lacunes dans la
mesure où la discrimination ne se voit pas au niveau des entreprises
mais au niveau sectoriel et que les disparités salariales persistent et
ne disparaissent pas à long terme.
Les conclusions qui en découlent sont que la
discrimination n'est pas propre aux employeurs et se retrouve ailleurs sur le
marché.
Cela nous conduit à l'idée d'une discrimination
par les employés masculins. Ce modèle suppose que les
salariés masculins répugnent à travailler avec ou pour des
femmes.
Ils supposent que du fait qu'on les oblige à travailler
avec des collègues féminines, une prime leur est due pour
compenser le préjudice.
D'autres économistes développent ce
modèle, l'idée de mixité au sein du travail et non la
substitualité.
Kenneth Arrow (1973) évoquera les coûts de
recrutement, en posant l'idée que des coûts fixes lourds,
contraignent les entreprises à opérer une mixité de la
main d'oeuvre mais que cela ne résorberait pas pour autant les
disparités salariales.
Cotton Lindsay et Michael Maloney (1988) modélisent
cette approche en mettant en évidence que la ségrégation
est coûteuse.
Ce modèle suppose qu'une entreprise qui embauche sa
main d'oeuvre comme elle se trouve sur le marché du chômage n'aura
pas à supporter des coûts de recrutement élevés. Or
une entreprise qui répugne à embaucher des femmes, va avoir
d'avantage de coûts pour multiplier les entretiens d'embauche afin de
n'embaucher que les individus non discriminés.
Néanmoins les entreprises qui n'embauchent pas de
femmes, verseront des salaires plus faibles aux hommes car il n'y a pas de
prime à verser. Ces deux effets se compensent donc. On retrouve ainsi
les observations empiriques dans ce type de discrimination grâce à
cette modélisation, mise en doute tout de même par le fait qu'il
existe sur le marché des hommes qui ne répugnent pas à
travailler avec des femmes.
Finis Welch (1967) fût le premier à poser
l'idée que les femmes et les hommes sont complémentaires au
travail en raison de leurs différences d'éducation. La
productivité de l'entreprise se voit donc accrue du fait de cette
complémentarité qui stimule aussi la productivité des
hommes au contact de leurs collègues féminines, et les gains de
l'entreprise vont augmenter dans le cas où les primes versées aux
employés hommes ne dépassent pas le gain de
productivité.
Ce modèle présente donc un contexte où la
mixité au sein de la main d'oeuvre est possible et même
préférable et des disparités salariales dues à
leurs différences d'éducation qui engendrent des
productivités différentes. Cela n'explique néanmoins pas
pourquoi un employé homme et une employée femme de même
formation n'ont pas le même salaire.
James Ragan et Carol Tremblay (1988) adaptent le modèle
de Kenneth Arrow à cette notion de complémentarité. Dans
ce modèle, l information est imparfaite : on ne sait pas si un
cadre répugne ou non à travailler avec des femmes. Dans ce
modèle, tous les cadres sont des hommes, dans le cas où les
postes vacants de cadres sont peu nombreux, un homme qui répugne
à travailler avec des collègues féminines acceptera ce
poste sans demander de prime mais dès qu'un poste similaire sans
présence de femmes dans l'entreprise, il démissionnera pour le
prendre.
Dans ce contexte, les employeurs vont préférer
anticiper et offrir une prime à tous les cadres hommes sans savoir si
ceux là répugnent ou non à travailler avec des femmes.
La différence avec le modèle initial d'Arrow,
les disparités ne s'effaceront pas à long terme.
Ce modèle suppose néanmoins que seuls les hommes
occupent les postes de cadres, or dans la réalité il existe des
femmes cadres qui ne répugnent pas à travailler avec leurs
semblables. Les employeurs vont donc préférer embaucher des
cadres femmes pour ne pas supporter les coûts de discrimination tels que
les primes.
La dernière discrimination est une discrimination faite
par les consommateurs, qui répugnent à consommer des biens
produits par des femmes (employées ou employeurs).
Cette dernière discrimination joue un rôle mineur
dans la discrimination sur le marché du travail pour les femmes mais
nous lance sur d'autres pistes sur les modèles de recherche d'emploi.
I.1.2. Modèles de
recherche d'emploi
Modèles
appliqués aux employeurs
Selon Dan Black (1995), nous sommes dans un modèle
où les hommes et les femmes ont les mêmes productivités
mais il existe en même temps deux types d'employeurs sur le marché
: ceux qui répugnent à embaucher des femmes et
préfèrent avoir une main d'oeuvre exclusivement masculine et des
employeurs qui n'ont pas de préférence et engagent des individus
des deux sexes.
L'individu a le choix d'entrer sur le marché du travail
ou de rester en dehors : pour y accéder, il doit rechercher un
emploi, recherche qui a un coût mais pour laquelle il sera
dédommagé à partir de l'instant où il trouve un
emploi rémunéré (salaire ou utilité). Il choisira
d'accepter un emploi s'il lui offre son utilité de réservation
(utilité minimum l'intéressant).
Les entreprises non discriminatrices génèrent
une hausse de l'utilité de réservation des femmes alors que
celles qui ne le sont pas une baisse ainsi qu'une augmentation des coûts
de recherche d'emploi pour les femmes. Ce dernier constat entraîne des
salaires plus bas pour les femmes de la part des entreprises non
discriminantes, car pour maximiser leurs profits, elles profitent du fait que
les femmes soient refusées par des entreprises discriminantes,( ce qui
augmente leurs coûts de recherche et baisse leurs utilités de
réservation) pour leurs proposer des salaires plus bas qu'à leurs
homologues masculins, de même productivité, qui eux non pas subi
ce surcoût. Les femmes subissent alors des discriminations des deux types
d'entreprises.
Ce modèle démontre aussi que les entreprises
discriminantes dégagent de plus faibles profits en raison des
coûts de leur politique discriminante, mais rien ne nous éclaire
sur l'évolution des disparités salariales à long terme.
Il existe un autre modèle du même type,
développé par Audra Bowlus et Zvi Eckstein (1998), mais qui
présente les employeurs comme ceux qui font des recherches et non plus
les employés. Les deux types embauchent des femmes, avec une proportion
plus forte que celle de la population pour les non discriminatrices et plus
importante pour le deuxième type. Malgré cette
ségrégation partielle, les disparités salariales perdurent
à cause des productivités qui sont plus faibles pour les femmes
dans ce modèle.
Ce modèle est en accord avec les observations
faîtes en réalité, car elle présente une
ségrégation partielle et des inégalités de salaire
entre les hommes et les femmes. Néanmoins, ce modèle n'explique
toujours pas le fait que ces inégalités ne disparaissent pas avec
le temps.
Asa Rosen (1998) va proposer un modèle qui va essayer
d'y apporter une réponse en s'attaquant aux processus qui
déterminent les salaires.
Recherche d'emploi et
négociation de Nash des salaires
Le modèle d'Asa Rosen présente un marché
où il existe un grand nombre d'entreprises différentes qui ont
des goûts discriminatoires différents, modèle où
existent des entreprises totalement discriminatoires et d'autres qui
répugnent à embaucher des femmes mais le font tout de même
car elles sont à la recherche d'employés en même temps que
les individus sont à la recherche de travail. Les deux se mettent en
relation et l'alliance se fait si les conditions conviennent aux deux parties.
Ici les salaires ne sont pas déterminés par les
entreprises mais par un processus de négociation de Nash.
Les inégalités salariales sont présentes
sur tous les types d'entreprises, y compris les moins discriminantes et cela
est expliqué par le fait que les hommes ont un pouvoir de
négociation plus fort que celui des femmes. Les salaires féminins
sont donc fonction décroissante du degré de discrimination des
entreprises.
La nouvelle vision apportée par Asa Rosen est que les
salaires masculins sont fonction croissante du degré de discrimination.
Cela est expliqué par le fait que les entreprises discriminatrices ont
un pouvoir de négociation plus faible que les autres et doivent donc
rémunérer ses salariés masculins.
L'étude d'Asa Rosen est pertinente dans la mesure
où elle offre enfin une explication aux inégalités
salariales persistantes sur le marché car elle est la seule à
avancer l'idée que ce sont les entreprises discriminatrices qui font les
plus gros profits. Théorie qui ne peut être résorbée
par le marché dans le temps.
Recherche d'emploi et
discrimination de la part des employés
Les théories de bases avancées pour la recherche
d'emploi sont reprises ici par Michael Sattinger (1996) au niveau des
salariés.
Il nous offre une vision assez chaotique du marché du
travail, où les salariés répugneraient tellement à
travailler en présence des femmes que cela conduirait à une
ségrégation totale du marché, par le fait que de
très fortes pertes de productivité seraient
générées au contact des femmes, avec des entreprises
totalement masculines et d'autres totalement féminines et des
inégalités salariales persistantes.
Ce modèle étant totalement irréalisable
en réalité, il fût remanié par Madaru Sasaki (1999)
qui ajoute à ces deux modèles d'entreprises, un type d'entreprise
à main d'oeuvre mixte. Modèle n'offrant toujours pas une
explication possible à la persistance des écarts de salaires dans
le temps.
Il apparaît alors que la discrimination par les
employés n'apporte pas d'explication complète à ces
disparités qui continuent à long terme, contrairement à la
discrimination faîte par les employeurs.
I.1.3. Les travaux
économétriques
Gary Becker (1957) dit "It is his insight to observe that
finding a discriminatory effect of race or gender at a randomly selected firm
does not provide an accurate measure of the discrimination that takes place in
the market as a whole. At the level of the market, the causal effect of race is
defined by the marginal firm or set of firms with which the marginal minority
member deals. The impact of market discrimination is not determined by the most
discriminatory participants in the market, or even by the average level of
discrimination among firms, but rather by the level of discrimination at the
firms where ethnic minorities or women actually end up buying, working and
borrowing. It is at the margin that economic values are set." (Heckman)
La discrimination de marché représente donc la
distribution des coefficients de discrimination dans la population qui
déterminera l'écart de salaires de marché. Elle n'est pas
la moyenne des coefficients de discrimination des employeurs di.
Les écarts de salaires, sont omniprésents sur le
marché du travail, différents travaux visent à les
utiliser afin de repérer les discriminations sur le marché.
La mesure de base consiste en une équation dans
laquelle on explique le logarithme du salaire par différents facteurs
tels que l'éducation, l'expérience et différentes
variables muettes.
On pose :
Log wi =
ái+ â qualificationi + ã
sexi + åi
á, â et ã sont des valeurs de
paramètres à estimer et å représente une variable
aléatoire normale d'espérance nulle.
ã représente la valeur de la discrimination
à l'encontre des femmes si ã=1.
Il apparaît que cette méthode ne soit pas
très fiable :
· Variable muette valant 0 ou 1 pour le sexe, ce qui
n'est pas suffisant pour évaluer la discrimination sur le
marché.
· Le mode de formation des salaires est supposé le
même pour les deux sexes, chose irréelle.
En découle le choix d'utiliser la méthode
d'Oaxaca-Blinder (Oaxaca 1974-Blinder 1973).
Cette méthode estime séparément des
équations de salaires pour un groupe de référence et pour
d'autres groupes comparés au groupe de référence.
lnWi = âXi + åi
Où lnWi est le log naturel du salaire annuel brut
de i, Xi est le vecteur des variables pertinentes qui
influencent le salaire et â le vecteur des coefficients à
estimer.
ln Wm = ám + Xmâm
lnWf = áf + Xfâf
Sachant que la droite de régression des MCO passe par le
point moyen, on peut écrire :
ln Wm - ln Wf = ám - áf + âmXm -
âfXf
On obtient :
lnWm - lnWf = ám - áf + (âm-âf)Xf +
âm(Xm-Xf)
Avec partie expliquée : ám - áf +
(âm-âf)Xf
partie discriminatoire : âm(Xm-Xf)
Si on applique cette méthode aux
inégalités salariales en France, cela nous donne à capital
humain identique entre les 2 sexes d'un échantillon âgé
entre 30 et 45 ans, un résultat où les femmes obtiennent des
salaires inférieurs à celui des hommes. Pour l'ensemble des
salariés, à même nombre d'années d'études
identiques et expérience professionnelle réelle, les hommes ont
un salaire moyen supérieur de 27 % par rapport à celui des
femmes.
Mais étant donné la composition de la
méthode d'Oaxaca-Blinder, donc le fait que l'écart entre les
différents coefficients des variables soit celui qui donne la mesure de
la discrimination, pose le problème de la spécification et le
biais de sélection dans l'échantillon qui est dû au fait
qu'un taux plus faible de participation des femmes peut altérer les
coefficients associés aux femmes comme le présente Meurs et
Ponthieux (2000).
Après la correction du biais par Heckman (1976 ;
1979), l'écart inexpliqué reste de 4.2 %.
La mesure de la discrimination est sensible à la
précision avec laquelle sont mesurées les variables.
Selon l'exemple de Bayet (1996), Meurs et Ponthieux(2000),
mesurer l'expérience sans prendre en considération les
interruptions de travail telles que les congés de maternité ou
l'ancienneté, conduit à une sous évaluation de
l'expérience pour les femmes, ce qui est accroîtra la part de
l'écart de salaire dû à la discrimination.
Plusieurs économistes ont commencé par estimer
les équations de salaire seulement à partir des variables
individuelles. Mais cette estimation s'est révélée
inefficace car elle n'explique que la moitié de la variance des
salaires.
C'est pour cela que des variables d'emploi ont
été introduites pour augmenter le pouvoir explicatif des
équations de salaire, ce qui augmentait la part expliquée de
l'écart de salaire et ainsi réduisait la mesure de
discrimination.
Comme le prouve l'exemple d'Oaxaca (1973), l'écart de
salaire dû à la discrimination salariale passe de 77 % à 58
% lorsqu'il est mis en avance avec la CSP et le secteur d'activité.
Mais un problème se pose : ces différences
observées grâce à ces variables sont-elles celles
concernant la discrimination à l'embauche ou ne
représentent-elles que des différences de
productivité ?
Certains économistes, comme Thiry, choisissent de
bannir toute variable pouvant représenter des différences qui
sont le fruit de pratiques discriminatoires sur le marché du travail.
Cela suppose par exemple qu'on enlève la variable CSP de
l'équation de salaire. Une rentabilité plus faible de la part des
femmes peut alors soit, représenter une discrimination salariale soit,
pour des hommes et des femmes de même formation, une discrimination
à l'embauche. Elle peut aussi représenter un différentiel
de productivité non observé. Ce qui est mesuré n'est donc
plus très clair.
Dans la lignée de cette théorie, Sofer (1990)
supprime le taux de féminisation de la régression car elle
considère qu'elle capture en elle-même des comportements
discriminatoires. L'écart de salaire passe de 20.3 % à 17.8 %.
Il nous apparaît que la discrimination à
l'embauche est difficilement quantifiable et que la MOB ne la représente
pas. C'est pour cela que Brown, Moon et Zoloth (1980) l'ont remaniée
pour intégrer le fait que les femmes ont moins de chances d'obtenir des
postes hiérarchiques, ce que Bayet va démontrer sur un
échantillon homogène, indépendamment de
l'expérience professionnelle, qu'à formation égale les
femmes ont moins de chance d'occuper des postes importants.
Le peu de données ne pouvant permettre de mener cette
étude en France, la plupart des études se sont focalisées
sur la discrimination salariale. Une des plus récentes, celle de Meurs
et Ponthieux, montre sur un échantillon d'hommes et de femmes à
temps complet de l'enquête Jeunes et Carrière 1997, l'écart
entre les hommes et les femmes s'explique principalement par les
caractéristiques propres à chaque type (durée de travail
hebdomadaire, période d'inativité...). Après leur prise en
considération et en corrigeant le biais de sélection,
l'écart passe de 27 % à 5.4 %, et est interprété
comme étant de la discrimination salariale.
Les études économétriques se focalisent
sur la discrimination salariale qui se heurte aux problèmes de
spécificité des variables. Selon les variables choisies, les
résultats varient et donnent des estimations diverses de la
responsabilité de cette discrimination dans l'écart salarial.
Cependant toutes les études montrent que les femmes
subissent un écart de salaire comparativement aux hommes, dû en
partie à la discrimination salariale. Seule sa proportion reste
incertaine.
I.2. La
discrimination statistique
La discrimination statistique explique le comportement
discriminatoire de l'employeur en se reposant sur l'hypothèse
d'imperfection de l'information. Les entreprises ont une information
limitée sur les qualifications des candidats et sont alors
incitées à utiliser des caractéristiques facilement
observables, autrement dit des caractéristiques physiques pour
évaluer les productivités et les salaires. La discrimination est
alors fondée sur des jugements statistiques car les entreprises
considèrent que les caractéristiques physiques tel que la race,
le sexe sont en corrélation avec les performances.
I.2.1.
Fiabilité de l'information
Les employeurs disposent d'informations sur les candidats mais
il existe des différences dans la précision de l'information
entre les sexes pour évaluer les productivités individuelles.
Edmund Phelps émet cette hypothèse de base d'une
différence dans la qualité de l'information sur la
productivité fournie par chaque sexe. La discrimination sera alors
fondée sur des erreurs de mesure de la productivité. Les
employeurs basent leur décision d'embauche sur un signal
reflétant les compétences individuelles des salariés afin
d'obtenir de l'information sur la véritable productivité des
salariés. Bien que la productivité des hommes et des femmes soit
supposée identiques, les signaux de productivité eux, sont
supposés moins précis pour les femmes que pour les hommes. Ainsi,
une même valeur pour le signal est moins fiable à la vraie valeur
pour une femme que pour un homme. Les erreurs de mesure de la
productivité sont plus fréquentes chez les femmes donc, les
employeurs tiennent moins compte du signal de productivité lors de la
détermination des salaires féminins. Ainsi, pour un même
signal de productivité, les femmes ont une rémunération
inférieure à celle des hommes. Ce résultat conclut que
la structure salariale diffère entre les sexes mais est peu convaincant
dans l'explication de la présence et la persistance des écarts de
salaires hommes femmes.
Afin d'améliorer le résultat, il est par la
suite complété par deux principaux changements. D'une part, S.
Lundberg et R. Startz améliorent le résultat d'E. Phelps à
travers l'endogénéisation de l'investissement en capital humain
c'est-à-dire que les femmes sont moins incitées à suivre
une formation pour améliorer leur productivité puisqu'il y a une
discrimination initiale, et d'autre part, le résultat est
amélioré à travers l'intégration du concept
d'appariement, ce qui signifie que les employeurs qui ont plus mauvaise
perception des performances des femmes auront plus de mal à leur
proposer un emploi qui leur soit vraiment adapté.
S.Lundberg et R. Startz modélisent explicitement
comment les différences d'information influencent les décisions
d'investissement en formation des salariés, et cela en
considérant les salaires et l'investissement en capital humain comme
endogènes. Plus précisément, ils associent les concepts de
la théorie du capital humain et ceux du modèle de Phelps. Ainsi,
leur hypothèse est que la productivité d'un salarié dans
un emploi donné dépend de ses capacités innées qui
sont prédéterminées et de son niveau d'investissement en
capital humain. Les salariés décident alors d'investir ou non en
comparant les coûts de formation par rapport aux bénéfices
qu'elle apporte c'est-à-dire la perspective d'un salaire plus
élevé sur le marché. Les salariés vont alors
choisir leur niveau de formation tout en tenant compte de l'idée de
Phelps sur l'incertitude plus importante de la productivité des femmes
par rapport à celle des hommes, autrement dit que finalement les hommes
avec un fort signal vont être mieux payés que les femmes avec un
signal équivalent. Le coût d'amélioration par la formation
est alors le même pour les hommes et les femmes tandis que le
bénéfice attendu ne l'est pas. Les femmes seront alors moins
incitées que les hommes à investir en formation, ce qui se
traduit donc par une productivité moyenne des femmes plus faibles,
malgré des capacités innées identiques aux hommes. Les
salaires moyens des hommes et des femmes connaissent alors un écart.
S.Lundberg et R. Startz permettent donc de rendre les intuitions du
modèle de Phelps cohérentes avec les faits observés sur le
marché du travail.
L'intégration du concept d'appariement pour
améliorer le résultat de Phelps d'une structure salariale
différente entre les sexes a été faite par M.Rothschild et
J. Stiglitz. Ils obtiennent une discrimination de groupe en donnant une
fonction de production dans laquelle la productivité dépend de la
qualité de l'appariement. Les compétences des femmes sont moins
bien évaluées par les employeurs à cause du manque de
fiabilité de leurs signaux ; ainsi, elles ont moins de chances que
les hommes à'être véritablement bien appariées avec
leur emploi.
Par conséquent, leur productivité et leur
salaire sont en moyenne plus faibles.
Gerald Oettinger reprend l'idée de base en la
transposant dans un modèle dynamique. L'intérêt principal
de cette approche est de fournir un fondement théorique au creusement
des écarts de salaire hommes/femmes au fur et à mesure du
déroulement des carrières. Il montre qu'à l'entrée
sur le marché du travail, les hommes et les femmes devraient en moyenne
gagner les mêmes rémunérations mais qu'il apparaît
des écarts de salaires au fur et à mesure du déroulement
des carrières. En fait, les salariés se sélectionnent
eux-mêmes dans les meilleurs appariements possibles, par le jeu des
mobilités (le changement d'emplois). Mais plus les mesures des
productivités individuelles sont de bonne qualité, plus ce
processus de sélection a des chances d'être rentable en moyenne.
Dans ce contexte, les hommes qui ont des signaux plus fiables que les femmes
vont mieux tirer partie du jeu des mobilités en prenant des
décisions plus efficaces. En seconde période, ils vont gagner en
moyenne des rémunérations plus élevées que leurs
collègues féminines.
La fiabilité de l'information sur les
productivités des hommes et des femmes détermine donc la
situation des femmes sur le marché du travail. Comme leurs signaux sont
plus incertains que ceux des hommes, elles connaissent finalement des salaires
plus faibles.
I.2.2.
Discrimination statistique et stéréotypes
Dans ces modèles, les employeurs ne basent plus leurs
décisions d'embauche sur des signaux individuels dont la
fiabilité diffère entre les hommes et les femmes, mais sur des
idées préconçues des performances des groupes. Le
comportement des employeurs sera alors dicté par des
stéréotypes. En effet, si les employeurs pensent qu'en moyenne
les femmes sont moins qualifiées, ou plus susceptibles de quitter leur
emploi que les hommes, et que le coût d'une information
complémentaire sur chaque candidate est excessif, alors ils auront des
comportements discriminatoires envers les femmes. Les employeurs ont des
préjugés sur les compétences des deux sexes qui peuvent
provenir de leur expérience personnelle antérieure, de
données statistiques ou de purs préjugés ne reposant sur
aucun fait concret. Les perceptions des employeurs vont handicaper les femmes
qui désirent véritablement faire carrière et participer
continûment au marché du travail et donc engendrer leur
discrimination. Ainsi, comme l'explique C.Sofer si la plupart des employeurs
pensent que les femmes ont en moyenne un plus faible attachement au
marché du travail, elles se verront non seulement attribuer des salaires
moins importants que les hommes, mais recevront également peu d'offres
d'emplois pour des postes qui nécessitent une formation intensive
financée par l'Etat.
Ce sont donc les hommes qui se verront offrir les emplois les
plus qualifiés. Cette discrimination s'efface dans le long terme si les
à priori des employeurs ne sont pas justifiés et que ces derniers
constatent que les femmes sont autant attachées au marché que
les hommes. Les écarts de salaires peuvent aussi perdurer dans le cas
où les femmes qui anticipent les comportements discriminatoires des
employeurs, seront moins incitées à investir en formation et
seront alors moins productives que les hommes. Ainsi, les prophéties des
employeurs deviennent «auto-réalisatrices» et conduisent au
renforcement des stéréotypes initiaux. Ces idées sont par
la suite, reprises dans des modélisations plus complexes et plus
réalistes. Les employeurs vont assigner un travailleur à un
emploi qualifié ou non qualifié en se basant sur deux
critères : des idées préconçues sur les
distributions de productivité respectives des deux sexes, et un signal
imparfait des qualifications. L'hypothèse centrale pour les
différences hommes/femmes est que les employeurs ont des
«stéréotypes négatifs» à l'encontre des
femmes, c'est-à-dire qu'ils pensent que les femmes sont de
manière générale moins qualifiées que les hommes.
Moins de femmes que d'hommes, même à compétences
identiques, vont alors être embauchées dans les emplois
qualifiés. Des écarts de salaire moyen entre sexes vont alors
apparaître puisque les emplois qualifiés sont mieux payés
que les autres. De plus, les femmes vont être moins incitées
à investir dans la formation car le rendement de celle-ci,
c'est-à-dire le salaire anticipé, ne sera pas assez important
pour compenser son coût. En effet, les femmes n'obtenant pas les emplois
qualifiés, leur salaire n'est pas assez intéressant pour
compenser le coût de l'investissement en capital humain.
Finalement, la productivité des femmes est
inférieure à celle des hommes et les stéréotypes
des employeurs sont confirmés. D'où l'apparition d'un
écart de salaire moyen entre sexes, persistant à long terme. De
plus, des convictions incorrectes sur les capacités d'un groupe,
même temporaires, peuvent conduire à une discrimination
persistante, y compris quand les a priori des employeurs sont rapidement
modifiés et deviennent cohérents avec la réalité.
En effet, comme les employeurs croient que les femmes sont en moyenne moins
productives que les hommes, s'ils observent un niveau de production
élevé, ils auront plus tendance à l'attribuer à de
la chance dans le cas des femmes, et à de réelles
compétences dans le cas d'un homme. Ainsi, le modèle est une
synthèse entre les idées de discrimination par
préjugés et de discrimination par erreur de mesure.
La discrimination statistique explique donc le comportement
discriminatoire de l'employeur en se reposant sur l'hypothèse
d'imperfection de l'information. D'une part, la discrimination des femmes par
les employeurs est due à une différence dans la qualité de
l'information sur la productivité fournie par chaque sexe. Les signaux
de productivité sont moins fiables pour les femmes que pour les hommes.
Ces erreurs de mesure de la productivité entraînent donc des
salaires plus faibles pour les femmes. D'autre part, la discrimination des
femmes par les employeurs est due à des idées
préconçues des performances des groupes. Les employeurs ont des
préjugés sur les compétences des deux sexes et estiment
que celles des femmes sont moindres. Ces préjugés vont alors
menés à des comportements discriminatoires et entraîner des
écarts de salaires en défaveur des femmes.
II. Discrimination des
femmes sur le marché du travail
II.1.
Discrimination des femmes à l'entrée sur le marché du
travail
Nous avons vu précédemment qu'il existe sur le
marché du travail, différentes discriminations,
opérées par tous les agents (employeurs, employés et
consommateurs). On se propose de savoir où se trouvent les racines de
ces discriminations, ce qui poussent les agents à avoir une
répugnance à travailler avec ou pour des femmes et d'où
vient l'idée que leurs productivités et capital humain sont plus
faibles.
II.1.1.
Les causes des discriminations
La
scolarité
Nous nous retrouvons dans une situation paradoxale : d'un
côté les filles ont en moyenne des parcours scolaires plus
réussis que ceux des garçons, néanmoins les femmes se
retrouvent en plus grande difficulté que les hommes sur le marché
du travail.
En effet, les filles sont plus scolarisées que les
garçons et cela se remarque à tout âge. Les
différentes études vont dans ce sens là ; en 1946,
à 20 ans 3 % des filles étaient scolarisées contre 6.5 %
pour les garçons, en 2005, 57 % pour les filles et 49 % pour les
garçons.
L'espérance de scolarisation en 2005-2006 est de 19.1
années pour les filles contre 18.6 pour les garçons, il y a vingt
ans elle était de 17.2 pour les filles et 17 pour les garçons.
Cette évolution s'explique par le fait que les filles
ont plus profité de l'allongement des études vers l'enseignement
supérieur.
Malgré ces évolutions positives, l'insertion sur
le marché du travail pour les femmes reste chaotique. Cela peut
s'expliquer par le choix d'orientation qu'elles font au cours de leurs parcours
scolaires et de la discrimination persistante sur l'insertion.
Ces choix d'orientation se retrouvent dans le choix de
métier, ainsi les femmes envisagent plus une carrière
littéraire telle que psychologue, avocate ou journaliste, 13 % pour les
femmes contre 5 % pour les hommes, ou les professions de médecine ou
d'enseignement, avec 10 et 15 % pour les femmes contre 3 et 6 % pour les
hommes.
Les femmes choisissent généralement des
filières plus promptes à la discrimination, les filières
dites « mixtes » qui ne sont pas synonymes
d'égalité, et sont plus généralement moins
rentables au niveau salaires, chômage et accès à la
fonction cadre.
Ainsi la filière tertiaire plus prisée par les
femmes, mène plus souvent que le secteur industriel au chômage et
au temps partiel.
La vie
privée
D'un autre côté il existe un autre aspect qui
favorise les discriminations envers les femmes sur le marché du
travail : la vie privée. Si l'on étudie l'interaction de la
sphère productive avec la sphère domestique, on constate que la
spécialisation des femmes dans le travail domestique accentue la
discrimination sexuelle sur le marché du travail.
Pour une majorité de femmes, la vie privée doit
aller de pair avec la vie professionnelle ou la subordonne.
La maternité peut être privilégiée
à la profession si celle-ci est peu attractive ou non
désirée.
Cette réalité aggrave les préjugés
des employeurs et leurs réticences à employer des femmes, dans la
peur d'une moindre disponibilité en raison des enfants à garder
et des congés de maternité.
Ainsi 23 % des femmes actives et retraitées
déclarent avoir été interrogées sur leurs projets
familiaux lors d'un entretien d'embauche. Ce chiffre passe à 37 % pour
les femmes entre 30 et 39 ans et à 36 % pour les femmes cadres et
professions intermédiaires.
Cette pratique est plus répandue dans le secteur
privé avec 34 % que dans le secteur public avec 22 %.
La maternité à la fin de la formation porte
d'autant plus atteinte à l'insertion des jeunes femmes qu'elle favorise
le chômage dû à un retour tardif sur le marché du
travail après une maternité sans un gain de qualification entre
temps, ce qui peut reporter de quelques années le risque d'exclusion.
Elle concerne ainsi une grande partie des jeunes en situation
précaire.
II.1.2. Les disparités
contractuelles à l'embauche
Malgré ces facteurs de discrimination, l'insertion des
femmes sur le marché du travail a connu un essor indéniable. Le
taux d'activité des femmes n'a cessé d'augmenter jusqu'à
atteindre 80 % en 2003 pour les femmes de 25 à 54 ans.
Mais l'on remarque tout de même un ralentissement dans
la diminution des écarts depuis le milieu des années 90. Car
même si ces derniers se sont réduits, ils persistent.
En 2003, l'écart atteint pour le taux d'activité
est de 11.8 points et 12.1 points pour le taux d'emplois des 15-64 ans. Il est
de 14.1 points pour le taux d'activité et 15.1 points pour le taux
d'emploi des 25-54 ans.
Les comportements féminins et masculins se sont
rapprochés du fait de l'augmentation du taux d'activité
féminin et de la diminution du taux d activité masculin.
En 2006, selon l'enquête Emploi, 11.6 millions de femmes
ont un emploi contre 13.4 millions pour les hommes. Elles occupent 48.4 % des
emplois salariés.
Mais les femmes sont aussi plus nombreuses à occuper
des emplois temporaires comme les CDD, stages et emplois aidés.
La population active occupée selon le statut des
emplois en 2006
en milliers
|
Femmes
|
Hommes
|
Total
|
Temps complet
|
Temps partiel
|
Temps complet
|
Temps partiel
|
Non salariés
|
689
|
206
|
1816
|
94
|
2805
|
Salariés
Intérimaires
Apprentis
CDD
CDI
|
7436
129
75
682
6551
|
3319
33
27
529
2731
|
10798
360
180
653
9604
|
678
18
45
186
429
|
22231
540
327
2050
19314
|
Total
|
8125
|
3526
|
12613
|
772
|
25036
|
Source : INSEE, enquêtes Emploi du
1er au 4ème trimestre 2006.
Elles sont également près de 4 fois plus
nombreuses que les hommes à être en situation de sous-emploi, avec
8.6 % de femmes à l'être contre 2.4 % pour les hommes.
D'autre part, on voit que l'écart du taux de
chômage des femmes et des hommes est systématique. Après
avoir augmenté continuellement jusqu'à la fin des années
80 qui coïncident avec la forte progression des femmes sur le
marché du travail, il va ensuite tendre à se réduire mais
reste supérieur à 2 points.
Sur la génération 98, trois ans après la
fin de la formation, on remarque que le chômage des jeunes femmes est
supérieur à celui des jeunes hommes de 4 points et atteint 11
points pour les titulaires de CAP/BEP. On remarque aussi que 67 % des jeunes en
non -emploi chronique sont des filles et qu'elles sont plus concernés
par le chômage de longue durée.
Le devenir des chômeuses, même s'il s'est
amélioré, reste plus déplorable que celui des
chômeurs.
En effet, en 2002, elles sont 16.4 % à obtenir un CDI
et 13.2 % à obtenir un CDD contre 17.4 % et 9.2 % respectivement pour
les hommes. Elles sont aussi 29.4 % à passer à
l'inactivité contre 26.1 % pour les hommes.
Cependant, l'intérim reste une forme d'emploi
très masculine.
Devenir des chômeurs
Situation des personnes qui étaient au
chômage un an auparavant (en %)
|
CDD
|
CDI
|
Intérim
|
Ensemble emploi
|
Chômage
|
Inactivité
|
Total
|
1996
Hommes
Femmes
|
18.9
13.9
|
10.4
14.4
|
3.6
1.0
|
32.9
29.3
|
49.8
47.4
|
15.9
23.2
|
100*
100
|
2002
Hommes
Femmes
|
17.4
16.4
|
9.2
13.2
|
5.0
2.6
|
31.6
32.2
|
42.3
38.4
|
26.1
29.4
|
100
100
|
* dont : contingent : 1.4 %.
Sources : INSEE, DARES.
Nous remarquons que les femmes ont une plus grande
probabilité d'être au chômage et à le voir perdurer.
Malgré que le fait que leur taux d'activité ait augmenté
leur accès au marché du travail se fait plus
généralement par le biais d'emplois temporaires tels que les CDD,
stages...etc. Nous allons voir qu'elles sont plus au moins embauchées
selon les catégories socio-professionnelles.
II.2. Discrimination
sectorielle des femmes
Parmi les discriminations des femmes sur le marché du
travail, il existe la discrimination sectorielle. Dans une première
partie, nous allons voir quelle est la place des femmes dans les
différents secteurs d'activité, et dans une deuxième
partie, nous verrons l'essor du secteur tertiaire.
II.2.1.
La place des femmes dans les différents secteurs d'activité
Les structures des emplois occupés par les actifs de
chaque sexe sont contrastées. En effet, les femmes et les hommes ne sont
pas répartis de manière égalitaire ni au sein des secteurs
d'activité économique, ni au sein des catégories
socioprofessionnelles mêmes. Un secteur regroupe des entreprises qui ont
la même activité principale (au regard de la nomenclature
d'activité économique considérée), et les
catégories socioprofessionnelles (CSP) désignent une
classification de la population active en fonction du secteur d'activité
puis plus précisément du domaine.
Les hommes et les femmes sont répartis de
manière inégalitaire dans les secteurs
d'activités. Il existe trois secteurs d'activité : le secteur
agricole (aussi appelé secteur primaire), le secteur industriel (secteur
secondaire) et le secteur des services (secteur tertiaire). En 2006, on
constate que le secteur primaire est occupé de près de 28 % par
les femmes. Les emplois du secteur primaire sont donc majoritairement
dominés par les hommes. De même, pour les emplois du secteur
secondaire dont environ 30 % sont occupés par des femmes. Pour le
secteur tertiaire, on constate une situation différente. En effet, les
emplois du secteur tertiaire sont majoritairement occupés par des femmes
: parmi les emplois du secteur des services, 60 % sont occupés par des
femmes. D'ailleurs le secteur tertiaire, principal gisement d'emplois,
concentre près de 86 % de la population active occupée
féminine pour seulement 60 % de l'emploi masculin. Les femmes exercent
surtout dans les domaines de l'éducation, de la santé ou de
l'action sociale : les trois quarts des salariés y sont des femmes. A
l'inverse, la construction, avec 9 postes sur 10 occupés par les hommes,
reste un bastion de l'emploi masculin. Le secteur tertiaire est donc un secteur
clé pour les emplois féminins.
La différence des structures des emplois occupés
par les actifs de chaque sexe se traduit aussi au sein des catégories
socioprofessionnelles. En effet, les femmes et les hommes n'occupent pas les
mêmes emplois. Les femmes occupent principalement les métiers tels
qu'employés ou professions intermédiaires, tandis que les hommes
se retrouvent surtout dans les emplois tels qu'agriculteurs, ouvriers ou
cadres et professions intellectuelles supérieures. Ainsi, environ 80%
des employés sont des femmes dont principalement des employés
civils et agents de service de la fonction publique, des employés
administratifs d'entreprises, du personnel des services directs aux
particuliers. Les métiers d'employés sont donc très
majoritairement occupés par des femmes. Pour les professions
intermédiaires, les hommes et les femmes occupent à peu
près dans les mêmes proportions des postes de niveau de
qualification intermédiaire, mais ils n'y exercent pas les mêmes
métiers : les femmes sont plutôt dans les professions
intermédiaires de la santé et du travail social, tandis que les
hommes sont plutôt techniciens ou agents de maîtrise. Enfin, les
femmes ne sont pas nombreuses à exercer le métier d'agriculteur
avec seulement 30 % d'agriculteurs féminins, ainsi que le métier
d'ouvrier avec seulement 20 % d'ouvrières. Les postes de cadres ainsi
que les professions intellectuelles supérieures représentent
environ 40 % de ces emplois occupés par les femmes. Ces derniers
métiers sont donc majoritairement occupés par des hommes.
Les femmes et les hommes ne sont donc pas répartis de
manière égalitaire au sein des secteurs d'activité
économique et au sein des catégories socioprofessionnelles. En
effet, les femmes se retrouvent majoritairement dans le secteur tertiaire
où elles sont principalement employés, ou exercent une
profession intermédiaire.
II.2
.2. Essor du secteur tertiaire
A travers l'analyse de la structure des emplois, on constate
que les femmes se retrouvent majoritairement dans les emplois du secteur
tertiaire. En effet, depuis la fin des années 1950, une tendance qui a
caractérisé l'évolution de la structure des emplois
explique la concentration des femmes dans ce secteur : la tertiarisation du
marché du travail. Au coeur de cette mutation, les femmes n'ont pas
accompagné le mouvement, elles ont très fortement
contribué à le produire. Et inversement, c'est parce que l'emploi
devenait de plus en plus tertiaire que les femmes y ont accédé
nombreuses.
Le déclin de l'agriculture et de l'industrie qui se
déroule tout au long du 20ème siècle va commencer à
profiter massivement aux femmes dès le début des années
1960. A partir de ce moment, on voit se profiler une accélération
des processus de tertiarisation de la société qui se poursuit
aujourd'hui encore. Entre les années 1955 et les années 2005, la
part des emplois tertiaires, c'est-à-dire des emplois
créés dans le secteur des services, passe de 40 % à 70 %
du total. La répartition sectorielle des emplois a donc connu une forte
mutation. C'est donc dans le secteur tertiaire que les femmes vont s'engouffrer
à grande vitesse, accélérant ainsi le mouvement qui pousse
de plus en plus de salariés vers les emplois tertiaires. Les femmes se
retrouvent donc principalement dans le secteur tertiaire car elles
débutent leur entrée sur le marché du travail au moment ou
ce secteur est né. Ainsi, cela a permis aux femmes à rapidement
trouver des emplois, et au secteur des services de se développer.
Cette prédominance des femmes dans le tertiaire se
vérifie dans tous les pays, y compris dans ceux ou la part du secteur
agricole demeure importante, et dans ceux ou la désindustrialisation est
moins marquée. On a donc là un des éléments
d'explication de la progression de l'activité féminine. Depuis
plusieurs décennies, le tertiaire est une des terres d'accueil de
l'emploi féminin. Nombres de métiers et professions
traditionnellement féminins s'y retrouvent. Or le tertiaire est
resté tout au long des années de crise, le seul secteur
créateur d'emplois. En ce sens, la division sexuelle des secteurs
d'activité a protégé les femmes de la crise de l'emploi et
permis la continuité de la progression de l'activité
féminine. Mais les femmes sont aussi les plus touchées par le
chômage et cela pour toutes les catégories socioprofessionnelles.
En effet, l'écart est en leur défaveur d'environ un point. Ainsi,
en 2006, le taux de chômage des employées est d'environ 9.5 %
tandis que celui des employés est d'environ 8.5 %. De même pour
les femmes de la CSP artisan, commerçants et chef d'entreprise dont le
taux de chômage est de 5 % alors que pour les hommes de cette CSP il est
de 4 %. Seul pour la CSP ouvrier, l'écart est plus important. En effet,
17.3 % des ouvrières sont au chômage contre 10.2 % des hommes. Le
taux de chômage par CSP est donc plus important pour les femmes.
Les femmes se retrouvent donc principalement dans le secteur
tertiaire car elles sont arrivées sur le marché du travail au
moment de l'évolution de la structure des emplois avec l'apparition du
secteur tertiaire. Ainsi, elles ont non seulement trouvés rapidement des
emplois dans ce secteur, mais ont également contribué à
son développement.
Il existe donc une discrimination sectorielle des femmes. Les
femmes sont inégalement réparties au sein des secteurs
d'activité économique et au sein des catégories
socioprofessionnelles. Les femmes se retrouvent principalement dans le secteur
tertiaire car elles sont arrivées sur le marché du travail au
moment de son apparition et ont ainsi aussi contribué à son
développement. Les femmes subissent donc une discrimination sectorielle
mais il existe aussi des discriminations au niveau des salaires et des
revenus.
II.3. Discrimination des
salaires et des revenus
Nous nous proposons dans cette partie d'analyser les
évolutions et les écarts de salaires entre hommes et femmes afin
de mieux comprendre les théories vues précédemment et de
voir si ces dernières se vérifient ou non. Nous débuterons
notre analyse en mettant en avant certaines explications théoriques
susceptibles d'expliquer les différents constats. Dans
l'évolution des salaires, nous nous intéresserons principalement
aux bas salaires qui nous ont paru être les plus représentatifs de
la situation des femmes, celles-ci étant les plus concernées par
ce type de salaire. Concernant les écarts de salaires nous nous
attarderons sur trois grandes catégories : le secteur privé, la
fonction publique et les retraites.
II.3.1. Théories
explicatives et évolutions salariales
Comme nous avons pu le voir dans la première partie, de
nombreuses théories ont cherché à trouver une explication
à ces différences de rémunération. Ainsi, Bergman
(1971) a montré que l'exclusion des femmes dépendait de la taille
de la force de travail. S'il y a trop de femmes par rapport au nombre
d'emplois, les salaires vont diminuer. Une autre explication peut
résider dans un taux de participation et un temps de travail plus faible
que celui des hommes. Lorsque l'on s'intéresse au niveau de formation,
les femmes choisissent, pour un même niveau de formation, des
carrières différentes généralement dans des
secteurs où la qualification et la rémunération sont
faibles. Les travaux de Becker sont également très importants et
peuvent constituer un élément de réponse aux nombreuses
disparités constatées sur le marché du travail. Ce dernier
impute les écarts de salaire à des comportements discriminatoires
: par exemple, l'employeur peut choisir d'employer uniquement des hommes.
Au cours du XXème siècle, les moyens et hauts
salaires des femmes ont connu une progression spectaculaire mais cette hausse
ne parvient pas à cacher des écarts significatifs entre les 2
sexes. Du point de vue des bas salaires, les femmes sont
surreprésentées comme on a vu précédemment. En
1952, l'écart entre les bas salaires des femmes et des hommes
était de 54,7 %, en 1972 de 50 %, en 1982 de 37 % et de 24 %. en 2002.
L'écart s'est donc réduit en 50 ans mais il faut noter qu'il
reste assez important. Depuis le début des années 80, la
proportion des salariés touchant des bas salaires est passée de
11 à 17 %. Les trois quarts de ces emplois sont à temps partiel
et majoritairement occupés par des femmes. Le développement de
l'emploi à bas salaire s'est fait de pair avec celui du travail à
temps partiel, premières touchées : les femmes. Cela nous montre
clairement que la contribution des femmes à la croissance de l'emploi
s'est malheureusement faite par le biais du temps partiel. Une des causes
principales : le chômage qui a « justifié » le
développement du sous emploi.
Notons que l'indemnisation des chômeurs a laissé
entrevoir des disparités entre hommes et femmes. En effet, le
chômage touche plus massivement les femmes et ces dernières sont
moins bien indemnisées que les hommes : 49 % des hommes touchent
l'allocation chômage contre 44 % des femmes. Les femmes chômeurs
sont donc bel et bien victimes d'un déficit d'indemnisation.
II.3.2. Salaires par secteur et
retraites
Dans le secteur privé, lorsqu'on s'intéresse au
salaire horaire, on voit que les femmes ont dans l'ensemble un salaire plus
faible que ce soit à temps complet ou à temps partiel. En
effet, dans l'ensemble l'écart est de 2,3 € à temps complet
et à temps partiel. Lorsque l'on regarde les catégories
socioprofessionnelles de plus près, on s'aperçoit que ce sont les
cadres qui présentent l'écart le plus important entre les deux
sexes avec 5,4 € à temps complet et 3,5€ à temps
partiel. Concernant les professions intermédiaires, les employés
et les ouvriers, l'écart est plus faible variant entre 0,4 €
à temps complet et entre 0,1 € à temps partiel.
Ecarts de salaire annuel nets entre hommes et femmes
dans le secteur privé (%)
Cadres
|
29
|
Professions intermédiaires
|
14
|
Employés
|
6
|
Ouvriers
|
19
|
Ensemble
|
23
|
Source: Insee, DADS 2005
Prenons les salaires annuels du secteur privé. Les
écarts de salaire sont toujours présents dans chacune des
catégories socioprofessionnelles. Dans l'ensemble du secteur,
l'écart est de 23 %. Au sein des catégories, la plus grande
disparité concerne également les cadres (29%) et la plus faible
les employés (6 %). On remarque donc que ces écarts augmentent en
fonction de la qualification de l'emploi. C'est au niveau des emplois les mieux
rémunérés que l'on constate les plus grands écarts
de salaire et les plus faibles au niveau des emplois les moins
rémunérés. L'une des explications à ces
écarts est la durée du travail. Les femmes travaillent en
général moins que les hommes et cela se répercute sur leur
salaire. Il y a également au sein des catégories une
hiérarchie entre les différents emplois et les femmes sont
minoritaires dans les emplois qui se situent en haut de la pyramide. Comme on a
vu précédemment, ces différences salariales peuvent aussi
s'expliquer par les cursus de chacun des deux sexes.
La fonction publique, bien qu'elle soit étatique, n'est
pas pour autant plus égalitaire au niveau des disparités
salariales.
Ecarts de salaire annuel net entre hommes et femmes
dans la fonction publique (%)
Fonction publique d'Etat
|
16
|
Fonction publique territoriale
|
13,5
|
Fonction publique hospitalière
|
27
|
Source : Insee, DADS 2005 pour les Fonction
publique hospitalière et territoriale ; Insee, fiches de paie des
agents de l'Etat pour la fonction d'Etat.
Les disparités sont aussi présentes dans sa
fonction publique d'Etat (16 % d'écart), dans la fonction publique
territoriale (13,5) et dans la fonction publique hospitalière où
l'écart est le plus important : 27 %. L'explication se trouve dans les
postes qu'occupent la majorité des femmes dans le secteur hospitalier.
Elles sont généralement infirmières, sages femmes, aide
soignantes alors que les postes de médecins, de pharmaciens, de
chirurgiens... sont majoritairement occupés par des hommes. Au niveau
des catégories socioprofessionnelles de la fonction publique, on
remarque que les disparités les plus grandes concernent, comme pour le
secteur privé, les cadres. On observe un écart dans les salaires
nets annuels des cadres de 6.145€ dans la fonction publique d'Etat soit un
écart de 22,6 %. Il est de 6.248 € dans la fonction publique
territoriale soit un écart de 20 %. Enfin il est de 12.537 € dans
la fonction publique hospitalière soit un écart de 29,5 %.
Concernant les professions intermédiaires et les employés et
ouvriers, les écarts sont bien plus faibles variant entre 2,9 et 7 %
pour le premier et 1,9 et 15,6 % pour le second. Notons que dans la fonction
publique hospitalière, les écarts sont vraiment minimes pour ces
deux catégories (2,9 et 1,9 %). Les fortes disparités chez les
cadres peuvent s'expliquer par le faible nombre de femmes occupant des postes
haut placés.
En effet, il existe de nombreuses professions où l'on
touche des rémunérations beaucoup moins importantes qu'ailleurs.
On retrouve généralement les femmes dans ces professions.
Intéressons-nous maintenant au problème des
disparités de revenus pour les retraites. Les montants des retraites
alloués à chacun des deux sexes connaissent également des
différences. En effet, en 2004, les femmes touchent en moyenne 979
€ alors que les hommes touchent 1.625 € soit un écart de 46 %
; Lorsque l'on décompose cette somme on s'aperçoit que
l'écart se fait principalement au niveau de l'avantage principal de
droit direct qui constitue le montant de retraite acquis en contrepartie de
l'activité professionnelle. Il varie entre 601€ pour les femmes
âgées de 85 ans et plus et 801 € pour les femmes entre 65 et
69 ans alors que chez les hommes il varie entre 1.452 € et 1.599 €
pour les mêmes tranches d'âge. Ces écarts sont, entre
autres, la conséquence logique des discriminations salariales dont les
femmes ont été victimes durant leur période
d'activité. L'avantage principal de droit direct se calcule notamment en
fonction de la durée de l'activité professionnelle. Or, les
femmes ne parviennent généralement pas à cotiser aussi
longtemps que les hommes, et ce, à cause de certaines
responsabilités notamment familiales qu'elles sont contraintes
d'assumer. Elles perçoivent néanmoins des pensions de
réversions en cas de veuvage. Leurs montants sont plus
élevés que chez les hommes mais restent nettement
inférieurs à l'avantage principal de droit direct.
Le constat est donc sans équivoque, les
différences de salaire entre hommes et femmes sont bel est bien
présentes et loin d'être négligeables. Les explications ne
sont cependant pas uniquement économiques. Pour mieux comprendre
l'ensemble de ces écarts, il est important de ne pas se cantonner
uniquement au point de vue économique. Les mesures et les politiques
sociales peuvent également apporter un élément de
réponse.
III. Les politiques
sociales portant sur la discrimination
Il nous parait important d'évoquer différentes
politiques sociales qui ont eu lieu autour de ce sujet pour avoir un meilleur
éclairage sur les causes de la discrimination des femmes. Nous verrons
tout d'abord les actions au niveau de l'Etat, c'est-à-dire les
principales lois et réformes qui ont visé à réduire
ces inégalités et si il y a eu des améliorations
suffisantes. Nous nous attarderons par la suite sur la situation des
différents pays de l'Union européenne dans les écarts de
rémunérations. Pour finir, il nous semble judicieux de situer la
place de la France au sein de l'Europe en matière de politique
sociale.
III.1. Les actions de
l'Etat
Les conditions de travail n'ont cessé d'évoluer
au cours du XXème siècle. De plus, les attentes ont
changé. Les femmes ne travaillent plus pour les mêmes raisons dans
les années 2000 que dans les années 1900. En effet, au
début du siècle, le travail des femmes était
considéré comme un salaire d'appoint. Le besoin de main d'oeuvre
conduit à faire appel aux femmes dans les usines. Cependant, le salaire
de la femme ne représentait pas la même importance que celui du
mari, qui devait subvenir aux besoins de toute la famille. Au fil du
siècle le travail de la femme a pris une autre signification et le
salaire des femmes a été considéré avec bien plus
d'importance. De ce fait, l'Etat n'avait d'autre choix que de s'adapter
à ces changements. Ainsi de nombreuses lois et réformes ont vu le
jour. Intéressons-nous à celles qui nous paraissent être
les plus importantes :
- 1907 : les femmes obtiennent le droit de disposer
librement de leur salaire.
- 1920 : les femmes adhèrent à un syndicat
sans l'autorisation de leur mari. Elles gagnent en autonomie sur le plan
professionnel.
- 30 juillet 1946 : arrêté qui met fin
à la règlementation considérant le salaire féminin
comme un salaire d'appoint.
- 1965 : les femmes peuvent exercer une activité
professionnelle sans l'autorisation de leur mari.
- 22 décembre 1972 : principe
d'égalité de rémunération pour un même
travail ou un travail de valeur égale.
- 11 juillet 1975 : on sanctionne les discriminations
fondées sur le sexe.
- 13 juillet 1983 : on redéfinit la notion de
valeur égale de la loi du 22 décembre 1972
considérée trop ambiguë. Cette nouvelle loi porte sur
l'égalité professionnelle entre hommes et femmes. Elle couvre
l'ensemble de la profession et ne se soucie plus uniquement des salaires.
- 23 mats 2006 : Loi sur légalité
salariale. Elle se donne pour objectif la suppression des écarts de
salaire entre hommes et femmes dans un délai de cinq ans.
La progression de l'activité féminine depuis les
années 60 a également poussé l'Etat à chercher des
solutions permettant de gérer emploi et famille dans le même
temps. En juillet 1994, la loi sur la famille permet aux familles de deux
enfants de bénéficier de l'Allocation Parentale d'Education.
Cette loi connaît un grand succès mais ne contribue pas à
effacer les inégalités. Au contraire, elle incite un grand nombre
de mères de familles à l'inactivité. De 1994 à
1997, les femmes actives ayant deux enfants passent de 70 % à 55 %.
D'autres dispositifs tels que l'aide à la garde sont mis en place. La
caisse d'allocation familiale prend partiellement en charge les prestations
d'accueil des enfants. Ces prestations se composent d'une prime de naissance et
d'une allocation de base. Il faut néanmoins noter que ces aides
demeurent insuffisantes. En effet, le taux d'activité des femmes en 2006
reste nettement inférieur à celui des hommes (76 % contre 90 %)
et le développement du travail féminin à temps partiel
confirme que les femmes ont toujours beaucoup de mal à allier leur
profession à leur tâches domestiques et familiales.
L'ensemble de ces observations est la preuve qu'il serait tout
à fait injuste de nier l'action de l'Etat tout au long du siècle
pour améliorer les conditions de travail de la femme et réduire
les inégalités entre les deux sexes. Le tout est de savoir si
cela a été suffisant. Il semble que ce n'est pas le cas
jusqu'à aujourd'hui. La majorité des mesures a certainement
permis de réduire les problèmes de discriminations mais ces
derniers sont loin d'avoir totalement disparu.
III.2. Les politiques
sociales au sein de l'Union Européenne
L'égalité entre les femmes et les hommes est
l'un des principes fondamentaux du droit communautaire. Les objectifs de
l'Union européenne (UE) en matière d'égalité entre
les femmes et les hommes consistent à assurer l'égalité
des chances et de traitement entre les genres, d'une part, et à lutter
contre toute discrimination fondée sur le sexe, d'autre part.
III.2.1. Objectifs de l'UE
dans la lutte contre la discrimination
En matière d'emploi, l'UE lutte contre la
discrimination en cherchant à atteindre plusieurs objectifs. Parmi ces
objectifs, on compte la lutte contre l'écart de
rémunération entre les hommes et les femmes, la lutte pour
l'égalité des chances et l'égalité de traitement
entre les hommes et les femmes en matière d'emploi et de travail,
l'égalité des rémunérations.
Pour combattre l'écart de rémunération
entre les femmes et les hommes, la Commission européenne énonce
un certain nombre de pistes d'actions. Ces pistes d'actions s'expriment sous la
forme d'une meilleure application de la législation existante,
accompagnée d'actions de sensibilisation, et d'une analyse de la
pertinence des instruments juridiques existants, d'une exploitation de la
stratégie européenne pour la croissance et l'emploi, et d'une
promotion de l'égalité salariale auprès des employeurs en
faisant essentiellement appel à leur responsabilité sociale.
L'objectif d'égalité des chances et
d'égalité de traitement entre les hommes et les femmes en
matière d'emploi et de travail a pour objet de simplifier, de moderniser
et d'améliorer la législation communautaire sur
l'égalité de traitement entre hommes et femmes en matière
d'emploi et de travail en rassemblant en un seul document les passages
pertinents des directives relatives à ce thème, de manière
à les rendre plus clairs et plus pratiques pour tous les citoyens.
L'objectif principal de cette directive est de concilier
l'égalité des sexes et la vie professionnelle. Des dispositions
concernant l'égalité de rémunération,
l'égalité de traitement dans les régimes de
sécurité sociale, et l'égalité de traitement en ce
qui concerne l'accès à l'emploi, à la formation et
à la promotion professionnelle, ainsi que les conditions de travail
figurent dans cette directive.
La directive d'égalité des
rémunérations interdit toute discrimination fondée sur le
sexe dans la rémunération. Elle ouvre la voie juridictionnelle
aux personnes qui ont subi un désavantage à la suite du non
respect de ce principe et elle protège les plaignants contre la
réaction de l'employeur. Les travailleurs sont protégés
contre tout licenciement qui constituerait une réaction de l'employeur
à une plainte formulée dans l'entreprise ou à une action
en justice visant à faire respecter le principe. Elle invite
également les États membres à éradiquer toute
discrimination inscrite dans les dispositions législatives,
réglementaires et administratives et à informer les travailleurs
des mesures prises dans l'application de la directive.
III.2.2. La Feuille de route,
engagement de la Commission à faire progresser la politique
d'égalité entre les femmes et les hommes.
Afin d'atteindre ces différents objectifs, l'UE
crée une Feuille de route qui a comme objectif de faire avancer le
programme sur l'égalité entre les femmes et les hommes. La
feuille de route est un des volets du principe de « Gender mainstreaming
» retenu par l'UE. Le "Gender" mainstreaming est l'intégration de
la dimension de genre dans le "mainstream", donc la politique
générale. Cela signifie que cette politique
générale doit tenir compte des différences socialement
construites entre hommes et femmes. Ce n'est donc pas uniquement dans la
politique de l'égalité des chances que la notion de genre doit
être prise en compte, mais dans tous les domaines politiques. Pour en
revenir à la Feuille de route pour l'égalité entre les
femmes et les hommes pour la période 2006-2010, celle-ci a
été adoptée le 1er mars 2006. Elle associe le lancement de
nouvelles actions au renforcement des activités existantes qui ont fait
leurs preuves. Elle réaffirme également la double approche de
l'égalité qui consiste en la prise en compte de la dimension de
genre (la promotion de l'égalité entre les sexes dans tous les
domaines et activités politiques) et en l'adoption de mesures
spécifiques pour le sexe sous-représenté. La Feuille de
route représente l'engagement de la Commission à faire progresser
la politique d'égalité entre les femmes et les hommes en
partenariat avec les Etats membres et d'autres acteurs. Elle met en avant six
domaines prioritaires pour l'action de l'UE relative à
l'égalité: indépendance économique égale
pour les femmes et les hommes, conciliation de la vie privée et
professionnelle, élimination des stéréotypes de genre,
représentation égale dans la prise de décision,
éradication de toute forme de violence fondée sur le genre et
promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes dans les
politiques externes et de développement. Parmi ces six domaines, les
trois premiers touchent plus directement l'objectif d'égalité des
femmes et des hommes sur le marché du travail. .
Le domaine de l'indépendance économique
égale pour les femmes et les hommes fixe plusieurs objectifs axés
autour de différents points clés tels que l'accentuation des
efforts pour atteindre les objectifs de Lisbonne portant sur la dimension de
genre, notamment en ce qui concerne le taux d'emploi et de chômage des
femmes, l'écart de rémunération de 15% entre les femmes et
les hommes qui résulte d'inégalités structurelles telles
que la ségrégation dans les secteurs de travail, le faible
pourcentage des femmes entrepreneurs dans l'UE et leur plus grande
difficulté dans l'accès aux financements et à la
formation, le plus haut risque de pauvreté pour les femmes que pour les
hommes car elles risquent d'avoir des carrières interrompues et, donc,
d'accumuler moins de droits. Les systèmes de protection sociale
devraient permettre aux femmes d'accumuler des droits appropriés
à leur pension individuelle.
La conciliation de la vie privée et professionnelle est
aussi un des domaines qui concerne l'égalité des sexes sur le
marché du travail. Pour concilier la vie privée et
professionnelle, des conditions de travail souples présentent beaucoup
d'avantages. Néanmoins, le fait que beaucoup plus de femmes utilisent
ces dispositions a un impact négatif sur leur position sur le lieu de
travail et leur indépendance économique. De plus, de meilleures
structures de garde d'enfants permettent de trouver un nouvel équilibre
entre le travail et la vie privée. Enfin, peu d'hommes prennent un
congé parental ou travaillent à temps partiel. Des mesures les
incitant à assumer des responsabilités familiales devraient
être prises.
L'élimination des stéréotypes de genre
concerne aussi l'égalité des sexes sur le marché du
travail car l'élimination des stéréotypes de genre dans
l'enseignement et la culture encouragerait les jeunes à s'orienter vers
des études non traditionnelles, ce qui éviterait que les femmes
soient placées dans les professions les moins valorisées et les
moins rémunérées.
L'UE cherche à lutter contre la discrimination et
à assurer l'égalité des femmes et des hommes en
matière d'emploi. Pour cela, elle se fixe plusieurs objectifs tels que
la lutte contre l'écart de rémunération entre les hommes
et les femmes, la lutte pour l'égalité des chances et
l'égalité de traitement entre les hommes et les femmes en
matière d'emploi et de travail, l'égalité des
rémunérations. De plus, la Commission s'engage à travers
la Feuille de route (volet du principe de Gender mainstreaming) à faire
progresser la politique d'égalité entre les hommes et les femmes.
On voit donc bien que l'UE prend en compte les problèmes de
discrimination, notamment sexuelle, existants face à l'emploi et qu'elle
cherche à les résoudre en se fixant des objectifs.
III.3.Comparaison
au sein de l'Union européenne
Une application rigoureuse des différentes mesures
européennes visant à réduire les inégalités
entre les deux sexes devrait laisser entrevoir des avancées
significatives. Intéressons-nous donc à l'ensemble des pays de
l'union afin de voir quels sont ceux qui se débrouillent le mieux et
ceux qui se débrouillent le moins bien. Nous verrons évidemment
si la France fait partie des bons ou des mauvais élèves. Afin de
pouvoir faire une analyse plus fine, nous nous intéresserons uniquement
à l'Europe des quinze.
Ecarts de rémunération dans l'Union
européenne entre les hommes et les femmes en 2005 (%)
Belgique
|
4
|
Portugal
|
9
|
Italie
|
9
|
Grèce
|
9
|
Irlande
|
9
|
France
|
12
|
Espagne
|
13
|
Luxembourg
|
14
|
Suède
|
16
|
Autriche
|
17
|
Pays-Bas
|
17
|
Danemark
|
17
|
Royaume-Uni
|
20
|
Finlande
|
20
|
Allemagne
|
22
|
Champ : salariés de 15 à 64 ans
travaillant au minimum 15 heures par semaine
Source : Eurostat.
On observe que les écarts de rémunération au
sein de l'Europe des quinze varient entre 4 % pour la Belgique et 22 % pour
l'Allemagne, pays où les femmes sont les plus discriminées.
La moyenne de l'Union européenne est de 15 %. La France se situe donc
parmi les premiers mais l'écart de rémunération reste
proche de la moyenne. Ces importantes différences de
rémunérations entre les pays peuvent résulter de plusieurs
causes. L'ensemble des pays, bien qu'appartenant à la même union,
possède de nombreuses particularités. Chacun d'eux à un
contexte historique, culturel et institutionnel différents. Les
politiques publiques ne sont pas les mêmes. Les différences
structurelles telles que le niveau d'étude, la taille ou le secteur de
l'entreprise peuvent également expliquer ces écarts.
Les politiques sociales, comme les politiques économiques
s'avèrent également peu efficaces. Les différentes mesures
visant à aider les femmes à rencontrer moins de
difficultés sur le marché de l'emploi restent assez
insuffisantes, bien que la France, sur le plan européen réussit
à faire mieux que plusieurs de ses voisins.
CONCLUSION
Le prolongement des théories économiques de la
discrimination permet de mieux comprendre les comportements discriminatoires
sur le marché du travail et d'expliquer les écarts de salaires
persistants, la surqualification des femmes, la ségrégation
partielle et l'occupation par les hommes des postes à fortes
responsabilités.
Il apparaît néanmoins que les études
empiriques n'arrivent pas à donner une explication entière aux
origines de la discrimination sur le marché du travail, ni à
définir quelle est la part des écarts salariaux imputables aux
discriminations car elles n'en considèrent qu'une seule : la
discrimination salariale.
L'analyse des faits bruts du modèle français
retrace plusieurs schémas énoncés et montre bien que les
femmes y subissent des discriminations. Cependant, aucun de ces schémas
ne peut révéler avec certitude leurs amplitudes.
Etant donné que seule la discrimination salariale est
considérée, on peut se demander si en prenant en compte la
discrimination à l'embauche et les comportements discriminatoires, les
préférences des agents peuvent avoir une incidence sur ces
écarts persistants. Pour cela, il faudrait mettre en place des
modèles pouvant mesurer l'impact de toutes ces variables pour une
meilleure appréhension du problème.
Nous remarquons néanmoins que les pratiques
discriminatoires des entreprises sont liées à la part de la femme
sur le plan domestique, ce qui les cantonne dans des stéréotypes
qui ne peuvent que perdurer dans le temps et ce, malgré les politiques
sociales mises en oeuvre pour y remédier.
Alors, quelle échappatoire?
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* http://europa.eu/
* http://www.insee.fr
* http : //www.oecd.org
*
http://openlearn.open.ac.uk/course/view.php?id=2700
ANNEXE I
Le capital humain :
Le capital humain est un concept économique introduit
par Theodore W. Schultz, puis précisé par Gary Becker visant
à rendre compte des conséquences économiques de
l'accumulation de connaissances et d'aptitudes par un individu. Il
comprend :
· le savoir, l'expérience et les talents
(capital-savoir),
· sa santé physique ou sa résistance aux
maladies.
Le capital humain s'acquiert (éducation), se
préserve (formation continue, médecine de prévention) et
entraîne une augmentation de la productivité.
Dans la théorie du capital humain, il est avancé
que les différences de taux de participation et de l'investissement
entre les hommes et les femmes sont le fruit d'un investissement dans le
capital humain moindre de la part des femmes. Cela entraîne donc une
productivité plus faible pour les femmes.
L'allocation sexuée du temps entre sphère
productive et sphère domestique :
L'allocation du temps entre les deux sphères reste en
faveur des hommes sur le marché du travail. Le salaire des femmes est
souvent d'appoint et les hommes se spécialisent dans le travail
marchand. Les femmes accomplissent près de 70 % du travail domestique et
60 % du travail parental.
Certains auteurs comme Becker (1981) trouvent l'origine de
cette division en faveur des hommes dans les différences biologiques
liées à la maternité. Il reviendra quelques années
plus tard sur ses paroles, car tout le monde s'accorde aujourd'hui pour dire
que les différences biologiques ne sont pas à l'origine des
avantages comparatifs.
Aujourd'hui on renvoi cette répartition aux
discriminations dont peuvent être victimes les femmes, Becker (1985).
Pour Sen (1993), elle est issue des
« asymétries générées par la
société, par exemple, sur le plan de la propriété,
de l'éducation et de la formation, mais aussi par une conception
cultivée de la fragilité des femmes ».
Correction de Heckman :
Heckman corrige le biais de sélection de
l'échantillon pour le modèle d'Oaxaca-Blinder. Pour ce faire, il
tient compte des chômeurs et des inactifs, enlève donc le biais de
sélection. Il inclut la probabilité de participer au
marché du travail, donc fait une représentation plus
réaliste du marché réel.
ANNEXE II
Salaires horaires
nets moyens dans le secteur privé à temps complet et à
temps partiel
|
Temps
|
complet
|
Temps
|
partiel
|
|
Hommes
|
Femmes
|
Hommes
|
Femmes
|
Cadres
|
23,1
|
19 ,6
|
25,5
|
20,1
|
Professions intermédiaires
|
12,9
|
11,7
|
13,1
|
11,7
|
Employés
|
8,1
|
8
|
9,1
|
8,7
|
Ouvriers
|
8,9
|
7,7
|
9,4
|
8,1
|
Ensemble
|
11,8
|
9,5
|
13,2
|
10,9
|
Source:
Insee, DADS 2005
|
|
Ecarts de salaires (%)
|
|
|
Cadres
|
Professions intermédiaires
|
Employés et ouvriers
|
Fonction publique d'Etat
|
22,6
|
7
|
29,5
|
Fonction publique territoriale
|
20
|
9,8
|
2,9
|
Fonction publique hospitalière
|
29,5
|
9,7
|
1,9
|
Salaires nets
annuels dans la fonction publique
Figure 2
Ecarts de salaires entre
hommes et femmes dans la fonction publique
|
|
Femmes
|
|
|
Hommes
|
|
|
Cadres
|
Professions intermédiaires
|
Employés et ouvriers
|
Cadres
|
Professions intermédiaires
|
Employés et ouvriers
|
Fonction publique d'Etat
|
27145
|
21255
|
17864
|
33290
|
22753
|
20658
|
Figure 3
Source : Insee, DADS 2005 pour les Fonction
publique hospitalière et territoriale ; Insee, fiches de paie des
agents de l'Etat pour la fonction d'Etat. (Même source pour les figures 2
et 3)
|