Contribution a la relance de la coopération décentralisée entre Rilleux-la-Pape et Natitingou: dynamiques et perspectives.( Télécharger le fichier original )par Hospice Bienvenu HOUNYOTON Université Lumière Lyon 2 - Master 2 Parcours Professionnel d'Economie Sociale et Solidaire 2008 |
Paragraphe 2- MéthodologiePour être faible, toute démarche qui se veut scientifique se doit de suivre une méthodologie définie par Jean Stoetzel comme « un savoir résultant d'une réflexion sur la pratique de la recherche 18(*)». La méthodologie selon Gilles Ferréol, est le fondement de la composante opératoire d'une science, constituée d'un ensemble de méthodes et de pratiques codifiées qui ont pour but d'assurer la validité du raisonnement. Nous y avons recours dans le cadre de cette étude à une méthodologie basée sur une revue documentaire assez détaillée, l'entretien semi-directif afin de répondre à notre question fondamentale de recherche et surtout de vérifier nos hypothèses de recherche. Puis nous soumettons les résultats issus de ces outils à un cadre théorique d'analyse. C'est ainsi que nous avons dans le cadre de cette étude recours à trois différentes grilles d'analyse pour appréhender la coopération décentralisée entre Natitingou et Rillieux -la- Pape. Il s'agit de l'analyse sociocritique chère à Georges Balandier et Jean Ziegler, de l'analyse stratégique et l'analyse systémique. En ce qui concerne la première partie de notre méthodologie c'est-à-dire la revue et l'exploitation documentaire, nous avons dès la formulation de notre sujet de recherche effectué une d'exploitation documentaire constituée d'un ensemble d'outils précieux. Il s'agit pour la plupart d'ouvrages de référence en matière de coopération décentralisée, de rapports du Ministère des Affaires Étrangères, de productions béninoises en matière de décentralisation et de coopération décentralisée, de mémoires d'étudiants le tout appuyé par un support internet de taille. Il importe de mentionner à cette occasion que nous avons au niveau des archives de la commune de Rillieux -la- Pape, eu à exploiter une documentation assez fournie qui retrace l'origine et la mise en oeuvre de la coopération décentralisée entre Natitingou et la commune depuis la décision municipale de se lancer en solidarité en passant par l'époque du partenariat-jumelage. Nous avons aussi procédé à la collecte d'informations à travers le recours d'un vieil outil connu qui est l'entretien. À ce niveau, il faut signaler que nous avons recours à l'entretien formalisé et beaucoup plus d'entretiens non formalisés avec certaines personnes ressources ayant été impliquées dans la mise en oeuvre de cette coopération. Nos entretiens avec notre directrice de stage et ces différents entretiens avec les acteurs et responsables techniques, nous été d'une utilité remarquable dans l'appréhension de ce partenariat entre les deux partenaires. Nous n'avions pas procédé à des enquêtes à l'endroit des habitants des deux communes et des responsables techniques. Nous avons estimé que l'exploitation documentaire et les entretiens formels et informels suffisaient large pour expliquer notre problématique et vérifier nos hypothèses de recherche. Ceci pourrait être une limite de cette étude, car la collecte de données à partir d'un questionnaire comportant une série de questions, pourrait être une occasion pour certains acteurs et surtout les populations l'occasion de révéler des faits et s'exprimer dans l'anonymat sur cette coopération entre les deux communes. N'empêche, notre méthode a livré beaucoup de leçons et renseigne le lecteur et les professionnels en la matière sur des faits qui ont caractérisé cette coopération et qui doivent servir de base pour une bonne coopération décentralisée. Ces faits découverts nous ont amené essayer une théorisation fondée sur les trois modèles d'analyses que nous avons évoqués plus haut. Le premier modèle d'analyse qui nous aura servi de base est le modèle d'analyse de la sociologie critique. Développé par Jean Ziegler et Georges Balandier, ce modèle qui s'inscrit dans la pure tradition de la sociologie critique, née de la rupture avec la sociologie dite de l'ordre et de la permanence, nous a permis de mettre en évidence ce qui est caché et inconnu du public. Reprenant les propos à cet effet de Jean Ziegler cité par Hervé Sosthène Mouafo Ngatom19(*), l'analyse sociocritique met en évidence que, ce qui est montré est à expliquer par ce qui ne se montre pas, car le plus caché est le plus véridique. Pour comprendre le fait social de la coopération décentralisée entre Rillieux et Natitingou et l'appréhender telle qu'elle est et se déploie sur le terrain, il nous a paru nécessaire de saisir les dynamiques qui la sous-tendent. Cette démarche nous a permis de comprendre que cette coopération entre les deux communes partenaires n'est pas au fond ce qu'elle paraît ou prétend être. Elle cache une face voilée caractérisée par une domination dans les rapports, révélatrice de sa vraie dynamique sur le terrain. Cette approche d'analyse nous a permis de découvrir les aspects cachés, très peu catholiques et peu glorieux de la coopération entre Natitingou et Rillieux et les non-dits aux populations qui sont les premières concernées par cette forme moderne d'éducation au développement. Le deuxième modèle d'analyse, auquel nous avons eu recours pour répondre à notre question de recherche et vérifier nos hypothèses, est inspirée de l'approche dite stratégique développée par Crozier et Friedberg. Cette démarche dont la finalité à l'origine est d'étudier les relations de pouvoir au sein des organisations, privilégiant les choix stratégiques des acteurs, nous a permis de comprendre et d'expliquer dans le cadre de notre étude, ces stratégies développées par les acteurs délégués et responsabilisés dans la mise en oeuvre de cette coopération, compte tenu de leur position dans cette relation. Étant au coeur de la mise en oeuvre de cette coopération, du fait de leur position d'anciens élus, responsables à divers niveaux et de position de patrons, de décideurs sans consultation de la base et sans concertation avec les vrais tenants que ce sont les élus, l'étude de ces acteurs qui revêt rappelons- le une importance capitale, nous a été utile pour la compréhension de ce qui s'est passé pendant une décennie de partenariat-coopération. Cette grille dont l'importance n'est plus à démontrer pour la bonne réalisation de cette étude, nous a permis d'identifier dans la conduite des acteurs et autres responsables, les comportements ayant contribué à l'échec des actions engagées et du refroidissement noté dans le processus de la coopération entre les deux villes. Enfin, considérée comme une méthode complétant l'analyse stratégique, la méthode systémique est la troisième approche à la base de laquelle nous avons construit notre modèle d'analyse théorique. Cette méthode d'analyse qui met en avant la globalité, les interactions et les effets de rétroaction, nous a servi d'outil pour comprendre les actions des uns et des autres. L'analyse systémique consiste à étudier l'ensemble de ces interactions qui produisent entre les systèmes d'actions et l'environnement dont le mécanisme est constitué de demandes, soutiens et de la réaction au sein d'un système. C'est le fameux mécanisme des « input » et des « output ». Dans le cadre de notre étude, les « input » sont constitués en grande majorité de l'aide qu'apportent la commune de Rillieux-la-Pape et ses acteurs autres partenaires français. Les « output » par contre, désignent l'investissement des élus de Natitingou et de l'implication des populations. En gros, il s'agit de l'implication de la commune bénéficiaire et de ses populations dans la réalisation des actions du partenariat-coopération. En somme, la méthode systémique nous a permis de comprendre la manière dont un système s'adapte ou tente de s'adapter aux contraintes, incitations et autres pressions de l'environnement. Dans le cas de notre étude, malgré les méthodes d'interventions controversées des acteurs, le système local aidé par l'environnement de la décentralisation entretient des relations de ruse pour continuer la coopération. Ceci aide à la compréhension des stratégies mises en oeuvre à un moment donné par les principaux acteurs impliqués dans cette coopération entre les deux territoires pour soi disant assurer et accompagner le développement social, économique et culturel du territoire de Natitingou et manifester l'engagement et l'attachement de Rillieux la Pape aux valeurs de la solidarité internationale. Ces grilles d'analyse et cette méthodologie, nous ont permis de faire une bonne lecture de la coopération décentralisée entre les deux partenaires et nous ont également servi d'arrière plan pour aborder la question de la coopération décentralisée dans son ensemble notamment son historique et ses enjeux pour les collectivités locales aussi bien du Nord que des pays dits en voie de développement dont le Bénin en fait partie. Chapitre II- Genèse, institutionnalisation et enjeux de la coopération décentralisée. Ce chapitre se contente de retracer l'histoire de la coopération décentralisée notamment son émergence conceptuelle, politique et sa consécration juridique aussi bien dans le contexte français que béninois (Section1). Il vient également de fournir les indispensables repères pour examiner ses enjeux pour les collectivités locales (Section2). * 18 Lexique de Sociologie, Dalloz, 2005, p 161 * 19 MOUAFO NGATOM.S.H., La coopération non gouvernementale à l'épreuve de la réduction de la pauvreté au Cameroun : une analyse sociologique des relations bailleurs de Fonds-ONG nationales, Université de Yaoundé, 2006 |
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