BURKINA FASO
MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE, SUPERIEUR ET
DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
(MESSRS) ***********
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU (UO)
Unite -- Progrés -- Justice
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES
HUMAINES (UFR- SH)
***********
DE PARTEMENT DE SOCIOLOGIE
Mémoire de Maitrise
Origine sociale et performances scolaires : analyse de
l 'influence des facteurs socio- economiques sur les resultats
scolaires.
Etude de cas du Lycee Riale et du College Naaba
Zoungrana de Tenkodogo
resents et soutenu par :
SORGHO Delwendé Brice Rodrigue
Sous la direction de : Mahamadou ZONGO
Maitre Assistant au departement
de sociologie
Année académique 2008 - 2009
DEDICACE A NES PARENTS
Pour les sacrifices consentis a mon education. A
vous tous qui aviez su me soutenir dans mes moments de difficultes et de dur
labeur,
JE Yous DEDIE at !AMORE
Puissiez- vous trouvez en cette modeste oeuvre, l
'expression de ma vive reconnaissance et gratitude.
REMERCIEMENTS
Nous tenons a remercier tous ceux qui d 'une maniere ou d
'une autre ont contribue a l 'aboutissement de ce memoire.
Nous pensons particulièrement a notre Directeur
de memoire, Monsieur Mahamadou Zongo, Maitre Assistant au departement de
sociologie qui n 'a menage aucun effort pour nous assister. Nous lui reiterons
nos sincères remerciements pour ses conseils et suggestions tout au long
de cette recherche, lui qui a su apporter son attention, son dynamisme et sa
rigueur a ce travail.
A tout le corps professoral du departement de
sociologie, pour les peines et tant de labeur fournis, pour faire de nous des
chercheurs de la science du savoir sociologique et des consciencieux de futurs
bons sociologues. Nous avons conscience des dettes intellectuelles contractees
auprès de vous.
Nos reconnaissances egalement a tous nos parents et
amis;
Au Directeur Regional de l 'Enseignement Secondaire,
Superieure et de la Recherche Scientifique du Centre Est ;
A Messieurs GUEBRE Mahamadi et Serge KOULIBALY,
responsables des deux etablissements qui ont fait l 'objet de notre
investigation ;
Aux surveillants en particulier a Monsieur Gustave KERE,
Surveillant General du Lycee Riale et aux professeurs des etablissements
concernes par cette etude ;
Aux parents d'eleves qui nous ont accueillis malgre leurs
occupations et aux eleves qui ont fait preuve de determination et de
collaboration ;
A tous ceux dont le nom n 'a pu etre cite,
puissiez-vous trouver en cet écrit notre réelle reconnaissance et
que le succés de ce mémoire soit le couronnement de vos efforts
et le signe de notre profonde gratitude.
SOMMAIRE
DEDICACE..............................................................................................................................
II REMERCIEMENTS
.............................................................................................................
III SOMMAIRE............................................................................................................................
V
SIGLES ET ABREVIATIONS
.............................................................................................
VI LISTE DES TABLEAUX
....................................................................................................
VII
INTRODUCTION....................................................................................................................
1
PREMIERE PARTIE : ECLAIRAGE THEORIQUE ET METHODOLOGIE
3
CHAPITRE I: ECLAIRAGE THEORIQUE;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;
4
CHAPITRE II: METHODOLOGIE;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;.32
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS 38
CHAPITRE I: PRESENTATION ET ETAT DU SECTEUR EDUCATIF DE
LA ZONE D'ETUDE 39
CHAPITRE II: DETERMINANTS SOCIO- ECONOMIQUES ET
PERFORMANCES SCOLAIRES;; 46
CHAPITRE III: STATUT MATRIMONIAL, NIVEAU D'INSTRUCTION
DES PARENTS ET PERFORMANCES SCOLAIRES;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;.65
CONCLUSION.......................................................................................................................
77
SIGLES ET ABREVIATIONS
AME : Association des Mères
Educatrices
APE : Association des Parents d'Elèves
BE PC : Brevet d'Etudes du Premier Cycle
CLAC : Centre de Lecture et d 'Animation
Culturelle
CNRST : Centre National de la Recherche Scientifique et
Technologique
CNZ : Collège Naaba Zoungrana
CSL P : Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté
DREBA- CE : Direction Régionale de l 'Enseignement
de Base et de l 'Alphabétisation du Centre Est
DRED- CE : Direction Régionale de l 'Economie et
du Développement du Centre Est DRESS- CE : Direction Régionale de
l 'Enseignement Secondaire et Supérieur du Centre Est
LRT : Lycée Rialé de Tenkodogo
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations- Unies
PAS : Programme d 'Ajustement Structurel
PMA : Pays les Moins Avancés
PNB : Produit National Brut
PDDEB : Plan Décennal de Développement de
l'Education de Base
SND : Service National de
Développement
UNESCO : Organisation des Nations- Unies pour
l'Education, la Science et la Culture UNICEF : Fond des Nations- Unies pour
l'Enfance
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : évolution du nombre d 'écoles
primaire par année scolaire............................42 Tableau 2 :
évolution du taux brut de scolarisation par
sexe........................................43 Tableau 3 :
évolution des infrastructures au
secondaire.............................................43 Tableau 4 :
évolution du nombre d 'élèves du secondaire par
sexe.................................44 Tableau 5 : évolution du nombre
d 'enseignants par sexe...........................................44 Tableau 6
: Répartition des enquêtés selon l 'établissement
fréquenté............................46 Tableau 7 :
Répartition des enquêtés selon l 'âge et la classe
fréquentée........................ 47 Tableau 8 :
Répartition des enquêtés selon la profession du père
ou du tuteur .................47 Tableau 9 : Profession du père et
travaux domestiques des élèves................................48
Tableau 10 : Répartition des enquêtés selon la profession
du père et le mode d 'éclairage de
l'habitat......................................................................................................50
Tableau 11 : Mode d 'éclairage de l 'habitat et lieu d
'étude.........................................51 Tableau 12 :
Profession du père et satisfaction des
repas...........................................52 Tableau 13 :
Répartition des enquêtés selon la distance séparant
leur domicile de l 'établissement fréquenté et le moyen de
déplacement
.................................................................53 Tableau 14
: Profession du père et disponibilité en manuels scolaires de
soutien...............54 Tableau 15 : Profession du père et impact des
conditions de vie sur les études.......................55 Tableau 16 :
Répartition de la profession du père ou du tuteur selon le niveau
d 'instruction
....................................................................................................................57
Tableau 17 : Répartition de la profession du père ou du tuteur
selon l 'établissement fréquenté par
l'enfant.......................................................................................................58
Tableau 18 : Le redoublement selon l 'établissement
fréquenté par l 'élève.......................59
Tableau 19 : le redoublement selon l
'âge..................................................................60
Tableau 20 : le redoublement selon la profession du père ou le
tuteur................................61 Tableau 21 : la moyenne scolaire selon
la profession du père ou le tuteur........................62 Tableau 22
: Statut matrimonial et taille de la
famille...............................................65 Tableau 23 : Statut
matrimonial et nombre d 'enfants scolarisés dans la
famille................66 Tableau 24 : Taille de la famille et
redoublement........................................................67 Tableau
25 : Statut matrimonial et
redoublement.........................................................68
Tableau 26 : Statut matrimonial et moyenne
scolaireDDDDDDDDDDDDDD.DD...69 Tableau 27 : Niveau d 'instruction des parents
et surveillance des travaux scolaires des
enfantsDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDDD.....71 Tableau 28 : Niveau d
'instruction des parents et le suivi des notes des enfantsDDDDD..D..72 Tableau
29 : Niveau d 'instruction du p(re et le redoublement des enfantsDDDDDDD..D..73
Tableau 30: Niveau d 'instruction de la mere et le redoublement des
enfantsDDDDDD..D..73 Tableau 31 : Niveau d 'instruction du p(re et moyenne
scolaireDDDDDDDDDDD.D...74 Tableau 32 : Niveau d 'instruction de la mere et
moyenne scolaireDDDDDDDDDD..D..75
INTRODUCTION
Avec un Produit National Brut (PNB) / habitant
estimé a environ 330 dollars US en 2004 (
www.populationdata.net)
et a 396 dollars US en 2005 (www.studentsoftheworld.info) le Burkina
Faso, a l 'instar de nombreux pays d 'Afrique subsaharienne, se classe parmi
les Pays les Moins Avancés (PMA) oil les questions d 'éducation
se posent avec acuité. En effet, la persistance de la pauvreté
qui frappe de plus en plus durement un nombre croissant de personnes et de
familles se traduit par un accés limité a l 'eau, a
l'hygiéne, aux services de santé de base et a l
'éducation. Cette situation de pauvreté a des effets
néfastes sur l 'école en général et sur les
éléves en particulier. Des recherches menées dans de
nombreux pays ont établi que vivre dans la pauvreté a des effets
directs sur les performances scolaires. L 'origine familiale pauvre ne favorise
pas l 'éducation scolaire des enfants au regard de la culture familiale
(Basil BERNSTEIN, 1975), des conditions de vie et de logement souvent peu
adaptées aux besoins d 'étude qu 'exige un apprentissage scolaire
(Maxime COMPAORE, 1996).
C 'est dans cette quête d 'amélioration
du niveau de vie des populations, et partant celle de l 'éducation, que
l 'Etat burkinabé, en accord avec les institutions de Brettons Woods, a
élaboré depuis 1991, un programme de lutte contre la
pauvreté. Celui-ci met l 'accent particuliérement sur les
secteurs sociaux dont l 'éducation.
Depuis 1991, le Burkina Faso s 'est donc engagé
dans un vaste programme d 'ajustement structurel (PAS) en vue d 'établir
les bases d 'un développement économique et social durables et d
'améliorer ainsi le niveau de vie des populations par la
réduction de la pauvreté. Même si le PAS suscite d
'énormes critiques tant du point de vue idéologique que de son
efficacité, dans le domaine de l 'éducation, cela c 'est traduit
néanmoins par de gros efforts en faveur du systeme éducatif. Au
niveau politique, les autorités se sont engagées a
démocratiser le secteur de l 'éducation afin de lutter
efficacement contre l 'analphabétisme et la sous scolarisation. Sur le
plan pédagogique, l 'école burkinabe en général et
particuliérement l 'éducation de base est devenue ces quinze
derniéres années un vaste champ d 'expérimentation oil des
aménagements et des reformes sont effectués dans le sens de l
'amélioration de la qualité de l 'éducation. On peut noter
parmi tant d 'autres, l 'appui a la scolarisation en général et
celle féminine en particulier, l 'adoption du systeme a double flux et
du multigrade, l 'enseignement bilingue
francais / langues nationales et de nos jours la
gratuité relative des frais de scolarité et des manuels
scolaires.
Mais en dépit de ces nombreux efforts consentis
et a l 'heure oil le Burkina Faso insiste sur le parametre de la
réduction de la pauvreté en vue d 'améliorer le rendement
scolaire, force est de constater que l 'éducation scolaire burkinabe
connait toujours d 'énormes difficultés qui affectent les
performances scolaires. En effet, la culture de l 'école et du personnel
scolaire (le francais comme langue parlée a l 'école) est souvent
éloignée de la culture familiale des éleves des milieux
peu favorisés (langues maternelles parlées a la maison) a
laquelle s 'ajoutent leurs conditions socio-économiques. L 'objectif
principal de cette étude qui est d 'analyser l 'influence de l 'origine
sociale sur les performances scolaires nous amene donc a nous poser la question
générale suivante :
Quelle influence l 'origine sociale a sur les
performances scolaires des éleves au Burkina Faso et plus
précisément dans la ville de Tenkodogo ?
C 'est dans le souci de répondre a cette
question que cette étude a été initiée. Elle
définie d 'abord dans sa premiere partie l 'éclairage
théorique et la méthodologie de la recherche. Le premier chapitre
de cette partie aborde l 'état des sources scientifiques concernant l
'objet de recherche et définie les objectifs, les hypotheses et les
principaux concepts de l 'étude. Le second chapitre quant a lui porte
sur la méthodologie, les difficultés et les limites de la
méthode. Enfin, la deuxieme partie dans son chapitre I fait une
présentation de la zone d 'étude et l 'état de son secteur
éducatif. Le chapitre II analyse les liens entre les déterminants
socioéconomiques et les performances scolaires des éleves et le
chapitre III aborde la relation observée entre le statut matrimonial, le
niveau d 'instruction des parents et les performances scolaires.
ECLAIRAGE THEORIQUE ET METHODOLOGIE
REMIERE PARTIE :
CHAPITRE I : ECLAIRAGE THEORIQUE
I. REVUE DE LITTERATURE
Dans le souci de mieux cerner le phénomene de l
'origine sociale en tant que déterminant des performances scolaires,
cette investigation documentaire fait de faQon thématique le point de la
question comme plusieurs études l 'ont déjà abordé.
Cette partie de la recherche fera donc l 'état de ces différentes
sources scientifiques concernant notre objet de recherche conformément
aux themes suivants :
* Stratégies des familles et scolarisation
;
* Systemes éducatifs et fonctionnement de
l'école ;
* Les politiques en matiere d 'éducation
;
* L'origine sociale comme déterminant des
performances scolaires.
I.1 Strategies des familles et scolarisation
Le theme de la scolarisation en Afrique en
général et au Burkina Faso en particulier a été
abordé par plusieurs auteurs. Ils ont tenté non seulement de
donner une explication au phénomene de la sous scolarisation
constaté dans les écoles africaines de faQon
générale mais aussi aux stratégies sous-tendues par les
familles dans le processus de scolarisation de leurs enfants.
C'est ainsi que pour Francois ROUBAUD
(1992), les contraintes objectives que rencontrent les ménages pour
scolariser leurs enfants sont percues de faQon aiguë par les chefs de
famille. Pres de 60% d'entre eux déclarent éprouver des
difficultés a mettre leurs enfants a l'école et celles-ci vont
croissant au fur et a mesure que les conditions socio-économiques se
détériorent. La principale cause de cette situation est la
faiblesse des revenus, que ce soit par rapport aux frais d'éducation ou
au cofit d'opportunité (revenu tiré de l 'exercice d 'un emploi).
A cela s'ajoutent d'autres raisons. En effet, certains parents ne trouvent pas
d'écoles publiques pres de leur domicile, souvent situé a la
périphérie de la ville et les écoles privées quand
elles existent sont jugées trop cheres. Se retrouvant dans une situation
paradoxale oil de nombreuses écoles publiques ferment tandis que la
demande est insatisfaite, ROUBAUD préconise de réétudier
la carte scolaire et la localisation de écoles publiques en fonction des
besoins. Une autre cause de la sous- scolarisation évoquée par
l'auteur est le phénomene de
corruption de certains responsables d'écoles
publiques, qui sélectionnent les enfants en fonction des statuts des
parents, voire pratiquant même le régionalisme.
De leur côté, les études de cas
sur la scolarisation menées sous la direction de Marie France LANGE
(1998) mettent l'accent plutôt sur les rapports écoles-
sociétés, c'est-a-dire l'influence de l'éducation scolaire
sur la construction des rapports hommes- femmes. Pour sa part, Laurence PROTEAU
pense que malgré la progression des effectifs scolaires féminins
depuis l'indépendance de la Côte d'Ivoire, les
inégalités entre sexes restent fortes et en défaveur de la
grande majorité des filles puisqu'elles ne représentaient entre
1991 et 1992 que 41.7% de la population du primaire, 32.4% de celle du
secondaire et 20% des effectifs de l'université. Le taux de
scolarisation primaire obtenu d'apres le recensement de 1998 est
également un indicateur des inégalités scolaires entre les
sexes (79% pour les garcons et 54% pour les filles). Il est alors
évident pour l'auteur, qu'avant que la différence sexuelle ne
joue comme une différenciation des chances de réussite scolaire,
elle intervient dans l 'inscription a l'école. En définitive, les
filles sont souvent moins scolarisées que les garcons et leur niveau
d'instruction est plus faible. Car elles sont souvent exclues de la
scolarisation par décision familiale, puis plus soumises a la
sélection en cours de cursus.
C'est d'ailleurs le point de vue d'Etienne GERARD qui
convoque SCHEMMER pour montrer la place et le rôle des femmes en Afrique
subsaharienne : "force de travail et biens matrimoniaux, elles participent
a la production et sont gages de la reproduction biologique et sociale, de la
parenté, au point que leur libération en de hors du cadre
lignager et des réseaux d'alliance en menacerait l'équilibre
social et économique" (1998 : 197). Selon GERARD, pour
éviter tout déséquilibre social et économique, les
femmes sont tenues a l'écart des domaines masculins, des savoirs et
pouvoirs favorables a leur libération, alors que le domaine scolaire est
de ces champs sinon même le plus important.
Cette analyse de GERARD mettant en relation
écoles et sociétés se retrouve dans ses réflexions
menées sur les cas d'écoles maliennes et burkinabe. En effet,
pour Etienne GERARD (1997), les stratégies d'éducation
sont sous-tendues par un ensemble de facteurs afférents a deux
principaux ensembles le plus souvent distingués : le champ scolaire et
l'espace social qui sont en constante interaction, car les dynamiques sociales
portent en elles les marques des dynamiques du champ scolaire et
réciproquement. Il est alors évident que tous les parents ne
scolarisent pas leurs enfants de la même maniere. Leurs comportements
different selon le nombre et le sexe de leurs enfants et tous n'optent pas non
plus pour les
mêmes secteurs d'éducation.
L'enquête menée a Bobo Dioulasso par l'auteur entre 1995-1996
crédibilisait déjà son analyse. En effet, la population de
cette ville, témoignait de la complexité de ses rapports a
l'institution scolaire et du poids de leurs représentations dans
l'évolution de la scolarisation. En effet, certains paramétres
sociaux et déterminants extrascolaires jouent un role important dans le
processus de scolarisation. Pour les populations a majorité rurale,
faiblement instruites, la scolarisation de tous les enfants est rendue
difficile par le manque de ressources financiéres, mais aussi parce que
cela ne constitue pas de leurs avis une obligation. Quant aux populations
citadines, notamment lettrées, le savoir scolaire n'est pas un capital
distinctif. Pour eux, la scolarisation représente un enjeu relatif. Elle
n'est pas indispensable. Cependant, tout autre est le cas des populations qui
détiennent déjà le capital scolaire ou qui cherchent a
l'acquérir parce qu'elles vivent dans un milieu oil le savoir est un
instrument de communication ou une référence sociale.
A l'instar des analyses de Laurence PROTEAU et d
'Etienne GERARD, le MFI (1995), affirmait déjà qu'au
Burkina Faso, 24.31% des filles seulement sont scolarisées contre 36,78%
des garcons. Les raisons qui limitaient l'accés des filles a
l'école étaient entre autres l 'insuffisance des infrastructures,
le long trajet a pied pour aller a l'école certes mais surtout la
préférence donnée aux garcons par les familles tandis que
les filles sont confinées aux tâches
ménagéres.
Yacouba YARO (1995) quant a lui s 'étale sur
les raisons de cette préférence accordée aux garcons par
rapport aux filles en matiére de scolarisation. Selon YARO, les
stratégies de scolarisation des familles se distinguent fondamentalement
selon qu 'elles résident en zone rurale ou urbaine, qu 'elles observent
des pratiques religieuses animistes, islamiques ou chrétiennes. C 'est
également en fonction de la catégorie sociale que les parents
décident de scolariser toute ou une partie de leurs progénitures
et de préférer ainsi le plus souvent, l 'instruction des garcons
a celle des filles. L 'analyse des stratégies scolaires, sur un plan
macro spatial, doit prendre en compte un ensemble de facteurs inhérents
aux différentes localités du Burkina Faso.
En résumé, les enjeux de la
scolarisation dans les sociétés dépendent de la position
sociale des individus, de la structure de chaque groupe et enfin de leur
rapport au savoir scolaire c'est-à-dire du degré de vulgarisation
de la culture scolaire qui lui même est fonction du capital scolaire des
parents. Dans cette situation, il est difficile de parler
d'égalité des chances devant l'éducation en terme
d'égalité des ressources mises a la disposition des
éléves
et des types d'écoles fréquentés
par les différents groupes ou en termes d'égalité de
performances entre éleves. La scolarisation en Afrique et
particulierement au Burkina Faso est tributaire de multiples facteurs sociaux,
culturels et économiques. C'est d'ailleurs le même point de vue
chez Raymond BOUDON (1973) pour qui, la mobilité sociale de
chaque individu est fonction de son origine sociale. Par conséquent, il
y aurait donc une inégalité de chances des le début
même de la scolarisation d'autant plus que les individus ne naissent pas
égaux.
Ces écrits sur la scolarisation placent d 'une
faQon générale l 'école africaine et ses systemes dans une
impasse qui profite aux élites, aux personnes économiquement
favorisées et aux hommes au détriment des moins nantis et des
femmes. Cependant, bien qu 'ils aient contribué a générer
de nombreuses réformes qui prônent une éducation pour tous,
les prises de position de certains auteurs ne sont pas exemptes de toute
critique et méritent d'être nuancées souvent dans le temps
et dans l 'espace. En effet, l 'on peut constater que de nos jours, des efforts
remarquables de la part des gouvernements africains et de leurs partenaires
tendent vers la révision et la rénovation des systemes scolaires
et du fonctionnement de l 'école. Au Burkina Faso, ces efforts se
traduisent par l 'adoption de nouveaux plans (PDDEB) et politiques en matiere d
'éducation, conséquences de la loi n°013/96/ ADP, portant
loi d 'orientation de l 'éducation. A travers ces réformes, le
recrutement et la formation du personnel enseignant ainsi que la construction
de nouveaux établissements ont été effectifs favorisant de
ce fait la réduction de la disparité scolaire entre les
entités administratives et entre zones urbaines, périurbaines et
rurales. Aussi, en affirmant que les filles sont plus soumises a la
sélection au cours de leur cursus scolaire que les hommes, Marie France
LANGE court le risque d'être taxée d 'avoir des positions
plutôt féministes. L 'auteur parle comme si filles et garcons ne
sont pas soumis aux mêmes bases d 'évaluation et qu 'il y 'avait
une école et des sujets spécialement concus pour les filles. Il
faut reconnaitre que la tendance actuelle de scolarisation en Afrique et
particulierement au Burkina Faso est impulsée par l'effet
conjugué des flux financiers en provenance des Etats, des bailleurs de
fonds et par une demande d'éducation particulierement dynamique. Cette
situation est donc favorable au développement de la scolarisation aussi
bien masculine que féminine et permet ainsi de réduire certaines
inégalités constatées des le début de la
scolarisation. Mais si la tendance actuelle semble favorable au
développement de la scolarisation en général qu'en est-il
alors des systemes éducatifs et du fonctionnement de l'école
?
1.2 Systemes educatifs et le fonctionnement de l'ecole
De la lecture des différentes sources
scientifiques abordant la question des systemes scolaires africains dont ceux
du Burkina Faso, le constat reste clair et unanime. En effet, les
difficultés qui se posent a l 'école africaine sont
générales et imputables en derniere analyse au fait que les
progres accomplis dans l'éducation bien que significatifs s'averent trop
lents face aux révolutions mondiales observables dans les domaines de la
science, de la technologie et des structures démographiques,
économiques et sociales. C'est ce qu 'approuve Philippe HUGON
(1996), lorsqu'il affirme que la profonde crise des systemes
éducatifs est reconnue par tous les observateurs et que l'Afrique
connait une carence de ses systemes de formation. L 'école est devenue
un lieu d'expression des revendications et des manifestations. Ainsi, l'auteur
en diagnostiquant la crise des systemes scolaires, dénombre pour sa part
deux types de crise. Une crise interne car les systemes éducatifs sont
souvent en faillite et largement produits par des instances internationales.
Aussi, l'école en Afrique remplit mal ses missions sans moyens
didactiques et avec des classes surchargées, elle est souvent un lieu de
gardiennage social oil sont véhiculés des savoirs
mémorisés qu 'un lieu d'acquisition de savoirs analytiques et
pratiques favorisant des progres de productivité. Quant a la crise
externe a l 'école, elle tient aux rythmes de croissance
démographique et d'explosion urbaine, rendant ainsi tres délicat
la maitrise des flux scolaires et traduisant la rupture des régulations
sociopolitiques. La conséquence est qu 'on assiste a une inflation des
diplômes qui s 'est caractérisée par une forte
dévalorisation conduisant a une stagflation scolaire (situation oil l
'on assiste a une inflation des diplômes sans connaitre pour autant le
plein- emploi).
Francois ROUBAUD (1992), n'en est pas en
reste car pour lui, il ne fait aucun mystere pour personne que l'école
en Afrique en général et a Madagascar en particulier est
actuellement en grande difficulté. Le systeme scolaire subit en effet,
la double pression d'un pouvoir d'achat des ménages, en
régression de 45% depuis l'indépendance, et d'un
déséquilibre persistant des finances publiques. Cet environnement
profondément dégradé se traduit par un recul des
résultats du systeme éducatif et qu'une politique
d'éducation volontariste et centralisée n'est a même
d'endiguer.
On retrouve cette même idée chez Joseph
Ki ZERBO ; en effet, lors d'une conférence qu'il animait sur le
theme "Education et développement " publiée dans la
revue Tam-tam, l 'auteur fait une description des caractéristiques de
l'école du sous-développement. Selon lui, dans beaucoup de pays
d'Afrique et notamment au Burkina Faso, du point de vue
quantitatif « la scolarisation universelle
se situe a un horizon trop éloigné. Il y a toujours autant
d'analphabetes aujourd'hui qu'il y'a dix ans. L'école coute chere a
l'Etat et le mauvais fonctionnement des systemes éducatifs est remis en
cause. » (1970 : 15). En ff es du
effet,
quart des effectifs, est constitué par des
redoublants et qu'au total la moitié des éleves du premier
degré ne vont pas jusqu'en fin d'études primaires, la
majorité d'entre ceux-ci quittant l'école avant d'avoir
été alphabétisée de maniere durable. Sur le plan
qualitatif la situation est plus prononcée car l'école au Burkina
Faso est une Z 'école insulaire '' qui ne parvient pas toujours a
résoudre les problemes de Z 'déracinement '' et
d'aliénation culturelle.
Ainsi, si pour ces auteurs les systemes scolaires
africains connaissent une crise généralisée, il est a
noter que les avis restent cependant partagés en ce qui le
fonctionnement de l'école en général et son
efficacité. En effet, des auteurs estiment que les facteurs scolaires
que sont les programmes scolaires, le matériel didactique, l'attitude
des enseignants, les pratiques pédagogiques ne sont pas adaptés
aux réalités socio-économiques et culturelles africaines
et représentent autant d'éléments pouvant influencer les
performances scolaires et justifier la crise qui secoue
l'école.
C 'est le cas de Georges SNYDERS (1970), qui
accuse l'école et lui reproche de créer des barrages qui
arrestent la grande majorité des enfants issus des classes populaires en
les mettant en infériorité par rapport a ceux des classes
aisées. L'école en ne prenant pas en compte les
différences contribue pour une large part a renforcer les
différences alors qu'elle possede une marge d'autonomie relative mesme
si elle reste encore dépendante des conditions socio- économiques
et politiques.
Cette pensée de SNYDERS corrobore avec celle d
'Ivan ILLICH (1971), pour qui l'école ressemble a l
'église catholique du moyen age qu'elle remplace et estime qu'en dehors
d'elle point de salut. Selon ILLICH, l'école n 'arrive pas a s'acquitter
de la mission qui lui avait été confiée, a savoir
l'attribution des aptitudes utiles, l'accroissement des connaissances et
l'autonomie intellectuelle. En revanche, elle enseigne aux individus la
dépendance a travers ses méthodes et ses programmes et
étouffe ainsi l'imagination créatrice. L'école a travers
ses sanctions et le contenu de ses programmes prépare
l'aliénation de chaque individu. C'est pourquoi il préconise sa
suppression non absolue, en ce sens qu'il ne s'agit pas d'une suppression pure
et simple mais plutôt sa transformation radicale dans la mesure ou sa
forme actuelle la rend inefficace.
A l'instar de ces deux auteurs, Eric PLAISANCE
(1972) prend également position contre l'attitude de toujours
traduire et interpréter les phénomenes d'échecs scolaires
en termes d'inadaptation inhérente a l'enfant ou de dysfonctionnement
individuel. Il dénonce l'assimilation entre de prétendus"
handicaps sociaux" et des cas pathologiques de l'ordre de la
motricité ou de l'organisation sensorielle. Pour PLAISANCE, les
échecs scolaires sont dus a l 'inattention de l'école aux
différences tout en faisant comme si tous les enfants étaient
égaux.
De mesme, Pierre BOURDIEU et Jean- Claude
PASSERON (1964), estiment que la société est
fondamentalement inégalitaire. La sélection scolaire
résulte du fait que l 'école impose un arbitraire culturel (type
de langage, de comportement...) qui est conforme a l 'habitus des
catégories privilégiées. Les enfants des catégories
les plus défavorisées du point de vue du capital culturel
subissent une violence symbolique et sont éliminés sur la base de
criteres scolaires (notes, résultats aux examens). L 'école joue
donc un rôle de légitimation et de « naturalisation »
des inégalités sociales en
véhiculant les normes de la culture
légitime.
De son côté, Joseph Ki ZERBO
(1990), tout en reconnaissant la nécessité de
l'éducation pour toute société humaine, releve
l'inadéquation de la scolarisation comme la forme d'éducation
appropriée aux sociétés africaines. Pour lui,
l'éducation pour tous ne doit pas estre, pour les africains, synonyme de
scolarisation pour tous. Par ailleurs, il estime que pour résoudre le
probleme de la crise actuelle de l'école, il faut éviter de
mettre en place et dans la mesme société, deux systemes
différents, l'un pour les élites et qui est l'école
classique et l'autre pour tenter de récupérer ceux qui ont
été rejetés, les abandonnés, les ignorants du
premier systeme.
Malgré cette inadéquation souvent
soulignée entre les systemes scolaires et les réalités
socio-économiques et culturelles et qui font dire a ces auteurs que l
'école est inefficace, des critiques ont néanmoins
été formulées a leur encontre. Il faut reconnaitre que
dans une certaine mesure, l 'école peut avoir une influence positive sur
les comportements et les performances des éleves. De telles valeurs sont
d'ailleurs soutenues par les environnementalistes a travers la théorie
du "self fulfilling prophecy" ou "prop hétie de
l'autoréalisation". En effet, cette théorie estime que les
ambitions, le dynamisme et l'attente d'un enseignant peuvent motiver et
déterminer les performances de ses éleves. Car ces derniers
voulant s'identifier a leur maitre.
Dans cette même logique, Michel KOMI
(2002) pense que l'école doit etre vue comme une source de
développement intégral de la personne. Aujourd'hui plus que par
le passé, l'école doit etre acceptée ainsi afin de
préparer toute personne a réussir toute situation de la vie. Dans
cette perspective, l'école doit etre vue comme aidant a mieux fabriquer
des beignets si dans la vie on doit fabriquer des beignets a mieux cultiver si
on doit cultiver, a mieux enseigner si l'on doit enseigner. En somme
l'école n'est donc pas comme on a longtemps cru,
c 'est a dire le lieu oil on entre pour sortir
seulement et seulement fonctionnaire. Le but de l'école est surtout de
développer le capital humain que recéle chaque individu afin de
le préparer a remplir correctement toute fonction sociale qui lui sera
confiée.
L 'école chez Jean Jacques ROUSSEAU est
également proche de la vision de KOMI car pour l 'auteur,
4' qu'on destine mon éléve a l'épée,
a l'église, au barreau, peu importe. Avant la vocation des parents, la
nature l'appelle a la vie humaine. Vivre est le métier auquel je lui
veux préparer. En sortant de mes mains, il ne sera ni soldat, ni pretre,
ni magistrat. Il sera premiérement homme. Tout ce qu'un homme doit etre,
il sera l'être besoin tout aussi bien que qui que ce soit, et la fortune
aura beau le faire changer de place, il sera toujours a la sienne". (1996 :
42)
Sur ce fond théorique, il en ressort que la
crise du systeme éducatif n 'est pas seulement un probléme d
'ordre quantitatif affectant les taux d 'inscription, mais aussi un
probléme
d 'ordre qualitatif touchant durement la
qualité de l'enseignement dispensé. Des réformes et
politiques en matiére d 'éducation ont été alors
entreprises par de nombreux Etats dont le Burkina Faso dans le but de donner un
dynamisme aux systemes scolaires dans leur ensemble. Des efforts ont
été consentis dans ce sens mais n'empêche que la mise en
pratique de ces réformes et politiques n 'a été le champ
de plusieurs critiques nécessitant le plus souvent leur
relecture.
1.3 Politiques en matiere d'education
Comme le soulignait Laurent KABORE (2002),
le Burkina Faso a de tout temps eu une politique éducative. En effet les
différents plans, les discours, les reformes ont toujours traduit une
vision a court, moyen et long terme. La reforme de l 'éducation de 1979
baptisée (( éducation pour le développement
communautaire » et la Loi n°013/96/ADP en sont des illustrations
puisqu'elles traduisent les contours idéologiques des décideurs
politiques de l'époque, fondés sur ce que doit être
l'école dans nos sociétés. De nos jours, le plan
décennal, considéré comme l'unique cadre d'intervention
dans l'éducation de base, traduit également et de faQon explicite
la vision du développement de l'éducation dans les dix
années a venir. Du point de vue des objectifs, le PDDEB décrit la
volonté politique d'atteindre 70% de taux brut de scolarisation et 40%
de taux d'alphabétisation en 2010. Aussi, la stabilisation des objectifs
de la lettre de politique humain durable de 1995 a travers le document du CSLP
est un autre indicateur de l'existence d'une politique éducative qui dit
explicitement accorder la priorité a l'éducation de base afin de
promouvoir un véritable développement durable et de
réduire significativement les inégalités en matiere de
scolarisation et d'alphabétisation entre provinces et du même
coup, la pauvreté.
Cependant, même s 'il y a une réelle
volonté de définir une politique éducative efficace par
les dirigeants, la mise en oeuvre de ces différentes politiques et
réformes ne peut s 'exonérer de toutes critiques. En effet, les
insuffisances de la politique éducative au Burkina se résument
entre autres en ce que, l'instabilité du personnel et des
décideurs ne permet pas de pérenniser les idées et visions
du développement de l'éducation. Aussi, les insuffisances des
ressources rendent difficile la mise en oeuvre d'un budget conséquent
pour l'éducation au Burkina Faso. Car malgré la reconnaissance du
role de l'éducation dans le développement économique et
social, les allocations budgétaires n'ont pas toujours accompagné
les attentes des ministeres en charge de l'éducation. A cela s'ajoute
l'insuffisance dans le renforcement des capacités en planification car
l'exécution d'une politique éducative dépend dans une
certaine mesure de la formation ou de la connaissance des acteurs de ce
processus de planification stratégique. Dans le contexte Burkinabe, la
formation complete en planification profite plus aux agents du niveau central
qu'aux acteurs de terrains.
Face a ces insuffisances, plusieurs voix se sont
levées pour formuler la nécessité d'une relecture des
politiques éducatives en Afrique, particulierement au Burkina Faso afin
de
favoriser la mise en place de politiques et
réformes tenant effectivement compte des réalités
socioculturelles et économiques.
Ainsi comme tant d'autres, Philippe HUGON
(1994) pense que les réformes des systemes scolaires doivent
intégrer le contexte de la crise économique et des politiques
d'ajustement. Pour l'auteur, elles doivent également prendre en compte
les transformations permettant de répondre aux défis du long
terme. L'échec de la planification volontariste et les résultats
limités de la régulation par le marché doivent conduire a
des pilotages des systemes complexes.
De son côté, Marie France LANGE
(2002) souligne que le fait que les pays d'Afrique francophone comme le
Burkina Faso ne peuvent dorénavant financer leur systeme éducatif
sans recourir aux bailleurs de fonds a des conséquences. Cette situation
a pour conséquence immédiate la dépossession de leur
autonomie en matiére de politique scolaire et leur soumission aux
diktats des bailleurs. Cette perte de décision en matiére
éducative produit divers effets. Le premier s'observe dans la mise en
place et la gestion des politiques scolaires. La programmation par étape
imposée par les bailleurs de fonds rend difficile l'élaboration
de politiques adéquates sur le long terme. Le deuxieme effet est induit
par le fait que la réussite doit Otre au rendez-vous de chacune de ces
étapes, car de ces réussites dépendent les futurs
financements. Les effets pervers de ce type de fonctionnement apparaissent
alors crOment car contraints de réussir pour justifier la bonne
utilisation des financements accordés, les pays investissent dans les
zones jugées scolairement propices. Ce qui a pour conséquence
immédiate, l'accroissement des disparités et l'abandon des zones
jugées scolairement difficiles. Un autre effet pervers de ces
financements sous conditions est que les évaluations des politiques
mises en oeuvre ne peuvent qu'etre globalement positives et des instructions
sont données dans ce sens aux différents agents du systeme
scolaire. L'élaboration de politiques publiques d'éducation
devient une nécessité mais en l'absence d'une description et
d'une analyse des ressorts et des conséquences de la dépendance
financiére, il parait difficile de proposer de nouveaux modes de
médiation entre donateurs étrangers, Etats et populations.
Renégocier ces rapports de pouvoirs peut permettre de redéfinir
le role des Etats dans la lutte contre les inégalités
scolaires.
Daniel BARRETEAU (1998), quant a lui met
l'accent sur les questions linguistiques qui dans la crise actuelle des
systemes éducatifs, restent essentielles dans la mesure oil il y a
appropriation du systeme éducatif par les premiers concernés que
sont les enseignants, les
éléves et les parents. La sous-
scolarisation et les échecs scolaires présents dans certains
pays, trouvent pour la plupart une explication dans le fait que les populations
rurales ont le sentiment d'une méconnaissance parfaite du systeme
éducatif moderne. L'école devait etre comprise par les parents.
Pour ce faire, il est impérieux de lutter contre un certain laisser-
aller dans les systemes éducatifs en veillant constamment a leur
rentabilité interne et externe, mais aussi de se méfier des
changements radicaux aux conséquences imprévues, de
généralisation hâtive en matiére de politiques
linguistiques et éducatives, de décisions concernant les statuts
des langues qui ne seraient pas acceptées par l'ensemble de la
population ou qui seraient ingérable compte tenu des moyens disponibles.
Ce n'est ainsi qu'on pourra sortir le débat sur les politiques
linguistiques et éducatives de "l'impasse" dans les termes de
BARRETEAU. En revanche, il serait souhaitable d'accorder une plus grande
considération aux langues nationales, de procéder a une extension
progressive et contrôlée des expériences et a une
optimisation des systemes éducatifs par un développement des
recherches en particulier sur le passage des langues premieres a la langue
officielle. Aussi, pour transformer les rapports entre école et milieu
rural, il faut revoir les méthodes d'apprentissage du francais afin de
mieux répondre aux compétences effectives et aux conditions de
vie des éléves et enfin replacer l'école dans son contexte
sociologique c'est-à-dire dans son milieu pour que les
éléves acquiérent la conscience d'une continuité
entre leur milieu de vie et le milieu scolaire.
Les idées de BARRETEAU corroborent celles d
'Abou NAPON (2002) pour qui, plutôt que de nier les
capacités des langues nationales a véhiculer le savoir
scientifique et la modernité, les autorités burkinabe doivent
permettre aux langues locales d 'avoir leur place dans notre systeme
éducatif en définissant une politique claire en matiére de
promotion des langues nationales. C 'est d 'ailleurs ce que pense André
BATIANA (2002) car les résultats de son étude comparative
montrent que l 'ensemble des résultats dans les écoles satellites
sont plus satisfaisants que dans les écoles classiques. Les atouts de
cette innovation pédagogique tiennent en trois facteurs principaux : l
'utilisation de la langue premiere de l 'enfant dans les premieres
années de la scolarisation, le fait que l 'enseignant soit issu du meme
milieu que l 'enfant et la fréquence élevée du suivi
pédagogique par les superviseurs.
1.4 Origine sociale comme determinant des performances
scolaires
(( Les éducateurs ont mis longtemps a se
rendre compte que toutes les formes de sélection en matiere
d'enseignement, qui sont présumées s'intéresser aux seules
capacités intellectuelles des candidats, sont en réalité
en corrélation avec leur origine sociale» (Torten HUSEN 1975 :
138).
L 'institution scolaire a toujours été
per9ue a la fois comme (( instance de sélection et mécanisme
d'unification dans la mesure oft elle unifie en socialisant et divise en
sélectionnant » Mohamed CHERKAOUI (1999 : 41). Si l
'école divise, il est alors légitime de s 'interroger sur les
déterminants et les conséquences les plus importantes des
mécanismes sélectifs qu 'est la réussite ou l
'échec. En effet, la communauté scientifique reste relativement
unanime sur ce qu 'est la performance en tant que critére scolaire mais
cette unanimité est trés loin d'être atteinte quant a ses
déterminants. La question de savoir ce qui explique la réussite
ou l 'échec scolaire a toujours suscité plus qu 'un débat.
Pour certains auteurs, l 'origine sociale est le facteur essentiel qui explique
la réussite ou l 'échec a l 'école mais pour d 'autres par
contre, les facteurs scolaires ou encore les facteurs individuelles seraient
les mieux indiqués pour rendre compte d 'un telle
phénoméne. Bien qu 'il ait plusieurs théories explicatives
des performances scolaires que CHERKAOUI classe en deux grands groupes, nous
nous tablerons dans le cas spécifique de cette étude sur les
facteurs liés a l 'origine sociale.
Selon Mohamed CHERKAOUI (1999), les
théories explicatives de la réussite scolaire peuvent etre
briévement classées en deux groupes. Les théories
déterministes avec des tenants comme BERNSTEIN, BOURDIEU, HYMAN, KAHL,
qui privilégient les facteurs relatifs au passé de l'individu et
soulignent les différences qualitatives entre les sous-cultures de
classe dans lesquelles les individus sont socialisés et les
théories actionnistes ou individualistes développées par
des économistes néo-classiques et certaines écoles
sociologiques dont celle de BOUDON. Ces derniers s'appuient plutôt sur
les variables liées a l'avenir, aux projets sociaux et scolaires ainsi
qu'au pouvoir de décision rationnelle des individus. Mais s'il existe
plus qu 'un débat controversé autour de ce qui pourrait expliquer
mieux ou pas la réussite ou l'échec scolaire, l'origine sociale
est cependant une conclusion a laquelle aboutissent la plupart des
études empiriques sur les questions de réussite et d'échec
scolaires. En effet, les résultats de nombreuses recherches
établissent des relations entre les performances scolaires et les
variables de l'origine sociale. Parmi ces recherches, on peut retenir entre
autres les écrits de
sociologues, sociolinguistes et psychologues aussi bien
aux Etats-Unis, en Europe qu'en Afrique et bien sir au Burkina
Faso.
C'est ainsi qu'en Europe, Pierre BOURDIEU et Jean-
Claude PASSERON (1964), soutiennent l'idée d'une liaison entre
la culture des étudiants et leur origine sociale. Pour ces deux auteurs,
le langage et la culture utilisés a l'école sont ceux de la
classe dominante par conséquent, l'école n'est pas un facteur de
mobilité sociale mais bien au contraire un des facteurs les plus
efficaces de conservation et de reproduction sociales. Il faut noter que de
telles idées doivent etre relativisées car des études ont
également abouti a la conclusion selon laquelle malgré des
conditions socio-économiques particuliérement difficiles,
certains enfants issus de milieux défavorisés arrivent grace a l
'école a aboutir a une mobilité sociale ascendante
(confére Mohamed CHERKAOUI : 1999).
De même, Alain GRAS rejoint BOURDIEU et affirme
que chez l'enfant, " les variables de la réussite dans
l'enseignement post primaire sont la profession de son pere, le niveau
d'instruction de ses parents, l'habitat, la motivation de la famille vers les
savoirs et l'instruction" (1974 : 142). Pour GRAS tout comme Sylvain
COSTER et Ferdinand HOTHYAT, ces facteurs influencent sur les succes a venir
autant que les dispositions intellectuelles et le caractére de
l'enfant.
Mais bien avant, Alfred SAUVY
(1970), avait prouvé que les enfants de classes
favorisées réussissent plus a l'école que ceux issus de
classes sociales défavorisées. Les conclusions de son
étude sont proches de celles de Christian BAUDELOT et Roger
ESTABLET (1971).
Torten HUSSEN (1975),
aprés une investigation sur la réussite scolaire a eu lui aussi a
démontrer que l'intelligence ou l'aptitude telle que mesurée a
l'école en terme de réussite scolaire est avant tout sociale. Ce
qui est mesurée, soutient HUSSEN n'est pas héréditaire, ni
l'intelligence ou l'aptitude d'un individu mais plutôt le langage ou le
raisonnement verbal qui est le produit culturel des couches favorisées
de la société. Par conséquent, on ne doit pas
s'étonner de voir des différences de réussite scolaire
entre les enfants des classes favorisées et ceux des couches sociales
défavorisées.
Harold ENTWISTLE (1978), aborde
également dans le meme sens. Il estime que la classe sociale est un
déterminant incontestable de l'éducation car la distribution des
étudiants
au niveau de l'enseignement secondaire et
supérieur est corrélée avec le niveau de revenu et d
'occupations des parents. Et comme les améliorations des services
sociaux pour libérer les écoles de la pauvreté n'ont pas
permis d'atteindre un taux élevé d'enfants de classe
défavorisée dans l'enseignement secondaire et supérieur en
France, ENTWISLE pense que cela doit conduire les sociologues a examiner les
relations culturelles, psychologiques et les indices économiques de
classe sociale dans l'explication de la performance scolaire.
Il en va de même de certaines conclusions
d'analyses en sociolinguistique scolaire. En effet, Basile BERNSTEIN
(1975) fait partie des auteurs qui ont beaucoup écrit sur les
rapports entre le langage parlé et écrit des différentes
classes sociales et la réussite scolaire des jeunes. Ces travaux
s'inscrivent dans le cadre de la dialectologie sociale (étude des
dialectes d'une langue en rapport avec les sociétés qui les
parlent). En effet, c 'est a partir du constat classique de l'échec
scolaire des enfants de couches défavorisées, que BERNSTEIN a
entrepris d'étudier les causes profondes d'un tel
phénoméne. C'est ainsi qu'à la suite de ses recherches, il
en est arrivé a la conclusion selon laquelle le langage agirait comme
variable intermédiaire entre le milieu d'origine et les comportements
scolaires des individus. Selon sa théorie, les relations de classes
générent, distribuent, reproduisent et légitiment des
formes distinctes de communication qui donnent lieu a des codes dominants et
dominés. Les individus sont donc différemment positionnés
socialement par ces codes dans le processus de leur acquisition scolaire. Car,
le langage "formel" utilisé par les couches favorisées
est plus élaboré que le langage, "public" des couches
défavorisées et le fait qu'il soit privilégié par
l'école, donne a ces enfants un avantage décisif sur le plan des
apprentissages scolaires.
A l'instar de BERNSTEIN, les travaux de William
LABOV (1976) s'inscrivent également dans le cadre des
recherches de la dialectologie sociale qui ont cherché a expliquer les
problémes linguistiques dans les ghettos noirs américains. Ainsi,
les travaux de LABOV sur les stratifications sociales aux Etats Unis ont permis
de montrer que les classes favorisées employaient un langage
considéré comme supérieur et différent de celui des
milieux défavorisés. Ce qui représente un facteur
favorisant ces classes dans le processus de leur acquisition
scolaire.
Les résultats de certaines études
menées en Afrique corroborent également avec ceux d'Europe et
d'Amérique car Rémy CLIGNET (1974) en est arrivé
a ces mêmes conclusions en Cate d'Ivoire. Pour l 'auteur, il ne fait
aucun doute qu 'il existe un lien entre la culture familiale
et la réussite puisque la proportion des
éleves qui réussissent mieux augmente au fur et a mesure que le
niveau de scolarité de leurs parents s'éleve.
Dans le contexte Burkinabé, au terme de son
étude dont l'objet était d'identifié les causes des
déperditions scolaires dans la ville de Ouagadougou afin de proposer
quelques solutions, Alkassoum MAIGA (1990) a conclu de ses analyses
que les enfants des couches sociales défavorisées (paysans,
manoeuvres, artisans...) étaient les plus exposés au
phénoméne de déperdition par rapport a leurs copains issus
de milieux favorisés économiquement (commercants,
fonctionnaires, militaires...). En effet, cela est rendu possible par le
fait que les plus défavorisés soient les plus incapables a
garantir a leurs enfants de bonnes conditions de travail faute de moyens
économiques et matérielles. Il conclut ainsi que l'échec
scolaire s'explique par les mauvaises conditions de travail et par
conséquent l'origine sociale serait un déterminant des
déperditions scolaires dans la mesure ou l'incapacité a supporter
la scolarité de son enfant est fonction de la catégorie socio-
professionnelle des parents.
Cette idée revient également chez
Maxime COMPAORE (1996). Pour lui, de nos jours, la scolarisation d'un
enfant nécessite un véritable engagement de sa famille a
réunir les meilleures conditions de travail lui permettant de
réussir. Outre la cotisation annuelle au niveau de l'APE, les familles
doivent assurer l'achat des fournitures scolaires, l'habillement et la
restauration des éléves. Autant de dépenses qui ne font qu
'alourdir le prix a payer pour la scolarisation des enfants. Cette situation
est donc favorable aux enfants issus de familles aisées.
De même, Komla LOKPO (1999),
aprés analyse des données de son étude qui a pris en
compte le nombre total de redoublement des éléves pendant leur
cursus scolaire, a conclu que les éléves ayant des tuteurs de
classes populaires (agriculteurs, éleveurs, ouvriers...) sont
les plus exposés aux échecs scolaires par rapport a ceux issus de
tuteurs aisés. Pour LOKPO, le manque accru de moyens qui se traduit par
l'incapacité des tuteurs de couches défavorisées a offrir
a leurs filleuls de meilleures conditions d'étude justifie cette
situation.
S'il est vrai que plusieurs études empiriques
ont permis de mettre en relation l 'origine sociale et le rendement scolaire,
peut- on pour autant nier la responsabilité de l 'école dans l
'échec ou la réussite scolaire ? En effet, a côté
des facteurs liés a l 'origine sociale, certains facteurs d 'ordre
scolaire et personnel peuvent influencer les résultats. Tout comme les
études environnementalistes établissent un lien entre l 'origine
sociale et les performances scolaires,
des études ont également
constaté qu'en dépit d'une certaine mobilité sociale
ascendante, certains enfants de milieux défavorisés parviennent,
grace a l'école a se hisser dans l'échelle sociale. Les facteurs
externes comme l'origine socio-économique restent
prépondérants et l'appartenance sociale se répercute dans
l'individu, notamment dans ces représentations. Simultanément,
des enfants de milieux aisés pour lesquels l'école serait
faite « sur mesure » échouent dans leurs
études. Ce dernier constat est faite par Mohamed CHERKAOUI en ces termes
: " l'influence de la classe sociale sur la réussite change de
façon substantielle lorsque l'on prend en considération le type
d'enseignement. De fait, on constate une réduction considérable
des différences de réussite entre les classes sociales. Plus
précisément, en termes de relation entre les classes, on note une
détérioration relative de la réussite des enfants de
cadres supérieurs-professions libérales et de petits
propriétaires d'une part, une amélioration relative de la
réussite des éleves issus de la classe ouvriere et de la
catégorie des employés d'autre part." (1999 :
53)
II. PROBLEMATIQUE
Durant ces dernieres années, l 'opinion que la
réussite a l 'école constitue un objectif essentiel voire un
enjeu économique et social pour le développement est une des
idées promues par l 'ensemble des Etats africains dont le Burkina Faso.
En effet, les dirigeants burkinabe et leurs partenaires considerent que l
'éducation est un puissant levier de l 'épanouissement humain
car, elle a une forte incidence sur le développement des
capacités humaines et institutionnelles. L 'éducation est
perçue comme une priorité nationale selon l 'article 2 de la loi
n°013/96/ADP portant loi d 'orientation de l 'éducation et l
'école comme le lieu privilégié pour vivre des
expériences et apprendre a organiser des connaissances. Elle a de ce
fait, en sa qualité d 'institution vivante et dynamique, une part de
responsabilité dans la réussite des éleves. Nonobstant ce
role que doit jouer l 'école, les recherches en éducation
menées au cours des deux dernieres décennies ont montré
notamment les faibles performances du systeme éducatif contribuant ainsi
a accentuer les inégalités des résultats scolaires. La
nécessite d 'une plus grande efficience interne du systeme
éducatif, d 'une équité dans l 'éducation et d 'une
meilleure compréhension des mesures appropriées pour une
scolarisation réussie s 'impose afin de tracer les avenues possibles
pour permettre a l 'école de relever les défis nouveaux qui lui
sont posés.
Fort de cela, les politiques en matiere d
'éducation au Burkina Faso se sont plus axées sur la promotion de
la scolarisation avec un accent particulier sur celle des filles,
sur
l 'amélioration de la qualité de l
'enseignement a travers la construction de nouveaux établissements et
sur le recrutement et la formation de nouveaux enseignants. Les incidences que
l 'origine sociale peut avoir sur les résultats scolaires et partant de
la sur la qualité de l 'enseignement ont été le plus
souvent sous estimées ou négligées dans les recherches de
solutions conséquentes et durables a la crise qui secoue le systeme
éducatif burkinabé. En effet, beaucoup de familles au Burkina
Faso dont celles de Tenkodogo en raison de la pauvreté et de la
modicité de leurs revenus n 'arrivent pas a réunir les conditions
suffisantes pour la réussite scolaire de leurs enfants, situation
propice pour une ascension sociale et économique. En
réalité, les parents qui n 'ont les moyens de se procurer les
manuels scolaires, de s 'acquitter des frais de scolarité et de
cotisation d 'Association des Parents d'Eléves (APE) voient leurs
enfants exclus ou échoués. Au regard de cette situation, l
'étude ambitionne analyser les liens entre les performances scolaires
des éléves et les facteurs socioéconomiques liés a
leur environnement social.
Cette recherche vise donc a analyser dans le cas
spécifique de Tenkodogo, l 'influence que les conditions
socio-économiques, le statut matrimonial et le niveau d 'instruction des
parents ont sur les résultats scolaires des enfants. Cet objectif nous
amene donc a poser la question spécifique suivante :
Quelle influence les facteurs socio-économiques
ont sur les résultats scolaires dans la ville de Tenkodogo ?
A cette question se posent les questions annexes
suivantes :
- Quel lien existe t-il entre le statut matrimonial
familial et les performances Scolaires des éléves ?
- Le niveau d 'instruction des parents détermine
t-il les résultats scolaires de leurs enfants ?
III. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE III.1 Objectif principal
:
L'étude vise a identifier les liens qui existent
entre l'origine sociale et les performances scolaires.
III.2 Objectifs secondaires :
Les objectifs secondaires de l'etude sont de
:
* Identifier les rapports qui existent entre le statut
matrimonial de la famille d 'appartenance des eleves (polygamie- monogamie)
et les performances scolaires.
* Determiner les liens qu'il peut y avoir entre le
niveau d'instruction des parents et les resultats scolaires de leurs
enfants.
IV. HYPOTHESES DE LA RECHERCHE
IV.1. Hypothese principale :
L 'origine sociale et les conditions socio-economiques d
'existence influencent les performances scolaires des eleves.
IV.2. Hypotheses secondaires
* Il existe un lien entre le statut matrimonial et
les performances scolaires des éléves, de maniere plus
spécifique les éléves issus de familles monogames sont
plus performants que ceux issus des familles polygames.
* Le niveau d'instruction des parents determine les
performances scolaires de leurs enfants. En d 'autres termes, la proportion des
éléves qui réussissent augmente au fur et a mesure que le
niveau de scolarité de leurs parents s'éléve.
V. A PPROCHE CONCE PTUELLE
"L'affettage des concepts est donc la premiere
étape vers la théorie : cela conduit parfois a des discussions de
vocabulaires qui paraissent byzantines au profane qui croit savoir
d'évidence ce dont il parle. C'est une erreur : le byzantinisme au
départ épargne bien des confusions par la suite et toute science
en formation doit ce forger son vocabulaire meme si ce jargon irrite le
néop hyte" Henri MENDRAS (2001). Ce constat établi
par MENDRAS, montre l'importance des vocabulaires et concepts en sociologie.
Car comme l'avait si bien mentionné Emile DURKHEIM
4' la premiere démarc he du sociologue doit etre de
définir les c hoses dont il traite afin que l'on sac he et qu'il sac he
bien de quoi il est question. C'est la premiere et la plus indispensable
condition de toute preuve et de toute vérification ; une théorie,
en effet, ne peut etre contreilée que si l'on sait reconnaitre les faits
dont elle doit rendre compte" (1999 : 34).
Que faut-il alors percevoir a travers les principaux
concepts de cette étude portant sur le theme : Z'Origine sociale et
performances scolaires : analyse de l'influence des facteurs
socio-économiques sur les résultats scolaires. Etude de cas du
lycée Rialé et du College Naaba Zoungrana de Tenkodogo
4' ?
Cette étape de la recherche définie ces
principaux concepts selon des acceptions conventionnelles dans la mesure oil
ils sont validés dans d'autres recherches, par leur dynamisme a rendre
compte d'un tel phénomene.
r2- Identification des concepts
* Socialisation / éducation /
scolarisation
* Origine sociale
* Monogamie / polygamie
* Méritocratie
* Mobilité sociale
* Réussite scolaire
Qr Definition :
* Socialisation, Education et Scolarisation
Selon Madeleine GRAWITZ (2004), la socialisation est
le processus par lequel les individus sont intégrés dans une
société donnée, intériorisent les valeurs, normes,
codes symboliques et font l 'apprentissage de la culture en
général grace a la famille et l 'école, mais aussi par le
langage, l 'environnement, etc. Elle représente un apprentissage et un
ajustement.
Chez Jean-Paul PIRIOU (2004), elle est le processus
par lequel la société par l 'intermédiaire de groupes et d
'institutions (familles, école, etc.) inculque des normes, des valeurs
et des croyances a un individu en combinant des mécanismes d
'apprentissage (d 'habitudes, de savoir- faire) et d 'identification (a un
héros, aux parents). Pour l 'auteur, la socialisation se traduit par le
fait que l 'individu a intériorisé et fait siennes ces normes,
valeurs et croyances.
D'aprés Raymond BOUDON et al (1996), au sens
fort socialiser c 'est transformer un individu d 'un etre asocial en un etre
social en lui inculquant des modes de penser, de sentir, d 'agir. Pour ces
auteurs, une des conséquences de la socialisation est de rendre stables
des dispositions du comportement ainsi acquises. Cette intériorisation
des normes et valeurs a également pour fonction de rendre siennes les
regles sociales, qui sont par définition extérieures a l
'individu, et d 'augmenter la solidarité entre les membres du groupe.
Cette définition de la socialisation suppose la primauté de la
société sur l 'individu, l 'exercice d 'une contrainte par une
autorité considérée comme légitime et un objectif
défini au niveau social.
A cette vision plus ou moins déterministe, on
peut opposer tout de même une conception plus souple qui prend en
considération la relative autonomie de l 'individu, la capacité
de celui- ci a adapter les dispositions acquises aux situations vécues,
et même a modifier au besoin les normes et valeurs
intériorisées en fonction de certains problémes qu 'il est
appelé a résoudre.
Pour Mohamed CHERKAOUI (1999), c 'est a Durkheim que l
'on peut faire remonter l 'usage du concept de socialisation. Socialiser c 'est
convertir. Idéalement, c 'est transformé un individu d 'un etre
asocial en un etre social en lui inculquant des catégories de
pensée et un systeme d 'idées, de croyances, de traditions, de
valeurs morales, professionnelles ou de classe, dont certaines sont
irréversibles et d 'autres au contraire changent en fonction
de
nouveaux apprentissages et des situations
vécues. Cette définition suppose un avant et un aprés dans
l 'histoire des individus, la primauté du social sur l 'individu a des
communautés idéologiques ou cognitives. Elle n 'exclut cependant
ni la résistance ni même l 'échec du contrôle social
des individus par l 'institution scolaire.
Quant au concept d'éducation,
étymologiquement il vient du latin ex ducere qui signifie tirer hors,
élever. D'aprés Madeleine GRAWITZ (2004), c'est l'action
exercée généralement sur autrui pour augmenter les
possibilités du corps, de l'intelligence, du
caractére.
Dans l'art.2 de la déclaration des droits de
l'homme de 1948, elle désigne l'ensemble des moyens qu'une
société assure a ses membres pour les scolariser,
c'est-à-dire partager, surtout aux jeunes, les valeurs qu'elle
privilégie, sa culture, en même temps que transmettre les
connaissances nécessaires a l'épanouissement de leur
personnalité.
Dans un sens général alors,
l'éducation peut etre perçue comme la mise en oeuvre par les
adultes, éducateurs professionnels, des moyens aptes a favoriser le
développement des facultés proprement humaines de l'enfant :
affectivité, volonté, intelligence...
En ce qui est du concept de scolarisation, pour Emile
GENOUVRIER (2001), c 'est l 'action de scolariser, c'est-à-dire
dans un premier temps doter un pays, une région des
établissements nécessaires a l 'enseignement de toute une
population. Dans un second temps,
c 'est admettre un enfant ou un groupe d 'enfants a
suivre l 'enseignement d 'un établissement scolaire.
D 'un point de vue économique, la scolarisation
est définie comme un investissement avec des dépenses qui n
'engendreront des bénéfices que des années plus tard. C
'est en ce sens que BOMMIER. A et SHAPIRO. D (2001) pensent que la
scolarisation constitue un moyen
d 'augmenter le capital humain de l 'individu. Pour
ces deux auteurs, le concept peut etre défini comme étant l
'ensemble des connaissances et des capacités de l 'individu. Ainsi, en
allant a l 'école, l 'enfant développe des savoirs qui augmentent
sa productivité future et qui seront valorisés sur le
marché du travail.
Par contre, la conception sociologique définit
la scolarisation comme un processus de transmission d 'un savoir écrit
qui influe sur le comportement et la mentalité qui se répercutent
sur la société entiére.
Chez Etienne GERARD (1999), la scolarisation
s 'apparente a des combinaisons entre un ensemble de regles sociales et des
attentes en matiere d 'éducation, entre un ordre scolaire et des
capacités d 'ajustement de cet ordre et enfin entre des attentes et
besoins (celui de promotion sociale ou intégration, celui d 'acquisition
des savoirs) des contraintes (économiques, sociales) et des
capacités de satisfaction de ces besoins. En ce sens, la scolarisation
est le produit de représentations, d 'aspirations et du rapport entre
celles- ci et les possibilités de les satisfaire. Ainsi, la mise a l
'école et le choix du parcours scolaire sont toujours
opérés de maniere particuliere, c'est-à-dire qu 'ils ont
une certaine rationalité même si tous les facteurs ne sont pas
toujours pris consciemment en compte par les individus.
Pour les fins de la présente étude, nous
entendons par socialisation tout processus par lequel chaque individu
intériorise les divers éléments de la culture environnante
c'est-à-dire les valeurs, les normes, les codes symboliques, les regles
de conduite, les savoirs cognitives et intellectuels par l
'intermédiaire des groupes ou institutions que sont la famille et l
'école. Quant au concept d'éducation de part sa dimension
culturelle, sociale, politique et économique, renvoie ici, aux
institutions scolaires mais également aux différentes instances
éducatives et aux divers lieux de formations. De cette définition
de l 'éducation, retenons que lorsque nous parlons d 'éducation,
il s 'agit du savoir transmis a l 'école. Ainsi, nous convenons avec la
conception Deweyenne que l 'éducation et la scolarisation sont une seule
et même chose puisque le travail porte sur l 'éducation scolaire.
La scolarisation dans cette étude est donc le fait d 'envoyer un enfant
a l 'école en vue de lui inculquer des savoirs et savoir- faire qui
constituent des éléments nécessaires dans la vie de tout
homme, et le fait de suivre de pres son éducation scolaire.
* Origine sociale :
Etymologiquement, le concept origine vient des mots
latin Z 'origo '' et Z ' inis '' qui signifient ancêtres ou milieu humain
auquel remonte la généalogie d 'un individu, d 'un groupe. Le
concept renvoie donc a l 'ascendance, a l 'extraction, a la parenté, a
la souche. Quant au terme social, lui provient du latin socialis et est relatif
a un groupe d 'individus, d 'hommes.
Chez Madeleine GRAWITZ (2004), le social est
ce qui concerne les hommes en société. Pour l 'auteur, il n 'y a
pas d 'homme sans société ni de société sans homme.
C 'est l 'avis de William Lapierre qui affirme que les éléments
du systeme social sont des interactions entre
les personnes ou les groupes. Dans ce sens, le social
pour lui comprend la sociogénétique, l 'écologie, l
'économique, le culturel et le politique.
Quant a CHAUCHARD (1963), le social n 'est
autre chose qu 'un certain comportement de l 'individu dans ces rapports avec
autrui et spécialement ses semblables. Le social dépasse d
'ailleurs le domaine psychologique pour prendre en compte plusieurs dimensions
que Benoit GAUTHIER regroupe en trois dimensions : la dimension culturelle,
économique et relationnelle.
Selon CLANET. C (1989) alors, l 'origine
sociale peut etre considérée comme le milieu social d 'oil est
issu un individu, c 'est sa provenance sociale c'est-à-dire son
appartenance a un groupe social oil il participe de ses caractéristiques
socio- culturelles, économiques et relationnelles...
Dans cette étude, nous retenons que l 'origine
sociale désigne le milieu social oil est issu un individu
c'est-à-dire son appartenance a un groupe de personnes
apparentées vivant sous le même toit et partageant les mêmes
caractéristiques sociales, culturelles, économiques,
relationnelles...
* Monogamie et polygamie :
Pour Jean- Francois DORTIER (2004), la
monogamie peut etre définie comme un systeme dans lequel l'homme ne peut
etre simultanément l'époux de plus d'une femme et la femme
l'épouse de plus d'un homme. Elle s'oppose a la polygynie et a la
polyandrie les deux formes de polygamie. Cependant, l 'auteur souligne
inversement l'existence dans les sociétés monogames, des formes
cachées de polygamie : " Les nobles, les princes et les rois
entretiennent des courtisanes, les bourgeois des mattresses, les dames des
amants, relations qui sans etre officielles sont souvent connues de
tous".
Quant a la polygamie, selon Jean Paul PIRIOU
(2004) elle est une union impliquant plus de deux conjoints. On parle de
polyandrie lorsque c'est la femme qui épouse plusieurs hommes et de
polygynie lorsque c'est l'homme qui épouse plusieurs femmes.
Chez Jean-Francois DORTIER (2004), la
polygynie est la possibilité pour un homme d'épouser plusieurs
femmes. La polyandrie désigne une situation ou une épouse peut
pendre plusieurs maris. Elle est constatée dans quelques
sociétés seulement : chez les Nayar en Inde,
les Toda des Iles Marquises, les Indiens Guayati du
Paraguay ainsi que dans certaines régions du Tibet et du Népal en
revanche la polygamie est trés répandue dans le monde entier. Les
trois quart (3/4) des neuf cents (900) sociétés
humaines recensées par George MURDOCK sont polygames.
Il faut noter que la polygamie est une forme familiale
trts répandue et enracinée dans la tradition africaine. Elle
reste d'actualité tant en milieu rural qu'en milieu urbain. La polygamie
y est mentionnée dans le code de la famille burkinabe comme alternative
possible nécessitant toutefois l 9avis favorable des femmes
concernées. Selon Paré Afsata KABORE (1998), dans le
domaine de l 9éducation, les efforts en vue de l
9amélioration du rendement de l 9école
doivent intégrer de plus en plus des réflexions sur la question
même des rapports entre l 9école et la structure
familiale (monogamie -- polygamie). Pour l 9auteur, les rapports
sociaux inégaux entre hommes et femmes dans le contexte culturel
africain en général et en particulier burkinabé, sont
particuliérement reflétés dans l 9institution
familiale polygame et s 9inscrivent dans la même ligne que la
vision sociale qui insiste plus sur la scolarisation du garcon que de la fille.
C 9est pourquoi KABORE pense que, de part leur niveau
économique, leur taille, leur culture, souvent différents, la
polygamie et la monogamie pourraient avoir des liens sur les performances
scolaires qu 9il convient d 9étudier.
Pour cette étude, nous désignons par
polygamie sa dimension polygénique c9est-à-dire le
fait pour un homme d 9être uni simultanément a
plusieurs femmes. Par monogamie, nous entendons le fait pour un homme d
9être uni uniquement a une seule femme. Il est bien entendu
que la nature de l 9union (légale, religieuse ou concubinage)
ne sera pas prise en compte.
* Méritocratie :
Selon Madeleine GRAWITZ (2004), la méritocratie
désigne tout systeme dans lequel les postes élevés sont
occupés par des individus en fonction de leurs compétences
(mérites) définies par les standards sociaux de l
9époque et les exigences de la situation.
Pour Gilles FERREOL et al (1995), la
méritocratie désigne la situation dans laquelle ni la naissance
ni les relations ne doivent conditionner la réussite sociale. C
9est l 9application du principe : a chacun selon ses
dons, son talent et ses compétences. Au départ,
égalité des chances (assurée en partie, par la
démocratisation de l 9enseignement). Problématique de
la
circulation des élites, de nombreuses
discutions (héritage culturel, effet de lignée, reproduction des
inégalités).
Quant a Raymond BOUDON et al (1996), ce terme
désigne généralement une hiérarchie des postes et
des places qui résulte de l 'application du principe : a chacun selon
ses dons et ses mérites. D 'usage peu fréquent, il comporte des
équivoques, en particulier parce que son sens est plus large que celui
qu 'il évoque. S 'il suggere une répartition des postes en
fonction des efforts, du travail, de la bonne volonté de chacun, il
désigne en fait un état social oil la hiérarchie des
positions se calque sur celle des qualités individuelles (dons et
mérites confondus) ou plus simplement, un état social oil regne l
'égalité des chances. La méritocratie est
inégalitaire mais cette inégalité est l 'aboutissement d
'une compétition égale : des résultats inégaux mais
des chances égales au départ. Autrement dit, ni la naissance, ni
les relations, ni la chance ne conditionnent la réussite sociale ; seuls
jouent les dons et mérites, tel qu 'ils sont reconnus et mesurés.
De quelle maniere opérer cette sélection sociale ? Selon la
version la plus courante de la méritocratie, ce sont l 'école et
l 'université qui assurent cette fonction ; la hiérarchie sociale
se confond alors avec celle des diplômes. Selon donc la conception
boudieusienne, une méritocratie parfaite est une utopie mais les
sociétés sont plus ou moins méritocratiques.
Par contre, Fernand SANOU (1986), a une autre
conception de la méritocratie. Il met en exergue la mainmise des
intellectuels africains en général et burkinabe en particulier
sur l 'histoire post- coloniale de leur pays. C 'est donc dire que ces produits
et producteurs de l 'éducation scolaire façonnent et orientent
cette institution en fonction de leurs intérests et dans le but de
pérenniser leur légitimité sociale. Ensuite, l 'auteur
souligne donc que ce n 'est pas le mérite, l 'aptitude intellectuelle
des éleves qui détermine leurs chances d'acces aux
différents niveaux du systeme éducation, mais plutôt leur
origine sociale, la fortune et / ou le pouvoir social de leurs
ascendants.
Sans vouloir engager dans cette partie de la recherche
un débat controversé pour savoir si nos sociétés
sont méritocratiques ou pas, dans la présente étude nous
entendons par méritocratie tout systeme dans lequel le mérite et
la compétence déterminent la hiérarchie. Dans le domaine
donc de l 'éducation le concept désigne donc la situation dans
laquelle la position sociale ou l 'origine sociale ne conditionne pas la
réussite scolaire des éleves mais plutôt leurs
mérites et compétences.
* Mobilité sociale :
Selon Madeleine GRAWITZ (2004), la mobilité
sociale désigne simplement tout déplacement d 'un individu, d 'un
objet, d 'une valeur sociale ou d 'un groupe d 'une position sociale a une
autre.
Pour Raymond BOUDON et al (1996), la mobilité
sociale désigne le mouvement des individus entre les catégories
ou classes sociales. Il existe deux types de mobilité. La
mobilité intra- générationnelle qui est le passage des
individus d 'une catégorie a l 'autre durant la mesme
génération. On compare dans ce cas la classe a laquelle
appartient l 'individu enfin de carriere, par exemple, a la classe a laquelle
il appartenait en début de carriere. La mobilité
intergénérationnelle est quant a elle, la circulation d 'un
individu du groupe social auquel appartient sa famille (pere et mere) a un
autre groupe : nous comparons la classe sociale a laquelle appartient l
'individu a la classe a laquelle appartient sa famille.
A la suite de BOUDON, Jean Paul PIRIOU (2004)
définie la mobilité sociale comme la circulation des individus
entre les positions sociales. Il dénombre également deux types de
mobilité sociale : la mobilité intra-
générationnelle appelée mobilité professionnelle et
la mobilité intergénérationnelle appelée
mobilité sociale et correspondant aux changements de position sociale d
'une génération a l 'autre. Cependant il distingue la
mobilité verticale entre des positions considérées comme
de niveaux différents (mobilité ascendante et descendante) et la
mobilité horizontale entre des positions différentes mais
socialement équivalentes.
Chez Jean-Francois DORTIER (2004), la
définition sociologique de la mobilité sociale est
inséparable des instruments statistiques qui permettent de l
'étudier. Pour l 'auteur alors, les études statistiques s
'appuient depuis Karl Pearson (1857-1936) sur l 'exploitation des (( tables
de mobilité h, groupant les individus d 'une population selon leur
profession en début et en fin de carriere : c 'est la mobilité
professionnelle. La mobilité sociale proprement dite compare la
profession du pere et celle du fils. Pour DORTIER, le resve américain
est celui de l 'ascension sociale. L 'idéal du Z 'self made man '' n
'est pas qu 'un mythe mobilisateur c 'est aussi une réalité dont
la société américaine peut offrir de nombreux exemples. En
cela, la société démocratique s 'oppose aux
sociétés a ordres ou castes, dans lesquelles l'acces a telle
position sociale est strictement déterminé par le rang de
naissance.
Pour Pierre BOURDIEU (1978), le concept d
'habitus rend compte de la reproduction sociale qui s 'effectue a travers la
transmission des différents types de capitaux économique, social,
culturel et symbolique. Ce concept chez BOURDIEU met l 'accent sur la
liberté relative des individus dans l 'espace social favorable a une
mobilité sociale. La lecture bourdieusienne de la mobilité
sociale renvoie donc a la structure de la classe et a la hiérarchie des
positions a travers leurs transformations. Pour l 'auteur, la vie sociale peut
;tre considérée comme un champ, un espace de lutte entre les
différents agents occupant les diverses positions. Les luttes ont pour
enjeu l 'approbation d 'un capital spécifique au champ. A titre
illustratif, Pierre BOURDIEU présente le petit bourgeois (en ascension)
comme "un proMtaire qui se fait petit pour devenir bourgeois" : d
'origine populaire, il investit beaucoup dans l 'école et pousse sa
progéniture a la plus forte réussite possible.
Quant a Suzie SUTH (1997), la mobilité
sociale est un phénoméne temporel masqué par la succession
et la transformation de l 'activité des générations. Pour
elle, le mouvement ascendant sur l 'échelle sociale procéde de
deux voire trois générations utilisant dans certains cas des
intermédiaires qui permettent aux générations
ultérieures de pousser plus loin leur scolarité. Pour l 'auteur,
plus la mobilité dans une société se développe,
plus la conscience des inégalités croft ; les
phénoménes de changement social deviennent plus massifs et par
conséquent plus visibles socialement. Aujourd 'hui, en évoquant l
'éducation et les débouchés offerts dans leur pays, les
jeunes africains ont le sentiment de voir croitre sous leurs yeux, les
processus de différenciation sociale, de hiérarchisation sociale,
d 'exclusion et de marginalisation.
Tout au long de cette recherche, nous entendons par
mobilité sociale, la mobilité intergénérationnelle
qui est l 'ensemble des changements qui se produisent d 'une
génération a la génération suivante. C 'est donc
celle qui compare la classe sociale, le niveau économique, le niveau d
'instruction, etc. des parents a ceux de leurs enfants.
* Réussite scolaire :
Selon PASQUIER. D (1992), il y a plusieurs
maniéres de relativiser la notion de réussite. Pour lui
néanmoins, on peut considérer qu 'il y a réussite par
rapport aux mesures purement scolaires de passage de classes et d 'examens. C
'est donc une définition uniquement centrée sur les aspects
évaluatifs et leurs corolaires d 'avance ou de retard.
Quant a ASSOGBA. A (1984), la réussite
scolaire indiquée en général, par les notes,
représente le principal critére de passage des
éléves d 'un niveau a l 'autre ou d 'une filiére a l
'autre du systeme d 'enseignement. Bien réussir par exemple a l
'école, c 'est avoir de bonnes notes scolaires.
Dans le cadre de l 'étude présente et
pour des besoins méthodologiques liés a une approche surtout
quantitative, nous attribuons au concept de réussite scolaire son
acceptation courante de performance liée au rendement scolaire. Nous
entendons ici par performance le travail dans le sens d 'une production
intellectuel. Cette performance est donc perçue dans le sens de la
qualité du travail fourni et cela est mesurable par le rang
c'est-à-dire le classement effectué en fonction de la moyenne.
Mais aussi par la prise en compte du succés qui est percevable a travers
les redoublements.
CHAPITRE II : METHODOLOGIE
Ce chapitre comporte successivement la
définition du milieu et de la population d 'enquête, l
'échantillon, les outils et techniques de production des données,
la politique du terrain, la stratégie d 'analyse des données, les
limites et difficultés de l 'étude.
I. MILIEU ET POPULATION D'ENQUETE
La présente recherche s 'est
déroulée dans la ville de Tenkodogo oil deux (02)
établissements secondaires ont été retenus (le
Lycée Rialé et le College Naaba Zoungrana) sur un total de six
(06) établissements. L 'étude a porté sur une population
scolaire des deux sexes (masculine et féminine) fréquentant les
classes de 4e et 3e du premier cycle de ces deux
établissements. Deux raisons essentielles justifient ces choix
:
* Bien que le phénomene soit répandu dans
tout le Burkina Faso, pour des raisons
d 'ordre pratique qui releve de l 'incapacité
matérielle et financiere a couvrir toutes les localités du pays,
la ville de Tenkodogo a été choisie comme milieu d 'étude.
Aussi, la connaissance de cette localité a certes guidé le choix
pour cette ville mais aussi a cela s 'ajoute la volonté réelle de
vouloir comprendre et d 'apporter notre contribution si modeste soit-elle a l
'éclairage d 'un tel phénomene dans la dite
localité.
* Quant aux établissements, leur choix s'est
effectué de faQon raisonnée en tenant compte du poids qu 'ils
représentent (nombre d'éleves) et des criteres public /
privé, ceci dans
l'optique de diversifier la population d'enquête
afin d'augmenter les chances d'appréhender différentes
caractéristiques liées a l'appartenance sociale. Ainsi, ce sont
les classes terminales du premier cycle du secondaire, 4e et
3e, qui ont été retenues puisque nous estimons
qu'à ce stade, l'expérience accumulée par ces
éleves favoriserait une lecture plus appropriée des
redoublements, des capacités et efficacités au premier cycle du
secondaire par rapport a ceux des 6e et 5e qui sont au
commencement du cycle.
II. ECHANTILLON
* Le questionnaire
L 'échantillonnage de l 'étude a
été réalisé sur la base de la combinaison de deux
techniques : la méthode par quotas et celle du tirage au sort
aléatoire.
En effet, le choix de la taille 0 n
>> de l 'échantillon a été
déterminé en tenant compte de la liste et de certaines
données énumératives sur la population a
enquêté obtenues au pres des établissements respectifs. Une
série de compromis a été entreprise entre la combinaison
des techniques d 'échantillonnage par quotas et du tirage au sort
aléatoire notamment celle du tirage systématique et les
contraintes de la réalité (contraintes temporelles, financieres,
administratives...).
Ainsi, afin de donner a tous les éleves la
probabilité d'être choisis, il a été dressé
une liste a partir des listes obtenues au niveau de chacun des deux
établissements. La liste comprenait le nom et prénom(s) de chaque
éleve, son sexe, sa classe ainsi que l 'abrégé de son
établissement d 'origine. Cela dans le but de reconstituer la population
mere dans la recomposition de notre échantillon. Une pré-
enquête aupres des chefs d 'établissements visés par l
'étude avait auparavant ressorti que l 'ensemble des effectifs
cumulés des éleves fréquentant toutes les classes de
4e et 3e des dits établissements s 'élevait
a 547 éleves. Dans un souci de représentativité, l
'application d 'un taux d 'échantillon de 15% nous donne ceci
:
(547*15) / 100 = 82.05 soit 82 éleves a
enquêter dont 49 garcons (60%) et 33 filles (40%)
Dans la répartition de ce nombre (82
éleves) au niveau des établissements, nous avons tenu compte de
la proportion de chaque établissement c 'est a dire du poids qu 'il
représente. Ainsi pour :
- Le Lycée Rialé nous avons (355 * 15) /
100 = 53.25 soit 53 éleves a enquêter
- Le College Naaba Zoungrana (192 * 15) / 100 = 28.8
soit 29 éleves a enquêter.
* Les guides d'entretiens
Dans le souci d 'obtenir des données
diversifiées, des entretiens semi- structurés ont
été réalisés aupres de personnes ressources
(responsables d 'établissement, enseignants et surveillants, parents
d'éleve et membres du bureau APE). Le choix de ces personnes s
'est
effectué en fonction de leur statut. Ainsi, sur
le terrain des entretiens ont été réalisés avec 16
personnes ressources (2 chefs d 'établissement, 2 surveillants, 4
enseignants et 8 parents d'éléve dont 3 membres du bureau de l
'APE).
III. OUTILS ET TECHNIQUES DE PRODUCTION DES DONNEES
Vu les objectifs visés par l'étude, la
méthode de la combinaison des outils semble la plus appropriée.
Trois instruments de collecte de données ont été retenus :
le questionnaire, les guides d 'entretien et l'analyse
documentaire.
Qr Le questionnaire :
Il a été administré a l'ensemble des
éleves constituant l 'échantillon d 'enquête. L 'objectif
visés par cet outil de collecte de données est de recueillir des
informations sur :
* Les caractéristiques socio-économiques
des enquêtés ;
* La structure et les caractéristiques familiales
de ces derniers ;
* Le niveau d'instruction de leurs parents et le suivi
familial ;
* Les caractéristiques scolaires des
enquêtés.
Le choix du questionnaire se justifie en ce qu 'il
est plus pratique mais aussi parce qu 'il permet d 'obtenir des informations
concernant l 'objet de l 'étude en quantité en un temps record et
a moindre cofit. Par ailleurs, des entretiens semi- dirigés ont
été organisés avec des personnes ressources afin d
'obtenir de plus amples informations et de combler d 'éventuelles
défaillances du questionnaire.
r2- L'entretien semi- dirige ou semi-
structure :
Les données quantitatives recueillies par le
questionnaire ont été complétées par des
données qualitatives qui ont l 'avantage de fournir des informations
plus approfondies sur les rapports entre l 'origine sociale des
enquêtés et leurs résultats scolaires. Des entretiens semi-
structurés ont donc été réalisés
auprés de diverses personnes ressources et témoins
déjà mentionnées sur la base d 'un guide d 'entretien
spécifique.
Qr L'analyse documentaire :
Elle a permis d 'examiner les livrets et bulletins
scolaires dans le but de recueillir non seulement des informations qui se
rapportent au niveau de performances des éleves et mieux encore de
favoriser la vérification des informations relatives aux
caractéristiques scolaires remplies dans le questionnaire par les
éleves.
IV. POLITIQUE DU TERRAIN
L 'intervention sur le terrain dans le cadre de cette
étude s 'est déroulée du 01 au 22 Juin 2007 et a
été précédée de deux
préenquêtes. la premiere du 05 au 09 décembre 2006 et la
seconde du 23 au 30 mai 2007.
La politique du terrain, dans le cas du questionnaire
a administrer aux différents éleves, a consister a organiser dans
un premier temps des séances d 'explication par classe sur les
modalités de remplissage de ce dernier tout en restant permanenment a l
'écoute pour d 'éventuels compléments ou
incompréhensions. Et dans un second temps, il a été
procédé a la distribution des questionnaires pour un remplissage
sur place afin de les récupérer par la suite.
Quand aux entretiens aupres des personnes ressources
un rendez-vous a été fixé en commun accord lors d 'une
premiere rencontre de prise de contact. Par la suite, a eu lieu l'entretien a
la date et a l ' heure convenues.
Quant aux moyennes remplis dans le questionnaire par
les enquêtés, ils ont fait l 'objet d 'une vérification a
travers la souche de leurs bulletins scolaires. Cette vérification s'est
effectuée en accord avec la direction de chaque établissement et
en fonction de la disponibilité des surveillants pour nous
assister.
V. STRATEGIE D'ANALYSE DES DONNEES DE
TERRAIN
Sur la base des hypotheses de cette recherche, il a
été sélectionné les variables liées a l
'origine sociale supposées avoir le plus d 'influence sur les
performances scolaires : l 'âge, les conditions socio-économiques
de la famille, le statut matrimoniale et la taille de la famille, le niveau d
'instruction des parents. Aussi, la stratégie d 'analyse a
consisté a simplifier certaines données de terrain en regroupant
des cas individuels certes différent mais proches afin de réduire
l 'infinie diversité des situations individuelles des
enquêtés a un nombre assez pratique. Cette faQon de
procéder a d 'ailleurs été préconisée par
Jean Paul GREMY (2003 :
22) pour qui « toute tentative pour
décrire les ''faits sociaux'' impose un effort d'abstraction, de
sélection des informations que l'on juge ''intéressantes'', ou
''pertinentes''. Cette démarche n'est pas le propre des méthodes
''quantitatives'' : les méthodes d'analyse de contenu ou d'observation
ne procedent pas autrementh. Les professions des péres ont
été ainsi regroupées en 5 catégories (les
agriculteurs, les ouvriers, les fonctionnaires, les professions
libérales et retraités), l 'âge en 3 classes d 'âge
(15- 17 ans, 18- 20 ans et 21- 23 ans), le statut matrimoniale en 2
catégories (la monogamie et la polygamie), la taille de la famille en 3
catégories (les moins de 6 personnes, entre 6 et 10 personnes et les
familles de plus de 10 personnes) et le niveau d 'instruction des parents en 4
niveaux ( les non scolarisés, le niveau primaire, secondaire et le
niveau supérieur).
Les données recueillies a partir le
questionnaire auprés des éléves ont fait l'objet d 'un
dépouillement et d 'un traitement manuel (techniques de distribution des
fréquences au moyen de tableaux croisés, comparaison des
pourcentages...), afin de calculer la distribution des fréquences au
sein de la population d'enquête.
Quant a celles des entretiens réalisés
auprés des personnes ressources, elles ont fait l'objet d 'un
regroupement thématique afin de comparer et de renforcer les
données fournies par le questionnaire.
VI. DIFFICULTES ET LIMITES DE L'ETUDE VI.1
Difficultés
Comme toute recherche, la présente étude s
'est heurtée a au moins trois difficultés majeures :
* Malgré les dispositions prises a temps,
certaines personnes ressources (directeur, enseignants et surveillants) n 'ont
pas toujours eu le temps opportun pour nous recevoir, cela pour diverses
raisons. Quelques séances d 'entretien ont été par
conséquent reprogrammées.
* En raison des vacances qui s'annoncaient et
malgré la détermination de certains éléves et de l
'administration des établissements concernés, les publics cibles
de notre échantillon n 'ont pas toujours répondu présent
pour l 'administration du questionnaire.
Les mesures pour remédier a cette situation ont
donc entrainé la prolongation de notre séjour sur le
terrain.
* En plus des difficultés d 'ordre financier,
s 'ajoute la pagaille de certains éleves qui a même
occasionné la décision du surveillant général du
LRT de nous faire assister pendant nos entretiens par deux surveillants en
SND.
Nonobstant ces difficultés, les mesures prises
pour y remédier et les informations émises par les
enquêtés nous ont néanmoins permis d 'obtenir les
informations nécessaires pour identifier les liens entre l 'origine
sociale et les performances scolaires dans notre milieu d
'étude.
V1.2 Limites
Cette recherche qui a pour objectif primordial de
déterminer le lien qui peut exister entre les conditions
socio-économiques, le statut matrimonial, le niveau d 'instruction des
parents et les performances de leurs enfants comporte tout de même
quelques limites.
* ~ême si l 'échantillon de l
'étude est assez représentatif, il reste que les
différentes catégories socio-économiques sont
représentées de maniere tres inégale, limitant ainsi
certaines comparaisons.
* Le choix des variables socio-économiques et
familiales ne prend pas en compte les variables scolaires et personnelles
telles que : l 'effectif de classe, l'atmosphere institutionnel, la
pédagogie des enseignants, les ambitions de
l'éleve...
* Les résultats et les conclusions de cette
étude sont aussi limités par les outils et techniques de
production de données utilisés, par le temps et par la
géographie de l 'enquête. Il convient nécessairement de
replacer les résultats de cette recherche dans le contexte de l
'étude.
RESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
DEUXIEME PARTIE :
CHAPITRE I : PRESENTATION ET ETAT DU SECTEUR EDUCATIF
DE LA ZONE D 'ETUDE
La politique générale éducative
de l 'éducation découle de la loi n°013/96/ADP, portant loi
d 'orientation de l 'éducation. Les réformes prônées
par cette politique sont entre autres, la mise en place d 'un systeme d
'éducation a mesure de dispenser un enseignement de masse et de
qualité d 'une part, et d 'autre part d 'assurer les formations requises
pour tous le personnel éducatif dont le pays en a besoin pour ses plans
de développement. Vu la place et le role importants que jouent le
personnel éducatif et les infrastructures scolaires dans tout systeme
scolaire, ce chapitre fait une présentation de la zone d 'étude
et expose l 'état du secteur éducatif dans la
localité.
I. GEOGRA PHIE
Située au Centre-Est du Burkina Faso, la province
du Boulgou s 'étend sur une superficie de 6852 km2, soit 2,4% de la
superficie du pays. Elle est limitée :
* Au nord par les provinces du Kouritenga et du
Ganzourgo ;
* Au sud par les Républiques du Ghana et du Togo
;
* A l 'Est par les provinces du Gourma et du
Koulpélogo ;
* Et enfin a l 'Ouest par les provinces du
Zoundwéogo et du Nahouri.
Le climat du Boulgou est tropical de type soudano-
sahélien (DRED-CE : 2007). Il présente deux variantes : le type
Sud soudanien et le type Nord soudanien. Mais notons que la baisse graduelle de
la pluviométrie et sa mauvaise répartition spatio-temporelle
constituent entre autres le principal handicap pour le développement du
secteur agro- pastoral. Cette situation a des conséquences sur l
'efficacité de l 'éducation. Car la majeure partie des
éléves de la province ont des parents paysans qui se retrouvent
ainsi donc dans une situation d 'incapacité a subvenir de faQon efficace
aux besoins scolaires de leurs enfants.
II. APERcU IIISTORIQUE ET ORGANISATION SOCIALE
II.1 Apergu historique
La province du Boulgou est peuplée
majoritairement par les Bisa et les Moose. Les Bisa seraient originaires du
Ghana et se seraient installés au 15 siècle a l 'époque
oil les Mossi venant aussi du Ghana s 'établissaient dans la même
région plus a l 'ouest. Des chefs prestigieux de l 'épopée
Moose ont leur tombe en pays Bisa et les Moose de Tenkodogo ont toujours
été trts liés aux Bisa.
Au dix- huitieme et au dix-neuvieme siècle d
'interminables guerres des esclaves auraient opposé les Moose et les
Bisa. Ces guerres auraient fait émerger des chefferies locales et
montrent un clivage entre Bisa insoumis (Garango, Zabré) et les Bisa
soumis aux Moose (Louanga, komtoïéga...)
Au début de la colonisation, les Bisa ont eu
tendance a fuir la rigueur de l 'administration coloniale et les exactions des
chefs de cantons. Ils se sont généralement retirés au
Ghana, leur zone de provenance. D 'autres ont crée des villages vers le
sud dans les vallées. Ces implantations dispersées
représentaient un lieu de développement privilégié
pour l 'onchocercose. La population du Boulgou a vu ainsi sa population stagner
de 1900 a 1950. Des villages construits en 1920 dans la vallée
étaient abandonnés en 1940.
A partir de 1970, l 'éradication de l
'onchocercose a permis une augmentation de la densité des populations,
liée a l 'accroissement naturel et au solde migratoire. A partir de
1975, la sécheresse du sahel et la saturation de l 'espace en pays Moose
ont accéléré les migrations des Peulhs et des Moose vers
le Boulgou et vers les vallées encore inoccupées (DRED-CE :
2007).
II.2 Organisation sociale
Les Bisa et les Moose constituent les deux
principales ethnies de la province du Boulgou, ils partagent depuis des
siécles la même histoire. Leurs traditions et leurs coutumes ont
fini par créer une symbiose culturelle. Mais les Moose, véritable
peuple de conquérants ont conservé le pouvoir politique
traditionnel et les Bisa, chefs de terre ont le pouvoir religieux. Cependant il
faut souligner qu 'il existe une chefferie traditionnelle Bisa. Elle
émane de deux sources : de la royauté Moaga d 'une part et de l
'administration coloniale d 'autre part. Il s 'agissait pour l 'une et l 'autre
source de créer les bases politiques et sociales de leur
domination sur les populations Bisa reparties en
plusieurs clans et lignages (DRED-CE : 2007).
III. PRESENTATION ADMINISTRATIVE DE LA PROVINCE
La province du Boulgou a été
crée en 1983, suivant l 'ordonnance N° 83-012 /CNR /PRES du 15
septembre 1983 portant division du territoire de la république en 25
provinces. A l 'instar des autres provinces, la province du Boulgou est
subdivisée en départements, communes, secteurs communaux et
villages. On y dénombre 13 départements, 3 communes urbaines, 10
communes rurales et 261 villages.
IV. DEMOGRA PIIIE
La population du Boulgou est estimée a 415 583
habitants dont 195 602 hommes et 219 981 femmes soit 89 hommes pour 100 femmes
au recensement de 1996 (INSD : RGPH 1996). La province compte 62 894
ménages soit 6,6 personnes par ménage. La structure de la
population par age montre que la population du Boulgou est relativement jeune.
En effet les moins de 15 ans représentent 49% de la population, les
15-59 ans représentent 44,35% et les 60 ans et plus 6,65%. Cette
population est inégalement repartie sur l 'ensemble des
départements.
V. ECONOMIE
La province du Boulgou reflete le niveau
général du pays qui se caractérise par la
prédominance d 'une économie agraire et artisanale. La premiere
ressource est l 'agriculture dominée par la nécessité de
satisfaire les besoins alimentaires d 'une population presque exclusivement
rurale. La grande majorité des surfaces cultivées est
consacrée aux cultures vivrieres. Pour toute la province, ce sont les
céréales, sorghos, mils, ma:is qui constituent la base de l
'alimentation quotidienne. Les cultures de rente ; arachide, coton, riz, n
'occupent jamais plus du quart des superficies cultivées. Depuis
quelques années, la production maralchere et fruitiere,
activité de saison- « morte », s 'est
accrue considérablement (DRED- CE : fév
2007).
Quant a l 'élevage, il joue un rôle
important dans l 'économie de la région. Une partie du
bétail, (grand et petit) est exportée sur pied vers les pays
côtiers. L 'élevage du petit bétail, ovin, caprin etc., est
pratiqué par la majorité des agriculteurs.
Le secteur industriel est tres peu
développé par contre, l 'artisanat demeure une activité
traditionnelle présente dans le Boulgou. Les métiers sont
variés : artisanat d'art, artisanat utilitaire...
VI. SITUATION DE L'EDUCATION
VI.1 L'enseignement de base
* Infrastructures
La province du Boulgou disposait a la
rentrée 2005/ 2006 de 239 écoles et de 996
classes. Le rayon d 'action théorique d 'une école est de 3
km environ. Il faut remarquer qu 'un effort appréciable a
été fait durant ces cinq (5) derniéres années. Le
nombre de classe a presque doublé entre 2000/ 2001 et 2005/
2006 passant de 513 a 996.
Tableau 1 : évolution du nombre d 'écoles
primaire par année scolaire
Années
|
2000 / 2001
|
2001 / 2002
|
2002 / 2003
|
2003 / 2004
|
2004 / 2005
|
2005 / 2006
|
Ecoles
|
157
|
164
|
174
|
197
|
215
|
239
|
Classes
|
513
|
600
|
644
|
719
|
826
|
996
|
Ratios éléves- maitre
|
58
|
56
|
55
|
53
|
57
|
64
|
|
Source : DREBA / C-E 2006
* Effectifs et personnel enseignant
A la rentrée 2005/ 2006, l 'effectif
total des éleves était de 61 172 soit 33 509
garcons et 27 663 filles. L 'effectif moyen par nombre moyen d
'éleve par maitre est de 64.
Ces ratios cachent cependant quelques
disparités entre les communes. Le nombre moyen d 'habitants par
écoles est de 2220. Tout comme les classes, l 'effectif des
éléves a doublé durant les cinq derniéres
années.
* Evolution du taux de scolarisation
En 2005/ 2006, le taux brut de scolarisation au
primaire était de 61,5%. Il est de 65,7% pour les
garcons et de 57,7% pour les filles. Le taux brut a
évolué graduellement passant de 39,5% en 2000/
2001 a 61,5% en 2005/ 2006
Tableau 2 : évolution du taux brut de
scolarisation par sexe
Années
|
2000 / 2001
|
2001 / 2002
|
2002 / 2003
|
2003 / 2004
|
2004 / 2005
|
2005 / 2006
|
Gargons
|
44,0
|
45,1
|
51,3
|
55,3
|
62,9
|
65,7
|
Filles
|
34,5
|
36,2
|
40,9
|
46,0
|
50,7
|
57,7
|
Total Boulgou
|
39,5
|
40,9
|
46,3
|
50,8
|
56,7
|
61,5
|
|
Source : DRED-CEfévrier 2007
V1.2 L'enseignement secondaire
* Infrastructures
La province compte a la rentrée 2005/
2006, 22 établissements secondaires dont quinze
(15) CEG, six (06) lycées et un (01)
établissement secondaire technique. Ce nombre a également
doublé entre 2000/ 2001 et 2005/ 2006, passant de
11 a 22 établissements mais reste cependant insuffisant
pour l 'ensemble de la province.
Tableau 3 : évolution des infrastructures au
secondaire
Années
|
2000 / 2001
|
2001 / 2002
|
2002 / 2003
|
2003 / 2004
|
2004 / 2005
|
2005 / 2006
|
C E G
|
07
|
08
|
08
|
12
|
13
|
15
|
LYcées
|
03
|
03
|
05
|
05
|
05
|
06
|
Ecoles techniques
|
01
|
01
|
01
|
01
|
01
|
01
|
Total
|
11
|
12
|
14
|
18
|
19
|
22
|
|
Source : DR /MESSRS -- CE/ TAW
* Effectif des éleves et du personnel
enseignant
L 'ensemble des établissements de la province
compte en 2005/ 2006, 10 035 éléves dont
5842 garcons et 4 193 filles. Le nombre d 'enseignants est
de 131 pour toute la province. Ce nombre a évolué en
dent de scie durant les cinq derniéres années. Entre la
période 2000/ 2001 et 2005/ 2006, le nombre total des
éléves a augmenté progressivement passant de 5
275 a 10 035.
Tableau 4 : évolution du nombre d 'éleves
du secondaire par sexe
Années
|
2000
|
/ 2001
|
2001
|
/ 2002
|
2002
|
/ 2003
|
2003
|
/ 2004
|
2004
|
/ 2005
|
2005
|
/ 2006
|
Gargons
|
3
|
290
|
3
|
424
|
3
|
631
|
4
|
224
|
4
|
224
|
5
|
842
|
F~lles
|
1
|
985
|
2
|
170
|
2
|
405
|
2
|
916
|
3
|
041
|
4
|
193
|
Total
|
5
|
275
|
5
|
594
|
6
|
036
|
7
|
140
|
7
|
265
|
10
|
035
|
|
Source : DR/MESSRS- CE/ TAW
Tableau 5 : évolution du nombre d 'enseignants
par sexe
Années
|
2000 / 2001
|
2001 / 2002
|
2002 / 2003
|
2003 / 2004
|
2004 / 2005
|
2005 / 2006
|
Homme
|
102
|
84
|
102
|
105
|
115
|
113
|
Femme
|
17
|
19
|
18
|
17
|
19
|
18
|
Total
|
119
|
103
|
120
|
122
|
134
|
131
|
|
Source : DR/MESSRS- CE/ TAW
VII. PRESENTATION DES ETABLISSEMENTS CONCERNES PAR
L'ETUDE
VII.1 Le Lycee Riale de Tenkodogo (LRT)
Fondé en 1953 a Ouagadougou, le College
Bogodogo fut délocalisé en 1967 a Tenkodogo. D 'abord
appelé college Rialé, l 'établissement prendra le statut
de lycée Rialé de Tenkodogo en 1985. Ont acces a l
'établissement les éleves des deux sexes ayant été
affectés a l 'école apres avoir été admis a l
'entrée en sixieme ou a l 'entrée en seconde. Par contre les
éleves des classes intermédiaires ou ayant eu uniquement le CEPE
ou le BEPC doivent adresser une demande au proviseur pour etre
examinée.
Les frais de scolarité de l 'école s
'élevent a 14 700 francs CFA pour les éleves ayant l
'entrée en sixieme ou en seconde et ceux étant au moins a leur
deuxieme année dans l 'établissement. Par contre les
éleves n 'ayant pas eu l 'entrée en sixieme ou en seconde et les
nouveaux qui arrivent dans les classes intermédiaires doivent payer 30
200 francs CFA.
Occupant une superficie d 'environ 22 hectares, l
'établissement ouvre ses portes pour l 'année scolaire 2006-2007
a 1426 éleves (premier et second cycle confondus) dont 903 garcons et
523 filles. Cette école publique accueille des éleves de divers
horizons socio- économiques. Mais notons que plus de 60% des
éleves fréquentant l 'établissement pour cette
année scolaire 2006- 2007 viennent de milieux socio-économiques
défavorisés (source : données statistiques du
L.R.T).
Le lycée Rialé est doté de
latrines, d 'une bibliotheque, d 'une cantine scolaire, d 'un point d 'eau et
est électrifié. Ces acquis sont tres bénéfiques
pour les éleves quand on sait le role important que jouent ces
infrastructures dans le processus d 'acquisition scolaire des éleves.
Par contre, on déplore l 'absence dans l 'établissement d 'un
internat, d 'une infirmerie, d 'un cybercafé et d 'une cloture complete
rendant ainsi difficile le contrôle des entrées et sorties des
éleves. Or la présence de certaines infrastructures comme la
cloture joue un role capital dans la maitrise et dans la réussite
scolaire car comme l 'a souligné le proviseur du Lycée
Rialé : « La discipline, le civisme et la ponctualité
sont des mots quotidiens dans le fonctionnement d'un établissement et
ceux-ci commencent par oft on a accés a l'établissement »
entretien avec G.M, 11 juin 2007, LRT.
VII.1 Le College Naaba Zoungrana (CNZ)
Le College Naaba Zoungrana est une école
privée catholique de premier cycle uniquement non conventionnée
qui a ouvert ses portes en 1983. Il est localisé au secteur 06. Sans
cloture, ni bibliotheque, ni électricité, ni cybercafé et
ni infirmerie, l 'établissement compte pour cette année scolaire
2006-2007, 360 éleves tous sexes confondus. Il est accessible a tout le
monde sans distinction de sexe et de religion a la seule condition de s
'acquitter des frais de scolarité qui s'élevent a 55 000 francs
CFA dont 5 000 francs pour la tenue scolaire. Notons que le manque d
'équipement adéquat de l 'établissement n 'offre pas aux
éleves fréquentant cet établissement de meilleures
conditions d 'étude.
De toutes ces informations précédemment
exposées, le constat en est que : le secteur éducatif fait face a
d 'énormes difficultés. En effet, l 'écart
disproportionné entre la population scolarisable et celle effectivement
scolarisée est encore considérable. A cela s 'ajoute
:
* L 'insuffisance des infrastructures et des
équipements scolaires ;
* L 'insuffisance ou le manque de formations d
'animateurs en quantité ;
* L 'insuffisance de formations conséquentes des
enseignants en pédagogie ;
* Le manque du personnel enseignant et du
matériel didactique. (DRED- CE : fév 2007).
Toutes ces insuffisances ont une influence sur le niveau
de performance scolaire général de la province auxquels s
'ajoutent les déterminants liés a l 'origine
socio-économique.
CHAPITRE II : DETERMINANTS SOCIO- ECONOMIQUES
ET PERFORMANCES SCOLAIRES
Apres l 'investigation documentaire faite sur les
sources scientifiques antérieures en sociologie de l 'éducation,
l 'une des idées qui ressort clairement est que les résultats
scolaires sont influencés par l 'origine sociale comme le souligne
Mohamed CHERKAOUI en ces termes : 4' l'origine sociale
est une conclusion a laquelle arrivent toutes les études empiriques : la
réussite scolaire est fortement et positivement corrélée a
l'origine sociale des éleves'' (1999 :49). L 'objectif principal de
ce chapitre sera donc de voir dans quelle mesure les déterminants
socio-économiques influencent les performances scolaires dans la ville
de Tenkodogo.
I. PRESENTATION DES CARACTERISTIQUES DES ELEVES
Les données quantitatives collectées
lors de l 'enquête de terrain aupres des éleves ont fait l 'objet
d 'un traitement statistique que résument différents tableaux.
Ainsi, les tableaux 6, 7 et 8 font successivement une présentation des
enquêtés en fonction de certaines caractéristiques comme l
'établissement fréquenté, l 'âge et la classe
fréquentée et enfin selon la profession du pere.
I.1 Etablissement fréquenté par les
enquêtés
Tableau 6 : Répartition des enquêtés
selon l 'établissement fréquenté
Etablissement
|
Nombre
|
Pourcentage (%)
|
Lycée Rialé
|
53
|
65
|
College Naaba Zoungrana
|
29
|
35
|
Total
|
82
|
100
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Les résultats du tableau 6 montrent que
seulement 35% des enquêtés fréquentent le College Naaba
Zoungrana tandis que 65% proviennent du Lycée Rialé. La grande
majorité des éleves fréquente donc le Lycée
Rialé qui est le plus grand établissement public de la ville de
Tenkodogo mais aussi le plus accessible en terme de cofit (14.700 et 30.200
francs contre 55.000 francs pour le College Naaba Zoungrana).
1.2 Age des élives et la classe
fréquentée
Tableau 7 : Répartition des enquêtés
selon l 'age et la classe fréquentée
Classe fréquentée Age
|
|
4e nbre %
|
|
3e
nbre %
|
nbre
|
Total
|
15 - 17
|
18
|
21.95
|
12
|
14.63
|
30
|
36.58
|
18 - 20
|
15
|
18.30
|
29
|
35.36
|
44
|
53.66
|
21 - 23
|
00
|
00.00
|
08
|
09.76
|
08
|
09.76
|
Total
|
33
|
40.25
|
49
|
59.75
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
En se référant au tableau 7, on peut
constater que 36.58% des éléves concernés par l
'étude ont un age situé entre 15 et 17 ans, 53.66% entre 18 et 20
ans et 09.76% entre 21 et 23 ans. Ces statistiques montrent que la grande
majorité a un age compris entre 18 et 20 ans suivis des 15 et 17 ans et
que la classe de 4( regroupe majoritairement les éleves les
plus jeunes. Pour les classes d'age de 15-17, 18-20, 21-23 ans, on a
respectivement pour les classes de 4(, 21.95%, 18.30%, 0% contre
14.63%, 35.36%, 09.76% pour les 36. Tl
-- apparait ainsi que plus le niveau scolaire augmente
plus l'âge des éleves s'éleve. Si cette situation atteste
certes que l 'on prend de l'âge au fur et a mesure que le niveau scolaire
s'éleve, elle témoigne néanmoins du caractere
sélectif de l 'enseignement dans la zone d 'investigation qu 'il suffit
de rappeler que 69.51% (voir tableau 18) de nos enquêtés
ont au moins redoublé une fois.
1.3 Profession du père ou du tuteur des
élèves
Le tableau qui suit donne une indication sur la
profession exercée par le pere ou le tuteur éleves
enquêtés.
Tableau 8 : Répartition des enquêtés
selon la profession du pere ou du tuteur
Profession du pére ou du tuteur
|
Nombre
|
pourcentage (%)
|
Agriculteurs
|
37
|
45.12
|
Ouvriers
|
07
|
08.54
|
Fonctionnaires
|
29
|
35.36
|
Professions libérales
|
05
|
06.10
|
Retraités
|
04
|
04.88
|
Total
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Les données du tableau 8 indiquent que 45.12% des
éleves enquêtés ont un pere ou un tuteur agriculteur, une
catégorie socio- professionnelle. 08.54% sont issus d 'une
famille
d 'ouvriers c'est-à-dire que le parent est soit
manoeuvre, planton, gardien, magasinier ou chauffeur. 35.36% des éleves
ont un pere ou tuteur fonctionnaire considéré comme
salarié et un peu nantis tandis que seulement 06.10% ont un pere
exercant une profession libérale (gros commercants et pharmaciens) et
04.88% un pere ou tuteur retraité. A travers donc ces données, on
s'aperçoit que la majorité des éleves viennent de peres ou
de tuteurs agriculteurs suivis des fonctionnaires, des ouvriers, des
professions libérales et enfin des retraités. Ces chiffres n 'ont
rien de surprenant car ils ne font que refléter les
caractéristiques générales des pays dit en voie de
développement, marquées par une situation de
précarité de l 'emploi,
d 'extrême pauvreté et d 'économie
agraire et artisanale (IBARROLA Jesus et PASQUARELLI Nicolas, 1981).
Par contre, le pourcentage relativement élevé des éleves
de parents fonctionnaires (35.36%) peut s 'expliquer par le fait que l
'étude s 'est déroulée dans une ville moyenne. Comme l
'une des caractéristiques des pays en voie de développement
étant
l 'appauvrissement progressif du milieu rural au profit
des villes, on peut alors s 'attendre a ce que la proportion des fonctionnaires
soit plus élevée en ville qu 'en campagne
II. CONDITIONS DE VIE ET D'ETUDE DES ELEVES
Les conditions de vie et d 'étude sont des
éléments qui peuvent influencer les résultats
scolaires (Komla LOKPO, 1999). Les tableaux qui vont suivre, montrent
de ce fait les conditions dans lesquelles vivent les enquêtés et
dans lesquelles ils s 'adonnent aux activités scolaires.
II.1 Travaux domestiques des enfants
Tableau 9 : Profession du pere et travaux domestiques des
éleves
Profession du Ore ou du tuteur
|
|
Travaux domestiques
|
|
Nbre
|
Oui
%
|
Non
Nbre %
|
Nbre
|
Total
%
|
Agriculteurs
|
34
|
91.89
|
03
|
08.11
|
37
|
45.12
|
Ouvriers
|
06
|
85.71
|
01
|
14.29
|
07
|
08.54
|
Fonctionnaires
|
17
|
58.62
|
12
|
41.38
|
29
|
35.36
|
Professions libérales
|
03
|
60.00
|
02
|
40.00
|
05
|
06.10
|
Retraités
|
04
|
100.00
|
00
|
00.00
|
04
|
04.88
|
Total
|
64
|
78.05
|
18
|
21.95
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Le travail domestique des éléves est un
phénoméne récurrent dans les réflexions pour
trouver des solutions adéquates afin d 'améliorer la
productibilité de l 'école burkinabé. Il convient de ce
fait, d 'examiner l 'influence des travaux domestiques sur les résultats
scolaires. En effet, le tableau 9 indique qu 'une grande majorité des
éléves enquêtés sont confinés aux travaux
domestiques (78.05%) contre seulement 21.95% qui disent ne pas effectuer ces
travaux. Les catégories socio- professionnelles les plus
concernées sont les retraités (100%), les agriculteurs (91.89%)
et les ouvriers (85.71%).Cette situation peut attester de faQon
générale de l 'absence du personnel domestique dans les familles
mais également de l ' insuffisance de ressources financiéres a se
procurer les services d 'un employé de maison comme l 'attestent les
propos d 'un éléve de 46A : ,, On n'a pas de bonne
a la maison faute de moyen » (entretien avec P. I , 01 juin 2007,
LRT). Aussi, certains parents sans distinction de profession ne tiennent
pas compte du statut d'éléve de leurs enfants et approuvent que
ceux-ci fassent les travaux domestiques. Pour ces parents, les travaux
domestiques constituent une formation a la vie active pour leurs enfants c 'est
en ce sens qu 'un parent d'éléve disait : ,, Je force mes
enfants a faire les travaux de maison car c'est bien pour eux. S'ils ne
réussissent pas et l'école ou s'il arrive que je ne soit plus
let, ils n'auront pas de difficultés a s'en sortir » (entretien
avec T.H, 12 juin 2007, domicile). C 'est pour tous ces raisons que les
travaux (cuisine, vaisselle, balayage, chercher l 'eau a la fontaine, nourrir
les animaux, lavage et repassage d 'habits...) qui sont confiés aux
enfants ne sont pas le plus souvent allégés et planifiés
afin de leurs permettre d 'avoir suffisamment de temps pour d 'étudier
comme l 'a dit un éléve de 4o C : ,, a cause des
travaux a la maison, le temps ne me suffit pas pour étudier »
(entretien avec 0. A, 04 juin 2007, LRT). La répartition des
éléves selon qu 'ils effectuent ou pas des travaux domestiques en
fonction de la profession du pére ou du tuteur montre d 'ailleurs que ce
sont de faQon classifiée les enfants de retraités (100%), d
'agriculteurs (91.89%), d 'ouvriers (85.71%), de professions libérales
(60%) et enfin de fonctionnaires (58.62%) qui disent faire des travaux
domestiques contre respectivement 0%, 8.11%, 14.29%, 40% et 41.38% qui ne les
font pas. Néanmoins, ces pourcentages d 'enfants de fonctionnaires
(41.38%) et de ceux dont le pére exerce une profession libérale
(40%) montrent que certains parents n 'approuvent pas que leurs enfants
scolarisés fassent des travaux domestiques a la maison. Le capital
culturel et financier de ces catégories socioprofessionnelles sans
contredit justifie leur attitude. Cette situation offre par conséquent a
ces enfants, plus de possibilités et de temps a consacrer aux
études a la maison. Cependant, si le fait que l 'ensemble des enfants de
retraités (100%) effectuent des tâches domestiques peut s
'expliquer par le fait que nos tirages sont tombés sur
les quatre enfants de retraités faisant ces types
de travaux, cette situation pourrait venir également de la baisse de
revenu des retraités.
11.2 Mode d'eclairage de l'habitat
Les résultats du tableau 10 font l 'état du
type d 'éclairage utilisé par les enquetés en fonction de
la profession de leurs parents.
Tableau 10 : Répartition des enquetés selon
la profession du pere et le mode d 'éclairage de
l 'habitat
Profession du Ore ou du tuteur
|
|
Mode d'éclairage de l'habitat
|
|
Electricité
Nbre %
|
Lampe a pétrole
Nbre %
|
Bougie
Nbre %
|
Total
Nbre %
|
Agriculteurs
|
11
|
29.73
|
24
|
64.86
|
02
|
05.41
|
37
|
45.12
|
Ouvriers
|
03
|
42.86
|
04
|
57.14
|
00
|
00.00
|
07
|
08.54
|
Fonctionnaires
|
26
|
89.66
|
03
|
10.34
|
00
|
00.00
|
29
|
35.36
|
Professions libérales
|
05
|
100.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
05
|
06.10
|
Retraités
|
04
|
100.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
04
|
04.88
|
Total
|
49
|
59.76
|
31
|
37.80
|
02
|
02.44
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
D'apres les résultats ci dessus, la
majorité des éleves résident dans une maison disposant d
'électricité (59.76%) contre 37.80% qui utilisent la lampe a
pétrole et 2.44% la bougie. Ces statistiques cachent cependant des
disparités qu 'une répartition en fonction de la profession du
pere ou du tuteur révele. En effet, 100% des enfants des
retraités et des professions libérales ont acces a l
'électricité. Chez les enfants de fonctionnaires, il y a 89.66%
qui ont acces a l 'électricité contre seulement 10.34% qui ont
acces a la lumiere que par la lampe a pétrole. Par contre la situation
differe chez les enfants d 'agriculteurs et d 'ouvriers oil la majorité
utilise la lampe a pétrole (respectivement 64.86% et 57.14%). Seulement
29.73% d 'enfants d 'agriculteurs et 42.86% d 'enfants d 'ouvriers ont l
'électricité a domicile. Quant a ceux qui utilisent la bougie, il
y a uniquement 5.41% des enfants d 'agriculteurs qui ont ce type d
'éclairage. Le constat le plus critique qui se dégage ici est que
les conditions d 'étude peu favorables des enfants d 'agriculteurs et d
'ouvriers dir a l 'absence d 'éclairage électrique quand on
connait l 'importance pédagogique du travail scolaire a domicile le soir
apres les cours.
Face a cette situation, le tableau 11 analyse le lieu d
'etude des eleves en relation avec le type d 'eclairage de leur habitat afin de
voir les strategies developpees par ceux-ci pour etudier.
Tableau 11 : Mode d 'eclairage de l 'habitat et lieu d
'etude
Mode d'éclairage de l'habitat
|
|
|
Lieu d'étude
|
|
|
Maison
Nbre %
|
Ecole
Nbre %
|
Lampadaire
Nbre %
|
Autres
Nbre %
|
Total
Nbre %
|
Electricite
|
37
|
75.51
|
08
|
16.33
|
02
|
04.08
|
02
|
04.08
|
49
|
59.76
|
Lampe a petrole
|
07
|
22.58
|
13
|
41.94
|
10
|
32.26
|
01
|
03.22
|
31
|
37.80
|
Bougie
|
00
|
00.00
|
02
|
100.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
02
|
02.44
|
Total
|
44
|
53.66
|
22
|
26.83
|
12
|
14.63
|
04
|
04.88
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
L 'examen des donnees du tableau 11 montre qu 'en
general, 53.66% des enquetes etudient a la maison, 26.83% a l 'ecole, 14.63%
sous les lampadaires et 4.88% dans d 'autres lieux comme les services. La
majorite de ceux qui etudient a la maison dispose de l 'electricite (75.51%)
contre seulement 16.33% qui ont comme lieu d 'etude l 'ecole, 4.08% sous les
lampadaires et egalement 4.08% dans les services. Cependant, ceux qui utilisent
la lampe a petrole etudient majoritairement hors de la maison (77.42% dont
41.94% a l 'ecole, 32.26% sous les lampadaires et 3.22% dans les services)
contre seulement 22.58% qui revisent leurs lecons a la maison. Les deux eleves
utilisant la bougie Z 'bossent '' tous a l 'ecole (100%). Ces chiffres
attestent d 'un lien entre le mode d 'eclairage et le lieu d 'etude choisi par
les enquetes. Ils refletent certes le manque d 'electricite dans de nombreuses
familles a Tenkodogo mais audela se posent aussi les possibilites financieres
et materielles limitees dans beaucoup de menages a offrir aux enfants un
environnement familial electrifie propice a l 'etude. Neanmoins, il est
necessaire de preciser que certains eleves choisissent d 'etudier hors de la
maison pour les travaux de groupe ou pour eviter le bruit et les derangements.
Ces raisons pourraient justifier le fait que 24.49% des eleves issus de
familles qui disposent de l 'electricite a la maison etudient cas meme en
dehors de la maison.
11.3 Appreciation des repas par l'eleve
Tableau 12 : Profession du pére et satisfaction
des repas
Profession du p0re ou du tuteur
|
|
Satisfaction des repas
|
|
Nbre
|
Oui
%
|
Nbre
|
Non
%
|
Nbre
|
Total
%
|
Agriculteurs
|
15
|
40.54
|
22
|
59.46
|
37
|
45.12
|
Ouvriers
|
03
|
42.88
|
04
|
57.14
|
07
|
08.54
|
Fonctionnaires
|
25
|
86.21
|
04
|
13.79
|
29
|
35.36
|
Professions libérales
|
05
|
100.00
|
00
|
00.00
|
05
|
06.10
|
Retraités
|
03
|
75.00
|
01
|
25.00
|
04
|
04.88
|
Total
|
51
|
62.20
|
31
|
37.80
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
En se référant au tableau ci-dessus, on
peut constater que 62.20% des éléves enquêtés se
disent satisfaits en termes de quantité et de qualité des repas
servis a la maison ou a la cantine scolaire contre 37.80% qui sont
insatisfaits. Il faut noter ici que la présence d 'une cantine scolaire
au Lycée Rialé a influencé positivement ces statistiques.
Cependant une analyse poussée permet d 'affirmer que la majorité
de ceux qui sont satisfaits sont essentiellement les enfants dont les parents
sont soit de professions libérales (100%), fonctionnaires (86.21%) ou
retraités (75%). Quant aux insatisfaits ce sont majoritairement les
enfants d 'agriculteurs (59.46%) et des ouvriers (57.14%). Ces chiffres
corroborent avec les propos d 'un éléve en 36 B dont
le pére est un agriculteur : ( (je travaille beaucoup, je ne mange
pas bien, souvent je ne mange meme pas » (entretien avec B. L, 02 juin
2007, LRT). Il apparait ainsi que la possibilité de bien se nourrir
dont l 'influence sur les performances scolaires est connue est une
préoccupation pour de nombreux éléves comme l 'a
souligné un enseignant : (( La majorité des
éléves sont issus de familles pauvres et de villages environnants
avec peut etre en poche 100 francs pour la nourriture » (entretien avec Y.
L, 20 juin 2007, domicile).
11.4 Accessibilité a l'école et moyens de
déplacement
Tableau 13 : Répartition des enquêtés
selon la distance séparant leur domicile de l 'établissement
fréquenté et le moyen de déplacement
Distance Domicile- école
|
|
|
Moyens de locomotion
|
|
|
Pieds
Nbre %
|
Nbre
|
Vélo
%
|
Moto
|
Voiture
|
Total
Nbre %
|
Moins d '1 km
|
31
|
73.83
|
11
|
29.19
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
42
|
51.22
|
1 a 3 km
|
15
|
53.57
|
13
|
46.43
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
28
|
34.15
|
Plus de 3 km
|
07
|
58.33
|
05
|
41.67
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
12
|
14.63
|
Total
|
53
|
64.63
|
29
|
35.37
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Le tableau 13, montre que 51.22% des éleves
sont a une distance de moins d '1 km, 34.15% sont entre 1 et 3 km contre 14.63%
qui sont situés a plus de 3 km de leur établissement. Ces
résultats témoignent de la proximité relative de l
'école des éleves. Quant aux moyens de locomotion des
éleves, on constate que la majorité marche pour aller a l
'école (64.63%) et 35.37% vont a vélo. Aucun enquêté
ne va a l 'école a moto ou a voiture. Cela peut s 'expliquer certes par
le fait que la majorité des éleves n 'est pas soumise a de
grandes distances mais peut également témoigner des conditions
socio-économiques des ménages qui ne leur permettent pas d
'offrir a leurs enfants des moyens de locomotion. Le fait que 53.57% et 58.33%
des éleves qui sont soumis respectivement a une distance de 1 a 3 km et
plus de 3 km marchent pour aller a l 'école, montre l 'effort quotidien
(au minimum deux fois/ jour) que doivent fournir un bon nombre des
enquêtés. Cette situation dont la nature épuisante n'est
plus a démontrée influence d 'une certaine maniere le rendement
de ces éleves car elle joue sur l 'efficacité de ces derniers a
réviser leurs leçons les soirs apres les cours comme le confirme
les propos de cet éleve en 36 A : (( Les travaux a
domicile me retardent ; en plus le fait de marcher sans cesse me fatigue
beaucoup » (entretien avec D. D, 06 juin 2007, LRT).
11.5 Disponibilite des manuels scolaires de soutien chez
l'eleve Tableau 14 : Profession du pére et disponibilité en
manuels scolaires de soutien
Profession du p0re ou du tuteur
|
|
Disponibilité des manuels scolaires de
soutien
|
|
Nbre
|
Tous
%
|
Quelques uns
Nbre %
|
Nbre
|
Aucun
%
|
Nbre
|
Total
%
|
Agriculteurs
|
04
|
10.81
|
23
|
62.16
|
10
|
27.03
|
37
|
45.12
|
Ouvriers
|
00
|
00.00
|
05
|
71.43
|
02
|
28.57
|
07
|
08.54
|
Fonctionnaires
|
14
|
48.28
|
12
|
41.38
|
03
|
10.34
|
29
|
35.36
|
Professions libérales
|
03
|
60.00
|
02
|
40.00
|
00
|
00.00
|
05
|
06.10
|
Retraités
|
02
|
50.00
|
02
|
50.00
|
00
|
00.00
|
04
|
04.88
|
Total
|
23
|
28.05
|
44
|
53.66
|
15
|
18.29
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Les résultats du tableau 14 indiquent que l
'absence du matériels scolaires de soutien tels que les livres (de
francais, de mathématique, de sciences de la vie et de la terre, d
'histoire- géographie, d 'anglais, et de physique- chimie) est
constaté uniquement chez les enfants de fonctionnaires (10.34%), d
'agriculteurs (27.03%) et d 'ouvriers (28.57%). Quant au manque de certains
livres, il est constaté au niveau de tous les éléves.
Respectivement 71.43%, 62.16%, 50%, 41.38% et 40% d 'enfants d 'ouvriers, d
'agriculteurs, de retraités, de fonctionnaires et de professions
libérales affirment avoir seulement quelques uns des manuels scolaires
de soutien. Par ailleurs, la situation est critique pour les
éléves disposant de tous les documents car si 60% des enfants
dont le pére ou le tuteur exerce une profession libérale, 50% de
ceux de retraités et 48.28% d 'enfants de fonctionnaires reconnaissent
avoir tous les livres seulement 10.81% d 'enfants agriculteurs et 0% de ceux d
'ouvriers disposent de la totalité des manuels scolaires d 'appui. Ces
données permettent de voir que la profession du pére ou du tuteur
constitue un atout pour venir en appui a l'éléve en
matiére de matériels scolaires. Néanmoins la proportion
relativement moindre des éléves disposant de tous les documents
(28.05%) démontre les conditions difficiles dans lesquelles travaillent
la grande majorité des enquêtés. Ce manque de
matériels scolaires joue négativement sur les résultats
scolaires des enquêtés car la disponibilité des livres
influence positivement le rendement scolaire des éléves
(Alkassoum MAIGA 1990). Néanmoins, si l 'achat n 'est pas la seul
moyen d 'acquisition des livres, la plupart des enquêtés ont
cependant mentionné le fait que l 'acces a la bibliothéque du LRT
et des quelques uns présentes dans la ville (CLAC et centre
gogaré) est conditionné a un payement de frais ce qui n 'est pas
évident pour tous. A cela s 'ajoute
l 'insuffisance des livres du programme burkinabe dans
les bibliothéques le plus souvent remplies de documents des
programmes des pays occidentaux comme la France par le biais
d 'une coopération Nord- Sud.
11.6 Impact des conditions de vie sur les etudes selon
les eleves Tableau 15 : Profession du pére et impact des conditions de
vie sur les études
Profession du pere ou du tuteur
|
|
Appreciation de la condition de vie
|
|
Nbre
|
Favorable
%
|
Défavorable
Nbre %
|
Nbre
|
Total
%
|
Agriculteurs
|
11
|
29.73
|
26
|
70.27
|
37
|
45.12
|
Ouvriers
|
03
|
42.86
|
04
|
57.14
|
07
|
08.54
|
Fonctionnaires
|
18
|
62.07
|
11
|
37.93
|
29
|
35.36
|
Professions libérales
|
04
|
80.00
|
01
|
20.00
|
05
|
06.10
|
Retraités
|
02
|
50.00
|
02
|
50.00
|
04
|
04.88
|
Total
|
38
|
46.34
|
42
|
53.66
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Ce tableau rend compte de la relation observée
entre la profession des parents et l 'appréciation des
éléves de leurs conditions de vie sur les études. En
effet, 53.66% des éléves affirment avoir des conditions de vie
peu favorables aux études contre 46.34% qui disent avoir des conditions
propices aux études. La répartition selon la profession du
pére ou du tuteur montre qu 'une majorité d 'enfants d
'agriculteurs (70.27%) et d 'enfants d 'ouvriers (57.14%) contre une
minorité d 'enfants des fonctionnaires (37.93%) et d 'enfants dont le
pére exerce une profession libérale (20%) estiment que leurs
conditions de vie ne constituent pas un atout pour leurs études. Quant
aux avis favorables, 80% d 'enfants de parents exercant une profession
libérale, 62.07% d 'enfants de fonctionnaires, 42.86% d 'enfants d
'ouvriers et 29.73% d 'enfants d 'agriculteurs pensent que leurs conditions de
vie les permettent d 'effectuer de bonnes performances scolaires. Cependant,
les avis sont partagés a 50% chez les enfants de retraités. Ces
données attestent donc d 'une relation entre la profession des parents
et les conditions de vie qui a leur tour entretiennent un lien avec les
résultats scolaires. Les raisons évoquées par les
éléves pour montrer l 'influence de leurs conditions de vie sur
les études sont multiples.
Pour cet éleve de e « sortir a 12 h pour
aller préparer et revenir le soir a pied me fatigue trop. Je veux un
vélo » (entretien avec Z. M, 01 juin 2007, CNZ).
Quant a cet autre éléve de e C :
« je n'ai pas de bonnes conditions de vie et d'étude car je
n'ai pas tous les manuels recommandés et l'école est trop
éloignée de ma maison entre 1 et 3 km. En plus, je ne m'entends
pas avec ma tutrice. Je préfére
déménager» (entretien avec M. P, 04 juin 2007,
LRT).
A l 'instar de ces deux éléves, pour cet
éléve de 36 B : « mes conditions de vie me
font souffrir. Je ne mange pas bien et je fais beaucoup de travaux a la maison.
Je ne peux m8me pas avoir le temps pour étudier » (entretien avec
S. N, juin 02 2007, LRT).
Ces propos résument et traduisent la situation
dans laquelle vivent un grand nombre d'éléves qui, en
dépit des multiples difficultés (manque de moyens de
déplacement, probléme de nourriture et de santé, travaux
domestiques éprouvants...) sont obligés de réussir a l
'école contrairement a d 'autres qui bénéficient de bonnes
conditions de vie et d 'étude parce qu 'ils sont issus de couches
sociales aisées.
III. CONDITIONS SOCIO- ECONOMIQUES COMME DETERMINANTS
DES PERFORMANCES SCOLAIRES
De nombreuses études empiriques sont
arrivées à la conclusion selon laquelle l 'origine sociale
détermine les performances scolaires (Mohamed CHERKAOUI, 1999).
Les différents tableaux qui vont suivre, font la distribution des
performances scolaires des enquêtés en fonction de la profession
du pere ou du tuteur, un élément qui donne des indications
sur
l 'origine sociale.
III.1 Profession du Ore ou du tuteur et niveau
d'instruction
Tableau 16 : Répartition de la profession du pere
ou du tuteur selon le niveau d 'instruction
Profession du Ore ou du tuteur
|
|
|
Niveau d'instruction
|
|
|
Non scolarisé
nbre %
|
Primaire
nbre %
|
Secondaire
nbre %
|
Supérieur
nbre %
|
Total
nbre %
|
Agriculteurs
|
22
|
59.46
|
10
|
27.03
|
05
|
13.51
|
00
|
00.00
|
37
|
45.12
|
Ouvriers
|
00
|
00.00
|
03
|
42.86
|
04
|
57.14
|
00
|
00.00
|
07
|
08.54
|
Fonctionnaires
|
00
|
00.00
|
02
|
06.90
|
13
|
44.83
|
14
|
48.27
|
29
|
35.36
|
Professions libérales
|
01
|
20.00
|
02
|
40.00
|
00
|
00.00
|
02
|
40.00
|
05
|
06.10
|
Retraités
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
02
|
50.00
|
02
|
50.00
|
04
|
04.88
|
Total
|
23
|
28.05
|
17
|
20.73
|
24
|
29.27
|
18
|
21.95
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
On constate au tableau 16 que d 'une maniere
générale, il existe une relation entre le niveau d 'instruction
et la profession du pere ou du tuteur des enquêtés. On supposera
dans cette analyse que les niveaux d 'instruction et les catégories
socio- professionnelles sont corrélés. Cette corrélation
est bien mise en relief dans le tableau ci-dessus. En effet, lorsque le niveau
du diplôme augmente, le statut professionnel s 'améliore. Parmi
tous ceux qui ont un niveau supérieur, on a 48.27% qui sont des
fonctionnaires, 50% des retraités, 40% des professions libérales.
Cependant, aucun parmi les agriculteurs et les ouvriers n 'a atteint le niveau
supérieur. La probabilité pour une personne ayant un niveau
supérieur d'être agriculteur ou ouvrier est donc insignifiante.
Par ailleurs, les données statistiques du tableau montrent un
pourcentage tres élevé de non scolarisés
c'est-à-dire d 'illettrés (59.46%) chez les agriculteurs alors
que ce pourcentage est de 20% chez les professions libérales mais
précisons que ce sont des grands commercants ou hommes d 'affaires
économiquement aisés même s 'ils sont
analphabetes. 4'C'est d'ailleurs eux qui
détiennent au Burkina Faso la veritable ric hesse
économique et le pouvoir de décision
revenant aux scolarisés de haut niveau qui ont aussi un niveau
économique favorable" (KABORE- Paré Afsata, 1998 : p136).
Toujours selon les données de ce tableau, il n 'y a pas de
fonctionnaires ni de retraités et d 'ouvriers non scolarisés. Il
est cependant évident que le dernier cas (celui des ouvriers) est rendu
possible par le fait que nos tirages sont tombés sur des ouvriers ayant
un niveau primaire (42.86%) et un niveau secondaire (57.14%) au
détriment des non scolarisés. De ces statistiques, il est clair
qu 'il y a une grande possibilité pour une personne n 'ayant pas un
diplôme d'être agriculteur ou ouvrier plutôt que d'être
cadre supérieur.
111.2 Profession du pere ou du tuteur et
établissement fréquenté par l'enfant
Tableau 17 : Répartition de la profession du pere
ou du tuteur selon l 'établissement fréquent par l
'enfant
Profession du pére ou du tuteur
|
|
l'établissement fréquenté par
l'enfant
|
nbre
|
LRT
%
|
CNZ
nbre
|
%
|
nbre
|
Total
%
|
Agriculteurs
|
23
|
62.16
|
14
|
37.84
|
37
|
45.12
|
Ouvriers
|
05
|
71.43
|
02
|
28.57
|
07
|
08.54
|
Fonctionnaires
|
20
|
68.97
|
09
|
31.03
|
29
|
35.36
|
Professions libérales
|
03
|
60.00
|
02
|
40.00
|
05
|
06.10
|
Retraités
|
02
|
50.00
|
02
|
50.00
|
04
|
04.88
|
Total
|
53
|
64.63
|
29
|
35.37
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Ce tableau fait l 'examen des relations statistiques
entre l 'établissement fréquenté par les
éléves et la profession de leurs parents. En effet, ces
résultats montrent qu'à toutes les catégories
socioprofessionnelles exception fait des retraités oil l 'on a une
répartition égale c'est-à-dire de 50% pour le lycée
Rialé et de 50% pour le college Naaba Zoungrana, les parents portent
plus leur choix pour le LRT sans doute parce qu 'il est le plus accessible en
terme de coilt comme il a été signifié plus haut. Chez les
agriculteurs, on a 62.16% pour le LRT contre 37.84% pour le CNZ. Ces
pourcentages sont respectivement pour les ouvriers, les fonctionnaires et les
professions libérales de 71.43% contre 28.57%, 68.97% contre 31.03% et
60% contre 40%. En réalité ces résultats nous surprennent
un peu car nous nous attendions a ce que la profession du pére influence
le choix de l 'établissement de l 'enfant comme c 'est le cas dans
beaucoup de ménages urbains. En effet, contrairement a ces
résultats, en ville le plus souvent les familles favorisées
économiquement en quête d 'un enseignement de qualité
ont
tendance a inscrire leurs enfants dans des
établissements privés oil elles croient trouver les
compétences nécessaires. Ce constat inattendu peut s 'expliquer
non seulement par le fait qu 'il s 'agit ici d 'une ville moyenne mais surtout
parce que dans cette localité, les parents d'éléves toutes
catégories socioprofessionnelles confondues opérent des calculs
comme c 'est le cas de ce parent d'éléve : « J'ai
beaucoup d'enfants donc je préfére les inscrire tous au LRT car
la scolarité est moins chére. Mais cette année j'ai un
enfant au Bon Samaritain (College privé) car on l'a
renvoyé du LRT » (entretien avec Z. Y, 10 juin 2007,
domicile). Les parents choisissent ainsi d 'inscrire leurs enfants au LRT
qui est un établissement public et donc moins cotiteux que le CNZ qui
lui est privé et un peu plus cotiteux. Pour le Proviseur du
lycée, « mon établissement qui est une école
publique mixte est convoité par des éléves de divers
horizons et catégories socio- économiques m8me si prés de
60% sont issus de familles pauvres » (entretien avec G. M, 11 juin 2007,
LRT). Ces propos attestent de l 'engouement des parents
d'éléves enquêtés pour le public et qui n 'envoient
le plus souvent leurs enfants dans le privé que lorsqu 'ils n 'ont plus
le choix. C 'est d 'ailleurs l 'avis du Directeur du CNZ qui s 'exprime en ces
termes : « en général, les éléves qui
viennent ici ont été expulsés d'autres
établissements pour manque de moyenne ou pour indiscipline. Ce sont
aussi des éléves généralement pauvres en
témoigne la difficulté de recouvrir les frais de scolarité
» (entretien avec K. S, 14 juin 2007, CNZ).
111.3 Redoublement et Etablissement frequents par l'eleve
Tableau 18 : Le redoublement selon l 'établissement
fréquenté par l'éléve
Etablissement
|
|
|
|
Nombre de redoublement
|
|
|
|
|
Aucun
|
|
1 fois
|
2 fois
|
|
3 fois
|
|
Total
|
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
Nbre %
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
LRT
|
18
|
|
33.96
|
25
|
47.17
|
10 18.87
|
00
|
00.00
|
53
|
64.63
|
CNZ
|
07
|
|
24.14
|
07
|
24.14
|
13 44.83
|
02
|
06.89
|
29
|
35.37
|
Total
|
25
|
|
30.49
|
32
|
39.02
|
23 28.05
|
02
|
02.44
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Les résultats du tableau 18,
révélent que seulement 30.49% des éléves
enquêtés n 'ont pas encore redoublé au cours de leur cursus
scolaire du 1er cycle du secondaire, 39.02% ont connu un
redoublement, 28.05% deux redoublements et 2.44% ont connu trois redoublements.
Ces statistiques montrent qu 'il y a un grand nombre de redoublants dans les
deux établissements concernés par l 'étude car 69.51% des
éléves ont redoublé au moins une fois au cours de leur
parcours scolaire de la 66 a la 4( ou a la 36
contre seulement 30.49% qui n 'ont jamais redoublé. Cependant, il existe
une différence de pourcentage de redoublement entre les deux
établissements (66.04% pour le LRT contre
75.86% pour le CNZ). La répartition des éléves en fonction
du nombre de redoublement et de l 'établissement fréquenté
révéle plus de réalités. En effet, pour les
éléves ayant redoublé une fois, on a un pourcentage de
47.17% pour LRT et seulement 24.14 pour le CNZ. Par contre pour ceux qui ont
redoublé deux fois, on a 44.83% pour le CNZ et 18.87% pour le LRT. Quant
aux enfants ayant redoublé trois fois, le pourcentage est de 6.89% pour
le CNZ alors qu 'il en est rien pour le LRT (0%). Ces données indiquent
donc que le CNZ accueille plus d'éléves ayant redoublé
deux ou plus de deux fois contrairement au LRT. Ceci permet de dire qu 'un
grand nombre d'éléves commencent leur cursus secondaire dans d
'autres établissements comme le LRT pour enfin se retrouver au CNZ
lorsqu 'ils ont été renvoyés comme la secrétaire du
CNZ l 'a dit en ces termes : « Nos éléves ont un niveau
bas en général car ce sont des éléves
récupérés d'autres établissements pour insuffisance
de travail» (entretien avec N. 0, 14 juin 2007, CNZ).
111.4 Redoublement et lHage Tableau 19 : le redoublement
selon l 'âge
Age
|
|
|
Nombre de redoublement
|
|
|
Aucun
Nbre %
|
Nbre
|
1 fois
%
|
2 fois
Nbre %
|
Nbre
|
3 fois
%
|
Nbre
|
Total
%
|
15-17 ans
|
13
|
43.33
|
15
|
50.00
|
02
|
06.67
|
00
|
00.00
|
30
|
36.58
|
18-20 ans
|
12
|
27.27
|
15
|
34.09
|
16
|
36.37
|
01
|
02.27
|
44
|
53.66
|
21-23 ans
|
00
|
00.00
|
02
|
25.00
|
05
|
62.50
|
01
|
12.50
|
08
|
09.76
|
Total
|
25
|
30.49
|
32
|
39.02
|
23
|
28.05
|
02
|
02.44
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
L 'observation et l 'analyse du tableau 19 montrent
que l 'âge et le redoublement entretiennent une relation statistiquement
significative. En effet, les pourcentages d'éléves qui n 'ont pas
encore redoublé sont respectivement pour les classes d 'âge
suivantes : 15-17 ans ; 18-20 ans et 21-23 ans de 43,33% ; 27,27% ; 00.00 %
tandis que pour les éléves ayant redoublé une fois les
pourcentages sont respectivement pour les mêmes classes d 'âge de
50,00% ; 34,09% et 25.00%. En effet, c 'est a partir de deux redoublements que
la relation entre l 'âge et le redoublement est plus visible car le
pourcentage est de 06.67% pour les 15- 17 ans, 36.37% pour les 18- 20 ans et
62.50% pour les 21- 23 ans. Tandis qu 'aucun éléve de la classe d
'âge 15- 17 ans n 'a redoublé trois fois, on a respectivement pour
les classes d 'âge de 18- 20 ans et 21- 23 ans, les chiffres de 02.27% et
12.50%. Ces résultats montrent que plus l 'âge augmente plus le
taux de redoublement augmente également. Les plus jeunes de la classe d
'âge 15-17 ans redoublent alors moins de nombre de fois que leurs
ainés de 21-23 ans qui ont tous au moins redoublé une fois au
cours de leur parcours au secondaire (100%). Mais
notons que ce dernier pourcentage est néanmoins
limité par le nombre assez bas des éléves de cette classe
d 'âge. Cette situation se justifie par le fait que plus on accumule des
retards au cours de son cursus scolaires plus on prend de l
'âge.
111.5 Profession du pere et redoublement
Tableau 20 : le redoublement selon la profession du
pére ou le tuteur
Profession du p0re ou du tuteur
|
|
|
Nombre de redoublement
|
|
|
Nbre
|
Aucun
%
|
Nbre
|
1 fois
%
|
2 fois
Nbre %
|
Nbre
|
3 fois
%
|
Nbre
|
Total
%
|
Agriculteurs
|
10
|
27.03
|
14
|
37.84
|
11
|
29.73
|
02
|
05.40
|
37
|
45.12
|
Ouvriers
|
01
|
14.29
|
04
|
57.14
|
02
|
28.57
|
00
|
00.00
|
07
|
08.54
|
Fonctionnaires
|
09
|
31.03
|
12
|
41.38
|
08
|
27.59
|
00
|
00.00
|
29
|
35.36
|
Professions libérales
|
04
|
80.00
|
01
|
20.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
05
|
06.10
|
Retraités
|
01
|
25.00
|
01
|
25.00
|
02
|
50.00
|
00
|
00.00
|
04
|
04.88
|
Total
|
25
|
30.49
|
32
|
39.02
|
23
|
28.05
|
02
|
02.44
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Les résultats du tableau 20 montrent qu 'il
existe une corrélation entre le redoublement des éléves et
la profession des parents dans la ville de Tenkodogo. Cette conclusion
corrobore avec celle d 'Harold ENTWISTLE (1978). En effet, a travers ce
tableau, on remarque que 80.00% des éléves dont le pére ou
le tuteur exerce une profession libérale n 'ont pas redoublé de
classe au cours de leur parcours durant le premier cycle du secondaire alors
que le pourcentage est respectivement de 31.03%, 27.03%, 25%, 14.29% pour les
fonctionnaires, les agriculteurs, les retraités et les ouvriers. Parmi
ceux qui ont redoublé une fois 57.14% ont un pére ou tuteur
agriculteur, 41.38% fonctionnaire, 37.84% agriculteur, 25% retraité et
20% exerçant une profession libérale. Pour ceux qui ont
doublé deux fois 50% viennent de parents retraités, 29.73% d
'agriculteurs, 28.57% d 'ouvriers, 27.59% de fonctionnaires, et 0% de
professions libérales. Quant a ceux qui ont redoublé trois fois,
on constate que seulement les enfants des agriculteurs sont dans ce cas
(05.40%) alors qu 'il en est rien pour les autres catégories
socioprofessionnelles. D'aprés ces différents chiffres
statistiques, on s 'aperçoit que plus on a de bonnes conditions socio-
économiques comme chez bon nombre des professions libérales et
des fonctionnaires, plus la fréquence de redoublement diminue alors qu
'elle augmente au fur et a mesure que les conditions sont précaires
comme chez la plupart des agriculteurs et des ouvriers. Les verbatims de
certains éléves de parents agriculteurs et ouvriers attestent d
'ailleurs de cette situation peu favorable aux études :
Pour un éleve en 36 1 : «
mes conditions de vie ne me favorisent pas dans mes etudes parce que les
travaux domestiques me retardent et le fait de marcher sans cesse me fatigue
» (entretien avec D. D, 02 juin 2007, CNZ).
Quant a cet éléve de la classe de
46B : « je vie seul a Tenkodogo car mes parents habitent au
village. J'ai donc besoin de m'abonner a la cantine » (entretien avec B.
A, 05 juin 2007, LRT).
111.6 Profession du père et moyenne scolaire
Tableau 21 : la moyenne scolaire selon la profession du
pére ou le tuteur
Profession du père ou du tuteur
|
|
|
|
Performances scolaires (moyennes annuelles /
20)
|
|
|
|
Moins de 10
Nbre %
|
Nbre
|
10
%
|
Nbre
|
11
%
|
Nbre
|
12
%
|
Nbre
|
13
%
|
Nbre
|
14
%
|
Total
Nbre %
|
Agriculteurs
|
21
|
56.76
|
08
|
21.62
|
05
|
13.51
|
02
|
5.41
|
01
|
2.70
|
00
|
00.00
|
37
|
45.12
|
Ouvriers
|
05
|
71.43
|
02
|
28.57
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
07
|
08.54
|
Fonctionnaires
|
10
|
34.48
|
16
|
55.17
|
01
|
3.45
|
00
|
00.00
|
01
|
3.45
|
01
|
3.45
|
29
|
35.36
|
Professions libérales
|
02
|
40.0
|
01
|
20.00
|
00
|
00.00
|
02
|
40.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
05
|
6.10
|
Retraités
|
4
|
100.0
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
04
|
4.88
|
Total
|
42
|
51.22
|
27
|
32.92
|
06
|
7.32
|
04
|
4.88
|
02
|
2.44
|
01
|
1.22
|
82
|
100.0
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
A travers le tableau 21, il est mis en relation les
performances scolaires des éléves calculées sur la base de
leurs moyennes annuelles et la profession du pére ou du tuteur qui est
un indicateur concret de leurs conditions socio-économiques. Ces
résultats montrent que la performance la moins élevée
(moins de 10 de moyenne) est celle d 'enfants de retraités (100%),
suivis de ceux d 'ouvriers (71.43%), d 'agriculteurs (56.76%), des professions
libérales (40%) et des fonctionnaires (34.48%). Ces statistiques, loin
de contredire les données du tableau 15 (appréciation fait des
enquêtés de l 'impact de leur niveau de vie sur les
résultats scolaire) méritent plutôt qu 'on leurs accorde
une attention particuliére. En effet, deux raisons fondamentales peuvent
rendre cette situation possible. Premiérement, la prise en compte d
'éléments d 'ordre personnel et scolaire. La motivation ou l
'absence de motivation, les groupes de pairs (effet d 'entrainement, les bonnes
ou mauvaises fréquentations, le mimétisme), le défit
personnel (Gilbert TSAFAK, 1980) et l 'environnement scolaire (Ivan ILLICH,
1971) sont autant de facteurs qui peuvent influencer les performances des
enquêtés
en dépit de leurs conditions de vie et du
même coup expliquer ces résultats. La seconde explication peut
venir du fait que lors de nos tirages, nous sommes tombés sur des
enfants de retraités, de fonctionnaires et de parents exercant une
profession libérale qui avaient une performance de moins de 10 de
moyenne. Par ailleurs, il est a noter que c 'est seulement chez les
fonctionnaires et les professions libérales que le pourcentage d
'enfants qui ont 10 ou plus de 10 de moyenne est supérieur a celui des
moins de 10 de moyenne respectivement 65.52% contre 34.48% et 60% contre 40%.
La situation est contraire chez les ouvriers et chez les agriculteurs qui est
respectivement de 28.57% contre 71.43% et 43.24% contre 56.76%. Il convient
cependant de bien comprendre le contexte de ces données a tendance
générale et de noter qu 'il s 'agit de performances moyennes
d'éléves par profession du pére ou du tuteur. Ces
statistiques ne veulent donc pas dire que pris individuellement, tel enfant
dont le pére exerce une profession donnée est performant que n
'importe quel autre enfant issu de pére d 'autres professions. La preuve
en est qu 'un éléve de parent agriculteur a eu 13 de moyenne
contrairement aux enfants dont le pére exerce une profession
libérale et que 5.41% d 'enfants d 'agriculteurs ont eu 12 de moyenne
contre 00% d 'enfants de fonctionnaires. Ces cas particuliers peuvent
résulter de la motivation et du dynamisme intrinséque de cette
catégorie d'éléves a réussir en dépit de
leurs conditions socio- économiques. En effet, la vision qu 'un
éléve se fait de la réussite sociale est un facteur
capable d 'influencer son parcours scolaire et particuliérement lorsque
ce dernier accorde une grande importance aux études en l 'envisageant
comme un générateur possible d 'ascension sociale (Gilbert
TSAFAK, 1980). C 'est ce que pense également un enseignent du CNZ lorsqu
'il affirme ceci: (( Un éléve peut etre un bon travailleur
malgré ses conditions de vie. Par contre, il y'a des
éléves dont ça va chez eux a la maison mais qui ne
travaillent pas bien en classe car les conditions de vie meilleures dans
lesquelles ils vivent rendent ces éléves indisciplinés et
moins studieux » (entretien avec Y. L, 20 juin 2007,
domicile).
A l 'exception de ces cas particulier, ces
données statistiques montrent qu 'il existe une relation causale entre
la profession des parents d'éléves et la performance scolaire de
leurs enfants. En effet, l 'argument en faveur de cette influence de la
profession du pére sur la performance de l 'enfant est que la profession
du pére détermine dans une certaine mesure les conditions de vie,
d 'étude et les moyens financiers mis a la disposition de
l'éléve lui permettant ainsi de justifier sa performance (Alain
GRAS 1974). Le constat que la probabilité d 'obtenir de bonnes
performances chez les enfants d 'agriculteurs et d 'ouvriers est faible, peut
donc s 'expliquer par le fait que leurs parents soient les plus incapables a
offrir a leurs enfants
de meilleures conditions de vie et d 'étude
faute de moyens contrairement aux fonctionnaires et mieux encore a ceux
exercant une profession libérale. Nos entretiens aupres des personnes
ressources ne font que confirmer ce constat.
Selon le proviseur du Lycée Rialé :
« le taux de succés relativement faible de l'établissement
s'explique par le fait que pres de 60% des éleves sont issus de parents
ou tuteurs qui vivent en deçci du seuil de pauvreté. En
témoigne l'affluence au sein de la cantine scolaire donc probleme de
restauration. A cela s'ajoute le probleme de logement,
d'électricité et de reglement des frais de scolarité...
» (entretien avec G.M, 11 juin 2007, LRT).
Les propos d 'un enseignant du College Naaba Zoungrana
confirment celui du proviseur. En effet pour lui : « le fait que la
majorité des éleves soit issue d'une famille pauvre a une
influence sur le niveau de performance général de la
localité. Le manque de matériels didactiques, de moyens de
déplacement, d'argent pour s'abonner a la bibliotheque et la cantine
contribue a l'échec des éleves » (entretien avec C.K.F,
14 juin 2007, CNZ).
Néanmoins, s 'il est indéniable que les
conditions de vie des éleves influencent leurs résultats
scolaires (Maxime COMPAORE, 1996), la possibilité d 'avoir 12 et 13 de
moyenne par certains enfants d 'agriculteurs laisse penser qu 'on peut
également rechercher ailleurs le facteur déterminant explicatif
de la réussite scolaire, notamment dans l 'engagement et la prise de
conscience de l'éleve a réussir en dépit des conditions
liées a son origine sociale (voir analyse tableau
21).
CHAPITRE III : STATUT FAMILIALE, NIVEAU D
'INSTRUCTION DES PARENTS ET PERFORMANCES SCOLAIRES
Dans le chapitre précédent, il a
été question d 'analyser les mécanismes par lesquels les
conditions socio- économiques liées a l 'origine sociale
intervenaient dans le rendement scolaire des éléves a Tenkodogo.
L 'objectif poursuivi maintenant par ce chapitre III, est de voir dans quelle
mesure le statut matrimonial et le niveau d 'instruction des parents peuvent
influencer la réussite ou l 'échec des enfants.
I. STATUT MATRIMONIAL COMME DETERMINANT DES PERFORMANCES
SCOLAIRES
L 'un des objectifs de cette étude était
de mettre en évidence les rapports entre le statut matrimonial et les
performances scolaires. Les tableaux suivants montrent l 'influence du statut
matrimoniale et de la taille de la famille sur les rendements scolaires des
enquêtés
I.1 Statut matrimonial et taille de la famille Tableau 22
: Statut matrimonial et taille de la famille
Statut familial
|
|
|
Taille de la famille
|
|
|
Nbre
|
- de 6 pers
%
|
6 a 10 pers
Nbre %
|
+ de 10 pers
Nbre %
|
Nbre
|
Total
%
|
Monogamie
|
19
|
32.20
|
35
|
59.32
|
05
|
08.48
|
59
|
71.95
|
Polygamie
|
01
|
04.35
|
08
|
34.78
|
14
|
60.87
|
23
|
28.05
|
Total
|
20
|
24.39
|
43
|
52.44
|
19
|
23.17
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Le tableau 22 fait la répartition de la
situation matrimoniale des familles des enquêtés en fonction du
nombre total de personnes vivant dans la famille de façon permanente a
la charge des parents. Ces résultats indiquent que 28.05% des sujets
enquêtés viennent de familles polygames tandis que la grande
majorité vit dans des familles monogames (71.95%). A travers ce tableau,
on s 'aperçoit également que 24.39% des éléves sont
dans des familles de moins de 06 personnes, 52.44% dans des familles de 6 a 10
personnes et 23.17% dans des familles de plus de 10 personnes. 32.20% des
familles monogames ont une taille de moins de 6 personnes, 59.32% entre 6 et 10
personnes et seulement 8.48% ont une taille de plus de 10 personnes. La
situation est autre chez les polygames car seulement 4.35% des familles ont une
taille de moins de 6 personnes, 34.78% entre 6 et 10 personnes tandis que la
majorité a une
taille de plus 10 personnes. Sans etre surpris par ces
chiffres, il est évident qu 'il existe une relation entre le statut
matrimoniale et la taille de la famille. En effet, les familles polygames sont
majoritairement plus nombreuses que les familles monogames. La
différence de taille et donc de charge entre familles polygames et
familles monogames, mérite que l 'on tienne donc compte de cette
situation dans l 'étude de l 'influence du statut matrimonial de la
famille d 'appartenance des éléves sur les performances
scolaires.
1.2 Statut matrimonial et nombre d'enfant
scolarisé dans la famille Tableau 23 : Statut matrimonial et nombre d
'enfants scolarisés dans la famille
Statut matrimonial
|
|
|
Nombre d'enfants scolarisés
|
|
Nbre
|
[1- 2]
%
|
[3-
Nbre
|
4]
%
|
[5-
Nbre
|
6]
%
|
[7-
Nbre
|
8]
%
|
[9-
Nbre
|
10]
%
|
Total
Nbre %
|
Monogamie
|
15
|
25.42
|
25
|
42.37
|
14
|
23.73
|
05
|
08.48
|
00
|
00.00
|
59 71.95
|
Polygamie
|
00
|
00.00
|
07
|
30.44
|
08
|
34.78
|
05
|
21.74
|
03
|
13.04
|
23 28.05
|
Total
|
15
|
18.29
|
32
|
39.02
|
22
|
26.83
|
10
|
12.20
|
03
|
03.65
|
82 100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Le tableau ci- dessus, présente le statut
matrimonial croisé avec le nombre d 'enfants scolarisés dans la
famille. On y observe que pour les nombres d 'enfants scolarisés de 1 a
2 et de 3 a 4, les familles monogames sont majoritaires avec respectivement
25.42% et 42.37% contre 00% et 30.44% pour les familles polygames. Cependant,
au fur et a mesure que le nombre d 'enfants scolarisés augmente, les
familles polygames tiennent la tete respectivement 34.78%, 21.74% et 13.04%
pour les nombres d 'enfants scolarisés de 5 a 6, 7 a 8 et 9 a10 vivant
dans la famille alors que pour les mêmes nombres d 'enfants on a
respectivement chez les familles monogames 23.73%, 8.48% et 00%. Ces chiffres
montrent que c 'est en situation de polygamie qu 'on a les plus grands nombres
d 'enfants scolarisés ou a scolarisés. Ce fait traduit largement
une réalité persistante : le poids de la famille
polygame.
1.3 Taille de la famille et redoublement
Tableau 24 : Taille de la famille et
redoublement
Taille de la famille
|
|
|
Nombre de redoublement
|
|
|
Nbre
|
Aucun
%
|
Nbre
|
1 fois
%
|
Nbre
|
2 fois
%
|
Nbre
|
3 fois
%
|
Nbre
|
Total
%
|
Moins de 6 personnes
|
07
|
35.00
|
08
|
40.00
|
05
|
25.00
|
00
|
00.00
|
20
|
24.39
|
De 6 A10 personnes
|
14
|
32.56
|
16
|
37.21
|
12
|
27.91
|
01
|
02.32
|
43
|
52.44
|
plus de 10 personnes
|
04
|
21.05
|
08
|
42.11
|
06
|
31.58
|
01
|
05.26
|
19
|
23.17
|
Total
|
25
|
30.49
|
32
|
39.02
|
23
|
28.05
|
02
|
02.44
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
L 'analyse des données du tableau 24 montre que
le redoublement est fonction de la taille de la famille. En effet, 35% des
enquêtés appartenant a une famille de moins de 6 personnes n 'ont
pas redoublé de classe alors que le pourcentage est respectivement de
32.56% et 21.05% pour les familles de 6 a 10 personnes et de plus de 10
personnes. Pour ceux qui ont redoublé une fois, 42.11% sont dans des
familles de plus de 10 personnes, 40% dans des familles de moins de 6 personnes
et 37.21% dans des familles de 6 a 10%. Parmi ceux qui ont doublé deux
fois, 25% sont issus de failles de moins de 6 personnes, 27.91% dans des
familles de 6 a 10 personnes et 31.58% dans des familles de plus de 10
personnes. Quant a ceux qui ont doublé trois fois, il n 'y a aucun
enfant des familles de moins de 6 personnes (00%), alors qu 'on a
respectivement des pourcentages de 2.32% et 5.26% pour les familles de 6 a 10
personnes et de plus de 10 personnes. Selon ces chiffres, on s 'aperçoit
alors, que quand la taille de la famille augmente, plus la fréquence de
redoublement des enfants, augmente également alors qu 'elle diminue au
fur et a mesure que la taille de la famille diminue. Cette situation est rendue
possible par l 'environnement socio- économique propre a chacune de ces
familles.
1.4 Statut matrimonial et redoublement
Tableau 25 : Statut matrimonial et
redoublement
Statut matrimonial
|
|
|
Nombre de redoublement
|
|
|
Nbre
|
Aucun
%
|
Nbre
|
1 fois
%
|
Nbre
|
2 fois
%
|
Nbre
|
3 fois
%
|
Nbre
|
Total
%
|
Monogamie
|
22
|
37.29
|
21
|
35.59
|
15
|
25.42
|
01
|
01.70
|
59
|
71.95
|
Polygamie
|
03
|
13.04
|
11
|
47.83
|
08
|
34.78
|
01
|
04.35
|
23
|
28.05
|
Total
|
25
|
30.49
|
32
|
39.02
|
23
|
28.05
|
02
|
02.44
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Tout comme la taille de la famille entretient une
relation avec le redoublement scolaire, les résultats du tableau 25
ci-dessus montrent qu 'il existe également un lien entre le statut
matrimonial (polygamie et monogamie) et le redoublement scolaire. En effet ;
37.29% d'éléves issus de familles monogames n 'ont pas encore
redoublé contre seulement 13.04% pour ceux issus de familles polygames.
47.83%, 34.78% et 4.35% d'éléves venant de statut matrimoniale
polygame contre 35.59%, 25.42% et 1.70% d'éléves issus de
familles monogames ont redoublé respectivement une, deux et trois fois
au cours de leur cursus scolaire au premier cycle du secondaire. Ces chiffres
permettent de dire que la polygamie est d 'avantage associée au taux de
redoublement scolaire que la monogamie. Cette situation est imputable aux
réalités socio-économiques associées au nombre de
personnes en charge dans chaque type de famille que le proviseur du
lycée Rialé avait d 'ailleurs souligné en ces termes :
« La polygamie constitue une charge au sein des familles et du m8me coup
un handicap dans la prise en charge conséquente des enfants
scolarisés. Aussi, il y'a le fait que l'atmosphere dans la famille c'est
a dire l'ambiance familiale n'est pas bon car il y'a souvent des bagarres et
des ségrégations. Tout ceci joue sur les résultats de
l'éleve » (entretien avec G.M, 11 juin 2007, LRT).
1.5 Statut matrimonial et moyenne scolaire
Tableau 26 : Statut matrimonial et moyenne
scolaire
Statut matrimonial
|
|
|
Performances scolaires (moyennes annuelles /
20)
|
|
|
Moins de 10
Nbre %
|
Nbre
|
10
%
|
Nbre
|
11
%
|
Nbre
|
12
%
|
Nbre
|
13
%
|
Nbre
|
14
%
|
Total
Nbre %
|
Monogamie
|
29
|
49.15
|
21
|
35.59
|
2
|
3.39
|
4
|
6.78
|
2
|
3.39
|
1
|
1.70
|
59
|
71.95
|
Polygamie
|
13
|
56.52
|
6
|
26.09
|
4
|
17.39
|
0
|
0.00
|
0
|
0.00
|
0
|
0.00
|
23
|
28.05
|
Total
|
42
|
51.22
|
27
|
32.92
|
06
|
7.32
|
04
|
.88
|
02
|
2.44
|
01
|
1.22
|
82
|
100.0
|
Source : enquête de terrain Juin
2007
Le tableau 26 fait la distribution des performances
scolaires des éléves enquêtés selon le statut
matrimoniale de leur famille d 'appartenance. Les résultats de celui-ci
montrent que les performances scolaires de moins de 10 de moyenne sont
globalement plus importantes chez les éléves de familles
polygames (56.52%) contre un pourcentage de 49.15% chez ceux venant de familles
monogames. Pour ceux qui ont 10 de moyenne, on a 35.59% chez les
éléves de familles monogames contre 26.09% chez les familles
polygames. Quant aux éléves qui ont 11 de moyenne, 17.39% sont de
familles polygames contre 3.39% chez les familles monogames. Cette moyenne est
la plus grande performance observée chez les enquêtés de
familles polygames ou on a 0% pour les moyennes de 12, 13 et 14. Pour ces
mêmes moyennes on a respectivement chez les enfants venant de familles
monogames 6.78%, 3.39% et 1.70%. L 'analyse de ces chiffres montre qu 'il
existe un lien entre le statut matrimonial et les performances scolaires et que
confirment certaines personnes interviewées.
Selon ce parent d'éléve : (( la
famille monogame offre le plus souvent de bonnes conditions de vie et de suivi
des enfants. La probabilité d'avoir de bons rendements est
élevée. Par contre, dans la famille polygame, l'atmosphere de la
famille (bagarre entre enfants, rivalité entre coépouses...) joue
sur l'enfant et par let sur son rendement a l'école. Quant il y a une
bonne atmosphere en famille l'enfant sort souvent tres content et motivé
dans les études » (entretien avec 0.E, 10 juin 2007,
domicile).
Pour un autre parent d'éléve : (( un
éleve issu de famille monogame même avec peu de moyen a une grande
possibilité de réussir tandis que la polygamie diminue la chance
d'avoir de bonnes conditions socio-économiques et d'étude car
trop de charges. Elle influence ainsi les résultats ou l'acces a un bon
établissement scolaire car trop cher et trop de dépenses pour la
famille » (entretien avec B.R, 16 juin 2007, service).
Quant au Directeur du College Naaba Zoungrana :
« la polygamie augmente les charges. La plupart des enfants qui ont des
difficultés proviennent de familles polygames oft les charges sont
souvent multipliées par trois voire plus. Par contre les familles
monogames arrivent a beaucoup plus soutenir leurs enfants » (entretien
avec B.S, 14 juin 2007, CNZ).
Le surveillant général du Lycée
Rialé et président régionale des parents d'éleves
pour sa part estime que: « la gestion d'une famille est une question
d'organisation et de prise de conscience individuelle. Avec la c herté
de la vie d'aujourd'hui dans les mêmes conditions un éleve issu de
famille monogame est favori. Ce qui est dommage dans la polygamie, c'est les
bagarres entre femmes et aussi entre enfants. *l y a donc difficulté de
gérer la polygamie et si l'éleve subit des scenes horribles a la
maison, il ne peut pas se concentrer en classe. Cela marque beaucoup l'enfant
et a des retombées sur ses résultats scolaires »
(entretien avec B.G, 08 juin 2007, LRT).
Tous ces propos confirment les résultats du
tableau ci-dessus et permettent de dire que la polygamie est davantage
associée à la faiblesse des résultats scolaires que la
monogamie. Cette situation est sans doute rendue possible par le fait que la
famille polygame est en général de grande taille avec beaucoup de
charges et qu 'à cela s 'ajoute l'atmosphere familiale souvent peu
propice aux études (bruit, bagarre, rivalité...). Cependant,
même si la relation observée entre le statut matrimonial et les
résultats scolaires est indéniable, ce n 'est pour autant l 'avis
de toutes les personnes ressources. En effet, pour certains parents
d'éleves pour la plupart non scolarisés et polygames, ce n 'est
pas seulement et dans toutes les familles polygames qu 'il y 'a beaucoup d
'enfants et un climat qui n 'est pas favorable aux études des enfants
scolarisés. C 'est ce que pense Z. A lorsqu 'il affirme ceci :
« Je ne trouve pas que le fait d'avoir beaucoup d'enfants peut entrainer
leur éc hec a l'école. Les enfants sont des dons de Dieu. Avec
l'aide de celui-ci, j'arrive a m'occuper d'eux et il y'en a parmi eux certains
qui travaillent bien a l'école. Dans ma cour ici c'est moi qui commande
et quand il y'a des problemes je les regle sans difficulté»
(entretien avec Z.A, 19 juin 2007, domicile). Il convient donc de prendre
les propos de cette catégorie de parents avec attention car ils peuvent
émaner de la superstition et de l 'ignorance que seule une analyse de
contenu peut révéler.
II. NIVEAU D'INSTRUCTION COMME DETERMINANT DES
PERFORMANCES SCOLAIRES DES ENFANTS
En sociologie de l 'éducation, nombreux sont
les résultats de recherches qui établissent des relations entre
le niveau d 'éducation des parents et les rendements scolaires de leurs
enfants (Philip FOSTER, 1966). Les tableaux qui suivent donnent de ce fait, des
indications sur le lien que le niveau d 'instruction des parents entretient
avec les résultats scolaires des éléves
enquêtés.
II.1 Niveau d'instruction des parents et suivi scolaire des
enfants
Tableau 27 : Niveau d 'instruction des parents et
surveillance des travaux scolaires des enfants
Niveau d'instruction
|
|
|
Surveillance parentale
|
|
|
Nbre
|
toujours
%
|
souvent
Nbre %
|
rarement
Nbre %
|
Jamais
Nbre %
|
Nbre
|
Total
%
|
Non scolarisé
|
00
|
00.00
|
05
|
21.74
|
03
|
13.04
|
15
|
65.22
|
23
|
28.05
|
Primaire
|
01
|
05.88
|
04
|
23.53
|
08
|
47.06
|
04
|
23.53
|
17
|
20.73
|
Secondaire
|
10
|
41.67
|
12
|
50.00
|
00
|
00.00
|
02
|
08.33
|
24
|
29.27
|
Supérieur
|
04
|
22.22
|
11
|
61.11
|
03
|
16.67
|
00
|
00.00
|
18
|
21.95
|
Total
|
15
|
18.29
|
32
|
39.03
|
14
|
17.07
|
21
|
25.61
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Le tableau 27, fait l 'état de la relation
entre le niveau d 'instruction des parents d'éléves avec le suivi
et le contrôle des activités pédagogiques de leurs enfants
aprés les heures de cours a la maison. Ces données
révélent que 41.67% des parents de niveau secondaire et 22.22%
des parents de niveau supérieur contre seulement 5.88% de parents de
niveau primaire et 0% de parents non scolarisés surveillent toujours les
activités scolaires de leurs enfants. Respectivement 50% et 61.11%
contre 23.53% et 21.74% le font souvent. 0% et 16.67% contre 47.06% et 13.04%
le font rarement tandis que 65.22% des parents non scolarisés et 23.53%
des parents de niveau primaire contre seulement 8.33% des parents de niveau
secondaire et 0% de ceux ayant un niveau supérieur ne s 'impliquent
jamais dans la surveillance de l 'activité scolaire de leurs enfants. Le
taux bas des parents non scolarisés et de niveau primaire qui s
'impliquent toujours ou souvent dans le suivi scolaire de leurs enfants peut s
'expliquer par le désengagement de certains parents
d'éléves mais surtout par leur incapacité a prendre en
charge leur enfant sur le plan pédagogique soit parce qu 'ils sont non
scolarisés ou qu 'ils ont un niveau de scolarisation assez
bas.
Tableau 28 : Niveau d 'instruction des parents et le
suivi des notes des enfants
Niveau d'instruction
|
|
|
Suivi des notes
|
|
|
Nbre
|
toujours
%
|
souvent
Nbre %
|
rarement
Nbre %
|
Nbre
|
Jamais
%
|
Nbre
|
Total
%
|
Non scolarisé
|
03
|
13.04
|
02
|
08.70
|
03
|
13.04
|
15
|
65.22
|
23
|
28.05
|
Primaire
|
06
|
35.30
|
05
|
29.41
|
02
|
11.76
|
04
|
23.53
|
17
|
20.73
|
Secondaire
|
19
|
79.17
|
04
|
16.67
|
01
|
04.16
|
00
|
00.00
|
24
|
29.27
|
Supérieur
|
12
|
66.67
|
06
|
33.33
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
18
|
21.95
|
Total
|
40
|
48.78
|
17
|
20.73
|
06
|
07.32
|
19
|
23.17
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Quant au tableau 28, il fait la répartition du
suivi des notes des éléves selon le niveau d 'instruction de
leurs parents. Les résultats de ce dernier montrent que de faQon
générale, 48.78% des parents d'éléves s 'informent
toujours sur les notes de leurs enfants. 20.73% le font souvent, 7.32% rarement
et 23.17% ne le font jamais. La répartition selon le niveau d
'instruction des parents révéle cependant des contrastes. En
effet, la grande majorité des parents qui suivent toujours les notes des
enfants ont un niveau secondaire et supérieur, respectivement 79.17% et
66.67% contre 35.30% pour les parents de niveau primaire et 13.04% pour les non
scolarisés. Si ces chiffres établissent un lien entre le niveau d
'instruction des parents et le suivi des notes scolaires des enfants, ils
témoignent également que quant il s 'agit des notes un effort
particulier est quand meme fait par les parents non scolarisés et de
niveau primaire en dépit de leur niveau pour s 'informer sur les notes
de leurs enfants. Respectivement 13.04%, 8.70%, 13.04% des parents non
scolarisés et 35.30%, 29.41%, 11.76% des parents de niveau primaire le
font toujours, souvent ou rarement meme si 65.22% des parents non
scolarisés et 23.53% de ceux de niveau primaire ne le font jamais. Cela
montre que les parents d'éléves conscients que les notes
constituent la condition sine qua non pour la réussite scolaire de leurs
enfants, accordent un regard particulier a ceux-ci meme si la situation
différe quant il s 'agit de leur encadrement scolaire.
II.2 Niveau d'instruction du Ore ou du tuteur et le
redoublement
Tableau 29 : Niveau d 'instruction du pere et le
redoublement des enfants
Niveau d'instruction
|
|
|
Nombre de redoublement
|
|
|
Nbre
|
Aucun
%
|
Une fois
Nbre %
|
Deux fois
Nbre %
|
Trois fois
Nbre %
|
Nbre
|
Total
%
|
Non scolarisé
|
06
|
26.09
|
10
|
43.48
|
06
|
26.09
|
01
|
04.34
|
23
|
28.05
|
Primaire
|
04
|
23.53
|
08
|
47.06
|
05
|
29.41
|
00
|
00.00
|
17
|
20.73
|
Secondaire
|
07
|
29.17
|
10
|
41.66
|
07
|
29.17
|
00
|
00.00
|
24
|
29.27
|
Supérieur
|
08
|
44.44
|
04
|
22.22
|
05
|
27.78
|
01
|
05.56
|
18
|
21.95
|
Total
|
25
|
30.49
|
32
|
39.02
|
23
|
28.05
|
02
|
02.44
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Les résultats de ce tableau 29 montrent que
parmi les éleves qui n 'ont pas redoublé 26.09% viennent d 'un
pere ou d 'un tuteur non scolarisé, 23.53% de pere ou de tuteur de
niveau primaire, 29.17% de pere ou tuteur de niveau secondaire alors que ce
pourcentage est de 44.44% pour les éleves dont le pere ou le tuteur a un
niveau scolaire supérieur. Quant a ceux qui ont redoublé au moins
une fois 73.91% ont un pere ou un tuteur non scolarisé 76.47% sont de
peres ou de tuteurs de niveau primaire 70.83% ont un pere ou un tuteur de
niveau secondaire alors que ce pourcentage tombe a 55.56% pour les enfants dont
le pere ou le tuteur a le niveau supérieur. Ces statistiques attestent
le lien entre le redoublement et le niveau scolaire du pere ou du tuteur. En
effet, tous les enfants des peres ou des tuteurs de différents niveaux d
'instruction redoublent mais ceux dont le pere ou le tuteur a plus
d 'instruction redoublent moins que les autres
malgré la faiblesse relative de l 'écart de redoublement entre
les différents niveaux scolaires.
II -3 Niveau d'instruction de la mere ou de la tutrice et
le redoublement
Tableau 30: Niveau d 'instruction de la mere et le
redoublement des enfants
Niveau d'instruction
|
|
|
Nombre de redoublement
|
|
|
Nbre
|
Aucun
%
|
Une fois
Nbre %
|
Deux fois
Nbre %
|
Trois fois
Nbre %
|
Nbre
|
Total
%
|
Non scolarisé
|
10
|
20.41
|
22
|
44.90
|
16
|
32.65
|
01
|
02.04
|
49
|
59.76
|
Primaire
|
06
|
33.33
|
07
|
38.89
|
05
|
27.78
|
00
|
00.00
|
18
|
21.95
|
Secondaire
|
08
|
57.14
|
03
|
21.43
|
02
|
14.29
|
01
|
07.14
|
14
|
17.07
|
Supérieur
|
01
|
100.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
01
|
01.22
|
Total
|
25
|
30.49
|
32
|
39.02
|
23
|
28.05
|
02
|
02.44
|
82
|
100.00
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
En référence au tableau 30, on s
'aperçoit que parmi les éleves qui ont redoublé au moins
une fois, 79.59% ont une mere ou une tutrice illettrée, 66.67%
proviennent de mere ou de tutrice de niveau primaire, 42.86% ont une mere ou
tutrice de niveau secondaire et 0% ont une mere de niveau supérieur. De
ces chiffres, il apparait clairement que plus le niveau
d 'instruction de la mere ou de la tutrice est
élevé plus les enfants ont tendance a redoubler moins car pour
les niveaux de scolarisation supérieur, secondaire, primaire des meres
ou tutrices et les non scolarisées, les pourcentages des éleves
qui n 'ont pas encore redoublé sont respectivement de 100%, 57.14%,
33.33% et 20.44%. Des conditions socio-économiques particulierement
favorables ont certes rendue réels l 'engagement et la
détermination de la mere ou de la tutrice pour la réussite de son
enfant ou de son filleul. Mais également dans cette réussite, le
niveau d 'instruction de celles-ci a été déterminant car
il explique l 'efficacité du suivi a domicile dans l 'optique d 'obtenir
de bons rendements.
II -4 Niveau d'instruction du père ou du tuteur et
moyenne scolaire de l'enfant
Tableau 31 : Niveau d 'instruction du pere et moyenne
scolaire
Niveau d'instruction
|
|
|
Performances scolaires (moyennes annuelles /
20)
|
|
|
Moins de 10
Nbre %
|
Nbre
|
10
%
|
Nbre
|
11
%
|
Nbre
|
12
%
|
Nbre
|
13
%
|
Nbre
|
14
%
|
Total
Nbre %
|
Non scolarisé
|
15
|
65.22
|
04
|
17.39
|
01
|
04.35
|
02
|
8.69
|
01
|
4.35
|
00
|
0.00
|
23
|
28.05
|
Primaire
|
10
|
58.83
|
05
|
29.41
|
02 1
|
1.76
|
00
|
00.00
|
00
|
0.00
|
00
|
0.00
|
17
|
20.73
|
Secondaire
|
10
|
41.67
|
10
|
41.67
|
02
|
8.34
|
00
|
00.00
|
01
|
4.16
|
01
|
4.16
|
24
|
29.27
|
Supérieur
|
07
|
38.89
|
08
|
44.44
|
01
|
5.56
|
02
|
11.11
|
00
|
0.00
|
00
|
0.00
|
18
|
21.95
|
Total
|
42
|
51.22
|
27
|
32.92
|
06
|
7.32
|
04
|
4.88
|
02
|
2.44
|
01
|
1.22
|
82
|
100.0
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
Ce tableau ci-dessus présente le niveau de
scolarité du pere ou du tuteur croisé avec la moyenne scolaire
annuelle de son enfant ou de son filleul. Les résultats de celui-ci
montrent que parmi les éleves qui ont moins de 10 de moyenne, 65.22% ont
un pere ou un tuteur non scolarisé, 58.83% viennent de pere ou de tuteur
de niveau primaire, 41.67% de pere ou tuteur de niveau secondaire alors que ce
pourcentage est seulement de 38.89% pour les éleves dont le pere ou le
tuteur a un niveau scolaire supérieur. Pour les éleves qui ont 10
de moyenne, 44.44% viennent de pere ou de tuteur ayant un niveau
supérieur, 41.67% de pere ou de tuteur de niveau secondaire contre
respectivement 29.41% et 17.39% pour le niveau primaire et les non
scolarisés. Parmi les éleves qui ont 11 de moyenne, 11.76% ont un
pere ou un tuteur de niveau primaire et respectivement 4.35%, 8.34% et 5.56%
pour les non scolarisés, les
niveaux secondaire et supérieur. Quant aux
moyennes 12, 13 et 14 on a respectivement pour les niveaux supérieur,
secondaire, primaire et les non scolarisés, 11.11%, 0%, 0% et 8.69% ;
0%, 4.16%, 0% et 4.35% et enfin 0%, 4.16%, 0% et 0%. L 'analyse
générale de ces chiffres montre que le niveau scolaire du pere ou
du tuteur entretient une relation avec la performance de son enfant ou de son
filleul. En effet plus le niveau de scolarité du pere ou du tuteur est
élevé plus le niveau de performance de l 'enfant atteint 10 ou
plus de 10 de moyenne lui permettant ainsi de passer a une classe
supérieure. Cependant, notons que ces pourcentages ne
représentent que des tendances globales et ne signifient pas que pris
individuellement un éleve venant de pere ou de tuteur de niveau
supérieur performe plus que celui ayant un pere ou tuteur non
scolarisé.
II -5 Niveau d'instruction de la mere ou de la tutrice et
moyenne scolaire de l'enfant
Tableau 32 : Niveau d 'instruction de la mere et moyenne
scolaire
Niveau d'instruction
|
|
|
Performances scolaires (moyennes annuelles /
20)
|
|
|
Moins de 10
Nbre %
|
Nbre
|
10
%
|
Nbre
|
11
%
|
Nbre
|
12
%
|
Nbre
|
13
%
|
Nbre
|
14
%
|
Total
Nbre %
|
Non scolarisé
|
28
|
57.15
|
14
|
28.57
|
02
|
04.08
|
03
|
06.12
|
01
|
02.04
|
01
|
02.04
|
49
|
59.76
|
Primaire
|
10
|
55.56
|
06
|
33.33
|
02
|
11.11
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
18
|
21.95
|
Secondaire
|
04
|
28.57
|
07
|
50.00
|
02
|
14.29
|
01
|
07.14
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
14
|
17.07
|
Supérieur
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
01
|
100.0
|
00
|
00.00
|
01
|
01.22
|
Total
|
42
|
51.22
|
27
|
32.92
|
06
|
7.32
|
04
|
4.88
|
02
|
2.44
|
01
|
1.22
|
82
|
100.0
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
D 'apres les données du tableau 32, 57.15% des
éleves qui ont une mere ou une tutrice illettrée suivis de 55.15%
de ceux ayant une mere ou une tutrice de niveau primaire ont une moyenne
inférieure a 10 contre seulement et respectivement 28.57% et 0% pour les
éleves dont la mere ou la tutrice a un niveau secondaire ou
supérieur. Le seul enfant qui a une mere ayant un niveau d 'instruction
supérieur a 13 de moyenne. 71.43% des éleves provenant de mere ou
de tutrice de niveau secondaire ont au moins 10 de moyenne voire plus contre
respectivement 44.44% et 42.85% pour les enfants ayant une mere ou tutrice de
niveau primaire ou illettrées. Selon ces données, le niveau d
'instruction de la mere ou de la tutrice influence les résultats
scolaires de l 'enfant. En effet, plus la mere ou la tutrice a un bon niveau
scolaire plus les enfants ont tendance a observer de bonnes performances. Cette
situation s 'explique par le fait que plus la mere ou la tutrice a un niveau
scolaire élevé plus elle s 'engage mieux pour la réussite
scolaire de son enfant en lui offrant un encadrement
pédagogique de qualité. Le fait donc que
la plupart de cette catégorie de mere ou tutrice s 'implique dans le
suivi et le contrôle de la scolarité de leurs enfants en les
encourageant dans le travail, offre a ceux-ci un grand avantage. C 'est dans ce
sens qu 'un membre du bureau de l 'APE du LRT disait : « le fait qu'un
parent d'éleve a un bon niveau d'instruction constitue un avantage pour
son enfant. Mais les parents analphabetes ne doivent pas etre complexés.
Ils doivent fournir plus d'effort car l'éleve a besoin d'un suivi et
d'un encadrement quelque soit la langue » (entretien avec I.R, 02 juin
2007, domicile).
Apres l 'analyse de ces différents tableaux
ci-dessus mettant en relation le niveau d 'instruction des parents et les
performances scolaires de leurs enfants, on s 'aperçoit que les enfants
de parents ou de tuteurs des différents niveaux scolaires peuvent
redoubler ou avoir une moyenne inférieure a 10 mais que ceux dont les
parents ou les tuteurs ont un niveau d 'instruction élevé sont
plus performants et redoublent moins que les autres. Ces résultats qui
confirment ceux de Remy CLIGNET (1974) et de Torten HUSSEN (1975) ont
été certes rendus possibles par des conditions économiques
qui induisent a un engagement effectif dans la réussite de
l'éleve. Mais au regard des performances observées, le niveau d
'étude des parents ou des tuteurs semble &tre ici un facteur
déterminant de la réussite scolaire. Les éleves ayant
obtenu de meilleures performances et ayant redoublé moins, sont ceux la
qui ont un parent ou un tuteur scolarisé qui apporte de ce fait, un plus
dans le suivi et l 'encadrement scolaire de l'éleve. C 'est en ce sens
qu 'il faut apprécier les propos suivant d 'un parent d'éleve de
niveau supérieur : « apres le boulot, j'encadre toujours mon
enfant. Je lui demande ses difficultés afin de mieux lui expliquer
» (entretien avec V.P, 04 juin 2007, domicile).
CONCLUSION
Cette étude avait pour objectif principal d
'identifier les liens qui existent entre l'origine sociale et les performances
scolaires des éleves fréquentant les classes de 4eme
et de 3eme du lycée Rialé et du college Naaba
Zoungrana de la ville de Tenkodogo. Elle avait également pour objectifs
secondaires de vérifier les hypotheses de l 'influence du statut
matrimonial de la famille d 'origine de chaque éleve et du niveau d
'instruction des parents sur le rendement scolaire de leurs enfants. Au terme
de celle-ci, nous constatons que les performances ou résultats scolaires
sont influencés par plusieurs facteurs liés a l 'origine sociale
notamment les conditions socio-économiques, le statut matrimonial et le
niveau d 'instruction des parents. En effet, les résultats de cette
recherche obtenus de l 'analyse des verbatims des enquêtés ont
permis de faire un certain nombre de constats en ce qui concerne l 'origine
sociale et les résultats scolaires dans la zone d 'étude
:
Ils mettent tout d 'abord en évidence un lien
entre les conditions socio-économiques et les résultats scolaires
(moyenne et redoublement).
Ensuite, ces résultats mettent également
en évidence des rapports entre le statut matrimonial de la famille
(polygamie, monogamie), la taille de la famille et les performances scolaires
obtenues par les différents éleves
enquêtés.
Enfin, ils établissent un lien entre le niveau
d 'instruction des parents biologiques ou celui des tuteurs et les
résultats de leurs enfants ou protégés.
Cependant, même si la plupart de nos variables
liées a l 'origine sociale entretiennent une relation avec les
résultats scolaires et permettent ainsi de confirmer nos hypotheses, d
'autres facteurs peuvent également intervenir dans l 'explication des
questions d 'échec ou de réussite scolaire. En effet, la question
du rendement scolaire est un phénomene assez complexe qui exige la prise
en compte de plusieurs dimensions notamment des facteurs d 'ordre
socioéconomiques, mais aussi des facteurs individuels ou personnels aux
éleves et enfin des facteurs d 'ordres scolaires. C 'est donc une
opportunité pour nous de réfuter toute perception d 'un
déterminisme sans borne de la théorie de la classe sociale (toute
théorie étant contextuelle, historique et dynamique...) et de
montrer la place importante des variables individuelles, personnelles et
scolaires dans l 'explication des résultats constatés a l
'école.
S 'il est pour autant rassurant d 'affirmer que la
réussite ou l 'échec a l 'école est une clé de la
mobilité sociale par laquelle les uns connaissant un mouvement social
ascendant et descendant pour les autres, il est cependant constatable a travers
les résultats de cette étude que l 'éducation scolaire qui
est un moyen par lequel les connaissances sont transmises aux jeunes par le
biais des institutions scolaires est moins méritocratique parce qu 'elle
suit une certaine stratification socio-économique ou
socioprofessionnelle. En effet, le niveau de performance des enfants est
tributaire de leur origine sociale. Les enfants issus de milieux
socio-économiques favorables et mieux encore qui ont suivi une
scolarité dans des établissements de référence
réussissent mieux que leurs promotionnaires issus de milieux
défavorisés oil les conditions ne sont pas tout a fait
réunies pour une scolarisation réussie. Il est alors
évident que des facteurs propres a l 'environnement familial influence
la réussite scolaire des éléves. Cela confirme de ce fait
que l 'école n 'est prés d'être un moyen d 'égaliser
les chances des individus dans leur mobilité mais accentue plutOt une
inégalité des le départ de la scolarisation (Raymond
BOUDON, 1973). Ce constat donc souléve bien de questions qu 'il n 'en
résout et mérite d'être pensé plus attentivement et
prise en compte dans tout projet ou programme d 'appui a la scolarisation car
il s 'agit de la problématique de l 'école en
général surtout dans un monde en pleine crise économique.
Pour ce faire, la lutte contre la pauvreté par une meilleure prise en
charge de la demande sociale des milieux défavorisés a travers la
promotion d 'activités génératrices de revenus, la
réduction des cofits d 'acquisition des fournitures scolaires voire leur
gratuité et la promotion de l 'alphabétisation des parents
d'éléves afin qu 'ils puissent remplir efficacement leur role de
soutien scolaire s'avére nécessaire pour réduire ces
inégalités constatées a l 'école.
Par conséquent, l 'implication des acteurs
principaux de l 'éducation dans toutes les spheres de décisions
en matiére de politiques éducatives par la promotion d 'un
partenariat décideurs- école- parents et enfants doit être
encouragée et soutenue.
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Burkina Faso, colloque, Ouagadougou, 19-22 novembre 2002
11- MAIGA Alkassoum, Scolarité et
problemes socio-économiques dans la province du kadiogo : Une lecture
des échecs scolaires au Burkina Faso, mémoire de maitrise,
département de Sociologie, 1990
12- Media France International, Systeme educatif
africain : grande selectivite et faible efficacite, BF, Eureka, N°13,
1995, pp14-35
13- NAPON Abou, « Les obstacles
sociolinguistiques a l'introduction des langues nationales dans l'enseignement
primaire au Burkina Faso » in la recherche face aux defis de
l'éducation au Burkina Faso, colloque, Ouagadougou, 19-22 novembre
2002
14- PALM Roseline Patricia, "La probl~matique de
la performance des filles en mathématique dans neuf lycées de la
ville de Ouagadougou'', mémoire de maitrise, département de
Sociologie, 2001-2002
15- PLAISANCE Eric, L'echec scolaire : echec de
l'ecolier ou echec de l'ecole, in raison presente, n° 23,
Juillet - Septembre 1972, PP 21-- 41
16- Plan Burkina, « Rapport a mis parcourt du
programme education 2000-2006 »
17- ROUBAUD Francois, Education et ajustement
structurel a Madagascar ,in Contraintes de l'ajustement structurel et
avenir de l'éducation et de la formation dans les pays francop hones en
développement, Bordeaux du 29 septembre au 2 octobre 1992,
colloque, Paris, ACCT, 1992, 576 pages
18- SANOU Fernand, Avant propos pour une reforme
de l'éducation au BF : les intérêts des bureaucrates
burkinabe dans l'école et sa reforme, in annales de l'Ecole
Supérieure de Lettres et des Sciences Humaines, n°7,1985, pp
191 - 283
19- SNYDERS Georges, Est-ce le maitre d'école
qui a perdu la bataille contre les inégalités sociales ?
Enfance, N°1, Janvier- Avril 1970, pp 1-22
20- TSAFAK Gilbert, Analyse des facteurs sociaux
et individuels associés aux dédoublements des éleves en
cours d'études primaires au Cameroun, these de maitrise,
Faculté des sciences de l 'éducation, Université Laval,
Québec Canada, Avril 1980
21- UNESCO, L'éducation en Afrique a la
lumiere de la conférence de Lagos, Paris, études et
documents d'éducation, n°25, 1976, 60pages
22- ZERBO KI Joseph, Eduction et
développement, in Revue Tam- Tam, 1970, Page 15 * Site web:
1-
www.populationdata.net
2- www.studentsoftheworld.info
3-
www.documentation.ird.fr
TABLE DES MATIERES
DEDICACE II
REMERCIEMENTS III
SOMMAIRE V
SIGLES ET ABREVIATIONS VI
LISTE DES TABLEAUX VII
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : ECLAIRAGE THEORIQUE ET METHODOLOGIE
3
CHA PITRE I: ECLAIRAGE THEORIQUE 4
I. REVUE DE LITTERATURE
..............................................................................................
4
I.1 Stratégies des familles et scolarisation
................................................................. 4
I.2 Systemes éducatifs et le fonctionnement de
l'école .............................................. 8
I.3 Politiques en matiere d'éducation
12
I.4 Origine sociale comme déterminant des
performances scolaires 15
II. PROBLEMATIQUE 19
III. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 21
III.1 Objectif principal : 21
III.2 Objectifs secondaires : 21
IV. HYPOTHESES DE LA RECHERCHE 21
IV.1. Hypothese principale : 21
IV.2. Hypotheses secondaires 21
V. APPROCHE CONCEPTUELLE 22
CHA PITRE II: METHODOLOGIE 32
I. MILIEU ET POPULATION D'ENQUETE 32
II. ECHANTILLON 33
III. OUTILS ET TECHNIQUES DE PRODUCTION DES DONNEES
34
IV. POLITIQUE DU TERRAIN 35
V. STRATEGIE D'ANALYSE DES DONNEES DE TERRAIN
35
VI. DIFFICULTES ET LIMITES DE L 'ETUDE 36
VI.1 Difficultés 36
VI.2 Limites 37
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
................. 38
CHA PITRE I: PRESENTATION ET ETAT DU SECTEUR EDUCATIF DE
LA ZONE D'ETUDE 39
I. GEOGRAPHIE 39
II. APERCU HISTORIQUE ET ORGANISATION SOCIALE
40
II.1 Aperçu historique 40
II.2 Organisation sociale 40
III. PRESENTATION ADMINISTRATIVE DE LA PROVINCE
41
IV. DEMOGRAPHIE 41
V. ECONOMIE 41
VI. SITUATION DE L 'EDUCATION 42
VI.1 L 'enseignement de base 42
VI.2 L 'enseignement secondaire
..............................................................................
43 VII. PRESENTATION DES ETABLISSEMENTS CONCERNES PAR L
'ETUDE .......................... 44 VII.1 Le Lycee Riale
de Tenkodogo (LRT)
............................................................. 44
VII.1 Le College Naaba Zoungrana (CNZ)
.............................................................
45
CHA PITRE II: DETERMINANTS SOCIO- ECONOMIQUES ET
PERFORMANCES SCOLAIRES 46
I. PRESENTATION DES CARACTERISTIQUES DES ELEVES
46
I.1 Etablissement frequente par les enquetes
46
I.2 Age des eleves et la classe frequentee
47
I.3 Profession du pere ou du tuteur des eleves
47
II. CONDITIONS DE VIE ET D 'ETUDE DES ELEVES
48
II.1 Travaux domestiques des enfants 48
II.2 Mode d 'eclairage de l 'habitat 50
II.3 Appreciation des repas par l 'eleve 52
II.4 Accessibilite a l 'ecole et moyens de deplacement
53
II.5 Disponibilite des manuels scolaires de soutien chez
l 'eleve 54
II.6 Impact des conditions de vie sur les etudes selon
les eleves 55
III. CONDITIONS SOCIO- ECONOMIQUES COMME DETERMINANTS DES
PERFORMANCES SCOLAIRES 57
III.1 Profession du pere ou du tuteur et niveau d
'instruction 57
III.2 Profession du pere ou du tuteur et etablissement
frequente par l 'enfant 58
III.3 Redoublement et Etablissement frequente par l
'eleve 59
III.4 Redoublement et l 'age 60
III.5 Profession du pere et redoublement 61
III.6 Profession du pere et moyenne scolaire
62
CHA PITRE III: STATUT MATRIMONIAL, NIVEAU D'INSTRUCTION
DES PARENTS ET PERFORMANCES SCOLAIRES 65
I. STATUT MATRIMONIAL COMME DETERMINANT DES PERFORMANCES
SCOLAIRES ....... 65
I.1 Statut matrimonial et taille de la famille
............................................................. 65
I.2 Statut matrimonial et nombre d 'enfant scolarise dans
la famille ........................ 66
I.3 Taille de la famille et redoublement 67
I.4 Statut matrimonial et redoublement 68
I.5 Statut matrimonial et moyenne scolaire
69
II. NIVEAU D 'INSTRUCTION COMME DETERMINANT DES
PERFORMANCES SCOLAIRES DES ENFANTS 71
II.1 Niveau d 'instruction des parents et suivi scolaire
des enfants 71
II.2 Niveau d 'instruction du pere ou du tuteur et le
redoublement 73
II -3 Niveau d 'instruction de la mere ou de la tutrice
et le redoublement 73
II -4 Niveau d 'instruction du pere ou du tuteur et
moyenne scolaire de l 'enfant 74
II -5 Niveau d 'instruction de la mere ou de la tutrice
et moyenne scolaire de l 'enfant
75
CONCLUSION 77
BIBLIOGRAPHIE 79
TABLE DES MATIERES 85
ANNEXES 87
* Questionnaire
* Guide d'entretien
* Carte de situation du Boulgou
* Carte administrative de la province
* Carte des infrastructures scolaires
* Listes d'élèves de zlè et
3è
* Exemplaire d'une convocation de parent
d'élève
ANNEXES
ANNEXES
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