Paragraphe 2-
Recommandations aux autres acteurs
Après analyse, nous pensons qu'il serait utile de
formuler quelques recommandations aux autres acteurs impliqués dans la
mise en oeuvre du partenariat-coopération entre Rillieux-la-Pape et
Natitingou afin d'éviter les erreurs de la période
écoulée. Nos recommandations dans ce cadre vont essentiellement
à l'endroit du comité de jumelage de la commune de
Rillieux-la-Pape et de la société civile de Natitingou.
Au comité de jumelage, nous demandons de se
professionnaliser en se montrant plus technique dans la conduite des actions de
coopération sur le terrain. Il va falloir que cet organe, dont le
rôle d'interface entre les deux collectivités n'est plus à
démontrer, ne soit plus perçu comme une structure qui fait tout
depuis la conception, l'élaboration jusqu'à la mise en oeuvre
d'un projet. Le comité de jumelage ne doit pas être un instrument
qui a recours aux pratiques colonialistes. Les membres de ce comité
doivent intégrer dans leur conscience individuelle et collective, que
l'on ne fait pas le bonheur d'un peuple sans son consentement encore moins sans
son adhésion au projet social de vie communautaire. La pratique qui
consiste à tout faire à place des organisations locales doit
être fortement découragée. Le comité doit
privilégier désormais la collaboration avec les autres structures
si l'on veut que le partenariat se pérennise et soit fructueuse pour les
deux parties. À cet effet, il va falloir initier les membres du
comité de jumelage aux techniques de management et de gestion des
projets de solidarité internationale. Le comité a
également un travail à faire au niveau de la commune. Ce travail
consistera à consulter, impliquer et échanger avec les
différentes associations de la commune qui peuvent selon leur
capacité contribuer à l'élaboration et à la mise en
oeuvre d'un projet de coopération décentralisée. Cette
méthode aura un avantage d'associer les populations aux actions de
solidarité internationale de la commune. Car, les populations ne savent
pas grand-chose du partenariat. Elles ne le savent que par la
matérialisation à l'entrée, à la sortie et devant
l'hôtel de ville que du jumelage entre les deux collectivités. Le
reste leur passe entièrement dessus et les gens ne se rendent pas compte
de l'effort ou de l'engagement de la commune aux problématiques de
développement des pays du sud. Étant entendu, que le
comité de jumelage est lié par un contrat de mise en oeuvre de la
coopération entre les deux partenaires, il devra désormais se
charger de la question de la communication à l'endroit des populations.
Pour ce faire, nous estimons qu'il s'appuiera sur les services municipaux de la
communication afin de rendre plus visible et plus connu le partenariat entre
les deux collectivités.
Le comité doit revoir sa propre organisation en
choisissant des gens qui n'ont pas qu'une vision humaniste et limitée de
l'aide au développement, mais plutôt des gens prêts à
éduquer au développement. Ceci évitera la situation
d'assistanat observé à un moment donné. Comme le dit le
célèbre proverbe chinois, il vaut mieux apprendre à
pêcher à une personne que de lui donner du poisson. En apprenant
aux populations de Natitingou et dans une certaine mesure la commune à
développer des approches de développement intégré,
le comité de jumelage à travers le partenariat posera un grand
acte au service du développement de Natitingou. Il se distinguera ainsi
des pratiques traditionnelles qui privilégient le don sans en
contrepartie solliciter une possible participation des
bénéficiaires du sud. Avec la détermination des personnes
membres du comité que nous avons rencontrées, nous
espérons que leurs rapports avec Natitingou connaîtront une
évolution et privilégieront la concertation, la
co-opération, la co-décision et la co-direction des projets du
partenariat. Le comité devra désormais fonctionner en tant que
structure professionnelle dont l'expertise sera nécessaire à la
mise en oeuvre des actions de coopération. Il ne devra cesser
d'être à la fois le maître d'oeuvre et le maître
d'ouvrage des projets du partenariat. Il doit désormais travailler en
commun accord avec les autorités municipales des deux partenaires, pour
choisir un opérateur qui sera chargé d'exécuter les
projets. D'où l'importance de la société civile
béninoise.
La partie béninoise doit faire un effort dans la mise
en oeuvre du partenariat en créant des organes capables d'exercer une
mission de concepteur, de contrôleur et d'évaluateur des projets.
La première urgence sera de créer à l'image de
Rillieux-la-Pape un vrai comité de jumelage dont les membres seront
démocratiquement choisis par les populations. Ce comité jouera le
rôle de coordinateur des actions du partenariat-coopération, de
modérateur, de mobilisateur des habitants, de médiateur en cas de
conflits, d'intermédiaire entre la commune et les habitants et de
« solutionneur » de problèmes. Cette structure doit
avoir le même statut et jouir des mêmes prérogatives que son
homologue de Rillieux-la-Pape. Les deux la main dans la main doivent travailler
en vue de la mobilisation des moyens financiers nécessaires pour
exécuter les actions sur le terrain. Il devra aussi aider les deux
communes à définir les priorités de développement
afin que celles-ci soient programmées et inscrites au budget des deux
communes. Ce sera par cette animation, que la coopération
réussira selon nous car toutes les composantes socio-professionnelles y
seront représentées. Les deux comités doivent faire un
état permanent des lieux de la coopération et formuler des
propositions et faire des suggestions pour renforcer celle-ci pour le bonheur
des populations des deux villes. Les deux comités se doivent pour
être efficaces de mutualiser leurs connaissances et pratiques respectives
afin de mieux répondre aux exigences de leur mission commune.
Parlant concrètement de la société civile
à Natitingou, il est d'une évidence incontestable que son
rôle dans la bonne marche du partenariat- coopération est
très fondamental. Car, cette dernière produit souvent dans la
société béninoise une certaine dynamique sociale, qui
accroît les chances de succès de tout projet de
développement à la base. Par ses actions de sensibilisation et
d'éducation au développement, la société civile est
un acteur incontournable de premier choix dans toute action de
développement. La société civile est l'une des composantes
non négligeable de l'animation de la vie politique, économique,
sociale, éducative et culturelles des sociétés notamment
des sociétés traditionnelles béninoises. C'est pour quoi,
nous recommandons aux autorités de la commune de Natitingou d'en faire
le bras armé de la coopération. Elles doivent pour la bonne
marche de la coopération à l'avenir l'associer activement et
pleinement, c'est-à-dire l'impliquer du début jusqu'à la
fin de toute action entrant dans le cadre de la coopération entre les
deux collectivités. Son écartement du processus de mise en oeuvre
des actions pourrait mettre en difficulté la coopération entre
les deux communes. En effet, malgré les moyens financiers
mobilisés et techniques déployés, les actions n'aboutiront
pas sans sa participation. La municipalité de Rillieux-la-Pape doit
tenir compte de cet élément pour entretenir désormais ses
relations avec la commune de Natitingou.
En clairs, c'est pour éviter que la coopération
connaisse le même sort et les mêmes difficultés, que nous
appelons les deux partenaires d'associer les notables, les chefs coutumiers et
religieux, les groupements de jeunes, de femmes et les organisations de la vie
associative dans le processus de la mise en oeuvre des actions de
coopération. Les autorités communales de Natitingou doivent
désormais les associer dans l'identification, l'exécution et le
suivi des projets pour que la coopération puisse être une affaire
des habitants et non de quelques personnes aux intérêts divergents
des deux partenaires dont les agitations nuisent à la réussite
des actions sur le terrain. Elles doivent tenir des séances
régulières pour les informer des projets notamment de leur
exécution et aussi des difficultés rencontrées pour les
mettre en oeuvre. Ensembles, les membres de la société civile
trouveront les solutions idoines pour surmonter ces difficultés et
montrer au partenaire qu'ils sont aussi motivés pour amorcer un
changement dans leur localité. Cette démarche maintiendra le
partenariat au beau fixe, le rendra plus efficace avec des perspectives qui
s'inscriront dans la durabilité.
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