Département d' Economie, de
Socio-Anthropologie et de Communication pour le Développement
Rural (DESAC) ......................
ETUDE SOCIO-ECONOMIQUE DE L'ALLOCATION DE LA MAIN-D'OEUVRE
SALARIEE ET UTILISATION DES PESTICIDES CHIMIQUES DE SYNTHESES (PCS) EN
ZONE
DE PRODUCTION COTONNIERE : CAS DU VILLAGE DE DRIJDI (COMMUNE
DE DJIDJA)
THESE
Pour l'Obtention du Diplôme d'Ingénieur
Agronome
Option : Economie, Socio-Anthropologie et
Communication
Présenté et soutenu par: Wilfried S.
AFFODEGON
Composition du jury
Président : Dr. Ir. Anselme
ADEGBIDI
Rapporteur : Dr. Joseph A. FANOU
1er Examinateur : Ir. Séraphin
DASSOU
2 ème Examinateur : Dr. Ir.
Rigobert TOSSOU
Le 17 Décembre 2007
Département d' Economie, de
Socio-Anthropologie et de Communication pour le Développement
Rural (DESAC) ......................
SOCIO-ECONOMIC STUDY OF THE ALLOCATION OF WAGE LABOUR AND
THE USE OF CHEMICAL PESTICIDES AND COTTON PRODUCTION AREA: CASE OF THE
VILLAGE OF DRIDJI (COMMUNE OF DJIDJA)
By Wilfried S. AFFODEGON
THESIS Submitted in partial fulfillment of the
requirement of the degree of « Ingenieur Agronome »
Option: Economie, Socio-Anthropologie et
Communication
Composition of the jury:
Chairman : Dr. Ir. Anselme ADEGBIDI Reporter
: Dr. Joseph A. FANOU
1st Examinator : Ir. Séraphin
DASSOU
2nd Examinator : Dr. Ir. Rigobert
TOSSOU
17th December, 2007
CERTIFICATION
Je soussigné Dr. Joseph A. FANOU,
certifie que la présente étude intitulée « Etude
socio-économique de l'allocation de la main-d'oeuvre salariée et
utilisation des pesticides chimiques de synthèse (PCS) en zone de
production cotonnière : Cas du village de Dridji (commune de DJIDJA)
» a été entièrement réalisée par
Wilfried S. AFFODEGON sous ma supervision à la
Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de l'Université
d'Abomey-Calavi (UAC) option Economie, Socio-Anthropologie et Communication
pour le Développement Rural (DESAC) .
Le superviseur Dr. Joseph A. FANOU
Docteur en Sociologie du Développement
Rural Professeur-Assistant
Chef section SAC/DESAC/FSA/UAC Président du CISI-FSA
DEDICACES
La présente oeuvre est dédiée
1' A mon père Augustin Nouthaï
AFODEGON, pour m'avoir donné le sens de la
persévérance. Les mots me manquent pour te dire
combien je suis touché par ton affection, ton sens de
responsabilité et ton combat pour la réussite de tes enfants.
Trouve en ce travail le témoignage de ma reconnaissance pour tes efforts
consentis.
1' A ma mère Lucie AKEREKORO DOSSA, pour
avoir affronté maintes épreuves pour
que je sois un homme. Ton courage face aux
péripéties de la vie sont pour moi une référence.
Que Dieu fasse que ce travail t'augure d'un lendemain meilleur.
1' A mon jeune frère Romuald, pour lui
dire que le chemin de la gloire est semé
d'embûches et qu'il va falloir qu'il travaille dur pour
faire grandir le nom qu'il porte. A travers ta personne, je remercie mes
frères et soeurs qui ont longtemps partagé sous
le même toit que moi les souffrances de la vie.
1' A ma fiancée Hermine SAVI, pour tes
nombreux conseils. A chaque fois que j'étais
dans l'impasse, tu étais là pour me
réconforter. Que ce travail soit pour nous le début d'une longue
et éternelle cohabitation pour affronter les épreuves de la
vie.
REMERCIEMENT
Mes premières pensées iront à l'endroit
de la Vierge Marie. Vous qui tout au long de mon cursus
scolaire et universitaire aviez été là pour me
préserver de tout mal. De tout temps vous aviez été mon
inspiratrice. Daignez bénir cette oeuvre. Tout à toi Marie !
Seul DIEU sait combien elles sont nombreuses les personnes qui
tout au long de ma vie, m'ont apporté leur aide. C'est le lieu ici de
dire à leur endroit toute ma reconnaissance et ma profonde gratitude. Le
présent travail est le résultat de la collaboration et de
contribution d'un certain nombre de personnes qui n'ont ménagé
aucun effort pour m'apporter leur soutien.
Qu'il me soit permis de remercier en premier lieu tous les
enseignants de la Faculté des Sciences Agronomiques
(FSA) pour le long travail qu'ils ont abattu en 5 ans et 3 mois pour faire de
moi ce que je suis. Puisse DIEU vous le rende au centuple.
v' Mes remerciements les plus sincères au Dr. Ir.
Simplice D. VODOUHE,
coordonnateur du projet « Ecosanté » qui a
bien voulu accepté financer ma thèse. Bien que rien ne vous y
obligeait vous l'avez pourtant fait. Que DIEU exhausse vos prières et
vous comble de toutes ses grâces.
v' Les mots me manquent pour dire ma profonde reconnaissance
à mon superviseur Dr.
Joseph A. FANOU. Noble était votre
mission. Malgré toutes vos multiples occupations, vous aviez
accepté superviser le présent travail. Votre sens de
responsabilité restera à jamais gravé dans ma
mémoire. Longue vie à vous afin que vous puissiez
bénéficier des fruits de ce travail.
v' Aux assistants de recherche du projet « Ecosanté
» à savoir Ir. Laurent GLIN et Ir.
Gervais ASSOGBA, je voudrais dire
sincèrement merci. Merci pour avoir lu et corrigé aussi bien le
protocole de recherche que la thèse. Votre rôle
d'aînés a été très déterminant dans la
réussite de ce travail.
1' Toute ma profonde gratitude à l'Ir. Augustin
KOUEVI qui a accepté malgré ses
multiples occupations de lire et corriger le protocole et la
thèse. Vos contributions étaient pertinentes et dénotent
votre attachement à la réussite de vos jeunes frères.
Puisse notre collaboration continuer.
1' Je voudrais témoigner également toute ma
reconnaissance à mes cousins Guy et
Yves
HOUTONDJI. Vos soutiens aussi bien
matériel, financier que moral m'ont certainement donné l'envie
d'aller plus loin. Merci pour avoir accompli votre devoir d'aînés
sans être priés de le faire.
1' A mes beaux frères Evariste GOMEZ et
Lazare HOUNSA, tous mes remerciements
pour vos soutiens. A chaque instant vous étiez là
pour m'encourager et me rehausser le moral.
1' Mes sincères remerciements à tous les
étudiants de FSA et plus particulièrement
ceux
de la 29e promotion pour toutes leur affection durant
mes études universitaires.
1' C'est le lieu de dire à messieurs
Clément SAGBOHAN et Euriel D.
VIDESSIKOU
combien je suis sensible à votre soutien logistique.
Spontanément, vous aviez accepté m'aider. Trouver dans ce travail
l'expression de ma profonde gratitude.
RESUME
Les paysans africains sont de tout temps confrontés au
problème d'allocation de ressources (Tonou, 1987) à cause
notamment, du faible paquet technologique dont ils disposent. Celui de
l'allocation de la main-d'oeuvre apparaît plus crucial car de plus en
plus, les bras valides se tournent vers d'autres secteurs (tertiaire par
exemple) de l'économie au détriment du secteur primaire
(agriculture). En réalité, on observe souvent une pénurie
de main-d'oeuvre au niveau des exploitations paysannes d'Afrique durant les
périodes de pointe de la production agricole. Les paysans pour lever ces
contraintes de main-d'oeuvre préfèrent pour une opération
culturale donnée, l'utilisation d'un type précis de
main-d'oeuvre.
Partir du constat que, les paysans de Dridji laissent la
manipulation des Pesticides Chimiques de Synthèse (PCS) à la
charge des ouvriers salariés agricoles, nous avons entrepris cette
recherche pour comprendre les fondements de tels comportements. Pour mener
à bien cette recherche, les objectifs à atteindre se
résument comme suit :
- faire une typologie des ménages selon les
différents types de main-d'oeuvre agricole utilisés. - identifier
pour chaque opération culturale, le type de main-d'oeuvre utilisé
;
- examiner les différentes stratégies de
mobilisation de la main-d'oeuvre agricole ;
- déterminer les facteurs qui influencent l'allocation de
la main-d'oeuvre salariée ; et
- analyser les fondements du recours à la main-d'oeuvre
salariée pour les traitements phytosanitaires.
Au terme de notre recherche, il ressort que :
- Les paysans de Dridji préfèrent à
chaque opération culturale, un type de main d'oeuvre donné ;
c'est ainsi que la main-d'oeuvre salariée est fortement associée
à la main-d'oeuvre familiale lors des travaux lourds tels que le
défrichement et le labour. La main-d'oeuvre familiale est plus
utilisée lors des opérations de semis, d'épandage et de
traitements phytosanitaires tandis que l'entraide est beaucoup plus
associée à la main-d'oeuvre familiale et salariée lors de
la récolte et du sarclage.
- Les stratégies de mobilisation sont aussi bien de type
"marchand" que de type "non marchand". Elles vont de l'avance sur
rémunération des ouvriers avant le démarrage de la
saison, à l'appartenance à un groupe d'entraide en
passant par la polygamie et des emprunts financiers pour recruter les ouvriers
salariés.
- Les paysans privilégient les liens de
familiarité dans le recrutement des ouvriers salariés, ceci dans
le but de contrôler efficacement cette main-d'oeuvre. On observe donc que
la majorité des ouvriers qui viennent travailler dans le village
provienne des villages d'origine des habitants de Dridji.
- La culture de coton n'influence guère la
quantité de main-d'oeuvre salariée recrutée par les
paysans. De plus en plus, les paysans laissent la culture du coton au profit du
soja qui apparaît selon les paysans rentables du fait de son prix
élevé.
- Les facteurs qui déterminent l'allocation de la
main-d'oeuvre salariée sont le sexe, l'âge, le niveau
d'instruction du chef de ménage, le revenu du ménage, la
superficie emblavée par le ménage et les liens de
familiarité qui lient l'ouvrier à l'exploitant.
- Les femmes et les gros producteurs préfèrent
laisser la manipulation des PCS à la charge des ouvriers
salariés, afin d'éviter tout risque de maladies liées
à l'utilisation de ces produits.
ABSTRACT
The African peasants are from time immemorial confronted with
the problem of resource allocation (Tonou, 1987) because in particular of the
small technological package they have. That of the allocation of labour appears
more important, the valid arms turn to other sectors (tertiary sector for
example) of the economy leave the primary sector (agriculture). Actually, one
often observes a shortage of labour on the level of the farm of Africa during
the peak periods of the agricultural production. The peasants to raise these
constraints of labour prefer with a given farming operation a type of
labour.
The peasants of Dridji leave the handling of the Chemical
pesticides to the load of the agricultural paid workmen; we began this research
to include/understand the bases of such behaviours. To conclude this research,
the objectives to be reached are summarised as follows:
- to make a typology of the households according to various types
of agricultural labour used. - to identify for each farming operation, the type
of labour used;
- to examine the various strategies of mobilisation of
agricultural labour;
- to identify the factors which influence the allocation of paid
labour; and
- to analyse the bases of the recourse to the labour paid for the
plant health treatments.
At the end of our research, it arises that:
- The peasants of Dridji prefer with each farming operation a
type of labour given thus paid labour is strongly associated with family labour
during heavy work such as the clearing and the ploughing. Family labour is used
at the time of the operations of sowing, spreading and plant health treatment
while the mutual aid is associated much the labour family and paid during
harvest and of weeding.
- The strategies of mobilisation are as well of
«commercial» type as standard «not commercial». They go
from the recruitment of the workmen before the starting of the season to the
membership of mutual aid while passing by polygamy and of the financial loans
to recruit the paid workmen.
- The peasants privilege the bonds of familiarity in the
recruitment of the paid workmen this with an aim of controlling this labour
effectively. It is thus observed that the majority of the workmen who come to
work in the village come from the villages of origin of the inhabitants of
Dridji.
- The cotton culture hardly influences the quantity of paid
labour recruited by the peasants. More and more the peasants leave the culture
of cotton to the profit of the Glycine max which appears according to
profitable peasants because of its high cost.
- The factors which determine the allocation of paid labour
are the sex, the age, the educational level of the head of household, the
income of households, the land cultivating by the household and the bonds of
familiarity which bind the workman to the owner.
- The women and the large producers prefer to leave the handling
of the PCS to the load them working paid in order to avoid any risk of diseases
related to the use of these products.
LISTE DES TABLEAUX
|
|
|
PAGE
|
Tableau n°1
|
:
|
Elément de conceptualisation des catégories de
producteurs
|
11
|
Tableau n°2
|
:
|
Conceptualisation des catégories de producteurs.
|
12
|
Tableau n°3
|
:
|
Caractéristiques de l'échantillon
d'enquête
|
16
|
Tableau n°4
|
:
|
Pluviométrie annuelle enregistrée à la
station de Djidja (1995-2004)
|
21
|
Tableau n°5
|
:
|
Caractéristiques démographiques des habitants de
Dridji
|
30
|
Tableau n°6
|
:
|
Valeurs questionnables de quelques caractéristiques
structurelles des ménages à Dridji
|
33
|
Tableau n°7
|
:
|
Calendrier agricole
|
38
|
Tableau n°8
|
:
|
Prix de vente des produits agricoles suivant les saisons
|
41
|
Tableau n°9
|
:
|
Prix de vente des produits d'élevage
|
42
|
Tableau n° 10
|
:
|
Variation des prix du charbon par sac de 100 Kg
|
44
|
Tableau n°11
|
:
|
Répartition de la population enquêtée selon
les catégories de ménage
|
44
|
Tableau n°12
|
:
|
Typologie des ménages enquêtés suivant
l'âge des chefs de ménages
|
47
|
Tableau n°13
|
:
|
Equivalent-homme
|
49
|
Tableau n°14
|
:
|
Répartition des populations utilisant l'entraide en
fonction du cycle de vie des ménages
|
53
|
Tableau n°15:
|
:
|
Coût des différentes opérations culturales
par ha
|
55
|
Tableau n°16:
|
:
|
Opérations culturales et types de main d'oeuvre
utilisée
|
60
|
Tableau n°17
|
:
|
Degré de sollicitation des ouvriers pour les
activités culturales
|
61
|
Tableau n°18
|
:
|
Type de main-d'oeuvre utilisée par les chefs de
ménage pour le défrichement
|
62
|
Tableau n°19
|
:
|
Type de main d'oeuvre utilisée par les chefs de
ménage pour le labour
|
63
|
Tableau n°20
|
:
|
Superficie en ha emblavée par un garçon dont
l'âge est compris entre
|
67
|
|
|
7 et 15 ans en une journée de travail
|
|
Tableau n°21
|
:
|
Superficie en ha emblavée par une fille dont l'âge
est compris entre 7 et 15 ans en une journée de travail
|
67
|
Tableau n°22
|
:
|
Superficie en ha emblavée par une adulte homme dont
l'âge est compris entre 15 - 64 ans en une journée de travail
|
68
|
Tableau n°23
|
:
|
Superficie en ha emblavée par une femme adulte dont
l'âge est
|
|
|
|
compris entre 15 - 64 ans en une journée de travail
|
68
|
Tableau n°24
|
:
|
Coût des différentes opérations culturales
par ha dans la sous préfecture de Glazoué
|
75
|
Tableau n°25
|
:
|
Equivalent-homme des temps de travaux
|
78
|
Tableau n°26
|
:
|
Résultats du test t de Student
|
78
|
Tableau n°27
|
:
|
Résultats du test ANOVA
|
79
|
Tableau n°28
|
:
|
Résultats de la régression multiple
|
83
|
Tableau n°29
|
:
|
Répartition des populations utilisant la main-d'oeuvre
salariée en fonction du cycle de vie des ménages
|
84
|
Tableau n°30
|
:
|
Répartition des catégories de producteurs suivant
les hameaux.
|
85
|
Tableau n°31
|
:
|
Perception des paysans des effets induits par les PCS sur la
santé humaine.
|
87
|
Tableau n°32
|
:
|
Cas d'intoxication dus aux PCS les cinq dernières
années
|
88
|
LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET FIGURE
|
|
|
PAGE
|
Carte n°1
|
:
|
Terroir de Dridji
|
22
|
Carte n°2
|
:
|
Transect du village de Dridji
|
23
|
Carte n°3
|
:
|
Commune de Djidja
|
24
|
Carte n°4
|
:
|
Flux de la main-d'oeuvre salariée
|
58
|
Graphique n°1
|
:
|
Répartition de la hauteur de pluie et du nombre de jours
de pluie selon les années
|
25
|
Graphique n°2
|
:
|
Les différents modes d'accès à la terre
à Dridji
|
34
|
Graphique n°3
|
:
|
Répartition des terres des allochtones suivant le mode
d'accès à la terre
|
35
|
Graphique n°4
|
:
|
Répartition des terres des autochtones suivant le mode
d'accès à la terre
|
36
|
Graphique n°5
|
:
|
Différentes catégories de ménage à
Dridji suivant l'origine des chefs ménages
|
46
|
Graphique n°6
|
:
|
Répartition de la population enquêtée suivant
la religion
|
47
|
Graphique n°7
|
:
|
Répartition des populations de Tèzounkpa,
d'Asségon et de
|
48
|
|
|
Kindogon suivant la religion.
|
|
Graphique n°8
|
:
|
Les types de main-d'oeuvre utilisés
|
54
|
Graphique n°9
|
:
|
Provenance de la main d'oeuvre salariée externe
|
59
|
Figure n°1
|
:
|
Processus de la recherche
|
20
|
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ANOVA : Analyse Of Variance
CeCPA : Centre Communal de Promotion Agricole
CeRPA : Centre Régional de Promotion
Agricole
FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
FSA : Faculté des Sciences
Agronomiques
IGN : Institut Géographique National
GP : Gros producteur
GV : Groupement Villageois
INSAE : Institut National de Statistiques et
d'Analyse Economique
MOF : Main-d'oeuvre Familiale
MOS : Main-d'oeuvre Salariée
MOF+MOS : Combinaison Main-d'oeuvre Familiale et
Salariée
MOF+E : Combinaison Main-d'oeuvre Familiale et
Entraide
MOF+MOS+E : Combinaison Main-d'oeuvre Familiale,
Main-d'oeuvre Salariée et Entraide
MP Moyen producteur
NPK : Azote, Phosphore et Potassium
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
OBEPAB : Organisation Béninoise pour la
Promotion de l'Agriculture Biologique
OIT : Organisation Internationale du Travail
PAGER : Projets des Activités
Génératrices de Revenus
PCS : Pesticides Chimiques de Synthèse
PDRT Projets de Développement des Racines
et Tubercules
PP Petit producteur
UCP : Union Communale des Producteurs (ex USPP
: Union Sous Préfectorale des Producteurs
UNICEF : Organisation des Nations Unies pour
l'enfance
UP : Unité de Production
UVS : Unité Villageoise de
Santé
TABLE DES MATIERES
PAGE
CERTIFICATION i
DEDICACES ii
REMERCIEMENTS iii
RESUME v
ABSTRACT vii
LISTE DES TABLEAUX ix
LISTE DES CARTES, ET GRAPHIQUES xi
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS xii
1.
|
INTRODUCTION GENERALE
|
1
|
1.1.
|
Problématique
|
2
|
1.2.
|
Justification et pertinence de l'étude
|
4
|
1.3.
|
Objectifs et hypothèses de la recherche
|
5
|
2.
|
CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
|
6
|
2.1.
|
Définition des concepts
|
6
|
2.2.
|
Cadre théorique : économie paysanne et la question
de la main-d'oeuvre agricole
|
13
|
3.
|
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
|
15
|
3.1.
|
Choix de la zone d'étude et échantillonnage
|
15
|
3.2.
|
Phases de la recherche
|
16
|
3.3.
|
Outils de collecte des données
|
18
|
3.4.
|
Outils d'analyse des données
|
19
|
3.5.
|
Limites de la recherche
|
19
|
4.
|
PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE
|
21
|
4.1.
|
Cadre physique
|
21
|
4.1.1.
|
Situation géographique
|
21
|
4.1.2.
|
Climat, Relief, sol, hydrographie
|
21
|
4.1.3.
|
Végétation et faune
|
26
|
4.2.
|
Cadre humain
|
27
|
4.2.1.
|
Historique
|
27
|
4.2.2.
|
Démographie et habitat
|
29
|
5.
|
ORGANISATION SOCIALE DE LA PRODUCTION
|
32
|
|
|
15
|
5.1.
|
Facteurs de production
|
32
|
5.1.1.
|
Capital
|
32
|
5.1.2.
|
Terre
|
33
|
5.13.
|
Travail
|
|
5.2.
|
Modes de production
|
38
|
5.2.1.
|
Calendrier agricole
|
38
|
5.2.2.
|
Outils de production et pratiques agricoles
|
39
|
5.3.
|
Production
|
40
|
5.4.
|
Caractéristiques socio-économiques des
ménages
|
37
|
5.4.1.
|
Composition des ménages
|
44
|
5.4.2.
|
Ethnie, origine des ménages
|
45
|
5.4.3.
|
Ages et genre
|
46
|
5.4.4.
|
Religions des enquêtés
|
47
|
5.4.5.
|
Taille des ménages et nombre d'actifs agricoles
|
48
|
5.4.6.
|
Niveau d'instruction des chefs de ménages
|
50
|
6.
|
GESTION DE LA MAIN D'OEUVRE DANS L'EXECUTION DES
|
51
|
|
OPERATIONS AGRICOLES
|
|
6.1.
|
Différentes formes de main d'oeuvres utilisées
|
51
|
6.1.1.
|
Main d'oeuvre familiale
|
51
|
6.1.2.
|
Entraide
|
52
|
6.1.3.
|
Main d'oeuvre salariée
|
54
|
6.2.
|
Opération culturales et main d'oeuvre agricole
|
59
|
6.2.1.
|
Défrichement
|
61
|
6.2.2.
|
Labour
|
62
|
6.2.3.
|
Semis
|
63
|
6.2.4.
|
Epandage
|
64
|
6.2.5.
|
Sarclage
|
64
|
6.2.6.
|
Traitement phytosanitaire
|
65
|
6.2.7.
|
Récolte
|
65
|
6.3.
|
Exécution des opérations par âge et par
sexe
|
66
|
7.
|
STRATEGIES DE MOBILISATION DE LA MAIN D'OEUVRE AGRICOLE
|
|
|
ET DETERMINANTS SOCIO-ECONOMIQUES DE L'ALLOCATION DE
|
69
|
|
LA MAIN D'OEUVRE SALARIEE
|
|
|
|
16
|
7.1.
|
Stratégies de mobilisation de la main d'oeuvre agricole
|
69
|
7.1.1.
|
Stratégies de type « marchand »
|
69
|
7.1.2.
|
Stratégies de type « non marchand »
|
71
|
7.2.
|
Stratégies de recrutement de la main-d'oeuvre
salariée
|
73
|
7.3.
|
Déterminants socio-économiques de l'allocation de
la main-d'oeuvre salariée
|
75
|
7.3.1.
|
Acteurs impliqués dans le processus d'allocation de la
main-d'oeuvre salariée
|
75
|
7.3.2.
|
Facteurs influençant l'allocation de la main d'oeuvre
|
77
|
7.3.3.
|
Analyse des facteurs qui influencent l'allocation de la main
d'oeuvre salariée
|
83
|
8.
|
MAIN-D'OEUVRE SALARIEE ET UTILISATION DES PESTICIDES
|
86
|
|
CHIMIQUES DE SYNTHESE (PCS)
|
|
8.1.
|
Effets des PCS sur la santé de l'utilisateur
|
86
|
8.2.
|
Connaissance de ces effets par les producteurs
|
87
|
8.3.
|
Connaissance de ces effets par les ouvriers salariés
|
88
|
8.4.
|
Analyse des fondements du choix des ouvriers pour les traitements
phytosanitaires
|
89
|
9.
|
CONCLUSION ET IMPLICATIONS POUR LE DEVELOPPEMENT
|
91
|
|
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
|
93
|
|
ANNEXES
|
|
1. INTRODUCTION GENERALE
«L'Afrique est en crise» a souligné la
session extraordinaire de l'Assemblée Générale des Nations
Unies en Mai 1986. Des problèmes de tous ordres assaillent de nombreux
pays africains : démographie galopante, déclin de la production
alimentaire et agricole par habitant, effondrement des prix des produits de
base, dégradation accélérée de l'environnement,
dette extérieure importante ( (FAO, 1986).
Pratiquement vingt ans après ces déclarations,
l'Afrique connaît toujours des difficultés. L'une de ces
difficultés est la non valorisation de façon efficiente des
ressources productives. Les africains ont longtemps pensé que
l'amélioration de la productivité agricole est le résultat
d'une augmentation des superficies emblavées ce qui n'est
forcément par le cas. Au Bénin par exemple, le coton qui est le
premier produit d'exportation occupe de nos jours 300.000 ha soit seulement
4,28% des superficies cultivables (Riboux, 2002). Et pourtant, malgré ce
faible taux de culture, la production du coton sur le plan national est
passée de 272.371 tonnes en 1993 (OBEPAB, 2002) à 428.000 tonnes
en l'an 2004 (Le Matin, 2005), soit une augmentation de 43,35% pour une
période de douze (12) ans. Il s'agit là surtout du
résultat de l'organisation de la filière. Biaou (1998) pense que
l'essor de la filière coton permet l'amélioration de
stratégies de sécurisation alimentaire.
Cependant, la non valorisation des ressources crée des
contraintes à l'agriculture tropicale. C'est ainsi que la terre et la
main-d'oeuvre qui sont les principaux facteurs de production dans l'agriculture
deviennent de plus en plus rares. Le manque de terre peut obliger la population
rurale à se déplacer pour coloniser d'autres contrées ou
à servir de maind'oeuvre ailleurs. De la même manière, la
rareté de la main-d'oeuvre peut conduire à la diminution des
superficies emblavées. La main-d'oeuvre apparaît comme facteur
limitant dans l'agriculture en Afrique tropicale (Ofulue, 1983 cité par
Houndékon, 1986). Kpenavoun (2000) estime que les problèmes de
disponibilité de main-d'oeuvre, même salariée, limitent
considérablement les opérations culturales dans les grandes
exploitations agricoles et perturbent ainsi le respect rigoureux des techniques
culturales. De ce qui précède, il ressort que les paysans ont des
problèmes quand à l'allocation des ressources en
générale, et plus particulièrement l'allocation de la
main-d'oeuvre agricole.
Plusieurs stratégies sont développées par
les paysans pour pallier les insuffisances de la main-d'oeuvre. La plus
probante est qu'ils préfèrent à chaque type
d'opération culturale une forme de main-d'oeuvre. C'est ainsi que
certains producteurs ont recours à la main-d'oeuvre salariée pour
les traitements phytosanitaires. En acceptant ce travail, les ouvriers
salariés s'exposent aux effets néfastes des produits chimiques.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que le nombre de
travailleurs du monde entier, qui sont chaque année intoxiqués
par les pesticides est de 2 à 5 millions parmi lesquels 40 000
décèdent (OIT, 1997). A Dridji, 3 cas de
décès/suicide ont été recensés, 17 cas
d'avortement, 53 cas d'intoxication alimentaire et 76 cas de malaises passagers
(Dassou, 2004).
Dans la présente thèse, il sera
présenté successivement après l'introduction
générale (chapitre 1), les cadres théorique et conceptuel
(chapitre 2). Viendront ensuite, la méthodologie de recherche (chapitre
3), les caractéristiques générales du milieu
d'étude (chapitre 4). Enfin les résultats de la recherche seront
présentés comme suit : l'organisation sociale de la production
(chapitre 5), les différents types de main-d'oeuvre utilisés en
relation avec les opérations culturales (chapitre 6), les
stratégies de mobilisation de la main-d'oeuvre agricole et les
déterminants de l'allocation de la main-d'oeuvre salariée
(chapitre 7) et l'utilisation des pesticides chimiques de synthèse (PCS)
(chapitre 8). Les conclusions et leurs implications pour le
développement seront également présentées (chapitre
9).
1.1. Problématique
A Dridji, les ménages sont pour la plupart monogames.
Selon Yessoufou (2004), cette option de la monogamie conduit à des
ménages de petits effectifs. Elle a des inconvénients sur
l'organisation des activités agricoles, car la main-d'oeuvre familiale
qui constitue la première forme de main-d'oeuvre à laquelle les
ménages ont constamment recours pour les travaux agricoles, reste
insuffisante pour accomplir l'entièreté du travail. C'est
pourquoi les chefs de ménage ou leurs femmes font appel à la
main-d'oeuvre salariée (OBEPAB, 2005).
Cependant, force est de constater que seulement 40% de cette
main-d'oeuvre salariée est locale (Fanou et al., 2005). Dans ce
contexte, les paysans sont contraints de recruter des ouvriers d'origine
"Fon"1 issus des villages Fonkpamè, Tindji,
Ounbègamé, Dan... des communes limitrophes de Djidja (Yessoufou,
2004). Une telle situation rend le coût du travail salarié cher et
l'utilisation exclusive de la main-d'oeuvre salariée diminue fortement
les marges de production (Ahouissoussi, 1996). Les difficultés de
mobilisation des ouvriers agricoles amènent certains producteurs
à les rechercher à temps, et même à les
pré-financer avant le démarrage des campagnes agricoles (Fanou et
al., 2005). Si la main-d'oeuvre de l'exploitation est
déterminée par la disponibilité des membres de la famille
en état de travailler (FAO, 1984), il importe de se demander si le
recours aux actifs agricoles des villages environnants, est le seul fait de
l'insuffisance de la main-d'oeuvre familiale, voire salariée dans le
village de Dridji ? Et comment la main-d'oeuvre salariée est elle
allouée ?
Alokpai (2002) pense que dans la perspective d'une bonne
gestion de la maind'oeuvre, les paysans privilégient certaines formes de
main-d'oeuvre pour la réalisation des différentes
opérations culturales. C'est ainsi qu'à Dridji, le constat fait
est que, certains producteurs préfèrent laisser la manipulation
des PCS aux ouvriers salariés. Ne serait-ce pas là une
stratégie de transfert de risques (effets dus à l'utilisation des
PCS) de la part des producteurs, plutôt que d'une simple stratégie
de gestion efficiente de la main-d'oeuvre, ou encore la recherche d'ouvriers
qualifiés, dans la mesure où « toute utilisation de
pesticides est source de risques pour la santé de l'utilisateur »
(Jäger-Mischke, 1993). En effet, dans une production cotonnière
dont les pertes estimées à 62-71%, sont occasionnées par
les ravageurs en l'absence de protection phytosanitaire (RCF, 1994), la lutte
chimique ou l'emploi des pesticides chimiques est la plus prônée
et la plus utilisée (Vodouhè et Idrissou, 2003). La production du
coton conventionnel crée des richesses aussi bien à l'Etat qu'aux
autres acteurs de la filière. Mais, elle a des effets secondaires
très dramatiques en l'occurrence les problèmes d'intoxications
parfois mortelles dus aux pesticides, la baisse notable de la fertilité
des sols, le déséquilibre des écosystèmes etc. qui,
d'une manière ou d'une autre, constituent une entrave à la
production (OBEPAB, 2002). Au regard des problèmes d'intoxication, on
observe au
1"Fon" langue/ethnie locale du plateau d'Abomey
Bénin, dans le département du Borgou, que des
pesticides chimiques ont été à l'origine de près de
80 décès par suite d'empoisonnement (Vodouhè, 1999). Il
apparaît que les personnes les plus exposées sont celles qui sont
en contact avec les pesticides chimiques. A Dridji, bien que conscients des
dangers liés à la manipulation des pesticides, les paysans y ont
toujours recours, car selon eux, ces produits contrôlent efficacement la
population des ravageurs. Toutefois, les mesures prises pour parer à un
éventuel dommage que ces produits pourraient causer sur la santé
humaine sont insuffisantes (Fanou et al., 2005). Il urge alors de
déterminer le degré d'implication des ouvriers salariés
dans l'utilisation des PCS afin de parer au pire. C'est pourquoi nous nous
proposons d'étudier le thème: «Etude
socio-économique de l'allocation de la main-d'oeuvre salariée et
utilisation des Pesticides Chimiques de Synthèse (PCS) en zone de
production cotonnière : cas du village de Dridji (Commune de
Djidja)».
1.2. Justification et pertinence du thème
Dans une zone de forte utilisation de PCS, tous les acteurs
impliqués dans l'agriculture sont susceptibles d'être victimes des
effets néfastes des PCS. C'est dans ce cadre que l'OBEPAB a entrepris
des recherches dont certains objectifs spécifiques sont :
- identifier les facteurs socioculturels, organisationnels,
politiques et économiques qui influencent l'utilisation des PCS et les
processus de contamination des membres de la communauté en prenant en
compte la dualité entre les groupes sociaux stratégiques ;
- identifier les axes d'intervention et d'actions susceptibles
de réduire ou d'éliminer les nuisances causées par les
PCS.
Partir du constat que les paysans pour lever les contraintes
de main-d'oeuvre, exposent les ouvriers salariés aux risques
d'intoxication liés à l'emploi des PCS, nous avions entrepris
cette recherche afin d'atteindre un tant soit peu ces objectifs
spécifiques de l'OBEPAB dans le cadre du projet Ecosanté.
1.3. Objectifs et hypothèses de la recherche
L'objectif principal de la recherche est de déterminer
les fondements du recours des paysans à la main-d'oeuvre salariée
pour les opérations culturales, notamment pour les traitements
phytosanitaires.
Les objectifs spécifiques qui en découlent sont:
O1 : Faire une typologie des ménages
selon les différents types de main-d'oeuvre agricole utilisés.
O2 : Identifier pour chaque opération
culturale, le type de main-d'oeuvre utilisé.
O3 : Examiner les différentes
stratégies de mobilisation de la main-d'oeuvre agricole.
O4 : Déterminer les facteurs qui
influencent l'allocation de la main-d'oeuvre salariée.
O5 : Analyser les fondements du recours à
la main-d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires.
Pour atteindre ces objectifs, les hypothèses suivantes
seront testées:
H1 O2 : Le type de main-d'oeuvre utilisé
dépend de l'opération culturale.
H2 O3 : Plus les ménages sont jeunes,
plus ils développent facilement des stratégies de type «
marchand » de mobilisation de la main-d'oeuvre agricole
H3 O4 : Les ménages qui s'adonnent
à la culture du coton, utilisent plus de main-d'oeuvre salariée
que les ménages qui ne font pas cette spéculation.
H4 O4 : La quantité de main-d'oeuvre
salariée investie sur une parcelle est positivement influencée
par le statut socio-économique de l'exploitant.
H5 O5 : Le recours à la main-d'oeuvre
salariée pour les traitements phytosanitaires est une stratégie
de transfert de risques liés aux PCS.
2. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
2.1. Définition des concepts
+ Exploitation agricole
Chombart et al. (1963) définissent
l'exploitation agricole comme une unité économique dans laquelle
l'agriculteur pratique un système de production en vue d'augmenter son
profit. Dufumier (1996) abonde dans le même sens en définissant
« l'exploitation agricole comme une unité de production au sein de
laquelle l'exploitant mobilise des ressources de natures diverses (terres,
main-d'oeuvre, cheptel, plantes, intrants, matériel, bâtiments...)
et les combine dans des proportions variables, pour obtenir certaines
productions végétales et / ou animales, et satisfaire ainsi des
besoins et des intérêts ». De ce fait, l'exploitation
agricole est gérée sous l'autorité d'un centre de
décision unique (individuel ou collégial) pour ce qui se
réfère à l'emploi des ressources disponibles et au devenir
des productions et revenus obtenus. Dans un sens beaucoup plus large, Osti
(1978) la définit comme un système finalisé par les
objectifs de l'agriculteur et de sa famille. Pour cet auteur, étudier
l'exploitation agricole comme un système revient à
considérer d'abord l'ensemble de l'exploitation avant l'étude
à fond de ses différentes composantes. Il s'agit de prendre en
compte, même qualitativement, les relations internes essentielles et
notamment leur articulation dans le temps. Pour ce faire, le diagnostic des
exploitations agricoles est nécessaire.
En effet, le but du diagnostic est d'analyser les
décisions des agriculteurs, de s'interroger sur l'évolution de
leurs exploitations, en particulier leur devenir et les conditions de leur
"reproduction", de mettre en évidence les problèmes et les
difficultés que rencontrent les agriculteurs dans la conduite de leurs
exploitations (Jouve et al., 1994). Ainsi, on pourrait
réellement identifier les exploitations agricoles si on se
réfère aux définitions données
précédemment, même en Afrique où l'unité de
résidence, l'unité de consommation, l'unité de production
et l'unité d'accumulation sont dissociées (Gastellu, 1980).
On retiendra de tout ce qui précède que dans le
cadre d'un diagnostic axé sur les modes d'exploitations agricoles, il
faut privilégier "l'unité de production" comme unité
d'analyse, tout en gardant à l'esprit, les relations
qu'elle a avec les autres unités mentionnées
précédemment.
·: · Unité de
production
Pour pouvoir cerner les unités de production dans le
cadre de notre recherche, nous allons nous référer aux 3
critères recommandés par Gastellu (1996) cité par Dounias
(1998) que sont : (i) l'unité de production (UP) correspond à un
groupe de personnes qui dépendent d'un même responsable, le chef
de ménage, qui effectue les choix principaux pour l'organisation des
activités quotidiennes, même si chaque individu pourrait jouir
d'une autonomie dans l'accomplissement de ses tâches; (ii) l'UP est un
groupe de personnes qui constituent une équipe de travail permanente,
même si cette dernière est affectée de nombreuses
variations. Ce groupe se distingue de celui occasionnel qui se forme à
l'occasion d'une entraide; (iii) l'UP est un groupe de personnes qui disposent
en propre de leurs outils de travail dont certains en commun.
En nous référant au développement
conceptuel ci-dessus, nous identifierons l'unité de production dans le
cadre de notre étude aux ménages agricoles. De ce fait, le
ménage agricole sera «le petit groupe de personnes
apparentées ou non qui reconnaissent l'autorité d'une seule et
même personne (le chef de ménage), vivent dans un même
logement, prennent souvent leurs repas en commun et subviennent en commun aux
dépenses courantes » (Sala-diakanda, 1988). Cette définition
n'est pas applicable dans tous les contextes car les critères «
même logement » et « prise de repas en commun » sont
discutables. A Dridji par exemple, des chefs de ménages disposent hormis
les enfants qui sont avec eux dans le village, d'autres qui résident
dans le village d'origine et qui sont sous leur autorité. Dans ce cas
tous les membres du ménage ne vivent pas dans le même logement, ni
ne prennent en commun leur repas. Le ménage est défini comme
étant l'ensemble constitué d'un père, ou d'une mère
(chef de ménage), des personnes à charge (femmes, époux,
enfants et collatéraux), au sein de ce groupe de personnes il existe un
réseau de droits et devoirs acquis par le biais des us et coutumes
(normes) de la société dont ils font partie intégrante.
·: · Main-d'oeuvre agricole
La main-d'oeuvre agricole est une ressource précieuse
dont dispose le ménage rural pour la production agricole. C'est
grâce à cette main-d'oeuvre et aux connaissances dont elle
dispose, que le ménage est en mesure d'utiliser les ressources
naturelles telles que le sol, l'eau, la végétation et le climat,
de même que les intrants achetés tels que l'engrais, les produits
phytosanitaires et les outils (Dvorak, 1995). L'Encyclopédie des
sciences sociales, précise que, le terme de main-d'oeuvre dans la
terminologie anglo-saxonne, se réfère généralement
aux termes "work force", ou "Manpower" ou "labour force". Sur le plan macro, ce
concept est défini comme la portion de la population qui est
économiquement active (Jaffe et al., 1972), c'est-à-dire
la portion de la population qui entre dans l'organisation du travail
caractéristique de la culture de chaque société. Ainsi,
dans les sociétés primitives par exemple, la force de travail qui
représente la main-d'oeuvre se distingue difficilement de la population
totale, car on remarque la participation de la population entière aux
tâches communes de production des biens et services nécessaires
à la subsistance. Ceci est dû au faible niveau de
développement des technologies.
De nos jours, la main-d'oeuvre se distingue-t-elle clairement
de la population totale. On peut dire que la main-d'oeuvre est fonction de la
structure socio-économique de la société et du niveau de
progrès. Les récentes études de Aho et Kossou (1997) ont
permis d'opérationnaliser le concept de la main-d'oeuvre agricole en
Afrique tropicale. Pour eux, c'est l'ensemble des personnes utilisées
par l'exploitant agricole contre une rémunération en
espèce ou en nature, et liées à celui-ci par un contrat de
travail écrit ou verbal, précisant les droits et obligations de
chaque partie sauf les membres de la famille qui ne sont
généralement pas couverts par des contrats de travail. Cette
définition fait ressortir les différentes catégories de
main-d'oeuvre: la main-d'oeuvre salariée, la main-d'oeuvre familiale,
l'entraide et l'invite à l'aide, et fait aussi allusion à la
nature des contrats qui lient le paysan et le travailleur.
Cette définition reste pourtant insuffisante en ce sens
qu'elle ne donne aucune précision sur les facteurs qui
caractérisent l'utilisation de la main-d'oeuvre. Ainsi, en nous
référant à la théorie de Long (1984), la
main-d'oeuvre doit être définie en tenant compte de
l'environnement socio-économique et culturel de l'exploitation.
+ Allocation et productivité des
ressources
L'étude de l'allocation des ressources permet de se
rendre compte du niveau et de l'efficacité d'utilisation des ressources,
et leurs affectations à des activités alternatives (Biaou,
1991).
Biaou (1995) dans son étude sur l'analyse de
l'organisation et du fonctionnement du système d'exploitation agricole
sur le plateau Adja (Bénin) constatait que contrairement à ce
à quoi on devrait s'attendre, l'efficacité de l'utilisation des
ressources productives ne s'explique pas, par le niveau de dotation en
celles-ci. Elle n'est pas non plus fonction des types de ménage (cycle
de vie des ménages). Ogunfowora et al. (1978) cités par
Affomassè (1982) pensent que pour mesurer cette efficacité de
l'utilisation des ressources, il faut déterminer le ratio individuel
extrant-intrant. Par exemple la productivité de la main-d'oeuvre peut
être mesurée en termes de ratio de la production totale à
la quantité de main-d'oeuvre investie. C'est ainsi qu'ils ont
montré qu'à partir d'une estimation de l'utilisation des
ressources, peuvent être déduites, le calcul de la
productivité marginale de n'importe quelle ressource ou de toutes les
ressources prises ensemble. Ils ont par suite d'autres analyses, conclu que
l'agriculture de l'Etat de Kwara au Nigeria est improductive, car le ratio de
la production totale à la quantité de main-d'oeuvre investie est
très faible et est un exemple d'une utilisation excessive et inefficace
de la main-d'oeuvre en agriculture traditionnelle. Cette définition
paraît incomplète dans la mesure où elle ne tient par
compte des facteurs d'allocation de la maind'oeuvre, et de la marge brute
obtenue après utilisation de cette main-d'oeuvre.
+ Revenu du ménage
Le revenu agricole est la différence entre la
production et les charges liées à cette production. On distingue
deux types de revenu : le revenu net et le revenu brut.
Selon Adégbidi (1994), le Revenu Agricole Net (RAN) =
Valeur Ajoutée (VA) - Rente Foncière (RF) - Taxes et Impôt
(T) - Intérêts sur emprunts (I) - salaires des travailleurs
extérieurs (W). Dans ce cas, Valeur Ajoutée (VA)= Produit Brut
(PB) - Consommations Intermédiaires (CI) - Amortissements (Am). Ce
revenu prend en compte l'autoconsommation, l'accumulation en nature et le
revenu monétaire.
Le Revenu Agricole Brut (RAB) par contre est la
différence entre la production brute et les charges réelles
payées pour cette production. Les charges comprennent les coûts
des intrants variables à savoir les semences, les différents
engrais, les insecticides et le coût de la main-d'oeuvre
(défrichement, labour, semis, sarclages, fumures, pulvérisation,
récolte). Il est calculé pour une seule campagne agricole. C'est
en réalité, cette forme de revenu qui sera utilisée dans
la présente étude. A ce revenu sera ajouté, le revenu des
autres activités (RA) génératrices de revenu au sein du
ménage. Avec RA = ÓRAi ; Rai étant la recette issue d'une
activité donnée de laquelle sont déduites les
dépenses effectuées pour réaliser l'activité.
Le revenu annuel du ménage sera alors RAB + RA.
+ Autres concepts
Des études de OBEPAB (2005) ont permis
d'opérationnaliser certains concepts. Dans son étude sur la
problématique du genre dans la gestion des produits chimiques de
synthèse, l'OBEPAB a recensé trois catégories de
producteurs : riche ou aisé (gros producteur), moyennement riche (moyen
producteur), pauvre (petit producteur).
Tableau n°1 : Eléments de
conceptualisation des catégories de producteurs.
Catégories
|
Caractéristiques
|
Gros producteur
|
- Possède grosse moto (sanili, corbillard, etc. voire
voiture comme moyen de déplacement).
- Possède de titre de propriété dans les
grandes villes ou est propriétaire de beaucoup de terres.
- Construction en matériaux définitifs.
- Prend 3 repas par jour avec assez de poissons et de viande dans
la sauce. - Possession de plantations (anacardiers, palmeraies, orangeraies,
etc.).
- Peut recruter des ouvriers agricoles et commercialiser les
vivres sans difficultés. - Possède de moulin à
maïs.
- Peut supporter les frais de santé de ses enfants.
|
Moyen producteur
|
- Possède comme moyen de déplacement BBCT, AV 85,
Mate, etc.
- Prend au moins 2 repas par jour, peut se nourrir de viande et
trouve à manger toute l'année.
- Construction en matériaux définitifs ou toit en
tôle.
- Peut contracter de prêt pour recruter des ouvriers.
- Possède de jeunes plantations avec possibilité de
transformer le vin de palme en sodabi.
- Greniers non vides à aucune période de
l'année.
- Possède des ressources financières pour
satisfaire les problèmes d'urgence.
|
Petit producteur
|
- Construction en matériaux locaux.
- Possession de vélo comme moyen de déplacement.
- Prend 1 repas par jour.
- Pas de garantie pour contracter des prêts dans les
institutions de micro-crédit
- Pas de ressources financières pour faire face aux
besoins quotidiens du ménage. - Contracte des prêts auprès
des usuriers pour payer la main-d'oeuvre salariée,
- puis ne parvient pas à rembourser ces crédits.
- Exploite de petites superficies.
- Vend les produits juste après la récolte.
- Achète les vivres en période de soudure ou
pendant la saison sèche à crédit.
|
Source : OBEPAB, (2005)
Cette catégorisation présente à notre
avis des limites, car elle met plus l'accent sur le bien matériel. En
effet, certains producteurs sont riches mais n'investissent pas dans le bien
matériel. Il n'est pas rare de voir des producteurs âgés
qui sont la plupart du temps riches, ne pas disposer de grosses motos ou d'un
moulin à maïs. D'autres, par contre ne construisent pas en
matériaux définitifs. Ces derniers accordent peu d'attachement
à ces biens. C'est pourquoi nous avons retenu les critères
contenus dans le tableau n°2 pour la catégorisation des
producteurs.
Tableau n°2 : Conceptualisation des
catégories de producteurs.
Types de producteurs
|
Caractéristiques
|
Gros producteur « do koun non lè »
|
- superficie emblavée par saison > 5 ha.
- propriétaire d'assez de terres.
- peut recruter des ouvriers agricoles et commercialiser les
vivres
sans difficulté.
|
Moyen producteur « mè glo a do
lè»
|
- superficie emblavée par saison 2-5ha.
- possession de peu de terres par rapport au gros producteur.
- peut contracter des prêts pour recruter des ouvriers.
|
Petit producteur « wa man mon non lè »
|
- superficie emblavée par saison < 2ha.
- dispose de moins de terres que le précédent.
- contracte des prêts auprès des usuriers pour payer
la main- d'oeuvre
salariée mais ne parvient pas à rembourser les
crédits.
|
Source : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005
2.2- Cadre théorique: économie paysanne et la
question de la main-d'oeuvre agricole
Les études de transformation des sociétés
agraires conçoivent l'impact du capitalisme sur les forces
économiques de ces sociétés par deux théories
fondamentales. Selon la première, malgré les variations de
structures observées d'une société à l'autre, la
pénétration du capitalisme dans les sociétés
agraires des pays industrialisés a engendré des
différenciations socio-économiques, créant des riches
paysans et à l'opposé des prolétaires. La seconde approche
tente d'expliquer certaines formes de production paysanne comme une forme
d'organisation dans laquelle le paysan produit des biens et services tout aussi
pour la consommation que pour la vente (Long, 1984). Les deux approches tentent
d'expliquer les principales transformations dans le monde agraire. La
première permet d'appréhender les processus de formation des
catégories de paysans, et permet d'isoler les forces historiques dans le
processus de différenciation socio-économique. La seconde permet
de cerner le dynamisme des petits exploitants, et d'analyser les ménages
en tant qu'unités de production et de consommation (Tonou, 1987). C'est
justement cette deuxième approche qu'a développée
Tchayanov (1925).
En effet, les débats sur le fonctionnement des
économies paysannes sont influencés de nos jours par les
postulats théoriques de Tchayanov sur l'allocation des ressources au
niveau de l'économie paysanne russe. En 1925, Tchayanov a introduit un
élément déterminant dans la conception classique de
l'économie paysanne en montrant que "l'allocation des ressources au
niveau du paysan, se réalise non pas suivant la logique capitaliste ou
socialiste mais plutôt suivant la rationalité paysanne" (Harrison,
1975). L'auteur postule que c'est la taille du ménage,
c'est-à-dire le nombre d'actifs qui détermine la taille de
l'exploitation (superficie emblavée par le ménage). Il stipule
que lorsque le ratio C/W (consommateur par actif) augmente, la superficie
cultivée par actif agricole (S/W) augmente aussi. Par ailleurs,
Tchayanov indique qu'en situation de contrainte de terre, les ménages
ayant le ratio C/W élevé auront tendance à intensifier le
travail sur leurs champs. Harrison (1975) soutient qu'une telle intensification
suppose un changement du système de culture extensif, à un
système de culture intensif. Il montre par la suite que le passage
à un système intensif nécessite des moyens que le petit
paysan n'a pas toujours.
Etudiant la main-d'oeuvre familiale au sein des
ménages, Long (op.cit) cite Mackintosh (1979) qui
suggère que "la main-d'oeuvre familiale doit être analysée
en relation avec les normes et les valeurs culturelles existantes dans la
société", car ces valeurs culturelles justifient les
comportements et les rôles de chacun des acteurs de la vie familiale.
Enfin, Long (op.cit) pense que pour identifier la relation entre les
formes de main-d'oeuvre salariée et non salariée au sein des
ménages, il faut prendre en compte les définitions culturelles du
"travail" dans l'estimation sociale de la main-d'oeuvre. C'est fort de cela que
le paysan développe des stratégies variables de
répartition du travail en fonction de la main-d'oeuvre disponible, pour
s'adapter aux conditions de l'environnement physique, et maximiser son
contrôle sur l'environnement économique et social (relation
d'échange de ressources et de produits). Le paysan se comporte de
manière à subjuguer les contraintes de main-d'oeuvre, et à
éviter les risques pour atteindre les objectifs divers.
3- METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
3.1. Choix du milieu d'étude et
échantillonnage
3.1.1. Choix du milieu d'étude
Le village de Dridji a été retenu comme milieu
d'étude parce que l'OBEPAB à travers le projet Ecosanté a
entamé des recherches dans le village, pour mettre en évidence
les différents mécanismes par lesquels les populations sont
affectées par les Pesticides Chimiques de Synthèses (PCS), et les
relations directes et indirectes qui s'établissent entre ces
phénomènes et la santé humaine. D'autres raisons
justifient également le choix de ce village : v' c'est la zone la plus
productrice de coton conventionnel dans la commune de Djidja, qui
elle-même est la zone la plus productrice de coton
conventionnel de tout le département
du Zou (Yessoufou, 2004). De ce point de vue, c'est une zone de
forte utilisation des PCS; v' le problème de main-d'oeuvre se pose avec
acuité dans le milieu, ce qui oblige les
producteurs à faire appel aux actifs agricoles d'autres
villages de la région;
v' la présence de plusieurs groupes originels à
savoir les autochtones et les allochtones dans le village. En effet, la
cohabitation de ces différents groupes pourrait être une source
d'influences inter-culturelles sur la mobilisation et la gestion de la
main-d'oeuvre.
3.1.2. Echantillonnage
Pour mener à bien notre recherche, trois (03) hameaux
sur les neuf (09) que compte le village de Dridji ont été
retenus. Après la pré-enquête, il a été
procédé à un choix raisonné de trois hameaux,
basé sur les critères suivants: niveau de production de coton;
niveau de connaissance des effets liés aux PCS; relation des hameaux
avec les villages les plus pourvoyeurs de main-d'oeuvre salariée
extérieure au village.
En effet, suivant les statistiques de 2004 fournies par le GV
sur la production cotonnière dans le village, Tèzounkpa a une
forte production de coton, Asségon a une production moyenne et Kindogon
une faible production. Les habitants de ces hameaux ont une bonne connaissance
des effets liés à l'emploi des PCS. Lors de la phase
exploratoire, il a été constaté que les ouvriers
salariés extérieurs viennent surtout des villages d'origine des
habitants de ces hameaux.
L'unité de recherche est le ménage. Au total, 90
ménages ont été sélectionnés. A travers un
échantillonnage raisonné, la population a été
divisée en deux groupes suivant le critère de production ou non
de coton. Le groupe des producteurs de coton et celui des non producteurs de
coton ont été constitués sur la base du recensement
actualisé de la population lors de la phase exploratoire. Ensuite, par
un échantillonnage aléatoire simple 45 ménages ont
été retenus par groupe précédemment
constitué.
Dans le but de vérifier les informations que
donneraient les ménages, nous avions prévu un
échantillonnage de 45 ouvriers agricoles salariés. Cependant,
compte tenu des difficultés à les retrouver, nous nous sommes
limité à un échantillonnage aléatoire simple de 30
ouvriers agricoles.
Tableau n°3 :
Caractéristiques de l'échantillon d'enquête
Tèzounkpa Asségon Kindogon
Total
PP MP GP PP MP GP PP MP GP
Effectifs
Allochtones 2
|
4
|
3
|
8
|
1
|
1
|
3
|
1
|
0
|
23
|
Autochtones 7
|
9
|
5
|
13
|
15
|
4
|
10
|
3
|
1
|
67
|
Total 9
|
13
|
8
|
21
|
16
|
5
|
13
|
4
|
1
|
90
|
Source : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005
3.2. Phases de la recherche
Quatre phases successives ont permis d'atteindre les objectifs
qu'on s'est assigné dans le cadre de cette étude. Il s'agit d'une
phase préparatoire, d'une phase exploratoire, d'une phase de collecte de
données et enfin d'une phase de rédaction proprement dite de la
présente thèse.
> Phase préparatoire
Elle a consisté à l'analyse documentaire et a
permis de mieux cerner les objectifs de la recherche. Elle s'est
déroulée principalement dans les centres de documentation de la
Faculté des Sciences Agronomiques (FSA), de l'Organisation
Béninoise pour la Promotion de l'Agriculture Biologique (OBEPAB), du
Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche (MAEP), du
Centre Régional de Promotion Agricole (CeRPA ) du Zou, de l'Institut
National de Statistique et d'Analyse Economique (INSAE), de l'Institut
Géographique National (IGN). Non seulement, elle nous a permis
d'élaborer une proposition de recherche, mais également de fonder
notre recherche sur une base théorique, nous permettant de comparer les
résultats empiriques aux résultats obtenus sur le terrain en vue
d'analyses pertinentes.
> Phase exploratoire
Elle a été réalisée à
l'aide d'un guide d'entretien et a consisté en un entretien
semistructuré avec 60 producteurs du village. C'était la
première descente dans le milieu d'étude qui s'est
déroulé du 15 juin au 26 juin 2005.
Dans un premier temps, il y a eu contact avec les
autorités locales à divers niveaux. Il s'agit entre autres de
l'assistant de recherche du projet Ecosanté, du Responsable de CeCPA, du
chef village de Dridji et des chefs des différents hameaux du village.
Ensuite, ce fut l'occasion d'actualiser le recensement des ménages
déjà effectué par une équipe de l'OBEPAB en 2003,
afin d'avoir une liste exhaustive des ménages du village. Cette
actualisation a été faite en collaboration avec les leaders
d'opinion des différents hameaux. Au cours de cette phase, d'autres
informations ont été recueillies sur les caractéristiques
générales du village, les types de main-d'oeuvre utilisés
par les producteurs, les migrations des ouvriers et la disponibilité en
main-d'oeuvre, les différents modes d'accès à la terre,
les spéculations, l'utilisation des PCS en relation avec la
main-d'oeuvre agricole. Enfin, cette phase nous a également permis de
cibler quelques ouvriers agricoles et de nous entretenir avec eux en vue de
l'élaboration du questionnaire de l'enquête fine.
Tous les paysans enquêtés au cours de cette phase
n'ont pas été retenus lors de l'enquête fine, car le choix
des paysans étaient plutôt aléatoire. Seulement dix
enquêtés au cours de cette phase ont pu être retenus lors de
l'enquête fine.
A la fin de cette phase, nous avions retenu les critères
de choix des ménages pour l'enquête fine.
> Phase de collecte des données et
rédaction de la thèse
Elle a été réalisée
essentiellement par questionnaire. Ces questionnaires ont été
administrés aussi bien à tous les ménages de notre
échantillon, qu'aux ouvriers agricoles salariés. Des entretiens
semi-structurés et non structurés ont également eu lieu.
Des données quantitatives et qualitatives ont été
obtenues. Ces données se résument à la composition des
ménages, l'organisation sociale de la production au sein des
ménages, aux réseaux de mobilisation de la main-d'oeuvre
agricole, aux caractéristiques de la main-d'oeuvre salariée et
son implication dans l'utilisation des PCS, à la connaissance par le
ménage des effets dus à l'utilisation des PCS et enfin, au
degré de sollicitation de la main-d'oeuvre salariée par les
ménages.
A l'issue de cette phase, nous avons procédé au
dépouillement des données et à la rédaction de la
thèse.
3.3. Outils de collecte des données
Les donnés collectées sont aussi bien quantitatives
que qualitatives. Les outils utilisés pour la collecte de ces
données sont :
- la carte du village: elle nous a permis de structurer les
connaissances que les villageois ont de leur terroir ;
- le transect a été réalisé afin
d'avoir une prospection physique du terroir ;
- l'interview semi-structurée a été
utilisée pour comprendre les activités des différentes
catégories de producteurs et l'utilisation des ressources. Elle nous a
permis d'avoir des histoires de vie et des témoignages en relation avec
la gestion de la main-d'oeuvre dans le milieu ;
- l'interview structurée (questionnaires) a
été employée surtout pour la collecte des données
quantitatives ;
- la triangulation nous a permis de vérifier certaines
informations collectées auprès des différents groupes
enquêtés.
3.4. Outils d'analyse des données
Dans le but d'atteindre les objectifs fixés pour la
présente étude, plusieurs méthodes d'analyse des
données sont utilisées. Ces méthodes sont à
dominance quantitative. Il s'agit des éléments de la statistique
descriptive tels que les fréquences, les paramètres de dispersion
et de position. Ces méthodes ont été utilisées pour
la plupart de nos analyses. Le logiciel SPSS version 11.0 a été
utilisé dans le cadre de ces analyses et a permis d'établir
également une régression simple et de faire le test t de Student.
Les tests de comparaison à savoir l'analyse de variance et le test de
khi-deux ont été également réalisés.
Une régression multiple a été
établie avec le logiciel STATA version 9.0. Les données ont
été saisies au moyen du logiciel Excel 2003 et
présentées sous forme d'histogrammes, de diagrammes et de
camemberts.
Le traitement de texte quant à lui a été
réalisé avec WORD 2003.
3.5. Limites de la recherche
La majeure partie des données primaires provient des
enquêtes effectuées sur le terrain par l'enquêteur,
recruté à cet effet et l'étudiant chercheur. Les
données quantitatives ont été collectées par
passage unique où il est fait appel à la mémoire des chefs
de ménages et des ouvriers salariés enquêtés. Ainsi,
malgré la rigueur observée dans la collecte des données,
elles comportent certainement des insuffisances.
Dans le cadre d'une étude socio-économique sur
les facteurs de l'allocation de la main-d'oeuvre, il serait judicieux d'avoir
des entretiens avec tous les membres du ménage participant aux
activités agricoles. Ceci n'a été fait qu'au sein de cinq
ménages à Tèzounkpa et dix ménages à
Asségon, compte tenu du manque de disponibilité des paysans
à se prêter à nos questions.
Choix de la zone d'étude
Feed-back
Elaboration du protocole
Analyse des données (Rédaction de la
thèse)
Séance de présentation tenue le 29 Juin
2005
Elaboration des Instruments de mesure
Formulation du thème
Formulation du sujet
Phase exploratoire
Documentation et discussion
Etude approfondie
Réadaptation du protocole
Documentation
Choix de la population théorique
Collecte de données
Choix échantillon
Il aurait été intéressant de faire un
choix raisonné des ouvriers agricoles à enquêter, en tenant
compte des catégories de producteurs qui les recrutent. La
difficulté de retrouver les ouvriers nous a contraint à opter
pour un choix aléatoire.
La figure suivante présente les différentes
étapes de la recherche.
Figure N°1: Processus de la
recherche
Etude diagnostique
(Projet Ecosanté)
|
4. PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE
4.1. Cadre physique
4.1.1. Situation géographique
Le village de Dridji est situé dans l'arrondissement de
Dan, Commune de Djidja, département du Zou (voir carte n°3).
Appartenant à la zone agro-écologique située entre le
7ème et le 9ème degré de latitude Nord, Dridji
est à environ 10km du village de Dan, 25km de Bohicon et 25km de Djidja
centre. Avec une superficie de 85km2, ce village est limité au Nord par
le village Kassèhlo, au Sud par le village Agbohoutogon, à l'Est
par le village de Lalo et à l'Ouest par Lakpo. Agbohoutogon et Lalo sont
situés dans le même arrondissement que Dridji tandis
Kassèhlo est situé dans l'arrondissement de Sèto (commune
de Djidja) et Lakpo dans l'arrondissement de Gobè (commune de Djidja).
Le village est composé de "goho"2. On en dénombre neuf
(09) que sont: Dridji centre, Ahoyèmè, Tèzounkpa,
Asségon, Kindogon, Daanon kpota, Kitigoudo, Atchèssingon,
Lègbaholi (voir carte n°1).
4.1.2. Climat, relief, sol et hydrographie
A Dridji, règne un climat de transition entre le climat
subéquatorial et le climat tropical humide du type
soudano-guinéen du Nord Bénin. Il est caractérisé
par deux saisons de pluies et deux saisons sèches.
Ces dix dernières années, la moyenne
pluviométrique est de 1041,22 mm par an avec de meilleures
pluviométries observées en 1996, 1999 et 2004 (cf. tableau
n°4 et graphe n°1). Les températures moyennes annuelles
varient entre 26°C et 31°C.
Tableau n°4
Pluviométrie annuelle enregistrée à la station de Djidja
(1995-2004)
Année
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Hauteur
|
865,2
|
1404,5
|
911,4
|
1091,3
|
1222,4
|
989,6
|
750,4
|
1064,8
|
912,0
|
1200,6
|
De pluie (mm)
Nbre de jrs 57 58 45 50 69 55 52 62 56 61
Source: CeRPA Zou-Collines/Secteur
Djidja 2005
2 Terme identifié à hameau dans le
milieu d'étude
Carte n°3 : Commune de Djidja
Hauteur de pltde/Nombre de jours
1600
1400
1200
1000
400
200
800
600
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Année
Hauteur de pluie(mm) Nombre de jours
Pluviométrie
Graphique n°1:
Répartition de la hauteur de pluie et du nombre de jours de pluie selon
les années
Il ressort de l'analyse de ce tableau que la hauteur de pluie
diffère d'une année à une autre. Ceci se justifie par
l'irrégularité et le retard d'installation des pluies de la
grande saison. La variation du nombre de jours de pluies témoigne de ce
fait. Ainsi, la démarcation entre les deux saisons pluvieuses n'est plus
nette. Il y a donc un chevauchement entre ces deux saisons laissant
apparaître une courte période de transition allant de 15 à
25 jours. C'est alors que la grande saison des pluies s'étalera de
mi-mars à fin juillet et la petite saison des pluies va de mi-août
à fin Octobre.
Dridji est caractérisé par un relief plus ou
moins accidenté constitué de dépressions et de plateaux
avec quelques affleurements granitiques. Il présente le faciès,
caractéristique d'un village sur socle cristallin (INSAE, 2002).
On trouve des terres de barres de type ferralitique
argilo-sableux fortement dégradées mais très bien
drainées à faible capacité de rétention. Profond et
facile à travailler, ce type de sol représente 85% des terres
cultivables et convient à presque toutes les cultures. Hormis ce type de
sol, on trouve également les vertisols représentant 10% des
terres cultivables. Le travail sur ce sol est très difficile. Enfin, le
troisième type de sol rencontré est hydromorphe.
Le réseau hydrographique est dominé par deux
cours d'eau que sont "Kiti" et "Azoua" affluents du fleuve Zou. En saison
sèche le "Azoua" s'assèche complètement tandis que le Kiti
voit son niveau baisser tout simplement. Ces cours d'eau servent d'abreuvoir
pour les animaux d'élevage notamment, les boeufs en transhumance. La
pêche est pratiquée par certains habitants du village. Des
espèces aquatiques telles que: Siprodontis sp, Tilapia sp, Clarias
sp, Gymnarchus niloticus sont retrouvées dans ces cours d'eau.
4.1.3. Végétation et faune
La végétation originelle qui caractérise
Dridji est une savane arborée, exubérante par endroit et
clairsemée. Les essences prédominantes sont Parkia biglobosa
(axwatin), Prosopsis africana (kakètin), Bligia
sapinda (lissètin), Daniella oliveri (zatin),
Vitellaria paradoxa (wougo), Vitex doniania (fontin),
Pterocarpus erinaceus (kozo), Afzelia africana (kpakpatin) et
Ficus capensis (votin). Cependant, des espèces sont en voie de
disparition en raison de leurs surexploitations à des fins
économiques, bois d'oeuvre et surtout la carbonisation et/ou la collecte
de bois de chauffe pour la vente. Seules certaines essences (plantes
médicinales) à utilité limitée ou
d'intérêt pour les villageois subsistent à ce
désastre. Il s'agit par exemple de Adansonia digitata
(zouzountin) et de Maytenius sénégalensis (djado).
Hormis cette végétation naturelle, on y retrouve des plantations
d'Anacardium occidentalis (cajoutin), de Eleais guinensis
(détin), de Azadiracta indica (kininitin), de
Tectona grandis (tèkitin).
Cette végétation présente encore plus
d'intérêt pour les populations dans la mesure où elles y
pratiquent la chasse. La faune sauvage est constituée de rongeurs tels
que Tryonomys swinderianus (ho), Tarcrillus gracilis
(adouin), Avicanthis niloticus (gbédja), Cricetomys
gambianus (atchou), Xerus erythropus (agbé). On y trouve
également le Lepus crawshayi (azui), le singe (zin), quelques
reptiles tels que la vipère (djakpata), le varan (vè) et le
python (dangbé); et notamment des oiseaux représentés par
le francolin (asso), le hibou (woutoutou), la tourterelle
(wélé).
La présence d'entomofaune et de pédofaune y est
très remarquée. Notons également qu'en dehors de la faune
sauvage, on retrouve la faune domestique à travers l'élevage
traditionnel de bovins, de caprins, d'ovins, de porcins et de volailles.
4.2. Cadre humain
4.2.1. Historique
L'histoire du village se réfère à celle
de la création du hameau Dridji centre. Toutefois, chaque hameau a son
histoire qui lui est propre. Nous présenterons ici l'historique des
trois hameaux étudiés car elle nous permettra d'identifier les
villages d'origine des habitants. Ces villages d'origine jouent un rôle
très important dans le recrutement des ouvriers salariés.
+ Asségon
Sous le règne du roi Glèlè vers 1870
vivait un homme reconnu voleur par la communauté. Tellement
réputé, sa tête fut mise à prix et il décida
de quitter Zoungbo dans l'actuelle commune de Bohicon pour se réfugier
dans une zone loin des regards inquisiteurs. Cette décision fut
considérée par ses compagnons de vol comme une trahison. Ils
étaient alors prêts pour le livrer où qu'il soit. Faisant
fi de leurs propos, il quitta un matin accompagné de sa mère. Il
s'installa à un endroit désert et prit le nom de Assé qui
veut dire chat.
Une fois à cet endroit Assé fait la remarque que
les terres sont fertiles. Il fait venir après la première
récolte deux de ses meilleurs amis, l'un de Avogbanan et l'autre de
Gnidjazoun (commune de Bohicon). Assé, Baloulo et Houéha avaient
chacun sa cour. Cependant, c'était sans compter avec la
détermination des anciens compagnons de Assé. Ne pouvant pas le
livrer, ils pillaient plutôt ses champs. Les trois amis
consultèrent alors le fâ3 sur la conduite à
tenir. L'oracle révéla qu'au lieu de vivre
séparément chacun dans sa cour, ils doivent plutôt rester
dans la même concession. Baloulo et Houéha regagnèrent la
cour de Assé. Cet endroit prit le nom de Asségon qui veut dire
chez Assé.
Assé mourut 5 ans plus tard. N'ayant pas de
descendants, aujourd'hui seuls les descendants de Baloulo et de Houéha
résident à Asségon. Le chef hameau actuel est le petit
fils de Baloulo.
+ Kindogon
Au moment des guerres tribales vers 1890, le roi
Béhanzin allait faire ses rites d'avant les assauts à un
emplacement situé dans l'actuel hameau de Kindogon. A cet endroit se
trouve un serpent fétiche. Le serpent était gardé par un
membre de la suite du roi, le nommé Kadjakoudjo originaire de
Fonkpamè (commune de Djidja). Chaque fois que le roi devrait aller sur
un champ de bataille, il se rendait chez le serpent et prononçait comme
dernières formules incantatoires la phrase ci-après: ?n'gni
don houn ka kpodo go kpo bi ni sè hlo? qui veut dire « si je
vais là bas que tout ce qui bouge et tout ce qui ne bouge pas me suivent
sans riposter ». De cette phrase est issu le premier nom Kassèhlo
donné à cette vaste étendue de terres.
Vers les années 60, une partie de Kassèhlo
devint Kindogon. En effet, un des descendants de Kadjakoudjo du nom de Kindo
était un redoutable soldat de l'armée coloniale. Sa bravoure
l'emmena en Europe pour participer à la guerre d'Algérie en 1955
au côté des Français. A son retour il devient le seul qui
savait lire et écrire dans le village. Seul lettré du milieu les
gens devraient se rendre chez Kindo (Kindogon) pour la confection de certains
documents sous l'administration coloniale. Le hameau lui doit alors son nom. Le
chef hameau actuel est le frère de Kindo.
+ Tèzounkpa
Il y a 200 ans, le hameau de Tèzounkpa a
été crée par un chasseur du nom de Dègan venu de
Tindji4 (commune de Za-kpota). En effet, lors de ses chasses aux
gibiers il a découvert un endroit qui apparaît comme une niche de
biche. Toutes les fois qu'il se rendait à la chasse à ce lieu, il
ne ramenait que de la biche. C'est ainsi que pour désigner l'endroit il
parlait de « Tèzoun » qui veut dire la brousse de la biche.
Aussi, fait-il la remarque que les grains qu'il amenait pour se nourrir
germaient une fois tombés. Il décida quelques années
plus
3 Oracle que les anciens consultent pour
prédire le sort.
4 En réalité le nom tindji a disparu de
l'administration depuis 1978, et est devenu Adawémè. Cependant
nous l'avons gardé pour être en conformité avec les
populations.
tard de s'installer proche (Tèzounkpa) de cette zone pour
cultiver la terre. Le chef hameau actuel est le petit fils du père
fondateur.
4.2.2- Démographie et habitat
D'après le recensement général de la
population et de l'habitat en 2002, le village de Dridji compte 322
ménages pour une population de 1973 habitants. On note au sein de cette
communauté 210 (65,22%) ménages agricoles. L'agriculture occupe
1451 personnes soit un pourcentage de 73,54.
Le tableau n°5 montre que le sexe masculin
représente 50,28% de la population totale alors que le sexe
féminin n'en représente que 49,72%. Ce faible taux des femmes se
justifie par le fait que très tôt, les filles sont envoyées
dans les grands centres urbains pour servir de domestiques. Aussi, des cas de
mariage précoce sont légion et sont à l'origine de
plusieurs départs de jeunes filles.
Selon les grands groupes d'âge, on observe que les
enfants de 0 à 14 ans constituent 53,98% et les adultes de 15 à
59 ans représentent 41,51%. Ces indicateurs montrent qu'il s'agit d'une
population essentiellement jeune. Quant aux groupes ethniques, la population
fon et apparentée (Mahi et Tchabè) représente environ 97%
de la population totale. Viennent ensuite des ethnies minoritaires telles que
les Adja (0,9%), les Baribas (0,6%), et les Peuhls (1,5%) (INSAE, 2002).
Tableau n°5 :
Caractéristiques démographiques des habitants de Dridji
Tous ménages
|
Nombre de ménages
|
Masculin
|
Féminin
|
Taille du ménage
|
Total
|
Effectifs
|
322
|
992
|
981
|
6,1
|
1973
|
Ménages agricoles
|
Nombre de ménages agricoles
|
Population
|
210
|
1451
|
Tranche d'âge
|
Structure de la population
|
0-14ans
|
15-59ans
|
60 et plus
|
Effectifs
|
1065 (53,98%)
|
819 (41,51%)
|
89 (4,51%)
|
Source : INSAE/RGPH3, 2002
Dridji dispose des infrastructures socio-communautaires. On
observe deux types d'habitats. Ceux construits en terre battue et recouverts de
pailles qui sont majoritaires et ceux construits en matériaux
définitifs qui sont minoritaires. La première forme de
construction trouve son existence dans le fait que les habitants dans leur
grande majorité considèrent les différents hameaux comme
étant des fermes d'où le nom de "goho" donné à
ceux-ci. Pour eux, ils sont susceptibles de se déplacer à tout
moment. C'est justement pour cela qu'aucun mort n'est enterré dans les
hameaux et toutes les cérémonies coutumières se
déroulent dans les villages d'origine des habitants. La deuxième
forme de construction se justifie par l'aisance de certaines catégories
de paysans. Ce sont les producteurs dits «dokounon»5 qui
disposent de ces types de construction.
5 Terme utilisé pour désigner les riches
personnes dans le milieu
En plus de ces habitations, on retrouve:
- trois (03) écoles primaires dont une à Dridji
centre construite en matériaux définitifs, une à
Asségon et une dernière à Daanon kpota toutes deux
construites en terres de barre. A Dridji centre il s'agit de six classes tandis
que les deux autres disposent respectivement de trois et deux classes ;
- une (01) UVS situé à Dridji centre;
- une (01) association de services financiers financée et
construite à Asségon par le PAGER; - un (01) magasin de stockage
de l'UCP sis à Dridji centre;
- un (01) à deux (02) forages installés dans chaque
hameau par l'UNICEF;
- une route bitumée inter-Etat permettant
l'écoulement des produits agricoles vers les grands centres
commerciaux.
5. ORGANISATION SOCIALE DE LA PRODUCTION
Toute production repose pour une part, sur un ensemble
d'investissements du passé dont la compréhension des raisons
d'être est fondamentale pour la recherche et le succès de toute
innovation susceptible de les modifier (Reboul, 1989). On ne peut donc en
agriculture faire table rase du passé technique qui, s'inscrit
concrètement dans les moyens de production utilisés comme dans la
qualification des agriculteurs ; c'est pourquoi ce chapitre sera
consacré aux différentes formes d'organisations du travail dans
le milieu.
5.1. Facteurs de production
L'économie paysanne repose sur trois grands facteurs de
production. La terre, la maind'oeuvre et le capital. Toutefois, le
management est considéré comme étant le quatrième
facteur. Ces différents facteurs déterminent, chacun en ce qui le
concerne, le niveau de la production en agriculture. La production serait plus
grande dans les zones où il n'existe pas de contraintes en ressources
productives. A Dridji, la main-d'oeuvre et le capital limitent
considérablement la production agricole.
5.1.1. Capital
De nos jours, les paysans ne produisent plus pour nourrir
seulement les membres de leur ménage. De plus en plus les paysans
tentent de passer de l'agriculture de subsistance à l'agriculture de
marché. Le besoin d'épargne de capitaux amène les paysans
à produire plus. Aussi la croissance démographique galopante
oblige les paysans à produire plus pour satisfaire la demande.
Selon Quenum (1986), il existe deux formes de capital
utilisées dans les activités: le capital fixe et le capital
circulant. Le capital fixe est constitué des outils de travail du paysan
(houe, machette, panier, bassine et autres) et son moyen de déplacement
(bicyclette, mobylette, moto ou autre). Le moulin et les bâtiments du
paysan constituent également des capitaux fixes (Biaou, 1995). Le petit
bétail et les plantations d'anacardier, de palmier à huile font
également partie des capitaux fixes. Le capital circulant quant à
lui concerne les intrants (semences, pesticides, etc....), les frais en
numéraire payés à la main-d'oeuvre salariée.
5.1.2. Terre
La terre n'est pas un facteur de production créé
par l'homme, du moins pas dans son intégralité. La terre est une
donnée naturelle, qui peut constituer un bien durable, voire un bien
dont la durée d'existence est illimitée. L'homme trouve un sol
à sa disposition dont la fertilité, variable selon les cas lui
permet de produire les vivres dont il a besoin. Une population ou une
communauté a donc par suite de circonstances historiques, un territoire
sur lequel, elle peut s'adonner à l'agriculture et à
l'élevage (Badouin, 1975). La terre est un bien précieux pour les
habitants de ce village. Elle était un bien collectif. Cependant,
l'individualisme a commencé par gagner les esprits des paysans, du fait
de l'effritement de la cohésion sociale. De plus en plus, on assiste au
détachement précoce de certains jeunes mariés, ce qui fait
qu'ils ont besoin de terres pour assumer leur indépendance.
Sur les 517,5 ha de terres cultivables disponibles pour la
population enquêtée, seulement 257,99 ha sont exploitées en
grande saison et 205,66 ha en petite saison des pluies pour une moyenne de
terres cultivables de 5 ha/an et par ménage, toutes tendances
confondues. En deuxième saison, un paysan choisit en fonction de son
objectif de production les terres à exploiter. C'est ainsi qu'il peut
décider de faire ses cultures sur les terres déjà
cultivées en première saison ou de changer. Les ménages
non producteurs de coton cultivent en moyenne 3,37 ha/an, et les ménages
producteurs de coton 6,93 ha/an soit plus du double des premiers
(confère tableau n°6). Cela se justifie par le fait que le coton
occupe a lui seul 46,10% des terres cultivables en deuxième saison des
pluies.
Tableau n°6: Valeurs
questionnables de quelques caractéristiques structurelles des
ménages à Dridji
|
|
|
|
|
|
Ménage Age moy. Taille moy Nbre moy Nbre moy.
superficie moy.
CM ménage d'actif consommateur
emblavée
|
C/W
|
S/W
|
Producteur 44,22
Coton
Non produc- 42,49 teur coton
|
8,13 6,24
|
4,05 3,15
|
6,51
4,85
|
6,93 3,37
|
1,6
1,54
|
1,97
1,14
|
Source : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005
A Dridji on remarque que le ratio S/W augmente des
ménages producteurs de coton aux ménages non producteurs de
coton. En effet, selon la théorie de Tchayanov (1990), plus le ratio C/W
est grand, plus le ratio S/W est aussi grand. Ceci est bien conforme à
nos résultats.
Cependant le mode d'accès à la terre varie
suivant que l'on soit autochtone ou allochtone. Il va de l'héritage
(55,90%) à l'achat (2,27%), en passant par le don (32,02%) et le
prêt (9,81%). Le graphique n°2 présente la répartition
des terres suivant le mode d'accès à la terre.
2,27%
9,81%
55,90%
Héritage Don Prêt Achat
32,02%
Graphique n°2: Les
différents modes d'accès à la terre à Dridji
·: · Héritage
L'héritage foncier est un transfert de
génération en génération des terres et de leurs
ressources (Biaou, 1995). L'héritage des terres suit un régime
patrilinéaire et seuls les éléments de sexe masculin
peuvent en bénéficier. Cependant, lorsqu'un mari s'absente pour
une durée relativement longue, sa femme a le droit de travailler sur ses
terres. Aussi, la femme peut elle travailler, sur les terres de ses
frères dans le cas d'un héritage collectif.
Seuls les autochtones ont le droit d'hériter selon les
habitudes. Cependant on a observé une famille à Asségon et
une famille à Tèzounkpa qui sont allochtones, mais dont les
descendants ont hérité. Un des héritiers de la famille
Djetto à Asségon nous confiait ceci : Encart n°1
Mon père était resté ici et a
travaillé la terre. A son décès, nous avions
hérité tout simplement parce que notre grand-père avait
bénéficié de la terre des mains du père fondateur.
C'était un don et comme la chose donnée ne se reprend pas mon
père a hérité.
Au fil des ans, ce mode d'accès à la terre ne
dépendra plus de l'origine de l'occupant. L'analyse du graphique
n°3 le prouve bien, car 21,74% des terres des allochtones sont acquis par
héritage pour seulement 3 à 4 générations
d'occupants. Au total, il ressort que 55,9% des terres cultivables sont acquis
par héritage à Dridji. Seulement 5,56% des terres
héritées appartiennent aux allochtones.
+ Don
Suivant que l'on soit allochtone ou autochtone le don peut
prendre plusieurs aspects. Dans un premier temps, le don de terre est du
ressort du Gohonon. Il est chargé d'allouer la terre aux
étrangers désireux de s'installer dans le hameau. Cependant,
l'octroie de terres n'est pas systématique.
43,48%
Héritage
13,04%
Don Prêt
Achat
21,74%
21,74%
Graphique n°3 : Répartition
des terres des allochtones suivant le mode d'accès à la terre
Lorsqu'un nouveau venu (surtout du village d'origine des
habitants du village) arrive dans le hameau, il travaille d'abord au
côté d'un autochtone qui assure sa subsistance pendant un certain
nombre d'années, avant de bénéficier de la terre du
Gohonon. C'est là une mesure pour s'assurer de l'effectivité de
l'installation de l'étranger, mais également d'apprécier
son comportement social. 43,48% des terres des allochtones sont acquis par ce
mode d'accès à la terre (cf. graphique n°3). Dans un second
temps, la terre est octroyée à un fils par son père ou
à une femme par son mari. Dans le premier cas, il
s'agit du "Gbadaglé"7 ou bien la terre est donnée par
un père à son fils adulte qui s'est marié, et qui a
fondé son propre ménage. Dans le second cas, lorsque c'est la
femme qui bénéficie du don, c'est dans le but de faire le champ
pour assurer certains de ses besoins tels que se vêtir, et prendre soins
de ses enfants et ainsi contribuer à accroître le revenu du
ménage.
5,97%
26,86%
Héritage Don Prêt
67,17%
Graphique n°4 : Répartition
des terres des autochtones suivant le mode d'accès à la terre
·: · Prêt
Tous les habitants de Dridji peuvent bénéficier
du prêt de terre. Il est généralement gratuit car est sans
contrepartie. Cependant, interdiction est faite à l'emprunteur de jouir
des cultures pérennes qui sont sur la parcelle. Elle correspond à
ce que Biaou (1995) appelle "rente invisible" car au lieu de permettre à
l'emprunteur d'utiliser ces cultures, il les entretient plutôt pour le
propriétaire terrien. Aussi, interdiction est faite à
l'emprunteur de planter sur la parcelle, car pour les paysans, la mise en place
des essences pérennes, confère à celui qui le fait le
droit de propriété. C'est justement pour cela, que certains
propriétaires terriens délimitent leur parcelle à l'aide
de plants de tecks et d'anacardiers ou de palmiers à huile voire de
neem.
7 Le champ destiné à certains actifs
agricoles et femmes du ménage pour des travaux après ceux
organisés sur la parcelle du chef de ménage
+ Achat
Autrefois la terre était un bien inaliénable,
elle ne se vendait pas. Mais, de nos jours certains Gohonons qui sont garants
de la tradition ont commencé à vendre d'importantes superficies
à des allochtones ou pour des étrangers. C'est ainsi que 13,04%
des terres des allochtones sont achetés. Il est à noter que ce
mode d'accès à la terre est un fait de la pauvreté qui
caractérise le village , car c'est pour des besoins financiers face
à une situation difficile, que les Gohonons décident de vendre la
terre.
A travers le graphique n°4, on remarque qu'aucun
autochtone n'a acquis des terres par ce mode d'accès à la terre.
Aujourd'hui seulement 41 ha de terres sont achetés. Un hectare
coûte environ cent cinquante milles (150.000) francs CFA. Le prix de la
parcelle varie suivant la proximité ou non de la route inter Etat et va
de 100.000 à 200.000 FCFA (Adjahossou et al., 2004). Ainsi,
plus chères sont les terres de Kindogon par rapport à celles
d'Asségon, qui à leur tour sont plus chères que celles de
Tèzounkpa.
5.1.3. Travail
L'histoire de la main-d'oeuvre agricole est en relation avec
la création des hameaux. A l'arrivée des pères fondateurs
respectifs des différents hameaux, la culture
céréalière était pratiquée. Comme il est
présenté dans le sous titre précédent 5.1.2, la
superficie disponible était largement au-dessus des capacités des
habitants. Chacun à son niveau cultivait selon ses capacités
physiques. « Le nombre de bouches à nourrir était tellement
faible que seule la main-d'oeuvre familiale suffisait », nous confiait le
Gohonon.
Avec la colonisation, les habitants étaient contraints,
d'envoyer le 1/3 de leur récolte au chef canton installé à
Abomey. De ce fait, il fallait accroître la production pour satisfaire
aux exigences des colons, mais également aux besoins de la famille.
C'est ainsi que les paysans développaient une stratégie
d'entraide appelée « so », pour pouvoir emblaver une grande
superficie. C'était là une forme de solidarité et de
communion. De plus en plus, les récoltes devenaient assez importantes.
Alors, l'utilisation trop forte de la main-d'oeuvre familiale amenait les chefs
ménages à emblaver une grande superficie. Cependant, à la
récolte des difficultés subsistent. Vint alors l'idée de
retourner aux villages d'origine pour chercher
des ouvriers. Exceptionnellement, c'étaient les femmes
qui servaient d'ouvriers agricoles « joko ». De toute
évidence, cela engendrait des problèmes conjugaux. Alors, il
était interdit aux hommes de courtiser la femme d'autrui venue pour la
récolte.
Il y a 40 ans, l'introduction de la culture du coton et avec
la croissance sans cesse du nombre de bouches à nourrir, et le
désir ardent des paysans d'emblaver assez de superficies, le recrutement
des bras valides pour les travaux lourds était devenu
inéluctable. Le nombre d'ouvriers augmentait donc de jour en jour
jusqu'à la chute de la culture du coton, il y a 15 ans. Toutefois dans
tous les ménages étudiés, le travail agricole mobilise
l'ensemble du ménage, aussi ont-ils recours à la force de travail
externe (entraide et salariat) pour faire face aux exigences des
différentes cultures, mais également pour respecter le calendrier
cultural.
5.2. Modes de production
5.2.1. Calendrier agricole
Il est le reflet des caractéristiques culturales du
milieu. Il indique les différentes opérations culturales en
fonction des périodes de l'année, et suivant chaque
spéculation. (cf. tableau n°7).
De l'analyse de ce tableau, il ressort que le
défrichement commence le mois de février et prend fin en mars,
lors de la première saison des pluies. Rares sont les paysans qui font
le défrichement en deuxième saison.
Le labour commence avec les premières pluies, aussi
bien en grande qu'en petite saison pour toutes les cultures. Pour le coton, le
labour se déroule vers début juin et peut durer un (01) mois,
selon les exigences de la spéculation. La question du semis à
bonne date oblige. A cette opération est généralement
associé, le semis surtout lorsque les paysans sont confrontés
à la contrainte temps. Le semis bénéficie du plus grand
soin car de la levée des plants, dépend le rendement de la
production.
Les différentes cultures bénéficient d'un
seul sarclage sauf le maïs et le coton, car ces deux spéculations
sont très sensibles à la compétition des adventices. Ces
deux cultures bénéficient également d'engrais chimiques.
Le NPK pour le maïs, et le NPK et l'urée pour le coton. Toutefois,
certaines cultures maraîchères bénéficient
également d'engrais chimiques.
Lorsqu'on parle de démariage, dans bien des cas, il
s'agit d'une activité destinée au coton et qui se déroule
seulement 3 jours après la levée. Le buttage est effectué
pour les cultures à cycle long, telles que le coton et le manioc.
Pour lutter contre les parasites, le traitement phytosanitaire
est appliqué au coton et au niébé. La pulvérisation
a lieu 5 fois pour le niébé. La première s'effectue 1mois
après le semis. Les autres traitements se font ensuite toutes les
semaines (4 fois). Les PCS sont appliqués sur le coton 6 fois durant son
cycle de vie. Le premier traitement a lieu dans ce cas 1 mois 15 après
semis, et les autres applications tous les 15 jours suivants (5 fois).
La récolte a lieu trois (03) mois après semis du
maïs et de l'arachide pour ce qui est des variétés
cultivées dans le milieu. Elle se fait deux (02) mois après semis
du niébé et parfois un (01) mois et demi (1/2) en petite saison
des pluies pour la variété "Kplobè". Celle du coton
commence 4 mois après semis tandis que le manioc est
récolté 12 mois après. Le soja est semé en petite
saison des pluies et dure 4 mois.
A la lecture du tableau, on se rend compte qu'il n'y a pas une
démarcation entre la grande saison des pluies et la petite saison
pluvieuse. Il y a chevauchement de plusieurs activités dans un
même mois. Ce sont les mois de pointe. On peut citer parmi ceux-ci, les
mois de juin et de juillet dans la mesure où s'y déroulent les
récoltes de la première saison, et les travaux de
préparation de sol pour la 2e saison pluvieuse avec un cachet
particulier pour la culture du coton.
5.2.2. Outils de production et pratiques culturales
Les outils de production sont essentiellement de type
traditionnel. Ce sont en grande partie les houes (en moyenne 4,3
houes/ménage). On retrouve également les coupe-coupe (1,69
coupe-coupe/ménage), les faux (1,27faux/ménage) et les haches
(0,33 haches/ménage) ainsi que des pulvérisateurs (0,31
pulvérisateurs/ménage). Les pulvérisateurs sont
traditionnels et parfois modernes.
Les paysans préfèrent les successions culturales
pour bénéficier des arrières effets de certaines cultures.
C'est ainsi qu'après le niébé, ils font sur la même
parcelle soit le coton, le
maïs ou soit le soja. Après le coton, ils font le
maïs et après l'arachide le maïs est cultivé. Le soja
est cultivé après le maïs. Le soja, le niébé
et l'arachide sont considérés par les paysans comme étant
des fertilisants.
L'association culturale est pratiquée dans le but de
minimiser les besoins en main- d'oeuvre. C'est ainsi que le manioc est
associé au maïs, ou à l'arachide ; l'arachide au maïs;
et une variété de niébé (Kplobè) au
maïs compte tenu de la courte durée du cycle (45 jours) de cette
variété de niébé.
5.3. Production
5.3.1. Agriculture
Elle est la principale activité des habitants de
Dridji, et occupe 87,78% de la population enquêtée et constitue
une activité secondaire pour 12,22%. Cela dénote de l'importance
de cette activité dans le milieu rural.
Le maïs (zea mays) est la principale
spéculation produite par les ménages. Elle est cultivée
dans tous les ménages enquêtés. Le maïs constitue
l'aliment de base des populations. Elle est cultivée aussi bien en
première saison des pluies qu'en deuxième saison des pluies.
L'année dernière, cette spéculation a occupé 37,27%
des terres cultivables en grande saison des pluies et seulement 5,43%en petite
saison des pluies. Ce faible taux de culture en petite saison s'explique par
l'engouement des producteurs pour la culture du coton et du
niébé. Aussi, le retard dans l'installation des pluies en
deuxième saison en est la cause car le maïs est une culture
exigeante en eau.
La deuxième spéculation après le
maïs est le coton (Gossypium hirsutum). C'est la principale
culture de rente. Elle est pratiquée par 50% des ménages et a
occupé une superficie de 94,8 ha la campagne dernière et
représente 18,32% des terres cultivables. Cette culture
bénéficie de l'appui technique du CeRPA. Cependant, les
problèmes que connaît la filière sur le plan national
amènent les producteurs à laisser cette culture au profit du
soja. Selon les paysans la caution solidaire est pour beaucoup dans cette chute
du coton.
Le niébé (Vigna unguiculata) est la
troisième spéculation cultivée dans ce milieu. Elle a
occupé 16,21% des terres cultivables et est cultivée dans 74,44%
des ménages. Compte tenu
des difficultés de conservation, le niébé
est vite vendu. Toutefois, certains paysans grâce aux PCS du coton
arrivent à le conserver pour la vente en période de soudure.
La deuxième culture de rente pratiquée est
l'arachide (Arachis hypogea). En 2004- 2005 elle a été
pratiquée par 52,22% des ménages enquêtés. Sa
culture représente 12,84% des terres cultivables.
Le soja (Glycine max) prend de plus en plus d'ampleur
compte tenu du faible taux d'attaques des ravageurs selon les paysans. Elle est
une nouvelle culture introduite dans le milieu par le CeRPA. Elle a
occupé 2,15% des terres cultivables et est cultivée dans 16,66%
des ménages. La durée du cycle courte (4 mois) par rapport au
coton est également un atout surtout qu'il peut générer
des ressources allant jusqu'à 310 FCFA le Kg en période de
soudure.
D'autres cultures, à savoir le manioc et les cultures
maraîchères sont également pratiquées dans le
milieu. La vente des produits agricoles est la principale source de revenu des
ménages. Cette vente se déroule, aussi bien au champ, qu'à
la maison et aux marchés environnants (Dan, Bohicon, Abomey...).
Le prix de vente des produits varie suivant la saison mais
également, suivant que les produits soient envoyés dans les
marchés ou qu'ils soient vendus à la maison. C'est ainsi que
certains produits comme les racines de manioc sont vendus la plupart du temps
au champ. Le manioc est vendu au marché sous la forme transformée
(gari). Aussi, certaines cultures céréalières (maïs)
sont-elles vendues au champ, dans des cas de besoins urgents de
liquidité. Tableau n° 8: Prix de vente des
produits agricoles suivant les saisons
Spéculations
|
Grande saison
|
Petite saison
|
Période de soudure
|
|
Pluvieuse (FCFA/Kg)
|
pluvieuse (FCFA/Kg)
|
(FCFA/Kg)
|
Maïs
|
120
|
100
|
250
|
Niébé
|
180
|
160
|
200
|
Arachide
|
200
|
180
|
250
|
Coton
|
-
|
185
|
|
Soja
|
175
|
225
|
310
|
Source : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005
5.3.2. Elevage
La vente des produits de l'élevage constitue
également une forme très importante de mobilisation du
capital. Cette activité se pratique secondairement et mobilise
35,55% de la population enquêtée. Il s'agit de l'élevage
traditionnel très extensif.
L'élevage des volailles occupe une place de choix parmi
les animaux destinés à cette activité. En effet, la
volaille constitue l'animal type pour les sacrifices, les fêtes, les
cérémonies et l'accueil d'étrangers importants. Le cheptel
aviaire constitue également une épargne sur pied qui permet
à la famille de faire face à des besoins immédiats
d'argent. Cette activité contribue pour au moins 15% du revenu des
ménages qui la pratiquent. Les variations de prix observées
tiennent du fait que les produits d'élevage sont vendus suivant le sexe,
le poids, parfois la couleur du pelage et les périodes de vente. (cf.
tableau N°9).
Il y a également l'élevage des ovins, des
caprins et des porcins. Ces produits sont surtout vendus au marché mais
également, aux acheteurs venus directement de Bohicon, Abomey, Cotonou,
etc.
Tableau n°9: Prix de vente
des produits d'élevage
Type d'animaux
|
Mâle (FCFA)
|
Femelle (FCFA)
|
Poulets
|
1.100 - 2.500
|
600 - 1.000
|
Pintades
|
1.500 - 2.000
|
1.200 - 1.500
|
Canards
|
2.000 - 2.500
|
1.000 - 1.500
|
Ovins
|
12.000 - 20.000
|
12.000 - 15.000
|
Caprins
|
3.500 - 12.000
|
3.500 - 5.000
|
Porcins
|
7.000 - 30.000
|
7.000 - 20.000
|
Sources: Nos enquêtes de
terrain juillet - septembre 2005
5.3.3. Petit commerce
Il est l'activité principale de deux (02)
ménages de l'échantillon enquêté, et contribue pour
84% du revenu de ces ménages. Le commerce permet à ceux qui le
pratiquent d'accroître directement leurs revenus annuels, afin de
permettre une mobilisation plus facile de la maind'oeuvre salariée. Il
est accessoirement pratiqué par d'autres ménages. Il s'agit de la
vente des
produits de transformation agro-alimentaire, et des produits
manufacturés ainsi que le pétrole lampant. Les produits de
transformation sont généralement l'apanage des femmes. Les
produits concernés par l'activité de transformation sont
notamment le niébé, l'arachide, le manioc, le maïs et le
soja. Le niébé par exemple est transformé en kowé,
le maïs en akassa et aboté, le manioc en gari et tapioca,
l'arachide en huile d'arachide et en kluiklui, le soja en fromage et
moutarde.
Néanmoins on retrouve les hommes au niveau de certaines
activités spécifiques de transformation telle que la
préparation de l'alcool à partir du vin de palme.
5.3.4. Chasse
La pratique de cette activité dépend surtout de
l'âge et du sexe des habitants. Elle est destinée exclusivement
aux hommes et surtout aux jeunes. Elle permet de générer des
réserves de capitaux (8,22%) dans la mesure où la chasse n'est
pas faite pour pallier les besoins pressants d'argent. Lorsqu'il arrive qu'un
paysan revienne de la chasse avec du gibier, il préfère le vendre
que de le consommer. On peut citer comme gibiers, le lièvre, l'aulacode,
la biche, le francolin, etc.
5.3.5. Carbonisation
Elle est à l'origine de la destruction de la
végétation naturelle. Elle implique aussi bien les hommes que les
femmes. Cette activité connaît un essor du fait de la
facilité de fabrication du charbon et de la chute du coton. A
Kassèhlo un village proche de Dridji, Floquet (1996) pense que la
tendance va de l'agriculture vers la carbonisation, dans la mesure où
elle contribue pour 23 à 24% du revenu des ménages. A Dridji, ce
n'est pas encore le cas, car seulement 5,55% de notre échantillon
s'adonnent à cette activité qui contribue pour 10% du revenu de
ces ménages. Mais des voies et moyens doivent être trouvés,
pour freiner le développement de cette activité ; quand on sait
ses conséquences néfastes sur la biodiversité.
Comme activité pratiquée dans le village, on peut
également citer : la mécanique, la menuiserie, la
maçonnerie, le manoeuvrage et la conduite de taxi moto
"Zémidjan"
Tableau n°10: Variation des
prix du charbon par sac de 100 Kg
Lieu de vente Saison sèche (FCFA) Saison pluvieuse
(FCFA)
Lieu de fabrication 600 - 800 1.000
Au bord de la route 1.000 - 1.200 1.500 - 1.800
Source: Nos enquêtes de
terrain juillet - septembre 2005
5.4. Caractéristiques socio-économiques des
ménages
5.4.1. Composition des ménages
En se fondant sur le critère de présence ou non
des chefs de ménage, d'enfants, d'épouses ou de
collatéraux, on distingue à Dridji trois (03) catégories
de ménages comme l'indique le tableau suivant.
Tableau n°11 : Répartition de
la population enquêtée selon les catégories de
ménage.
Catégories de ménage
|
Effectif
|
%
|
Chef de ménage + épouse(s) + enfant(s)
(Cm1)
|
56
|
62,22%
|
Chef de ménage + épouse(s) + enfant(s)+
collatéraux (Cm2)
|
21
|
23,33%
|
Chef de ménage + enfant(s) + collatéraux
(Cm3)
|
13
|
14,45%
|
Total
|
90
|
100%
|
Source: Nos enquêtes de
terrain juillet - septembre 2005
|
|
|
Il ressort de l'analyse de ce tableau que la première
catégorie est majoritaire. Cette catégorie (Cm1) se compose du
chef de ménage, son (ses) épouse (s), et son (ses) enfant (s).
Elle est comparable à la famille nucléaire observée dans
les pays développés. La deuxième catégorie (Cm2) se
distingue de la première par la présence de collatéraux.
Dans ce cas, les collatéraux sont surtout les ascendants. Ce fait est le
reflet de la cohésion sociale, caractéristique du plateau
d'Abomey. C'est ainsi qu'à un certain âge, les personnes
âgées sont récupérées par leurs
progénitures qui assurent leurs besoins quotidiens. Néanmoins une
inquiétude subsiste. La présence de collatéraux au sein
d'un ménage est-elle vraiment le signe d'une cohésion sociale?
Répondre par l'affirmatif est trop osé si l'on sait que certains
chefs
ménages, attirent vers eux des jeunes
désoeuvrés, capables d'être utilisés comme
maind'oeuvre dans leurs champs. « Pour pallier les besoins de la
main-d'oeuvre, on peut faire appel à ses parents demeurés au
village dans l'oisiveté» nous rétorquait un paysan. La
troisième catégorie (Cm3) représente 14,45% des
ménages de l'échantillon, et est composée du chef de
ménage qui peut être soit un homme, soit une femme, des enfants et
des collatéraux. Lorsque le chef de ménage est un homme, il est
soit divorcé ou veuf. Lorsqu'il est une femme alors, elle est soit veuve
ou soit son mari est absent du foyer. La présence de collatéraux
dans ces types de ménage se trouve être un moyen de combler un
vide créé par le départ du ou (la) conjoint(e). Le chef de
ménage dans ce cas fait appel à ses frères ou soeurs ou
autres parents proches, dans le but d'avoir plusieurs actifs dans le
ménage.
5.4.2. Ethnie, origine des ménages
Tous les ménages enquêtés de notre
échantillon sont d'origine fon. Le chef de ménage est soit
autochtone ou allochtone suivant qu'il ait des relations de parentés
directes avec le Gohonon6. On retrouvera donc 23 allochtones contre
67 autochtones. En se référant au graphique n°2 on remarque
que, les allochtones ont tendance à avoir moins de collatéraux
dans la mesure où ils disposent de peu de terres cultivables. C'est
seulement des descendants d'allochtones qui ont hérité de terres
(cf. 5.1.2), qui ont de collatéraux dans leur ménage. Aussi,
note-t-on une forte proportion de la première catégorie chez les
autochtones car à un âge avancé, plusieurs personnes
préfèrent retourner dans leur village d'origine pour y passer
les vieux jours. Un paysan âgé nous faisait
comprendre qu'«il est mieux de mourir chez
soiqu'ailleurs».
6 Terme utilisé pour désigner le chef
hameau
Effectif
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Cm1 Cm2 Cm3
Type de ménage
Allochtone Autochtone
Graphique n° 5:
Différentes catégories de ménage à Dridji suivant
l'origine des chefs ménages
5.4.3. Ages et genre
Afin de mieux cerner les réalités sociologiques
du milieu, le critère âge du chef de ménage a
été introduit dans cette catégorisation des
ménages. L'âge moyen des chefs de ménage est de 44 ans. Il
y a 55,56% des chefs ménage dont l'âge est compris entre 20 et 44
ans. 34,44% des chefs de ménages ont un âge compris entre 45 et 64
ans. Enfin 10% des chefs ménage ont un âge supérieur
à 64 ans. Cette dernière catégorie est faible, et traduit
le comportement de migrants qui ont encore "un pied" dans leur village
d'origine. Le faible taux des âgés prouve qu'il s'agit d'une
société jeune.
On distingue de ce fait, trois types de ménages suivant
le cycle de vie des ménages à savoir les ménages jeunes en
début de cycle (20-44 ans), les ménages au milieu du cycle (45-
64 ans) et les ménages âgés en fin de cycle (> 64 ans).
Cette catégorisation des ménages a été
discutée à une assemblée générale avec les
producteurs.
En combinant le critère âge avec les
différentes catégories de ménage, le tableau n°12
montre que les ménages âgés en fin de cycle ne comportent
pas la catégorie Cm3. La catégorie Cm2 se retrouve beaucoup plus
dans le rang des ménages jeunes. La catégorie Cm1 se retrouve
chez les ménages jeunes en début du cycle et les ménages
au milieu du cycle.
Tableau n°12: Typologie des ménages
enquêtés suivant l'âge des chefs de ménages
Catégories d'âge
Catégories de ménage
|
Age
|
Total
|
20 - 44 ans
|
45 - 64 ans
|
> 64 ans
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Effectif
|
%
|
Cm1
|
24
|
26,67
|
25
|
27,78
|
7
|
7,78
|
56
|
Cm2
|
16
|
17,78
|
3
|
3,33
|
2
|
2,22
|
21
|
Cm3
|
10
|
11,11
|
3
|
3,33
|
0
|
0
|
13
|
Total
|
50
|
55,56
|
31
|
34,44
|
9
|
10
|
90
|
Source : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005
A Dridji, les femmes peuvent être également des
chefs de ménage. Dans notre échantillon, 6,67% des ménages
sont dirigés par des veuves et des femmes dont les maris sont absents du
foyer. Ces femmes jouent un rôle très important dans l'utilisation
de la maind'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires.
5.4.4. Religions des enquêtés
Le village de Dridji est à dominance chrétienne.
En effet, 53,33% des paysans enquêtés sont chrétiens ; les
animistes représentent 40% et les autres confessions religieuses 6,67%
(voir Graphique n°6).
53.33 %
6.67%
Animiste Chrétien Autre
40%
Graphique n°6 : Répartition
de la population enquêtée suivant la religion.
Cependant, l'appartenance a une religion varie d'un hameau
à un autre. A Tèzounkpa par exemple 83,3%, de la population
enquêtée sont animistes. C'est surtout à Asségon
qu'il y a une forte christianisation des habitants (83,3% des ménages
enquêtés). La présence d'une église catholique
à Asségon en témoigne. A Kindogon cette christianisation
(55,6% des enquêtés) est moindre par rapport à
Asségon car les populations sont obligées de se déplacer
vers Daanon kpota un hameau voisin pour se rendre à l'église. Le
mouvement de christianisation a démarré vers les années
1960 et est devenu massif aujourd'hui. Une conséquence directe de cette
situation est la monogamie. 66,33% des ménages sont monogames, contre
33,67% qui sont polygames. Cette monogamie tient une place de choix dans les
problèmes de mobilisation de la main-d'oeuvre. La monogamie
entraîne parfois des ménages d'effectifs réduits et par
conséquent, un faible nombre d'actifs agricoles.
40.00%
30.00%
20.00%
90.00%
80.00%
70.00%
60.00%
50.00%
10.00%
0.00%
Animiste Chrétien Autres
Religion
Têzounkpa Asségon Kindogon
Graphique n°7 : Répartition
des populations de Tèzounkpa, d'Asségon et de Kindogon suivant la
religion.
5.4.5. Taille des ménages et nombre d'actifs
agricoles
Dans le milieu d'étude, la taille moyenne des
ménages est de 7 avec 4 actifs agricoles. Le nombre d'actifs agricoles a
été déterminé grâce au tableau de conversion
de Norman (voir tableau n°13).
Tableau n°13 : Equivalent-homme
|
|
|
|
Classe
|
Age
|
Equivalent
|
homme-jour
|
Petit enfant
|
Moins de 7 ans
|
|
0
|
Grand enfant
|
7 - 14 ans
|
|
0,5
|
Femme adulte
|
15 -64 ans
|
|
0,75
|
Homme adulte
|
15 - 64 ans
|
|
1
|
Femme adulte
|
65 ans et plus
|
0,5
|
|
Homme adulte
|
65 ans et plus
|
0,5
|
|
Source: Olagoke (1982) cité
par Affomassè (1990)
Dans le cadre de notre étude, nous entendons par actif
agricole l'équivalent d'un homme adulte dont l'âge est compris
entre 15 et 64 ans, et qui travaille durant 6 heures de temps par jour. Le
nombre d'heure de travail est déterminé en tenant compte de la
variation du temps de travail dans ce milieu. Certains paysans font 4 heures de
travail le matin et 3 heures le soir ; soit, au total 7 heures de temps par
jour. D'autres par contre font 3 heures le matin et 2 heures le soir ; soit, 5
heures par jour. Il est alors retenu une moyenne de 6 heures de travail par
jour.
Ce faible nombre d'actifs agricoles dans bien des cas agit
négativement sur la production agricole. De ce fait, la relation
établie entre la superficie emblavée et le nombre d'actifs
agricoles par la méthode de régression simple de type Y = a + bX
où Y désigne la superficie emblavée par ménage et X
le nombre d'actif par ménage avec a = 0, indique bien que la superficie
emblavée dépend du nombre d'actifs agricoles. Cette
corrélation positive correspond à l'un des postulants de
Tchayanov (Harrison, 1975). L'auteur postule que c'est la taille du
ménage, c'est-à-dire le nombre d'actifs qui détermine la
taille de l'exploitation (superficie emblavée par le ménage).
5.4.6. Niveau d'instruction des chefs de ménages
Le niveau d'instruction des chefs ménages est
également à l'origine des problèmes de gestion de la
main-d'oeuvre. Il y a un faible taux de scolarisation dans le village. 70% des
ménages enquêtés sont analphabètes. Seulement 30%
sont instruits en langue française avec 21,11% d'un niveau primaire et
8,89% d'un niveau secondaire. Les hameaux enquêtés n'ont pas
encore accès à l'alphabétisation en langue locale
initiée par le PDRT dans le village, car ces cours sont
centralisés dans Dridji-centre.
6. GESTION DE LA MAIN-D'OEUVRE DANS L'EXECUTION DES
OPERATIONS AGRICOLES
6.1. Différentes formes de main-d'oeuvre
utilisées et types de producteurs
La main-d'oeuvre est un facteur qui engendre souvent des
contraintes pour l'agriculture au niveau des paysans en milieu tropical.
Cette situation s'explique par le fait qu'en Afrique subsaharienne,
l'économie est de type cueillette, car rythmée par le climat. En
effet, le porte feuille des activités se calque sur les
opportunités qu'offrent chaque saison. On assiste de ce fait, à
une concentration des opérations étant entendu que la saison ne
dure pas indéfiniment. A cela, s'ajoute la faible productivité du
travail parce que non spécialisé et manuel. Tout ceci, exacerbe
la demande de main-d'oeuvre qui connaît des pics, mais aussi des bas.
A Dridji, pour résoudre les problèmes liés
à ces contraintes, les paysans combinent plusieurs types de
main-d'oeuvre : familiale, salariale et l'entraide.
6.1.1. La main d'oeuvre familiale
L'utilisation de la main-d'oeuvre familiale (MOF)
dépend du type de producteur, elle est la première forme de
main-d'oeuvre utilisée. A Dridji, un actif emblave en moyenne 1,56
ha/an, et ceci pendant 6 heures de travail par jour durant les activités
champêtres.
Ce type de main-d'oeuvre est utilisé par tous les
ménages. Cela montre l'attachement des paysans à
l'activité champêtre. Ceci prouve également l'importance de
l'agriculture pour la survie des populations rurales.
Aujourd'hui même ceux qui ont accumulé de la
richesse et ceux qui emblavent de grandes superficies ont toujours recours
à cette force de travail. Elle paraît plus efficace. Son
efficacité selon les paysans tient au fait que les techniques culturales
sont transmises de génération en génération. Le
coût de formation de l'apprenant est nul et ce dernier contribue à
l'accroissement des revenus du ménage. Il s'agit du « learning by
doing ». Elle est plus disponible sauf dans les ménages où
il y a beaucoup d'enfants qui vont à l'école. Cependant, ces
derniers se rendent disponibles les week-end et les périodes de vacances
ou de congés. Cette main-d'oeuvre n'est pas
rémunérée. Aho et Kossou (1997) pensent que l'esprit de
l'entreprise agricole traditionnelle n'admet pas le
gestionnaire et les membres de son ménage, comme étant des
acteurs de production dont l'intervention a un prix. Le responsable du domaine
familial peut ainsi payer des charges de main-d'oeuvre agricole à des
personnes sollicitées sur le domaine, mais il ne peut se payer
lui-même, ni rétribuer les membres de son ménage pour les
services rendus à l'exploitation. C'est une manière pour les
paysans d'effacer l'intérêt particulier de l'individu devant
l'intérêt de la collectivité. Le seul contrat qui lie les
membres du ménage au chef ménage est qu'il doit assurer leur
subsistance. Ce fait est souvent à l'origine de l'exode rural et du
détachement précoce des jeunes qui deviennent
indépendants. Ceci entraîne donc une pénurie de
main-d'oeuvre au sein des ménages.
48,89% de la population enquêtée estiment que la
main-d'oeuvre familiale est dominante sur leurs exploitations, et elle
constitue exclusivement la forme de main-d'oeuvre utilisée par 7,77% de
la population enquêtée. 47,73% de ceux qui pensent que la
maind'oeuvre familiale est dominante sur leurs exploitations, proviennent des
petits producteurs, 45,45% proviennent des moyens producteurs tandis que 6,82%
proviennent des gros producteurs. Ceci s'explique par le fait que les petits et
les moyens producteurs disposent de peu de terres à emblaver. La
quantité de main-d'oeuvre familiale disponible suffit dans une certaine
mesure, pour assurer l'entièreté du travail agricole.
L'utilisation de la main-d'oeuvre familiale diminue des petits producteurs aux
gros producteurs.
6.1.2. L'entraide
L'utilisation de l'entraide dépend de l'âge du
producteur. Elle est utilisée par 32,23% de la population
enquêtée. L'entraide (E) exprime les relations de cohésion
sociale qui existent entre les différents maillons d'une couche sociale.
Lors de l'entraide, les paysans de façon rotatoire s'échangent la
main-d'oeuvre familiale. Elle est « un échange de travail qui ne
modifie pas le nombre des actifs participant à la production sur
l'exploitation, même si elle peut avoir des conséquences
importantes sur le fonctionnement des exploitations » (Memento, 2002). Au
delà de cet échange de travail, c'est également un
témoignage de solidarité vis-à-vis de son partenaire. Ce
type de main-d'oeuvre présente un seul type de contrat, le respect de la
parole donnée.
Quand un producteur bénéficie de la prestation
de service d'un groupe donné il doit en retour travailler
ultérieurement pour les autres. Cette forme de main-d'oeuvre se
déroule au sein d'une catégorie d'âges de producteurs et
non d'une catégorie d'âge à une autre. Et la reconnaissance
de son appartenance à la communauté, à la classe de cette
communauté en l'occurrence.
Tableau n°14 : Répartition
des populations utilisant l'entraide en fonction du cycle de vie des
ménages
Type de main 20-44ans 45-64ans > 64ans
d'oeuvre Effectif % Effectif % Effectif %
Total
Entraide 20 (69,0%) 09 (31,0%) 0 (0,0%) 29
Source : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005
L'analyse de ce tableau montre que les ménages
âgés n'utilisent pas l'entraide. Ils l'ont certainement
utilisée quand ils étaient plus jeunes. Aujourd'hui, ils ne le
font plus parce qu'ils ne disposent plus assez de force pour les travaux
champêtres. Cette forme d'échange de main-d'oeuvre est
réservée surtout aux plus jeunes (69%), et certains
ménages au milieu du cycle de vie (31%). Les personnes
âgées pensent que cette forme de main-d'oeuvre est en voie de
disparition, car elle source de querelles au sein des jeunes. Un échange
de main-d'oeuvre d'un ménage au milieu du cycle avec un ménage
jeune au début du cycle engendre, parfois des conflits.
L'aîné peut donc refuser de rembourser le travail reçu au
plus jeune et vis-versa. L'utilisation de l'entraide augmente des
ménages âgés aux ménages plus jeunes
Lorsqu'elle est utilisée, elle n'est pas exclusive et
est donc combinée soit à la main d'oeuvre familiale (5,55% de
ceux qui l'utilisent), soit à la main d'oeuvre familiale et la main
d'oeuvre salariée (26,68% de ceux qui l'ont adoptée) (cf. graphe
n°8)
Répartition de la population suivant le type
de main d'oeuvre
26,68% 7,77%
5,55%
MOF MOF+MOS MOF+E MOF+MOS+E
60%
Graphique n°8 : Les types de
main-d'oeuvre utilisée.
6.1.3. Main-d'oeuvre salariée
Elle intervient lorsque la main-d'oeuvre familiale est
insuffisante (Biaou, 1995). La main-d'oeuvre salariée (MOS) constitue un
casse-tête pour les populations de Dridji dans la mesure où sa
mobilisation présente d'énormes contraintes liées à
sa disponibilité. Elle donne lieu à un véritable
réseau de négociation. Seulement 30% de cette main-d'oeuvre est
locale. Elle est utilisée par 86,68% des ménages
enquêtés, et représente la forme dominante de maind'oeuvre
dans 51,11% des ménages. 100% des gros producteurs utilisent ce type de
maind'oeuvre, 90,9% des producteurs moyens l'utilisent contre 79, 07% des
petits producteurs. Ceci s'explique par le fait que les gros producteurs
disposent de grandes superficies à emblaver. Aussi ont-ils
déjà accumulé une certaine richesse qui leur permet
d'engager facilement la main-d'oeuvre salariée. L'utilisation de la
main-d'oeuvre salariée diminue des gros producteurs aux petits
producteurs. Lorsqu'elle est utilisée, elle est soit combinée
à la main-d'oeuvre familiale (60% de ceux qui l'utilisent), soit
combinée à la main-d'oeuvre salariée et à
l'entraide (26,68%) comme l'indique le graphe n°8. Son coût varie
suivant les opérations culturales. Le tableau n°15 indique le
coût des différentes opérations culturales par ha de terre
emblavée.
Tableau n°15 : Coût des
différentes opérations culturales par ha
Activités
|
Toutes les cultures
|
Coton
|
Toutes les cultures
|
Coton
|
Défriche- ment
|
Labour
|
Semis
|
Démari age
|
Sarclag e
|
Epandage
|
Pulvé risation
|
Rebu- tage
|
Récolte 1 seul passage
|
Récolte double
|
Prix en FCFA/ha
|
|
16500
|
13500
|
3750
|
3000
|
8250
|
3750
|
3000
|
9750
|
12000
|
5000
|
Source : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005
+ Les types d'ouvriers
La catégorisation des ouvriers est fonction du contrat qui
lie l'ouvrier au producteur. On distingue deux types d'ouvriers : les
occasionnels et les permanents.
1' Les occasionnels
Ils sont constitués majoritairement des ouvriers
salariés locaux (30%) et d'une faible proportion (11,9%) des ouvriers
salariés externes. Pour les premiers, cela se justifie par le fait
qu'ils vivent dans le village. Pour les seconds, il s'agit principalement
d'élèves, qui profitent des vacances pour se rendre dans d'autres
contrées, pour aller chercher de quoi préparer la rentrée.
Aussi trouve-t-on parmi les occasionnels, des chefs ménages des villages
environnants de Dridji qui ont un besoin pressant d'argent (cas de maladie d'un
proche parent, tontine à payer, dette à rembourser, etc.). Les
occasionnels externes exercent ce métier pour juguler une crise
financière passagère. L'agriculture n'est pas forcément la
première activité de ceux-ci. On trouve parmi eux des
maçons, des menuisiers, des mécaniciens qui en absence de travail
se convertissent en ouvriers occasionnels. Au dire des paysans, les ouvriers
salariés locaux dans le cas d'espèce, sont plus efficaces car ils
ont tout le temps pour finir le travail. Par contre, les externes dans le but
de gagner beaucoup d'argent en peu de temps bâclent le travail.
Les occasionnels sont rémunérés à
la tâche. Le type de rémunération dans ce cas peut
être en espèce (25,72% des cas rencontrés), en
espèce plus nourriture (54,28% des cas), et en nature plus nourriture
(20% des cas). La dernière forme de rémunération
intervient pour les activités de récolte de cultures
vivrières. La tradition veut que l'ouvrier qui vient travailler soit
nourrit par l'employeur. C'est un signe d'hospitalité, mais
également un stimulant pour l'ouvrier. La nourriture n'est pas
comptabilisée dans la rémunération.
Cependant, face à la paupérisation grandissante,
il y a des paysans et surtout les petits producteurs qui payent uniquement en
espèce leurs ouvriers. Ce fait a des inconvénients sur la
mobilisation de la main-d'oeuvre, car des ouvriers ont fait savoir que le
métier ne serait plus rentable s'ils doivent sortir de l'argent de leur
poche pour se nourrir au moment du travail.
1' Les permanents
Les ouvriers salariés locaux ne se retrouvent pas dans
cette catégorie de main d'oeuvre. Elle est constituée uniquement
d'ouvriers externes (78,10% des ouvriers externes). Le titre de permanent est
fonction de la durée du séjour de l'ouvrier dans le village.
Lorsque le temps est relativement court, on parlera de semi-saisonnier et
lorsqu'il est long (toute la saison) on parlera de saisonnier. Les
semi-saisonniers sont en très forte proposition (80%) par rapport aux
saisonniers (20%). Cette faible proportion de saisonnier se justifie pour deux
raisons. On n'a pas de très grandes exploitations à Dridji.
Aussi, les paysans ne disposent pas de moyens pour supporter les charges
(nourritures, soins sanitaires en cas de maladie...) des saisonniers qui
arrivent parfois avec leur petite famille. Les permanents sont de
véritables cultivateurs. Le salariat est leur principale activité
(source de revenus). Ce sont surtout des agriculteurs sans terre qui se
déplacent vers d'autres régions pour y travailler. Des
saisonniers peuvent passer plusieurs mois dans un même village. Ce qui
peut faire d'eux des allochtones quelques années plus tard. Car, ils
peuvent bénéficier des terres de la part du Gohonon et y faire
leur propre champ.
Les permanents sont engagés la plupart du temps par les
gros producteurs. Ils sont rémunérés lorsqu'ils sont
semi-saisonniers à la tâche ; rémunérés
à la saison lorsqu'ils sont saisonniers. Pour les premiers, le type de
rémunération est la nourriture plus logement plus espèce
pendant toute la durée de leur séjour ; tandis que pour les
seconds, le type de rémunération diffère du premier par la
prise en charge des soins sanitaires de l'ouvrier lorsqu'il est malade. Ce
comportement trouve sa justification dans les propos d'un producteur «
si tu engages un ouvrier, il vit sous ton toit. Supposons un instant qu'il
tombe malade et tu ne le soignes pas. S'il meurt tu seras responsable et tu
iras répondre au commissariat. Tu peux t'attirer des ennuis. S'il tombe
malade et tu ne le soignes pas, c'est le travail dans ton champ qui va
s'arrêter, la pluie ne t'attendra certainement pas ». Ces
propos témoignent non seulement, de la valeur qu'attachent les paysans
à la vie humaine ; mais sur d'une politique rationnelle pour atteindre
les objectifs de la campagne. C'est certainement là, une
stratégie de bonne gestion de la ressource dont le paysan s'approprie
les services.
Toutefois, en acceptant de loger, de nourrir, de soigner un
ouvrier permanent en plus du cash qu'il reçoit, le producteur ne
perçoit pas qu'il dépense plus que lorsqu'il s'agit d'un ouvrier
occasionnel. C'est une preuve que les producteurs ne valorisent pas
correctement les ressources productives.
+ La provenance des ouvriers
La carte n°4 présente le flux de la main-d'oeuvre
extérieure. 97,65% des ouvriers salariés externes sont d'origine
fon, contre 2,35% qui sont Adja. Ce taux élevé des fons se
justifie pour plusieurs raisons. La majorité des ouvriers proviennent
des villages d'origine des habitants de Dridji. 37,65% des ouvriers externes
proviennent de Tindji (Commune de Zakpota) village d'origine des habitants de
Tèzounkpa, 10,58% proviennent de Avogbanan (Commune de Bohicon), village
d'origine des habitants de Asségon, 3,53% viennent de Fonkpamè
(Commune de Djidja), village d'origine des habitants de Kindogon. Au total
51,76% des ouvriers enquêtés proviennent des villages d'origine
des populations de Dridji. Pour les paysans, la confiance est un facteur
déterminant dans le choix des ouvriers. Selon un paysan rencontré
« quelqu'un que tu dois héberger pour les travaux
champêtres doit être
proche de toi, si non il risque de te dévaliser la
nuit et partir. Tu iras le chercher où ? ». Ce n'est pas la
seule raison qui motive les paysans pour recourir aux proches parents pour les
travaux agricoles. Les difficultés de recrutement de la main-d'oeuvre
les y obligent également.
Autant les paysans sont à la recherche d'ouvriers
salariés, autant les ouvriers sont à leur tour à la
recherche des travaux agricoles. Cependant les raisons diffèrent. Si
produire plus est la principale raison des chefs ménages, elle est toute
autre chez les ouvriers. Le déplacement de la ville (Abomey et Bohicon
par exemple) vers la campagne à cause de la pression
démographique, amène les paysans à aller vers les
profondeurs du pays pour servir de main-d'oeuvre. Le nombre de bouches à
nourrir élevé amène d'autres à opter pour le
salariat. L'insécurité foncière galopante dont sont
victimes certains paysans, les oblige également à se
déplacer pour servir de main-d'oeuvre ailleurs. Un ouvrier agricole nous
a confié ce qui suit :
Encart n°2
Je suis arrivé de Tindji, c'est le village de ma
femme. Au fait moi même je suis originaire de Mougnon (Commune de
Djidja). Dans ce village, j'ai hérité des terres de mon
père avec mes frères. En réalité, je suis seul
enfant à ma mère, j'ai été donc lésé
dans le partage des terres alors que j'ai plus de charges qu'eux tous. Ma
première femme vient de Mougnon comme moi et elle m'a fait sept (07)
enfants, la seconde vient de Tindji et elle en a fait six (06). Je n'arrivais
plus à couvrir les besoins de mon ménage. Alors, le père
de ma petite femme qui est un propriétaire terrien à Tindji m'a
demandé de le rejoindre. Il m'a donné de terres que je labourais
avec ma petite femme et ses enfants. J'ai dû abandonner les autres
enfants avec leur mère au village. Tout allait bien jusqu'au
décès de mon beau-père. Mes beaux-frères ont alors
décidé de m'arracher les terres. J'ai résisté mais
ils
s'organisaient pour détruire tout ce que je semais
et également pour me dévaliser. Alors j'ai cédé, je
me suis mis dans le salariat. Il m'est déjà arrivé d'aller
jusqu'à Banikoara dans les champs de coton pour servir de
main-d'oeuvre.
|
Ces propos prouvent bien, jusqu'à quel point les
difficultés de survie, sont les raisons fondamentales du travail
d'ouvrier agricole adopté par certains paysans.
Lorsque qu'il arrive que les ouvriers quittent
spontanément leur village à la recherche de travaux agricoles,
ils se rendent directement vers les habitants supposés être du
même village d'origine qu'eux. Une fois chez les paysans, les ouvriers
pourront se déplacer vers d'autres producteurs lorsque leurs parents
proches n'ont pas besoin d'ouvriers pour les travaux agricoles. En agissant
ainsi, l'ouvrier montre son attachement à ses frères qui ont
migré. Il pourra de ce fait, négocier par exemple ces honoraires
ou des emprunts qu'il remboursera plus tard.
On retiendra que la Commune de Za-kpota est la zone la plus
productrice de maind'oeuvre salariée au village de Dridji (57,65%),
viennent ensuite successivement Bohicon (21,58%) ; Djidja (9,71%), Abomey
(5,85%) ; Klouékanmè (2,35%), Agbangnizoun (2,85%) (voir
graphique n°9).
21,58%
9,71%
5,85%2,35%2,85%
Za-kpota Bohicon Djidja Abomey Klouékanmè
Agbangnizoun
57,65%
Graphique n°9 : Provenance de la
main d'oeuvre salariée externe
6-2 Opérations culturales et main-d'oeuvre
agricole
Selon Aho et Kossou (op. cit) « les opérations les
plus importantes dans la mise en culture des terres sont le
défrichement, le labour, le pseudo-labour, l'ameublissement superficiel
et le hersage ». A Dridji, la préparation du sol consiste à
faire le défrichement et le labour. Le choix du type de main-d'oeuvre
à utiliser pour une opération donnée tient compte de son
expertise.
Alokpai (2002) pense que les paysans préfèrent
certaines formes de main-d'oeuvre pour les opérations. Ce constat est
fait également à l'analyse du tableau n°16.
Tableau n°16 : Opérations
culturales et types de main-d'oeuvre utilisée
Opérations culturales
|
MOF
|
MOS
|
MOF+MOS
|
MOF+E
|
MOF+MOS+E
|
Défrichement
|
25,8%
|
6,7%
|
53,9%
|
6,7%
|
6,7%
|
Labour
|
12,4%
|
3,4%
|
55,1%
|
10,1%
|
19,1%
|
Semis
|
80,9%
|
0,0%
|
15,7%
|
1,1%
|
2,2%
|
Sarclage
|
41,6%
|
4,5%
|
37,1%
|
12,4%
|
4,5%
|
Epandage
|
86,2%
|
0,0%
|
3,8%
|
10,0%
|
0,0%
|
Pulvérisation
|
86,66%
|
13,34%
|
0,0%
|
0,0%
|
0,0%
|
Récolte
|
76,4%
|
0,0%
|
18,0%
|
4,5%
|
1,1%
|
Transport
|
78,0%
|
0,0%
|
17,2%
|
3,8%
|
1,0%
|
Source : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005.
De l'analyse du tableau, il ressort que la combinaison de la
main-d'oeuvre salariée à la main-d'oeuvre familiale est plus
utilisée sauf pour les opérations de semis, d'épandage, de
traitement phytosanitaire, de récolte et de transport. En d'autres
termes, cette combinaison est plus utilisée pour les travaux lourds.
Le ranking réalisé avec les ouvriers
enquêtés pour déterminer le degré de sollicitation
pour chaque opération, a montré que 24 ouvriers sur 30 placent le
labour comme l'activité pour laquelle, ils sont le plus
sollicités. Viennent ensuite le défrichement et le sarclage au
3è rang. Pour les producteurs, ces activités sont difficiles
à réaliser et nécessitent une importante quantité
de main-d'oeuvre. Quand aux ouvriers, ce sont les activités les plus
rémunératrices ; c'est pourquoi ils préfèrent faire
ces opérations culturales. La 4è activité pour
laquelle les ouvriers sont le plus sollicités est la récolte. Les
ouvriers sont moins sollicités pour le traitement phytosanitaire car
pour les producteurs, de l'application correcte des produits dépend le
rendement de leurs cultures ; alors qu'il se fait que les ouvriers
bâclent le travail. Aussi la plupart des paysans (86,66% de notre
échantillon), estiment qu'il s'agit d'une opération qui ne
nécessite pas beaucoup d'efforts physiques. De ce point de vue, ils
préfèrent eux-même se charger de la pulvérisation de
leurs cultures. Les ouvriers sont également moins sollicités pour
le démariage, le semis et l'épandage. Il s'agit des
opérations légères, laissées souvent à la
charge des enfants au sein des ménages. Ces résultats sont
consignés dans le tableau n°17, qui présente le degré
de sollicitation des 30 ouvriers enquêtés.
Tableau n°17 : Degré de
sollicitation des ouvriers pour les activités culturales
Opérations culturales rang
|
Défriche Ment
|
Labour
|
Semis
|
Sarclage
|
Déma riage
|
Epan dage
|
Pulvéri sation
|
récolte
|
1er
|
2
|
24
|
1
|
2
|
0
|
0
|
0
|
1
|
2è
|
14
|
2
|
3
|
5
|
0
|
0
|
0
|
6
|
3è
|
5
|
0
|
0
|
16
|
1
|
1
|
0
|
6
|
4è
|
6
|
0
|
3
|
5
|
0
|
1
|
0
|
11
|
5è
|
0
|
0
|
5
|
2
|
3
|
2
|
0
|
6
|
6è
|
0
|
3
|
18
|
0
|
10
|
13
|
3
|
0
|
7è
|
3
|
1
|
0
|
0
|
8
|
6
|
12
|
0
|
8è
|
0
|
0
|
0
|
0
|
8
|
7
|
15
|
0
|
Total
|
30
|
30
|
30
|
30
|
30
|
30
|
30
|
30
|
Sources : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005.
6.2.1. Défrichement
Cette opération concerne toutes les
spéculations. Le choix du type de main-d'oeuvre à utiliser ne
dépend pas de la culture. Selon Adégbidi (2003), le
défrichement est certainement, la première activité
agricole réalisée après le choix du (des) lieu (x)
où devront être installées les futures cultures. Il
consiste à débarrasser le champ / la parcelle (potentiel / le) de
la brousse qui l'occupe, afin de le / la rendre propice à l'installation
des cultures. Cette activité est réalisée avec le faux et
dans certains cas avec la houe. La durée du défrichement
dépend de la densité de la brousse à détruire et
surtout, des essences dont elle est composée. Ainsi, plus il y a
d'essences arbustives et ligneuses, plus le défrichement est difficile
car il est manuel. De ce point de vue, les paysans préfèrent
combiner la main-d'oeuvre salariée à la main-d'oeuvre familiale.
C'est d'ailleurs la deuxième activité après le labour qui
nécessite plus d'ouvriers salariés. Cependant le choix du type de
main-d'oeuvre pour réaliser cette activité dépend de
l'âge du producteur (cf. tableau n°18).
Tableau n°18 : Type de main-d'oeuvre
utilisée par les chefs de ménage pour le défrichement
Types de main- d'oeuvre
|
20 - 44 ans
|
45 - 64 ans
|
> 64 ans
|
MOF
|
69,60%
|
30,04%
|
0,00%
|
MOS
|
66,70%
|
16,70%
|
16,70%
|
MOF+MOS
|
41,70%
|
41,70%
|
16,70%
|
MOF+E
|
50,00%
|
50,00%
|
0,00%
|
MOF+MOS+E
|
83,30%
|
16,70%
|
0,00%
|
Sources : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005.
La lecture du tableau18 montre que les ménages
âgés n'utilisent pas exclusivement la main-d'oeuvre familiale pour
cette opération. Lorsqu'elle est utilisée, elle est
associée à la main-d'oeuvre salariée. Cela se justifie par
le fait que le chef de ménage n'a plus la force nécessaire pour
faire ce travail. Les ménages âgés ne disposent plus assez
d'adultes dans leur ménage. Ils ont également accumulé
beaucoup de richesse leur permettant d'allouer la maind'oeuvre salariée
à cette opération. C'est pourquoi, l'utilisation exclusive de la
main-d'oeuvre familiale est pratiquée dans les ménages jeunes.
6.2.2. Labour
Comme le défrichement, le labour est
réalisé pour toutes les cultures et le type de
main-d'oeuvre utilisé pour le faire ne dépend pas
de la spéculation. C'est une opération quiconsiste
à l'ameublissement de la couche superficielle du sol. Elle est manuelle,
et se déroule
à l'aide de la houe. Alors qu'il est conseillé
par la vulgarisation, il a été prouvé depuis 1984, par des
études des chercheurs de l'IITA, que le labour sur les sols tropicaux
(du fait de l'émiettement de la terre qu'il provoque), favorise
davantage l'érosion et contribue, de ce fait à compromettre la
production. Pour réaliser cette opération, la main-d'oeuvre
salariée est combinée à la main-d'oeuvre familiale comme
pour le défrichement. La même remarque que la
précédente est observée à savoir que les
ménages âgés n'ont pas recours uniquement à la
main-d'oeuvre familiale pour exécuter cette
opération. Elle est toujours associée à la maind'oeuvre
salariée (cf. tableau n°19)
Tableau n°19 : Type de main d'oeuvre
utilisée par les chefs de ménage pour le labour
Types de main d'oeuvre
|
20-44ans
|
45-64ans
|
>64ans
|
MOF
|
45,50%
|
54,50%
|
0,00%
|
MOS
|
2,10%
|
3,10%
|
11,10%
|
MOF+MOS
|
49,00%
|
34,70%
|
16,30%
|
MOF+E
|
66,70%
|
33,30%
|
0,00%
|
MOF+MOS+E
|
70,60%
|
29,40%
|
0,00%
|
Sources : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005.
L'entraide est également fortement sollicitée
pour cette activité. Dans les ménages jeunes au début du
cycle, l'entraide est combinée à la main-d'oeuvre familiale dans
66,7% des cas et combinée à la main-d'oeuvre familiale et
salariée dans 70,6% des cas.
Les problèmes de recrutement de la main-d'oeuvre
salariée, amènent plutôt les jeunes à s'organiser
pour emblaver le maximum de superficies possibles.
6.2.3 Semis
C'est une opération délicate. Pour éviter
les resemis et donc le retard dans le calendrier cultural, la décision
de semer est laissée à l'appréciation du chef de
ménage, quand bien même cette opération est surtout
réalisée par les enfants et les femmes. Selon le type de sol
(structure, texture et topographie) et la perception que le chef de
ménage a de la quantité d'eau tombée, il décide de
la parcelle qui sera la première à être installée.
Il est courant d'observer pour un même ménage, plusieurs dates de
semis pour une même culture à cause de la fluctuation de la
pluviométrie. Cependant, l'opération de resemis advient en cas de
défaillance au moment des semis. Le resemis est surtout pratiqué
pour le maïs et le coton.
Cette opération est destinée aux actifs du
ménage. La main-d'oeuvre familiale est systématiquement
destinée à cette opération qui ne dépend pas des
cultures. La main-d'oeuvre salariée est rarement associée
à la main-d'oeuvre familiale, et n'est jamais utilisée seule dans
le cadre de cette activité. Les raisons évoquées sont le
soin, et la patience que nécessite l'opération. Les paysans
pensent que les ouvriers dans l'optique de semer sur plusieurs billons par
jour, précipitent le travail et le bâclent de fait. Il vaut mieux
les associer en cas de contrainte de temps lorsqu'ils font le labour. En ce
moment, ils sont surveillés et le travail est plus acceptable.
6.2.4 Epandage
La fumure minérale est systématique pour le
coton et très fortement sollicitée pour le maïs. Afin
d'utiliser les engrais pour le maïs, les producteurs de coton font des
surplus sur les prévisions destinées au coton. L'épandage
permet d'augmenter le rendement des cultures. Cependant, il n'est pas
pratiqué par tous les ménages et même lorsqu'elle est
faite, c'est à des degrés différents et rend compte
beaucoup plus de la disponibilité financière du ménage. En
matière de main-d'oeuvre agricole utilisée lors de cette
activité, celle familiale est plus utilisée (100% des
ménages enquêtés). Selon les paysans, elle ne
nécessite pas d'assez d'effort, et lorsqu'il y a beaucoup d'enfants dans
un ménage, le travail est facile. Toutefois, il n'est pas rare de voir
des gros producteurs (14,42%) recrutés des élèves pour
cette activité.
6.2.5. Sarclage
L'imperata est une plante qui concurrence fortement
les cultures à Dridji. Les paysans sont obligés de sarcler les
champs une à deux fois, selon les cultures, pour éviter des
pertes de produits agricoles. Le rendement dépend fortement du sarclage
; c'est pourquoi quel que soit le type de ménage ou la catégorie
de producteur, la main-d'oeuvre salariée est fortement utilisée
lors de cette opération (60% des ménages enquêtés).
L'entraide aussi est fortement associée à la main-d'oeuvre
familiale (30,66% des ménages). Selon Adégbidi (2003), le
sarclage est très important, il est comme un intrant protecteur en ce
sens qu'il diminue la probabilité de rendements faibles sans
accroître le rendement potentiel. En effet, Adegbidi
(1987) a observé, sur un échantillon de 30
exploitations productrices de maïs (soit environ une soixantaine de
parcelles) dans le département du Mono, que le rendement n'était
nullement lié au nombre de sarclages effectués sur les parcelles.
Il en conclut que les paysans allouent à chaque parcelle, le nombre de
sarclages nécessaires pour en tirer le maximum possible d'où la
pertinence de son effet dual, qui est d'accroître le rendement brut
espéré.
6.2.6. Traitement phytosanitaire
D'après Nouhohéflin (2001), pour maintenir la
productivité dans les exploitations agricoles, les paysans pratiquent
diverses méthodes afin d'augmenter leurs rendements. L'utilisation des
pesticides chimiques de synthèse paraît être le moyen de
lutte le plus efficace. Elle est vraisemblablement l'opération la plus
délicate et concerne deux spéculations, le coton et le
niébé. Son efficacité dépend de son application.
C'est pourquoi plusieurs ménages préfèrent laisser cette
opération à la charge de la main-d'oeuvre familiale. Un paysan
nous a dit : « lorsque la pulvérisation est bien faite, je fais
de très bonnes récoltes. Quand j'engage un ouvrier, il
bâcle le travail car pour lui il n'est pas bien
rémunéré. Au risque de voir mon rendement chuté, je
préfère faire moi-même la pulvérisation
».
Cependant, des ménages (13,34%) ont recours à la
main-d'oeuvre salariée pour cette opération. Si l'on sait les
risques d'intoxication auxquels cette dernière est exposée, l'on
se demande les raisons qui motivent les ménages à faire appel
à la main d'oeuvre salariée (cf. chapitre 8).
Parmi ceux qui ont recours à la main d'oeuvre
salariée pour la pulvérisation, se trouvent toutes les femmes de
notre échantillon (6,67%) et des gros producteurs (6,67%) tandis que les
autres producteurs ont recours uniquement à la main-d'oeuvre familiale.
Le choix du type de main-d'oeuvre utilisé pour cette activité
dépend alors du sexe et de la classe sociale du producteur.
6.2.7. La récolte
C'est l'opération qui se déroule avec le moins
de contraintes. Lorsque les parcelles sont porteuses d'une bonne
récolte, elle se déroule avec plus de convivialité. Les
esprits sont plutôt détendus, et tout le monde dans le
ménage y participe du plus petit au plus grand, et
même les parents et alliés. Lorsqu'il s'agit
d'une grande exploitation, la main-d'oeuvre salariée est associée
ainsi que l'entraide, surtout pour la récolte du coton. C'est ainsi que
92,86% des gros producteurs associent la main-d'oeuvre salariée à
la main-d'oeuvre familiale. Tandis que les petits producteurs (46,51%)
associent plus la main-d'oeuvre salariée et l'entraide à la
main-d'oeuvre familiale. Lorsqu'il s'agit de la récolte des cultures
vivrières, le système de partage est surtout appliqué. Le
1/7 de la production est réservé à la main-d'oeuvre
extérieure (salariat).
La main-d'oeuvre familiale est fortement utilisée lors
de cette opération quel que soit l'âge du chef ménage.
L'opération de récolte n'est pas forcément
précipitée, car on note une faible attaque des rongeurs et des
oiseaux. Le vol de produit de récolte est pratiquement inexistant, et
n'oblige aucunement les paysans à précipiter la récolte.
Le type de maind'oeuvre utilisé dans le cas de cette activité
dépend de la catégorie de producteur.
6.3. Exécution des opérations par âge
et par sexe
Lorsqu'un paysan pose un acte, il y a toujours une
rationalité qui soutend ce comportement. Unanimement, les producteurs de
Dridji estiment que pour aller au champ et travailler, il faut avoir au moins 7
ans. Cependant, à cet âge, un enfant n'est pas encore capable de
travailler comme cela se doit. Le champ à cet âge est donc
facultatif. L'âge requis pour être apte aux travaux agricoles est
de 15 ans selon les producteurs. De ce point de vue, dans les ménages
les travaux sont répartis suivant l'âge et le sexe. Ces deux
facteurs sont en rapport avec la force de travail (morphologie) de l'individu.
Les tableaux n°20, n°21, n°22 et n°23 représentent,
les superficies emblavées par chaque catégorie d'âge et
suivant le sexe en une journée de travail. Pour calculer ces
différentes superficies, des entretiens ont eu lieu avec les
catégories d'acteurs concernés. Dans un premier temps, la mesure
retenue était le billon puis nous avons ramené les données
en ha, sachant que dans le milieu 600 billons donnent un hectare (ha).
De l'analyse de ces tableaux il ressort que les travaux lourds
tels que le défrichement, le labour et le rebutage sont destinés
aux adultes hommes. Néanmoins, toutes les autres catégories
peuvent apporter leurs soutiens lors de l'exécution de ces tâches,
pour faire avancer les travaux surtout qu'elles se déroulent de
façon manuelle. On observe que le sarclage qui à
première vue est une activité masculine, est
loin de l'être, car les femmes sont également sollicitées
pour le faire. Elles font beaucoup plus la récolte tandis que les
enfants sont plus spécialisés dans le démariage. Ils
servent aussi bien lors du semis que de l'épandage.
Tableau n°20 : Superficie en ha
emblavée par un garçon dont l'âge est compris entre 7 et 15
ans en une journée de travail
Opérations culturales Cultures
|
Défrich ement
|
Labour
|
Semis
|
Démari- age
|
Sarclage
|
Rebu- tage
|
Epandage
|
Pulvéri- sation
|
récolte
|
Maïs
|
0,07
|
0,05
|
0,20
|
-
|
0,5
|
-
|
0,14
|
-
|
0,08
|
Niébé
|
0,07
|
0,05
|
0,10
|
-
|
0,05
|
-
|
-
|
-
|
0,02
|
Coton
|
0,07
|
0,05
|
0,12
|
0,14
|
0,05
|
0,07
|
0,14
|
-
|
0,008
|
Arachide
|
0,07
|
0,05
|
0,08
|
-
|
0,04
|
-
|
-
|
-
|
0,04
|
Soja
|
0,07
|
0,05
|
0,10
|
-
|
0,05
|
-
|
-
|
-
|
0,02
|
Manioc
|
0,07
|
0,05
|
0,07
|
-
|
0,05
|
0,07
|
-
|
-
|
0,007
|
Sources : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005.
Tableau n°21: Superficie en
ha emblavée par une fille dont l'âge est compris entre 7 et 15 ans
en une journée de travail
Opérations culturales Cultures
|
Défrihe ment
|
Labour
|
Semis
|
Démari- age
|
Sarclage
|
Rebu- tage
|
Epandage
|
Pulvéri- sati on
|
récolte
|
Maïs
|
0,04
|
0,03
|
0,20
|
-
|
0,04
|
-
|
0,12
|
-
|
0,12
|
Niébé
|
0,04
|
0,03
|
0,13
|
-
|
0,04
|
-
|
-
|
-
|
0,03
|
Coton
|
0,04
|
0,03
|
0,12
|
0,14
|
0,04
|
0,04
|
0,12
|
-
|
0,008
|
Arachide
|
0,04
|
0,03
|
0,08
|
-
|
0,03
|
-
|
-
|
-
|
0,04
|
Soja
|
0,04
|
0,03
|
0,13
|
-
|
0,04
|
-
|
-
|
-
|
0,03
|
Manioc
|
0,04
|
0,03
|
0,04
|
-
|
0,04
|
0,04
|
-
|
-
|
0,003
|
Sources : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005.
Tableau n°22 : Superficie en ha
emblavée par une adulte homme dont l'âge est compris entre 15-64
ans en une journée de travail
Opérations culturales Cultures
|
Défrich ement
|
Labour
|
Semis
|
Démar- rage
|
Sarclage
|
Rebu- tage
|
Epandage
|
Pulvéri -sation
|
récolte
|
Maïs
|
0,14
|
0,10
|
0,40
|
-
|
0,08
|
-
|
0,3
|
-
|
0,14
|
Niébé
|
0,14
|
0,10
|
0,23
|
-
|
0,08
|
-
|
-
|
2,00
|
0,04
|
Coton
|
0,14
|
0,10
|
0,20
|
0,20
|
0,8
|
0,14
|
0,3
|
2,00
|
0,02
|
Arachide
|
0,14
|
0,10
|
0,23
|
-
|
0,07
|
-
|
-
|
-
|
0,07
|
Soja
|
0,14
|
0,10
|
0,23
|
-
|
0,08
|
-
|
-
|
-
|
0,04
|
Manioc
|
0,14
|
0,10
|
0,20
|
-
|
0,08
|
0,14
|
-
|
-
|
0,02
|
Sources : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005.
Tableau n°23: Superficie en
ha emblavée par une femme adulte dont l'âge est compris entre
15-64 ans en une journée de travail
Opérations culturales Cultures
|
Défrich ement
|
Labour
|
Semis
|
Démari -age
|
Sarclage
|
Rebu- tage
|
Epandage
|
Pulvéri- sation
|
récolte
|
Maïs
|
0,08
|
0,07
|
0,40
|
-
|
0,08
|
-
|
0,3
|
-
|
0,20
|
Niébé
|
0,08
|
0,07
|
0,23
|
-
|
0,08
|
-
|
-
|
-
|
0,05
|
Coton
|
0,08
|
0,07
|
0,20
|
0,20
|
0,08
|
0,07
|
0,3
|
-
|
0,02
|
Arachide
|
0,08
|
0,07
|
0,23
|
-
|
0,07
|
-
|
-
|
-
|
0,07
|
Soja
|
0,08
|
0,07
|
0,23
|
-
|
0,08
|
-
|
-
|
-
|
0,05
|
Manioc
|
0,08
|
0,07
|
0,13
|
-
|
0,08
|
0,07
|
-
|
-
|
0,008
|
Sources : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005.
7. STRATEGIES DE MOBILISATION DE LA MAIN-D'OEUVRE
AGRICOLE ET DETERMINANTS SOCIO-ECONOMIQUES DE L'ALLOCATION DE LA MAIND'OEUVRE
SALARIEE
7.1. Stratégies de mobilisation de la main-d'oeuvre
agricole
7.1.1. Stratégies de type « marchand »
+ Avance sur rémunération des ouvriers
agricoles avant le processus de démarrage de la saison.
Cette stratégie est surtout utilisée par les
ménages âgés. Elle est développée par 11,11%
de notre échantillon. Les ménages âgés
représentent 80% tandis que les ménages jeunes
représentent 20%. Elle se présente sous deux formes. La
première est comparable à ce que Ouden (1997) assimile à
l'attraction des ouvriers endettés, et la seconde consiste à
l'établissement de réseaux de mobilisation des ouvriers
agricoles.
Compte tenu du poids financier des ménages
âgés, les ouvriers qui lors de la saison sèche ont des
problèmes financiers (enfants malades, tontines non payées,
décès d'un proche parent..), préfèrent se rendre
vers ceux-ci pour faire des emprunts. Ainsi s'établit un accord,
l'octroi de prêt par le producteur contre la force de travail de
l'ouvrier au démarrage de la saison. Cette stratégie
entraîne des conflits, car l'ouvrier n'honore pas toujours son
engagement. Par exemple, l'ouvrier disparaît et ne vient pas à la
saison pluvieuse pour faire le travail comme convenu ; ou encore l'ouvrier une
fois sur les lieux de travail n'est pas motivé. Il arrive avec des
membres de son ménage pour créer des dépenses
supplémentaires à l'employeur, puisqu'il doit les nourrir. Ceci
se justifie par le fait que l'ouvrier estime qu'il sera sur utilisé.
D'abord, lors du contrat, c'est le producteur qui fixe les clauses. Pour le
labour par exemple qui coûte 13.500F/ha, le producteur peut
décider de donner 8.000F/ha, profitant ainsi de la situation difficile
de l'ouvrier. Alors ce sentiment d'être mal payé amène
certainement des conflits. La gestion des conflits est difficile, dans la
mesure où la plupart du temps, ce sont les parents proches des
producteurs qui contractent ces dettes. Les liens de familiarité
obligent les producteurs à laisser tomber l'argent prêté.
Il s'agit là, d'une stratégie qui n'avantage guère les
producteurs et qui ne peut perdurer.
Selon Edja (1999), l'établissement et l'entretien des
réseaux de mobilisation d'ouvriers agricoles, est une stratégie
très importante ; car elle permet de rendre plus fidèles et plus
disponibles les ouvriers. A l'approche d'une saison, le producteur se rend dans
son village d'origine pour le recrutement des ouvriers. Des « courtiers
d'ouvriers » sont connus de tous dans ces milieux, il revient donc aux
courtiers, d'assurer le recrutement des ouvriers, au producteur à la
saison pluvieuse.
Au total, cette stratégie est plus utilisée par
les ménages âgés, car ces derniers ont plus de relation
avec les parents restés au village, contrairement aux jeunes qui n'en
disposent pas.
+ Contracter des prêts
Cette stratégie est développée par 46,67%
des producteurs du village de Dridji. On retrouve dans cette catégorie
de producteurs 36, 67% de ménages jeunes en début du cycle, et
10% de ménages au milieu du cycle. En début de cycle les
ménages n'ont pas suffisamment de moyens financiers pour recruter la
main-d'oeuvre salariée. Ils sont alors obligés de faire des
prêts. L'objectif ici est de pouvoir recruter assez de main-d'oeuvre
salariée, pour parer aussi bien à l'insuffisance de la
main-d'oeuvre familiale culturale, mais également pour tenir dans le
calendrier cultural.
Dans le village de Dridji existent des tontines informelles et
formelles. Dans leur désir de pérenniser la solidarité qui
existait entre leurs ancêtres, les paysans ont initié des tontines
pour venir en aide à ceux qui parmi eux, se trouvent en
difficulté. Loin de faire les tontines pour pallier aux besoins
immédiats d'argent face à une situation, les paysans
préfèrent investir dans le salariat, dans l'espoir d'en tirer un
maximum de profit lors de la vente de produits qui en résulterait.
Aujourd'hui certains d'entre eux, s'en détournent face
à l'incertitude climatique qui devient de plus en plus un frein à
l'agriculture tropicale. Il n'est pas rare d'entendre les paysans dire
« j'ai fait des emprunts pour le défrichement, le labour et
depuis j'attends la pluie pour semer. Si la récolte n'est pas bonne,
comment ferai-je pour rembourser les dettes ? ». Autant
d'incertitudes qui amènent ces paysans à préférer
uniquement la main-
d'oeuvre familiale (7,77%). De ce fait, ils
préfèrent réduire la superficie à emblaver pour
pallier à l'insuffisance de la main-d'oeuvre.
7.1.2. Stratégies de type « non marchand
»
+ Polygamie
En agriculture traditionnelle, lorsqu'on parle du facteur de
production travail, la main- d'oeuvre familiale est le plus important.
Le plateau d'Abomey, du point de vue historique s'est
illustré, par la royauté qui le caractérise. Avoir
beaucoup de femmes était signe de prestige et de puissance. On
conçoit beaucoup d'enfants dans le but d'agrandir sa
collectivité, mais également pour assurer la production agricole
dans la mesure où, cette production devrait servir à nourrir non
seulement la famille, mais aussi le roi et sa suite.
33,67% des ménages enquêtés sont
polygames. Seulement 20 % des ménages enquêtés pensent
qu'il s'agit d'une stratégie de mobilisation de la main-d'oeuvre. On
retrouve au sein de cette catégorie les ménages âgés
qui représentent 30%, les ménages au milieu du cycle qui
constituent 45% et les ménages jeunes qui représentent 25%. Pour
les ménages âgés et ceux du milieu du cycle, il s'agit
là de l'attachement aux valeurs ancestrales. Un paysan nous a
déclaré :
Encart n°3
Ma mère était la 7ème
femme de mon père, et je suis le 4ème enfant de ma
mère. De tous les enfants de mon père, j'ai été le
seul à lui rester fidèle, c'est cela qui justifie d'ailleurs le
fait que j'ai hérité plus de terre que mes frères
aînés après sa mort. Aussi, très tôt je me
suis occupé de mes jeunes frères et soeur, aussi bien ceux issus
de ma mère que ceux issus des autres femmes de mon père.
Aujourd'hui grâce à moi, ils ne sont pas des délinquants ;
et si mon père n'était pas polygame ?
Voilà qui justifie bien le comportement des paysans. Dans
le cas des chefs de ménage jeunes qui s'adonnent à cette
stratégie, plusieurs raisons justifient ce comportement. On note
deux aspects de la question. Le premier aspect est celui
développé plus haut, les jeunes veulent être à
l'image de leur père. Le deuxièmement aspect est que certains
jeunes sont contraints d'épouser leurs marâtres après le
décès de leur père. C'est ainsi que très jeunes,
des producteurs sont contraints d'avoir plusieurs femmes. Un cas très
illustratif est celui d'un jeune de 33 ans à Tèzounkpa qui a 6
femmes dont 4 sont ces marâtres.
Cependant, la question de la survie de cette stratégie
reste posée. Dans cette forme d'accumulation, les jeunes actifs
agricoles du ménage sont assujettis. Ils sont contraints de travailler
uniquement dans le champ de leur père. Un jeune rencontré lors de
nos enquêtes nous a confié « mon père, il
m'utilise exagérément, je n'ai droit qu'au manger alors que mes
copains s'achètent des chaussures, des pantalons. Alors de temps en
temps, je laisse tomber le champ de mon père à son insu pour
aller faire le salariat ». Ce fait aura des inconvénients sur
la production du chef de ménage.
Dans un autre registre, face à la christianisation
très poussée de la région, plusieurs jeunes optent pour la
monogamie en conformité avec les perceptions de leur croyance
religieuse. Pour ces deniers, un enfant ne doit pas être maltraité
et la vie coûte chère pour qu'on se permette d'en avoir beaucoup.
La scolarisation des enfants est également un facteur qui
décourage les partisans de cette stratégie.
+ Appartenir à un groupe d'entraide
Les groupes d'entraide constituent une stratégie pour
le paysan de disposer d'une main-d'oeuvre importante pour l'exécution
des travaux agricoles dans un délai réduit. Cette
stratégie est développée par 22,22% de la population
enquêtée. Elle est une forme de motivation des paysans au moment
de la réalisation des travaux champêtres. Les paysans estiment que
seul au champ, on est ennuyé et vite gagné par la paresse alors
qu'entre copains on se dit des blagues et on ne voit pas le temps passé.
Ce qui est intéressant dans cette stratégie est qu'elle oblige
tous les participants à exercer la même intensité de
travail.
Les résultats du sous titre 6.1.2 montrent que
l'utilisation de l'entraide comme stratégie de mobilisation de
main-d'oeuvre diminue des ménages jeunes aux ménages
âgés. Biaou (1995) a abouti à la même conclusion dans
ces études sur le plateau Adja
7.2. Stratégies de recrutement de la main-d'oeuvre
salariée
Lorsqu'on parle du recrutement de la main-d'oeuvre
salariée, elle intéresse aussi bien les 30% de la main-d'oeuvre
salariée locale et les 70% de la main-d'oeuvre salariée
extérieure. Suivant qu'il s'agisse de la main-d'oeuvre salariée
locale ou qu'il s'agisse de la main-d'oeuvre salariée extérieure,
le recrutement diffère.
La main-d'oeuvre salariée locale est constituée
des jeunes âgés de 15 à 44 ans qui peuvent être des
hommes ou des femmes. On retrouve parmi ceux-ci, les élèves, les
jeunes désoeuvrés, les paysans qui ne disposent pas d'assez de
terres, principalement les allochtones et essentiellement les femmes dont le
niveau de vie est très faible. Le recrutement de cette main-d'oeuvre
locale est parfois influencé par sa disponibilité. les
élèves sont plus disponibles pendant les périodes de repos
académiques. Bon nombre parmi eux, trouvent alors dans cette
activité, un moyen de préparer la rentrée scolaire, mais
également de s'assurer certains besoins tels que se chausser, s'habiller
etc.... Quant aux jeunes désoeuvrés, ils proposent directement
leur service à ceux qui en ont besoin. Cependant, cette catégorie
de main-d'oeuvre locale reste très faible et est très loin de
satisfaire la demande.
Dans le rang des femmes (60% de la main-d'oeuvre
salariée locale), on note principalement celles dont les maris sont de
petits producteurs et n'ont pas assez de terres à cultiver, mais
beaucoup de bouches à nourrir. La femme doit alors contribuer à
l'amélioration du revenu du ménage. Le salariat est le chemin le
plus court, car il permet d'avoir de l'argent frais et parfois des vivres
lorsqu'il s'agit de la récolte des cultures vivrières. Les femmes
s'organisent en groupes pour proposer leurs services aux paysans qui sont
capables d'honorer leurs engagements. Il y a plus de cohésion dans cette
couche sociale que les autres. Ensemble elles sont plus fortes.
L'exécution des travaux en groupes est une manière pour les
femmes de se raconter des histoires, de partager les difficultés des uns
et des autres dans leur foyer
respectif. Toutefois, le travail peut se faire
individuellement lorsque le travail à abattre ne nécessite pas
beaucoup de personnes.
Le recrutement de la main-d'oeuvre salariée
extérieure est plus complexe et est fonction du dynamisme de chaque
exploitant. Quatre moyens sont utilisés pour le recrutement des ouvriers
externes.
Premièrement, les liens de familiarité sont mis
à contribution. A l'approche de la saison pluvieuse, les paysans se
rendent dans leur village d'origine. Ils contactent leurs parents restés
sur place qui se chargent dès les premières pluies, de leur
convoyer des ouvriers connus pour leur sérieux et leur ardeur au travail
.Les ménages en fin de cycle sont beaucoup plus
spécialisés dans cette forme de recrutement, car ils ont plus de
relation avec les parents restés au village.
Le deuxième moyen c'est l'attraction des ouvriers
endettés. Ces ouvriers demeurés au village sont des paysans
presque sans terre. Dans une étude similaire réalisée sur
le plateau Adja, den Ouden (1997) pense que ces paysans ne sont plus capables
d'organiser le travail agricole de groupe, ni de former des associations que ce
soit entre frères ou sur une autre base. Finalement, ils sont
désoeuvrés et s'endettent auprès des gros producteurs. A
la saison des pluies, ils doivent rembourser leurs dettes par le salariat.
Le troisième moyen de recrutement de cette
catégorie d'ouvrier, est le rapport de fidélité et de
confiance qui s'établit entre ouvriers et exploitants. Les années
antérieures, les ouvriers employés par un paysan, lorsqu'ils sont
bien traités arrivent spontanément proposer leur service à
leur employeur des années passées. Cette forme de recrutement,
présente des risques aussi bien pour le recruteur que pour les
recrutés. Lorsque l'employé n'arrive pas dès les
premières pluies, l'employeur prend d'autres personnes et s'il vient
après il perd sa place. Le recruteur quant à lui peut se dire,
que le rapport de confiance qui s'est établi entre lui et son ouvrier
obligerait ce dernier à revenir la saison suivante, alors qu'il peut
arriver que celuici ait des problèmes ou trouve mieux ailleurs, et ne se
présente plus. Dans le cas d'espèce, le paysan est en retard sur
le calendrier cultural.
Une quatrième forme de recrutement de main-d'oeuvre
salariée externe non moins importante, est celle qui se déroule
surtout pendant les périodes de pointe. Plusieurs ouvriers venus du Sud
du plateau d'Abomey préfèrent continuer leur chemin vers les
collines, car selon eux, il y a de grandes exploitations dans ces zones.
Alokpaï (2002) pense qu'il s'agit d'une zone de fortes contraintes de
main-d'oeuvre. Le travail y est difficile, mais payant (cf. tableau n°24).
Les ouvriers préfèrent faire la route et aller travailler dans
ces exploitations, que de rester dans les petits villages où les gros
producteurs se comptent du bout des doigts. En période de pointe, les
paysans qui sont dans le besoin viennent rester au bord de la route inter Etat
pour supplier les ouvriers passant, de venir travailler dans leurs champs.
Cette forme de recrutement rend le travail salarié cher, car la plupart
du temps, c'est les ouvriers qui fixent les termes du contrat.
Tableau n°24 : Coût des
différentes opérations culturales par ha dans la sous
préfecture de
Glazoué
Activités
|
Toutes les cultures
|
Coton
|
Toutes les cultures
|
Coton
|
Défriche - ment
|
Labour
|
Semi s
|
Démar iage
|
Sarcla ge
|
Epanda ge
|
Pulvé risation
|
Rebu- tage
|
Récolte 1seul coup
|
Récolt e double
|
Prix en
FCFA/ha
|
18000
|
18000
|
6000
|
3000
|
10800
|
6000
|
1500
|
15000
|
30000
|
6000
|
Source : Alokpaï (2002)
7.3. Déterminants socio-économiques de
l'allocation de la main-d'oeuvre salariée.
7.3.1. Acteurs impliqués dans le processus
d'allocation de la main-d'oeuvre salariée
Le processus d'allocation de la main-d'oeuvre est un processus
très complexe, qui implique les différents niveaux de production
au sein du ménage. Il va du chef de ménage, aux parents en
passant par l'épouse ou les épouses du chef de ménage, et
les actifs agricoles.
+ Niveau chef de ménage
C'est le centre de toutes les décisions prises dans le
ménage. 82,22% des chefs de ménage enquêtés
affirment qu'il leur revient de prendre les décisions concernant
l'allocation des ressources. La décision de recruter des ouvriers
agricoles est laissée à la charge du chef de
ménage. Le champ du chef de ménage est le champ
collectif où tous les autres membres du ménage doivent
travailler. Certains paysans pensent qu'ils sont les plus
expérimentés, et donc toutes les décisions concernant
l'organisation du travail au champ doivent émaner de leur
responsabilité. Il décide de ceux qui doivent aller au champ et
de quels travaux doivent être effectués.
+ Niveau des épouses
Selon Fanou et al. (2005), les femmes sont plus
impliquées dans le choix des cultures et des superficies à
emblaver. Dans notre échantillon, seulement 14,44% des chefs de
ménage affirment qu'ils consultent leurs femmes pour ce qui est du choix
des ouvriers. Elles interviennent moins dans l'allocation des ressources. Ceci
se justifie surtout par le fait qu'elles ne disposent pas de pouvoir financier.
Lorsque la femme n'est pas consultée lors du choix de l'ouvrier, elle
est tout de même informée de son arrivée, car elle est par
excellence le centre d'accueil des étrangers. Elle est chargée en
ce qui la concerne de prendre les dispositions nécessaires pour que
l'ouvrier qui arrive se trouve dans les meilleures conditions de travail, afin
qu'il puisse fournir le maximum d'efforts au champ. La production en
dépend. Dans le cas d'ouvriers permanents, elle doit s'assurer du
logement. Quel que soit le type d'ouvrier, elle doit garantir sa nourriture et
donc forcément, la quantité de nourriture à
préparer par repas augmente. C'est le centre de prise en charge des
ouvriers. Elle se fait aider par ses filles. Elle va donc au champ après
avoir fini les travaux domestiques, et remplace le chef de ménage
à son absence.
+ Niveau actif agricole
Les actifs agricoles ne sont pas impliqués dans la
prise de décision de l'allocation de la main-d'oeuvre. De plus en plus,
les enfants se scolarisent surtout à Asségon et Kindogon. A
Asségon et Kindogon, il y a en moyenne deux enfants scolarisés
par ménage. Leur place se trouve plus à l'école
qu'à la maison. Toutefois, ils interviennent indirectement dans le
processus. Pour ceux qui doivent aller au champ, ils y vont avec les ouvriers
recrutés, bien qu'étant travailleurs eux aussi, ils jouent
également le rôle de surveillants des ouvriers. Ils
doivent rendre compte de l'évolution du travail
à leur père parfois occupé à d'autres tâches.
Cependant, la décision de révoquer tel ou tel ouvrier n'est pas
à leur charge, cela relève des compétences du chef de
ménage.
+ Niveau collatéraux ou parents indirectement
rattachés au ménage
3,34% associent leurs parents proches dans le processus du
choix des ouvriers. Ils interviennent surtout dans les ménages (Cm2). Le
recours à un plus expérimenté notamment le père du
chef de ménage n'est pas interdit. C'est une manière de
témoigner son attachement au respect de la tradition. Ce dernier
intervient pour indiquer à son fils, les villages les plus
appropriés au recrutement d'ouvriers. Pour Fanou et al. (2005),
cette intervention de la vieille génération est justifiée
par l'inexpérience de certains chefs de ménage. Le recours aux
parents tient compte des rapports que ces derniers avaient lorsqu'ils
étaient en activité avec les habitants de ces villages.
Ils se référèrent également aux
"courtiers" d'ouvriers. Leur rôle est d'identifier et de proposer des
ouvriers aux chefs de ménage. Les frais de transport sont
remboursés à ceux-ci, plus quelques verres de
"sodabi"9. Ils n'influencent pas vraisemblablement, l'effectif des
ouvriers à recruter, ni le type de contrat qui doit lier l'ouvrier et le
chef de ménage.
7.3.2. Facteurs influençant l'allocation de la
main-d'oeuvre salariée
+ Spéculation
Dans l'optique de voir si l'utilisation de la main-d'oeuvre
salariée est conditionnée par la culture cotonnière,
l'hypothèse selon laquelle les producteurs de coton utilisent plus de
main-d'oeuvre salariée que les non producteurs de coton a
été testée. Pour tester cette hypothèse, le calcul
de la quantité de main-d'oeuvre (Homme-jour) engagée par chaque
groupe de producteurs était nécessaire. Ce calcul a
été fait à l'aide du tableau de conversion de Norman en
équivalent-homme des temps de travaux (voir tableau n°25).
Tableau n°25 : Equivalent-homme des
temps de travaux
Opérations culturales
|
Hommes
|
Femmes
|
Enfants Hommes et Femmes
|
|
(15 - 64 ans)
|
(15 - 64 ans)
|
(7 - 15 ans)
|
65 ans
|
Préparation de la terre
|
1
|
0,75
|
0,5
|
0,5
|
Semis
|
1
|
1
|
1
|
0,5
|
Sarclage
|
1
|
0,75
|
0,5
|
0,5
|
Récolte
|
1
|
1
|
0,5
|
0,5
|
Source : Coefficient de Norman à
nos observations de terrain juillet - septembre 2005
Le calcul des superficies emblavées pour les
différents groupes montre qu'il y a une grande différence entre
les superficies emblavées par les producteurs de coton (312,18ha) et les
non producteurs de coton (151,47ha). Ceci nous a conduit à ramener la
quantité de maind'oeuvre salariée utilisée par chaque
producteur à la superficie qu'il a emblavée. Pour ce faire nous
avons retenu la formule suivante :
qi
sc + sac
qi = la quantité de main-d'oeuvre salariée
exprimée en homme-jour.
sc = la superficie (ha) emblavée pour la culture de
coton.
sac = la superficie (ha) emblavée pour les autres
cultures.
Le test t de Student réalisé pour comparer les
moyennes au niveau des deux groupes présentent les résultats du
tableau ci-après.
Tableau n°26 : Résultats du
test t de Student
Moyenne différence ddl t (Student)
(homme-jour) moyenne
Producteurs de coton 26,77 (#177; 30,92)
5,52 44 1,197 (ns)
Non producteurs de coton 21,25 (#177;26,44)
Source : Données de
l'enquête de terrain juillet - septembre 2005 ( ) = écart type ns
= n'est pas significatif
9 Boisson obtenue à partir de la distillation du vin de
palme
De l'analyse de ces résultats, il ressort qu'il n'y a
pas une différence significative entre la quantité de
main-d'oeuvre salariée utilisée par les producteurs de coton et
les non producteurs de coton.
Ce constat est le fait de plusieurs raisons. Les
ménages producteurs de coton disposent plus d'actifs agricoles dans leur
ménage (cf. tableau n°13). Ceci est confirmé par l'analyse
de variance réalisée (ANOVA) pour comparer le nombre d'actifs
entre les catégories de producteurs.
Tableau n°27 : Résultats du test
ANOVA
Nombre moyen ddl F (Fisher)
d'actif
Cotonculteurs 4,08 (#177; 3,15)
1 3,945**
Non cotonculteurs 3,15 (#177; 1,49)
Source : Données de
l'enquête de terrain juillet - septembre 2005 ( ) = écart type
** = significatif au seuil de 5%
Aussi, le ratio S/W des producteurs de coton est-il
supérieur (cf. tableau n°13) à celui des non producteurs de
coton. Cela voudrait dire que les actifs des ménages producteurs de
coton travaillent plus que ceux des ménages qui ne cultivent pas le
coton.
De plus en plus, les paysans non producteurs de coton se
retournent vers la culture du soja. Le prix parfois élevé (cf.
tableau n°10) du produit et sa courte durée de cycle production
(3,5mois) par rapport au coton (4 mois) encouragent certains producteurs
à adopter cette culture. Les paysans considèrent le soja comme
étant un fertilisant, il faut alors bénéficier de ses
arrières effets pour un bon rendement des autres cultures surtout
vivrières. Ils pensent aussi que ses feuilles constituent un bon
fourrage pour les animaux. Or, il est établi par Bonnefond et al.
(1984), puis Napporn (1991) cités par Aho et Kossou (1997) que le
soja nécessite la même quantité de main-d'oeuvre que le
coton de la préparation du sol jusqu'à la
récolte. Ceci justifie également le fait que la
différence de moyenne entre les quantités de main-d'oeuvre
salariée utilisées par les deux groupes ne soit pas
significative.
Le choix de l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée,
pour les travaux dépend d'un certain nombre de facteurs qui ne sont pas
liés à la culture du coton. Une estimation de la fonction de
production pourrait bien lever l'équivoque.
+ Statut socio-économique du
ménage
Comprendre les facteurs qui interviennent dans l'allocation de
la main-d'oeuvre salariée pour lever ses contraintes est
nécessaire. Connaître ces facteurs permettra aux chercheurs de
comprendre les relations entre ouvriers et producteurs.
En effet, Houngbo (1996) pense que la quantité de
main-d'oeuvre investie sur une parcelle par un ménage dépend
entre autre facteur : la taille du ménage, le nombre de personnes
travaillant réellement, le temps de travail de chaque membre sur la
parcelle, la capacité physique (état de santé) de chaque
membre, l'existence et la disponibilité des activités agricoles.
Pour Biaou (1995), l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée est
liée à deux facteurs : la disponibilité financière
et l'existence d'une contrainte de main-d'oeuvre due surtout à
l'allocation de la main-d'oeuvre pour d'autres activités peut-être
plus rémunératrices (activités extra-agricoles et
para-agricoles).
Pour mettre en exergue ces facteurs, l'hypothèse
testée est la suivante: la quantité de main-d'oeuvre
salariée investie sur une parcelle est positivement influencée
par le statut socioéconomique du ménage. Le statut
socio-économique du ménage est identifié par rapport
à un certain nombre de facteurs propres au producteur, liés
à la parcelle et liés à la main-d'oeuvre salariée.
L'analyse de régression est utilisée pour tester
l'hypothèse.
1' Modèle théorique
Dans la formulation du modèle d'analyse, les variables
retenues pour chaque groupe de facteurs sont les suivantes :
- les facteurs propres au producteur : sexe, âge, niveau
d'instruction, taille du ménage, principale activité du chef de
ménage, revenu du ménage, l'origine et le hameau ;
- les facteurs liés à la parcelle : superficie
totale emblavée ;
- les facteurs liés à la main-d'oeuvre
salariée : disponibilité ou non de la main-d'oeuvre
salariée.
Le modèle théorique est le suivant :
Y =F (SEX, AGE, ORIG, NINTRU, TAILM, PRIACTIV, REV,
SEBLA, DISMOS, HAM)
Y : est la quantité de main-d'oeuvre
salariée investie sur un champ par un paysan. C'est une variable
continue exprimée en homme-jour.
SEX : elle est mesurée au niveau binaire
et se rapporte au sexe du chef de ménage. Elle prend la valeur 0 si
c'est une femme et 1 si c'est un homme.
AGE : elle est ordinale et se rapporte à
l'âge du chef de ménage. Elle prend la valeur 0 si l'âge est
compris entre 20 et 44 ans, 1 si 45 à 64 ans et 2 si supérieur
à 64 ans.
HAM : c'est une variable ordinale qui
désigne le hameau. Elle prend la valeur 0 si c'est Tèzounkpa, 1
si c'est Asségon et 2 si c'est Kindogon.
ORIG : elle indique les relations de
parenté qui lient le chef de ménage et le gohonon. L'autochtone
sera dans ce cas celui qui a le même ancêtre (père fondateur
du hameau) que le gohonon. Tous les autres seront considérés
comme des allochtones. Elle est une variable binaire et prend la valeur 0 si
c'est un allochtone et 1 si c'est un autochtone.
NINTRU : c'est le niveau d'instruction du
chef de ménage. C'est une variable mesurée au niveau ordinal.
Elle prend la valeur 0 si le chef de ménage est analphabète, 1
s'il est instruit jusqu'à un niveau primaire et 2 s'il est instruit
jusqu'à un niveau secondaire.
TAILM : c'est la taille du ménage. Elle
est continue.
REV : cette variable continue qui indique le
revenu annuel du ménage. Il est exprimé en francs CFA.
SEBLA : c'est la superficie totale
emblavée par un ménage. C'est une variable continue
exprimée en ha.
DISMOS : c'est la disponibilité de la
main-d'oeuvre salariée. C'est une variable ordinale qui prend la valeur
0 si non disponible, 1 si moins disponible et 2 si plus disponible.
PRIACTIV : elle désigne la principale
activité du ménage. C'est une variable binaire. Elle prend la
valeur 0 si c'est l'agriculture et 1 si c'est une autre activité.
Deux formes fonctionnelles ont été estimées.
Celle dite semi-log et celle dite double log de Cobb-Douglas.
- Forme semi-log :
Y = áo + á1 SEX + á2AGE + á3ORIG +
á4NINTRU + á5 lnTAILM + á6PRIACTIV + á7 lnREV +
á8 lnSEBLA + á9 DISMOS + á10 HAM + e1
- Forme double log
lnY = âo + â1 SEX + â2AGE + â3ORIG +
â4NINTRU + â5 lnTAILM + â6PRIACTIV + â7 lnREV +
â8 lnSEBLA + â9 DISMOS + â10 HAM + e2
Dans ces deux modèles e1 et e2 désignent les termes
d'erreurs, áo et âo sont les termes constants et ái et
âi sont les paramètres de régression à estimer.
Selon Cobb-Douglas, les âi peuvent être
interprétés comme les élasticités du produit par
rapport aux facteurs correspondants. L'estimation des paramètres
ái et âi est faite par la méthode de « stepwise
». Seules les variables significatives à au moins 5% qui sont
retenues dans le modèle.
v' Résultats empiriques
Le test de signification des deux modèles prouve que
ceux-ci sont globalement significatifs et ceci au seuil de 1 %. Toutefois les
résultats économétriques montrent que le coefficient de
détermination ajusté (R2 ajusté) est de 45,95% pour le
modèle semi-log et 62,21% pour le modèle double log. Dans le
premier modèle, les 45, 95% de la variation de la main-d'oeuvre
salariée sont expliqués par les variables explicatives incluses
dans le modèle tandis que 62,21% des variables de la quantité de
main-d'oeuvre salariée sont imputables aux variables explicatives dans
le modèle de Double log. Pour ce faire, nous préférons
utiliser la forme log-log pour faire nos analyses. Le modèle obtenu est
présenté dans le tableau n°28.
Tableau n°28 : Résultats de
la régression multiple
Variable dépen- Variables explicatives
dante SEX AGE NINTRU HAM lnREV lnTAILM lnSEBLA C R2
F
Y -0,939 0,998 0,342 0,360 0,314 0,283 0,849
4,25 62,21% 11,38*
(-2,20)** (2,79)*
(1,99)* (2,22)* (1,99)**
(-1,20)ns (3,71) **
(2,21)**
Source : Données de
l'enquête de terrain juillet - septembre 2005
( ) = statistique de t
(ns) = n'est pas significatif
* = significatif au seuil de 1%
** = significatif au seuil de 5%
Au total, l'origine, la principale activité du
ménage, la taille du ménage, la disponibilité de la
main-d'oeuvre salariée n'influencent guère l'allocation de la
main-d'oeuvre salariée.
Le sexe, l'âge, le niveau d'instruction du chef de
ménage ainsi que le revenu, la superficie emblavée et le hameau
du ménage sont les facteurs qui déterminent à des
degrés donnés l'allocation de la main-d'oeuvre
salariée.
7.3.3. Analyse des facteurs qui influencent l'allocation de
la main-d'oeuvre salariée
En réalité les ménages jeunes en
début du cycle ont plus besoin de main-d'oeuvre salariée que les
ménages au milieu du cycle, qui à leur tour en ont plus besoin
que les ménages en fin de cycle. On l'attribue au fait qu'en
début du cycle, les ménages disposent de peu d'actifs pour
emblaver une grande superficie en absence de contrainte de terres. En effet,
Tchayanov (1990) stipule qu'au début de leur cycle de vie, les
ménages s'alourdissent de plus en plus de membres incapables de
travailler (inactifs), entraînant une croissance rapide de la proportion
des consommateurs par rapport au nombre d'actifs.
Cependant le tableau n°29 montre que tous les
ménages âgés utilisent la main-d'oeuvre salariée
tandis que 86% des ménages jeunes l'utilisent contre 83,87% des
ménages au milieu du cycle. Cela se justifie par le fait que les
ménages âgés en fin de cycle ont un grand nombre de bouches
à nourrir. 77,77% des ménages âgés sont des gros
producteurs. L'accumulation de
richesse couplée avec ce désir de nourrir plusieurs
bouches, les obligent à recruter plus de main-d'oeuvre que les
ménages jeunes.
Tableau n°29 : Répartition
des populations utilisant la main-d'oeuvre salariée en fonction du cycle
de vie des ménages
Type de main 20 - 44 ans 45 - 64 ans > 64
ans
d'oeuvre Effectif % Effectif % Effectif %
Total
Salariée 43 86% 26 83,87% 9 100% 78
Source : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005
Le sexe du chef de ménage influence négativement
le recours à la main-d'oeuvre salariée. Les hommes utilisent plus
de main-d'oeuvre salariée que les femmes. Ces résultats sont
contraires à ceux à quoi on s'attend. Mais ils se justifient par
le fait que les femmes sont de petits producteurs car ne disposant pas d'assez
de terres à emblaver. La main-d'oeuvre familiale disponible suffit
largement pour assurer les travaux champêtres. Toutefois, elles ont
recours aux ouvriers salariés pour des opérations
spécifiques telles que le traitement phytosanitaire.
En milieu rural, le niveau d'instruction des producteurs est
également à prendre en compte dans la levée des
contraintes liées à la main-d'oeuvre. Plus le paysan est
lettré, plus il rationalise l'utilisation de la main-d'oeuvre. Des
paysans nous ont fait savoir que tant qu'ils ont l'argent, ils recruteront
autant d'ouvriers pour les travaux.
Selon Biaou (1990) et Houngbo (1996), l'un des facteurs qui
déterminent l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée est la
disponibilité financière. A Dridji le pouvoir financier (revenu
annuel) du ménage exprime le degré d'utilisation de la
main-d'oeuvre salariée. C'est ainsi que les gros producteurs seront les
plus disposés à recruter les ouvriers (cf. 6.1.3.).
A ces facteurs socio-économiques, s'ajoutent la
superficie à emblaver et le lieu de résidence du ménage.
Plus la superficie à emblaver est grande, plus la quantité de
maind'oeuvre salariée utilisée est élevée. Ceci est
le fait du niveau très faible d'actifs agricoles dans les ménages
en général. Les populations de Tèzounkpa
utilisent plus d'ouvriers que ceux d'Asségon qui en utilisent plus que
ceux de Kindogon. Le tableau n° 30 montre qu'il y a plus de gros
producteurs à Tèzounkpa qu'il y en a à Asségon et
Kindogon. Aussi, Les relations qui
lient les ouvriers aux paysans influencent positivement leur
utilisation. Nous avions vu que plus de la moitié des ouvriers
salariés arrivent de la commune d'origine des habitants de
Tèzounkpa. Viennent ensuite celle des habitants de Asségon et
enfin de Kindogon. Les paysans privilégient donc les relations de
fraternité dans la mobilisation de la main-d'oeuvre familiale.
Tableau n°30 : Répartition
des catégories de producteurs suivant les hameaux.
Catégories de producteur
|
Petit producteur Effectif %
|
Moyen producteur Effectif %
|
Gros producteur Effectif %
|
Total
|
Tèzounkpa
|
9
|
10%
|
13
|
14,44%
|
8
|
8,90%
|
30
|
Asségon
|
21
|
23,33%
|
16
|
17,78%
|
5
|
5,56%
|
42
|
Kindogon
|
13
|
14,44%
|
4
|
4,44%
|
1
|
1,11%
|
18
|
Total
|
43
|
47,77%
|
33
|
36,66%
|
14
|
15,57%
|
90
|
Source : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005
8-MAIN-D'OEUVRE SALARIEE ET UTILISATION DES PESTICIDES
CHIMIQUES DE SYNTHESE (PCS)
8.1. Effets des PCS sur la santé de
l'utilisateur
Les produits chimiques se sont imposés aujourd'hui dans
toutes les exploitations agricoles comme des auxiliaires sans lesquels
certaines spéculations telles que le cotonnier ne seraient point
exploitées (Aho et Kossou, 1997). Cette situation conduit parfois
à l'utilisation incontrôlée des PCS. L'étude de
filières des intrants agricoles au Bénin (MDR/GTZ, 2000) a
montré que les risques sont élevés parce que les
pesticides ne sont pas utilisés et stockés de manière
sûre. L'emploi des pesticides est subordonné à une
série de précautions au niveau du choix des substances actives,
du stockage des produits, du mode d'application et des dispositions à
prendre au cours de la pulvérisation (voir annexe). A Dridji, lors des
traitements, aucune disposition n'est prise par les paysans pour suivre ces
recommandations. Ils portent seulement un pantalon et une chemise manche
longue. En plus de cela, d'autres se couvrent le nez. L'argument avancé
est qu'ils ne disposent pas assez de moyens pour se procurer les
vêtements appropriés. L'inhalation du produit, le changement de
direction du vent et d'autres comportements entraînent des effets
néfastes sur la santé de l'utilisateur. Lesquels comportements
sont la prise de douche immédiatement après la
pulvérisation et le passage de pommade sur le corps, l'absorption de
l'huile rouge et accessoirement du lait. L'utilisation des emballages des
produits comme ustensiles de cuisine, l'utilisation des PCS comme
désinfectant des chambres et des poulaillers. Ces produits sont
également utilisés pour tuer les poux des cheveux. Autant de
comportements qui créent des dommages à la santé de
l'utilisateur. Les effets qui sont ressentis par les producteurs suite à
une pulvérisation sont immédiats ou à long terme. Ces
effets sont contenus dans le tableau ci-après.
Tableau n°31 : Perception des
paysans des effets induits par les PCS sur la santé humaine.
Effets immédiats Effets à long
terme
Maux de tête et picotements des yeux Difficulté
d'audition
Réduction de la visibilité Difficultés de
respiration
Toux, rhume, difficultés respiratoires Réduction de
la visibilité
Assèchement de la gorge Difficulté
d'érection pendant 2 jours
Sensation de brûlure corporelle pendant 3 jours Avortement
des femmes
Démangeaisons, somnolence, courbatures Impuissance
sexuelle
Maux de ventre, diarrhée, vertige, vomissement
Perte momentanée de connaissance
Source : Fanou et al. (2005)
Ce sont là, autant d'effets néfastes auxquels
sont exposés les utilisateurs des PCS. A Dridji, 21% des cas de
manifestation des PCS sont des cas d'avortement, 34% sont des cas
d'intoxications alimentaires et 45% sont des cas de malaises passagers (Dassou
et al., 2004).
8.2. Connaissance de ces effets par les producteurs
Le recours à la main-d'oeuvre salariée pour les
traitements phytosanitaires est influencé par la connaissance des
producteurs des effets liés à l'utilisation des PCS. En
général, les paysans sont conscients des dommages causés
à l'homme par ces PCS. En effet, 94,4% des ménages de Kindogon
ont une bonne connaissance de ces effets, 78,6% des ménages
enquêtés à Asségon puis enfin 66,7% des
ménages de Tèzounkpa. Ces taux sont élevés et
prouvent que les paysans en général sont conscients des dangers
auxquels ils s'exposent en utilisant ces produits. Bien que conscients de ces
dangers ils continuent à utiliser les PCS. Cela est dû aux faibles
degrés de connaissances par ces derniers des méthodes
alternatives. Plusieurs autres alternatives de lutte contre les ravageurs sont
introduites dans le village par le CeRPA. Il s'agit entre autres, de
l'utilisation des extraits aqueux des feuilles ou graines de neem, des feuilles
de papayer et des feuilles d'hyptis. Cependant, seulement 48% des
ménages déclarent connaître ces alternatives. Fanou et
al. (2005) pensent que pour des raisons de rentabilité, ces
moyens ne sont plus utilisés. Les paysans comparent souvent
l'efficacité des nouveaux moyens de lutte qui s'offrent à eux,
avec
les PCS destinés au coton avant de décider de
l'utilisation ou non de l'alternative. Pour eux, les PCS contrôlent mieux
la population des ravageurs.
Autant cette connaissance des effets des PCS varie d'un hameau
à un autre, autant elle varie avec le sexe. Des paysans qui ont une
bonne connaissance de ces effets, on retrouve toutes les femmes chefs de
ménage. En effet, il est admis par tous dans le milieu, que les femmes
ne doivent pas utiliser les PCS car selon les paysans elles sont «
morphologiquement fragiles ». Des cas d'avortement ou
d'intoxication de la mère à l'enfant obligent les femmes à
ne pas s'impliquer dans l'utilisation des PCS. Dassou et al. (2004)
pensent que 56% des personnes victimes ont moins de 15 ans (Cf. tableau
n°32).
Tableau n°32 : Cas d'intoxication
dus aux PCS les cinq dernières années
|
Ahoyèmè
|
Asségon Atchèssingon DaanonKpota Dridjicentre
Effectifs
|
Kindogon
|
Kitigoudo Lègbaholi
|
Tèzounkpa
|
Suicide/Décès
|
3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Avortement
|
6
|
1
|
0
|
4
|
2
|
0
|
4
|
0
|
0
|
Intoxication alimentaire
|
8
|
3
|
7
|
12
|
8
|
5
|
9
|
0
|
1
|
Malaises passagers
|
12
|
8
|
4
|
10
|
12
|
4
|
10
|
8
|
8
|
Total
|
29
|
12
|
11
|
26
|
22
|
9
|
23
|
8
|
9
|
Source : Dassou et al. (2004)
8.3. Connaissance de ces effets par les ouvriers
salariés
Plusieurs ouvriers ont une très bonne connaissance des
effets liés à l'utilisation des PCS. 86,66% des ouvriers
enquêtés déclarent que la manipulation des PCS est
dangereuse car elle engendre les différentes maladies ci-dessus
citées. Des cas d'accident sont également légion dans leur
rang aussi bien sur leurs propres exploitations que lors de l'exercice de leur
métier de salariés agricoles. C'est ainsi que 83,33% des ouvriers
enquêtés ont affirmé avoir vu des cas d'intoxication et 50%
estiment qu'ils ont été victimes eux-mêmes de ces
intoxications. Malgré ces vécus de la part des ouvriers, ils
continuent pour certains de faire les traitements lorsqu'ils sont
sollicités. Un ouvrier occasionnel nous a confié « Un
jour mon nouveau né est tombé malade. Je l'ai emmené
à l'hôpital et la sage femme m'a réclamé 2000 FCFA.
Je
n'avais absolument rien dans ma poche. Alors, je suis
allé expliqué le cas à un voisin qui a accepté
m'avancer la somme. En contre partie le lendemain, je devrais aller travailler
sur son champ. A mon grand étonnement le lendemain il m'a demandé
de lui faire les traitements phytosanitaires dans son champ de coton. Dans ce
cas je n'ai pas le choix puisse qu'il s'agit d'une dette que je dois
rembourser ». De ces propos, il ressort que le besoin pressant
d'argent oblige certains ouvriers à faire n'importe quelle
activité, surtout que le salariat contribue à 100% des revenus
des saisonniers. Les termes de contrat non clairement élucidés en
sont également une cause. Aussi, les producteurs profitent de la
situation difficile des ouvriers, pour leur confier des tâches qu'ils
jugent eux aussi dangereuses.
8.4. Analyse des fondements du choix des ouvriers pour les
traitements phytosanitaires.
50% de ceux qui ont recours à la main-d'oeuvre
salariée pour les traitements phytosanitaires sont des femmes. Ces
dernières ont une bonne connaissance des effets liés à
l'utilisation des PCS, et c'est pour cela qu'elles font appel aux ouvriers pour
ces opérations. Plusieurs femmes nous ont déclaré ce qui
suit :
Encart n°5
1- « Lorsque mon mari était vivant, il m'avait
interdit de m'approcher des PCS sous prétexte que cela rend malade.
Maintenant qu'il est décédé, je suis obligé de
faire appel aux ouvriers pour la pulvérisation, car je n'ai pas de fils
âgé pouvant la faire. »
2- « Ma soeur, il y a 5 ans, avait eu un avortement. Le
médecin de Goho (Abomey) nous avait confié que c'était les
PCS. Alors, j'ai pris la décision d'arrêter de faire
moi-même la pulvérisation, et depuis je confie cette
activité aux ouvriers salariés. »
3- « Je vendais avec la complicité de mon
mari des boîtes de PCS. Mais un jour mon mari est revenu du champ avec
des maux de ventre. Il venait de pulvériser le champ de coton. Il a
été hospitalisé durant une semaine à
l'hôpital. Nous avons dépensé énormément.
Depuis ce jour, plus personne ne touche aux PCS dans notre chambre
jusqu'à son départ pour la Côted'Ivoire. Je suis
obligée aujourd'hui de faire appel aux ouvriers pour faire la
pulvérisation»
Toutes ces déclarations montrent que les femmes sont
conscientes des préjudices qu'elles créent à la
santé des ouvriers. Mais une question subsiste : peuvent elles faire
autrement ? A une femme de nous répondre « J'ai mon argent et
si j'invite un ouvrier il lui revient d'accepter ou de refuser ».
Voilà qui interpelle la responsabilité des ouvriers. Mais, ils
n'ont pas le choix. C'est justement pour cela que les gros producteurs usant de
leur pouvoir financier ont recours à la main-d'oeuvre salariée
pour les opérations qu'ils jugent à risque. En effet les gros
producteurs représentent 50% de ceux qui ont recours à la
main-d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires. C'est
surtout eux qui recrutent les ouvriers saisonniers, de ce fait les ouvriers
font toutes les opérations qui s'offrent à eux.
Il est constaté également dans des
ménages (27,77%), que ce sont les jeunes actifs agricoles qui s'occupent
de la manipulation des PCS. Ce sont les ménages au milieu du cycle et en
fin de cycle. La raison évoquée pour justifier de tels
comportements est toute simple « Nous sommes déjà vieux
et notre organisme ne supporte plus l'odeur suffocante de ces produits. Nous
avions fait notre temps, c'est également l'occasion pour les jeunes de
faire leur preuve ». Ceci qui nous amène à dire que les
risques se transmettent de père en fils. La situation sera critique
d'ici quelques années si rien n'est fait pour mettre fin à
l'utilisation des produits agrochimiques, quand on sait que lors de nos
enquêtes, nous avions rencontré deux chefs de ménage qui
ont déjà perdu la vue suite à l'utilisation au fil des
ans, des PCS selon leur propos. La catégorie des jeunes actifs agricoles
doit être préservée, puisqu'elle constitue la
1ère force de travail des ménages agricoles du village
de Dridji, surtout que l'OIT pense que plus de 20% de la production mondiale de
produits agrochimiques est consommé dans les pays en voie de
développement, lesquels produits sont à l'origine de 70% (1,1
million de la population active) des cas d'intoxication aiguë parmi la
population active (OIT, 1997).
9- CONCLUSIONS ET IMPLICATIONS POUR LE
DEVELOPPEMENT
Dans notre milieu d'étude, on retrouve trois
catégories de producteurs : les petits producteurs, les moyens
producteurs, et les gros producteurs.
Ces différentiations observées au sein des
ménages jouent un rôle très important dans l'utilisation de
la main-d'oeuvre. C'est ainsi que la main-d'oeuvre familiale domine sur
l'exploitation des petits producteurs. L'utilisation de l'entraide diminue des
ménages jeunes aux ménages âgés tandis que
l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée est dominante sur les
exploitations des gros producteurs.
Bien que l'utilisation de la main-d'oeuvre soit liée
aux catégories de producteurs, le choix du type de main-d'oeuvre
à utiliser varie suivant les opérations culturales. L'association
de la main-d'oeuvre salariée à la main-d'oeuvre familiale est
surtout utilisée dans le cadre des travaux lourds tels que le
défrichement, le labour. Le semis, l'épandage et les traitements
phytosanitaires sont des opérations assurées par la main-d'oeuvre
familiale. Dans le cadre du sarclage et de la récolte, l'entraide est
associée à l'utilisation de la main-d'oeuvre familiale et
salariée. Ces résultats nous permettent de confirmer notre
deuxième hypothèse.
Les difficultés de mobilisation de la main-d'oeuvre
amènent les paysans à développer des stratégies de
type "marchand" et "non marchand". Notre hypothèse selon laquelle : plus
les ménages sont jeunes, plus ils développent facilement des
stratégies de type "marchand" de mobilisation de la main-d'oeuvre
salariée est infirmée. En effet l'accumulation de richesse des
ménages âgés et les relations qui lient ces chefs de
ménage à la communauté demeurée au village
d'origine font d'eux, les personnes les plus aptes à recruter la
main-d'oeuvre salariée.
L'hypothèse selon laquelle les producteurs de coton
utilisent plus de main-d'oeuvre salariée que les non producteurs de
coton n'est pas vérifiée. Cependant, l'utilisation de ce type de
main-d'oeuvre dépend d'un certain nombre de facteurs relatifs au statut
socioéconomique de l'exploitant. Entre autres facteurs, on peut citer :
le sexe, le niveau d'instruction du chef de ménage, le revenu du
ménage, la superficie emblavée par ménage et
l'appartenance du ménage à un hameau donné.
Les paysans dans leur grande majorité, ont une bonne
connaissance des effets dus à l'utilisation des pesticides. Afin de
préserver leur organisme de ces nuisances, les femmes et
les gros producteurs ont recours aux ouvriers pour les
traitements phytosanitaires. L'hypothèse selon laquelle l'utilisation de
la main-d'oeuvre salariée est une stratégie de transfert des
risques liés aux PCS n'est pas vérifiée lorsqu'on se
rapporte à l'ensemble de la population de notre échantillon.
De ce qui précède, il ressort que :
- les différentes technologies qui doivent être
élaborées dans le sens de l'amélioration des techniques
culturales doivent tenir compte des facteurs d'allocation de la main-d'oeuvre
salariée précédemment cités ;
- l'amélioration du niveau de vie des populations
rurales contribuera à lever les contraintes liées à
l'emploi des facteurs de production en général, et celui de la
main-d'oeuvre en particulier ;
- des actions doivent être menées pour limiter les
dangers du travail agricole notamment ceux engendrés par l'utilisation
des pesticides chimiques de synthèse ;
- des sensibilisations doivent être menées en
direction des chefs de ménage, dans le but de préserver les
actifs agricoles, car ils constituent la première forme de main-d'oeuvre
utilisée sur les exploitations.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1- Adégbidi, A. (1987) :"Les marges brutes de la
production des différentes variétés de maïs sur le
plateau Adja au Bénin". Rapport de recherche non publié du
Département d'Economie et de Sociologie Rurales, Abomey-Calavi, FSA/UNB,
République Populaire du Bénin.
2- Adégbidi, A. (1994) : Cours de gestion des
exploitations. Abomey-Calavi, FSA/UNB.
3- Adégbidi, A. (2003) :"Elaboration de plan de
production agricole en milieu paysan dans l'agriculture pluviale du
Bénin : une analyse de la pluviométrie dans la zone
cotonnière au Nord Bénin: cas du village de Bagou ".
Thèse de 3è cycle, université de Groligen, Pays Bas.
4- Adjahossou, N. ; F. Azatassou ; M. Crinot (2004) :
Monographie villageoise dans le village de Dridji, commune de Djidja du 26
février au 05 avril 2004, Inédit.
5- Affomassè, D. (1982) : "Economie de la
production du maïs: Etude de cas de paysans de la province du Zou,
République Populaire du Bénin". Thèse
d'ingénieur, Abomey-Calavi, FSA/UNB.
6- Aho, N. et D. Kossou (1997) : " Précis
d'Agriculture Tropicale, Base et Eléments d'application". Ed.
Flamboyant, Cotonou.
7- Ahouissoussi, A. (1996) : "Le coton dans la
restructuration des relations socioéconomiques : cas du village Founougo
dans la sous-préfecture de Banikoara." Thèse
d'Ingénieur Agronome, Abomey-Calavi, FSA/UNB.
8- Alokpai, N. (2002) : "Etude socio-économique de
la dynamique de la main-d'oeuvre agricole dans les systèmes à
base de coton : cas de la commune de Glazoué." Thèse
d'Ingénieur, Abomey-Calavi, FSA/UAC.
9- Badouin, R. (1975) : "Les agricultures de subsistance et
le développement économique". Ed. Pedone, Paris.
10- Biaou, G. (1991) : "Régime foncier et gestion des
exploitations agricoles sur le plateau Adja (Bénin) ".
Thèse de doctorat de 3è cycle, CIRES,
Université de Cocody, Abidjan.
11- Biaou, G. (1995): Comprendre l'organisation et le
fonctionnement du système d'exploitation en milieu rural africain. Le
cas du plateau Adja au Bénin. In série d'Economie et de
sociologie rurales. n°1995-02, FSA/UNB.
12- Biaou, E. (1998) : "Productions cotonnières et
stratégies de sécurité alimentaire au sein des
ménages agricoles du Borgou : étude de cas du village de Bagou
dans la sous-préfecture Gogounou-Bénin." Thèse
d'Ingénieur, FSA/UNB.
13- Chombart, J., P. Poitevin, J. C. Tirel (1963): "Nouvelle
gestion des exploitations agricoles". Deuxième Ed. Dunod, paris.
14- Dassou, T. S., H. Adoho, F.Vodouhè (2004) : Etude
sur les cas d'accidents dus aux pesticides chimiques de synthèse dans le
village de Dridji de la commune de Djidja. Rapport d'étude,
OBEPAB-Ecosanté, inédit.
15- David, S. (1972) : "International Encyclopédie
of social sciences", volumes 7 et 8.
16- Den Ouden, H.B. J. (1997) : Gestion de la main d'oeuvre et
accumulation. In Daane et al. (1998): Dynamique paysanne
sur le plateau Adja du Bénin. Ed. Karthala, Paris.
17- Dounias, I. (1998) : "Modèles d'action et
organisation du travail pour la culture cotonnière : Cas des
exploitations agricoles du bassin de la Bénoué au Nord
Cameroun". Thèse de doctorat, Institut National Agronomique, Paris
Grignon.
18- Dufumier, M. (1996) : "Les projets de
développement agricole". Manuel d'expertise, Ed. Karthala
et CTA.
19- Dvorak, K. (1995): " Besoins en main d'oeuvre et
évaluation des technologies". Guide de recherche de l'IITA, Ibadan,
Nigeria.
20- Edja, H. (1999) : "Colonisation agricole spontanée et
milieux sociaux nouveaux". Thèse de doctorat, Allemagne.
21- Fanou, A. J., P. Assogba, S. Vodouhè, C. Assogba,
L. Glin (2005) : Les processus de prise de décision du choix des
cultures et de l'utilisation des produits de synthèse (PCS) à
Dridji. Rapport de recherche, OBEPAB-Ecosanté, Inédit.
22- FAO (1984) : "Population et main-d'oeuvre dans
l'économie rurale". thèmes pour l'enseignement, Rome.
23- FAO (1986) : L'agriculture africaine : les 25 prochaines
années. 14è conférence régionale de la
FAO pour l'Afrique, rapport principal Yamoussoukro, Côte d'Ivoire.
24- Floquet, A. (1996) : "Identification des
problèmes liés au maintien de la fertilité des sols chez
les paysans du bas-Bénin : phase diagnostique dans six villages du
bas-Bénin en début de programme". Ed. INRAB /Cotonou
25- Floquet, A. ; R. Mongbo (1996) : "Le charbon, le coton
et après ? Suivie et Réorientation économique d'un village
à l'épuisement de ses ressources naturelles. Développement
participatif de technologies pour le maintien de la fertilité des sols
au BasBénin." Rapport n°8 Université d'Hohenkein et
Institut National de Recherche du Bénin.
26- Floquet, A. ; R. Mongbo (1998) : Des paysans en mal
d'alternatives : dégradation des terres, restructuration de l'espace
agraire et urbanisation au bas-Bénin. Rapport de
consultation.
27- Gastellu, J. M. (1980) : Mais, où sont donc ces
unités économiques que nos amis cherchent tant en Afrique. In
Evaluation du développement rural, méthodes
d'investigation. Colloque Groupe de recherche pour l'amélioration
des méthodes d'investigation en milieu rural africain (Amira).
28- Harrison, M. (1975): Tchayanov and the Economics of the
Russian Peasantry in Journal of peasants studies, vol. 2 n°9.
29- Houndékon, V. (1986) : "Allocation de la main
d'oeuvre : Etude de la variabilité des allocations de main-d'oeuvre au
niveau des chefs de ménage et celui de leurs épouses dans
l'économie paysanne du plateau Adja, étude de cas dans trois
villages." Thèse d'Ingénieur Agronome, Abomey-Calavi,
FSA/UNB.
30- Houngbo, E. (1996): "Les problèmes
d'allocations de ressources liés à la production durable du
manioc au Bénin : Etude de cas de la sous-préfecture de
Sakété". Thèse d'Ingénieur Agronome.
Abomey-Calavi, FSA/UNB.
31- Jäger-Mischke, I. (1993): In Pesticides et
agriculture tropicale : Dangers et alternatives. Ed. CTA, Pays bas et PAN,
Hambourg 50, RFA.
32- Jouve, P et Dugué, M. (1994) : Le diagnostic des
conditions et modes d'exploitation agricole du milieu de la région
à la parcelle. In appui aux producteurs ruraux guide
à l'usage des agents de développement et des responsables de
groupement. Ed. Karthala, Paris.
33- Katary, A. (1997) : "Evaluation des pratiques
paysannes en zone cotonnière en relation avec les recommandations de la
recherche au Bénin". Thèse d'état, Université
de Cocody, Abidjan.
34- Kpenavoun, S. (2000) : "Itinéraire technique
et pratiques dans les zones cotonnières du Bénin : cas des
sous-préfectures de Kandi et de Djougou." Thèse
d'Ingénieur Agronome, Abomey-Calavi, FSA/UNB.
35- Le Matin (2005) :
www.sonagnon.net
36- Long, N. (1984): "Family and work in rural societies.
Perspectives on non wage labour". Tavistock Publications, Ltd, London.
37- Mackintosh, M. (1979): Domestic labour and household.
in 5 Burman. Ed. Fit work for women London: crown Helm.
38- MDR/GTZ (2000): Initiative sur la fertilité des
sols (IFS,FAO/Banque Mondial) in Etude des filières des intrants
agricoles au Bénin (engrais minéraux, produits phytosanitaires,
semences, matériels et équipements agricoles, fertilisants
organiques). Tome 3 Annexe11
39- Memento (2002) : "Memento de l'agronome". Ed.
Ministère de la Coopération, Paris.
40- Nouhoheflin, T. (2001) : "Impact de l'adoption des
nouvelles technologies de niébé sur l'amélioration des
revenus dans les sous-péfectures de Savè et de
Kluoékanmè (République du Bénin) ".
Thèse d'ingénieur, Abomey-calavi FSA/UAC
41- OBEPAB (2002) : Le coton au Bénin. Rapport de
consultation sur le coton conventionnel et le coton biologique au Bénin,
Ed. PAN UK'S
42- OBEPAB (2005) : La problématique du genre dans la
gestion des produits chimiques de synthèse (PCS) à Dridji.
Rapport de rcherche, OBEPAB-Ecosanté, Inédit.
43- OIT (1997) : Les dangers du travail agricole.
Conférence internationale sur la santé et la
sécurité du travail agricole, rapport principale Itasca,
Canada.
44- Quenum, Y. (1986) : "Formation, structure et
importance du revenu agricole dan le ménage paysan : étude de cas
de trois villages sur le plateau Adja (province du Mono) ". Thèse
d'ingénieur, Abomey-calavi, FSA/UNB.
45- Reboul, C. (1989) : "Monsieur le capital et madame la
terre : fertilité agronomique et fertilité
économique". Ed. NRA, Paris.
46- Riboux, R. (2002) :
www.abcburkina.net
47- Sala-diakanda, M. (1998) : Problèmes conceptuels
liées aux informations disponibles sur la structure des ménages
en Afrique ainsi qu'à son analyse. in "Congrès
africain de la population", Dakar.
48- Secteur Djidja (2005) : Rapport annuel de campagne 2004 -
2005. Djidja, inédit.
49- Tchayanov, A. (1925) : "l'organisation de
l'économie paysanne". Librairie du regard, Moscou.
50- Tchayanov, A. (1990) : "l'organisation de
l'économie paysanne" (traduction d'Alexis Berelowitch). Ouvrage
publié avec le concours du Centre National des Lettres, Librairie du
Regard, Paris.
51- Tonou, P. (1987): "cadre de référence
paysan et allocation du travail dans l'économie paysanne du plateau Adja
(étude de cas du village, Zouzouvou) dans le district de
Djakotomey". Thèse d'ingénieur, FSA/UNB.
52- Vodouhè, D. S. (1999) : Le coton biologique : une
chance à saisir par l'Afrique pour un développement plus
harmonieux. Rapport de recherche, Abomey, inédit.
53- Vodouhè, D. S. et Idrissou, L. (2003) :
Réglementation des pesticides chimiques dangereux au Bénin.
in Analyse écosystémique des effets des produits chimiques de
synthèse sur la santé humaine. Rapport d'atellier,
Abomey.
54- Yessoufou, M. (2004) : "Analyse des processus de
prise de décisions dans les systèmes de production agricole : le
choix des cultures et l'utilisation des pesticides chimiques de synthèse
à Dridji (Commune de Djidja)." Thèse d'Ingénieur,
Abomey-Calavi, FSA/UAC, inédit.
ANNEXE 1: Questionnaire à l'endroit des
ménages.
Fiche n° :
Enquêteur . Date
Commune : Djidja Village : Dridji
Hameau (HAM) :
1= Tèzounkpa, 2= Asségon ; 3= Kindogon
I- Caractéristiques du ménage
Caractéristiques
|
Modalités/Codes
|
Réponses
|
Nom de l'enquêté (NOM)
|
|
|
Sexe (SEX)
|
0= Féminin ; 1= Masculin
|
|
Age (AGE)
|
|
|
Ethnie (ETH)
|
1= Fon ; 2= Mahi ; 3= Tchabè ; 4=Peulh ; 5=Bariba ;
6= Autre (à préciser)
|
|
Origine (ORIGI)
|
0= Allochtone; 1= Autochtone
|
|
Religion (RELIG)
|
1= Animiste; 2= Chrétien 3= Musulman; 4= Autre
|
|
Situation matrimoniale (SMAM)
|
1= Marié(e) ; 2= Divorcé(e) 3= Veuf (ve) ;
4=Célibataire
|
|
Nombre d'épouse (NOFEM)
|
-
|
|
Nombres de personnes à charge
(NOPERCH)
|
-
|
|
Niveau d'instruction (NIVINTRU)
|
0= Aucun ; 1= Primaire
2= Secondaire ; 3= Supérieur 4=Alphabétisé ;
5= Autre
|
|
Activité principale selon son importance dans le revenu
(ACTIPRIN)
|
1= Agriculture ; 2= Elevage 3= Transformation ; 4= pêche 5=
Chasse ; 6= Autre
|
|
Culture principale selon son importance dans le revenu
(CULPRINC)
|
1= Maïs ; 2= Niébé ; 3= Coton 4= Arachide ; 5=
Manioc
6= Autre (à préciser)
|
|
Connaissance des effets dus à l'utilisation des PCS
(CEFPCS)
|
0= Aucun ; 1= Bonne ; 2= plus ou moins bonne ; 3= Mauvaise
|
|
Types de main d'oeuvre dominant (MODD)
|
1= Main d'oeuvre familiale ; 2= Main d'oeuvre salariée ;
3= Entraide ;
4= Aide ; 5= Autre (à préciser)
|
|
II- Composition du ménage et organisation du travail
Membres du ménage et leurs activités
Catégories d'âge
|
Effectifs
|
Lien avec le Chef Ménage (LIENCM)
a)
|
Niveau
d'instruction (NIVINTRU b)
|
Travaux exécutés (TRAVEX)
c)
|
<7 ans
|
|
|
|
|
7 - 14ans Garçons
|
|
|
|
|
7 - 14ans Filles
|
|
|
|
|
14 - 64 ans Homme
|
|
|
|
|
14 - 64 ans Femme
|
|
|
|
|
> 65 ans
|
|
|
|
|
a) 1= CM, 2= Epouse CM ; 3= Enfant CM ; 4= Frère ou soeur
; 5= Autre parent ; 6= Autres
b) 0= Aucun ; 1= Primaire ; 2= Secondaire ; 3= Supérieur
; 4=Alphabétisé ; 5= Autre
c) 0= Aucun ; 1= Défrichement ; 2= Labour;3= Semis ; 4=
Sarclage ; 5= Démariage ; 6= Epandage ; 7= Traitement phytosanitaire ;
8= récolte ; 9= Transport ; 10= Tout ; 11=
Autre(àpréciser)
Pourquoi une telle répartition des tâches dans le
ménage ?
B Calendrier journalier (intensité de travail)
(CAJOUR)
Catégories d'âge
|
Matin
|
Soir
|
<7 ans
|
|
|
7 - 14ans Garçons
|
|
|
7 - 14ans Filles
|
|
|
14 - 64 ans Homme
|
|
|
14 - 64 ans Femme
|
|
|
> 65 ans
|
|
|
1= Elevé ; 2= Moyen ; 3= Faible
C- Centre de décision (CENTDEC)
Qui prend les décisions au sein du ménage pour ce
qui est de l'organisation du travail ?
1= Chef Ménage (CM) ; 2= Epouse CM ; 3= Enfant CM ; 4=
Parent CM ; 5= CM et Epouse CM ; 6= Autre
Pourquoi ?
III- Ressources productives
A- Terre
1-Caractéristiques de la terre
(Saison 2004-2005)
Champs
|
Mode de faire valoir
(MODFV)
|
Superficie disponible (ha) (SDISPO)
|
Superficie emblavée (ha) (SEMBLA)
|
|
GS
|
PS
|
1er champ
|
|
|
|
|
2ème champ
|
|
|
|
|
3ème champ
|
|
|
|
|
4ème champ
|
|
|
|
|
5ème champ
|
|
|
|
|
GS= Grande Saison ; PS= Petite Saison
1= Héritage ; 2= Prêt ; 3= Don ; 4= Achat ; 5=
Location ; 6= Autre( à préciser)
2-Superficie emblavée en ha par culture et par saison
(2004-2005) (SECSAI)
Cultures
|
GS
|
PS
|
Maïs (SECSAM)
|
|
|
Niébé (SECSAN)
|
|
|
Coton (SECSAC)
|
|
|
Arachide (SECSAA)
|
|
|
Manioc (SECSAMA)
|
|
|
Autre (SECSAT)
Calendrier saisonnier du ménage présentant les
périodes de pointe de travail (CALSAIS)
Activités
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Septembre
|
Octobre
|
Novembre
|
Décembre
|
Défrichement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Labour
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Démariage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Sarclage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Epandage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Traitement phytosanitaire
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
* Cocher les activités suivant les périodes
B- La main d'oeuvre
Non
Appartenez-vous à un groupe d'entraide ?
(GRENT) oui Si oui, Combien ? Pourquoi ?
1-Utilisation de la main d'oeuvre (UTILMOD)
Activités
|
Types de main d'oeuvre utilisés a)
|
Type de main d'oeuvre dominant b)
|
Proportion des types de main d'oeuvre
|
Agriculture (UTILMODA)
|
|
|
|
Elevage (UTILMODE)
|
|
|
|
Transformation (UTILMODT)
|
|
|
|
Pêche (UTILMODP)
|
|
|
|
Chasse (UTILMODC)
|
|
|
|
Autres (UTILMODAT)
|
|
|
|
1= Main d'oeuvre familiale ; 2= Main d'oeuvre salariée ;
3= Entraide ; 4= Aide ; 5= Tout ; 6= Autre (à préciser)
1= Main d'oeuvre familiale domine ; 2= Main d'oeuvre
salariée domine ; 3= Entraide domine ; 4= Aide domine ; 5= Autre
2-Répartition de la main d'oeuvre par culture et par
saison (RMOCSA)
Cultures
|
GS
|
PS
|
MOF
|
MOS
|
Entraide
|
Aide
|
MOF
|
MOS
|
Entraide
|
Aide
|
Maïs (RMOCSA)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Niébé (RMOCSA)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Coton (RMOCSA)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Arachide (RMOCSA)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Manioc (RMOCSA)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Autres (RMOCSA)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0= Inexistant ; 1= Abondant ; 2= Moyen ; 3= Faible
3-Disponibilité de la main d'oeuvre suivant les
opérations culturales (DIMODOC)
Activités
|
MOF
|
MOS
|
Entraide
|
Aide
|
Défrichement
|
|
|
|
|
Labour
|
|
|
|
|
Semis
|
|
|
|
|
Démariage
|
|
|
|
|
Sarclage
|
|
|
|
|
Epandage
|
|
|
|
|
Traitement phytosanitaire
|
|
|
|
|
Récolte coton
|
|
|
|
|
Autre récolte
|
|
|
|
|
Transport
|
|
|
|
|
1= Grande ; 2= Moyen ; 3= Faible
4- Main d'oeuvre salariée utilisée la saison
200-2005 (MODSA)
Activités
|
MOS
|
Sexe
|
Classe d'âge
|
Défrichement
|
|
|
|
Labour
|
|
|
|
Semis
|
|
|
|
Démariage
|
|
|
|
Sarclage
|
|
|
|
Epandage
|
|
|
|
Traitement phytosanitaire
|
|
|
|
Récolte coton
|
|
|
|
Autre récolte
|
|
|
|
Transport
|
|
|
|
5- Disponibilité de la main d'oeuvre suivant les saisons
(DIMODSAI
Types de main d'oeuvre
Saisons
|
MOF
|
MOS
|
Entraide
|
Aide
|
1ère Saison des pluies
|
|
|
|
|
2ème Saison des pluies
|
|
|
|
|
Saison sèche
|
|
|
|
|
0= Pas disponible ; 1= Moins disponible ; 2= Plus disponible ; 3=
Rare Quelles sont les raisons qui justifient votre classement ?
6- Caractéristiques de la main d'oeuvre salariée
utilisée (CAMOSA)
Provenance
a)
|
Classe d'âge
b)
|
Sexe
|
Type de contrat
c)
|
Type de rémunération
d)
|
Travaux exécutés
e)
|
Motivations
f)
|
Ethnie
g)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
a) 1= Zakpota ; 2= Bohicon ; 3= Tindji ; 4= Agbangninzoun ; 5=
Lissazounmè ; 6= Abomey ; 7= Ounbègamè ; 8= Dan 9=
Fonkpamè ; 10= Autre (à préciser)
b) 1= <7 ans ; 2= 7-14 ans ; 3= 15-64 ans ; 4= >65 ans
1= Occasionnel rémunéré à la
tâche ; 2= permanent rémunéré à la saison
(saisonnier) ; 3= Permanent rémunéré à la
tâche ; 4= Autre
1= En espèce + nourriture ; 2= En nature + nourriture ; 3=
Nourriture + logement + espèce ; 4= Nourriture + logement +
espèce + soins sanitaire ; 5= Autre ( à préciser)
e) 0= Aucun ; 1= Défrichement ; 2= Labour; 3= Semis ; 4=
Sarclage ; 5= Démariage ; 6= Epandage ; 7= Traitement phytosanitaire ;
8= récolte ; 9= Transport ; 10= Tout ; 11= Autre (à
préciser)
f) 1= Bonne ; 2= Plus ou moins bonne ; 3= Mauvaise
1= Fon ; 2= Mahi ; 3= Tchabè ; 4=Peulh ; 5=Bariba ; 6=
Autre (à préciser)
Qu'est-ce qui vous motive dans le choix de vos manoeuvres ?
Qualité des traitements phytosanitaires
réalisés par les différents types de main d'oeuvre
(QATRAMO)
MOF
MOS
Entraide
Aide
Traitement phytosanitaire
1= Parfait ; 2= Bonne ; 3= Plus ou moins bonne ; 4
Bâclée
Depuis combien de temps faites-vous recours à la main
d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires ?
Pourquoi faites-vous recours à la main d'oeuvre
salariée pour les traitements phytosanitaires ? .
1= Eviter les risques d'intoxication ; 2= Ignore comment on
fait les traitements phytosanitaires ; 3= Bonne prestation des manoeuvres ; 4=
Coûte moins chère ; 5= Indisponibilité de la main d'oeuvre
familiale ; 6= Autres (à préciser)
Etes-vous satisfait de leur prestation ?
0= NON ; 1= Oui
Pourquoi ?
7- Rémunération de la main d'oeuvre salariée
(REMUMSA)
Activités
Superficie (1 ha)
|
Toutes les cultures
|
Coton
|
Toutes les cultures
|
Coton
|
Défriche- ment
|
Labour
|
Semis
|
Déma- riage
|
Sarcla- ge
|
Epan- dage
|
Pulvé- risation
|
Rebu- tage
|
Récolte Un seul coup
|
Récolte double
|
Culture à plat
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Billon
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C- Capital
Estimation du revenu de la production végétale
(REVP)
|
Maïs
|
Niébé
|
Coton
|
Arachide
|
Manioc
|
Autre
|
GS
|
PS
|
GS
|
PS
|
GS
|
PS
|
GS
|
PS
|
GS
|
PS
|
GS
|
PS
|
Superficies(ha)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Quantités obtenues(kg)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Part sur 10 vendue
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Part sur 10 consommée
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Part sur 10 donnée et autre
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Prix de vente
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Part sur 10 de votre revenu annuel provenant de la production
végétale Estimation du revenu des autres activités
(REVAT)
Rang
|
1er
|
2ème
|
3ème
|
4ème
|
Nom de l'activité
|
|
|
|
|
Part sur 10 du revenu provenant de l'activité
|
|
|
|
|
1= Elevage ; 2= Pêche ; 3= Chasse ; 4= Autre
Dépenses effectuées au cours de l'année 2004
(DEP)
Activités
Dépenses
Agriculture Elevage Transformation
Pêche
Chasse
Autre
Total
Quels sont vos équipements agricoles ?
Quelles sont les influences du déficit de la main d'oeuvre
sur la production agricole ? (INFMOD)
1= Non respect du calendrier cultural ; 2= Mauvais rendement ; 3=
Mauvaise production 4= Pertes de produits agricoles ; 5= Autres
Quelles sont les stratégies de mobilisation de la main
d'oeuvre ? (SMOMOD)
0= Aucun ; 1= Augmenter la taille du ménage ; 2= Faire des
prêts ; 3= Sur utilisation de la main d'oeuvre familiale ; 4=Recruter
assez de main d'oeuvre salariée ; 5= Appartenir à plusieurs
groupes d `entraide ; 6= Engager le processus de recrutement de la main
d'oeuvre avant le démarrage de la saison ; 7= Association culturale ; 8=
Autre( à préciser)
ANNEXE 2 : Questionnaire à l'endroit des
manoeuvres.
Fiche n° :
Enquêteur . Date
Commune : Djidja Village : Dridji
Hameau (HAM) :
1= Tèzounkpa, 2= Asségon ; 3= Kindogon
I- Identité de l'enquêté
Nom de l'enquêté (NOM)
|
|
|
Sexe (SEX)
|
0= Féminin ; 1= Masculin
|
|
Age (AGE)
|
|
|
Ethnie (ETH)
|
1= Fon ; 2= Mahi ; 3= Tchabè ; 4=Peulh ; 5=Bariba
; 6= Autre (à préciser)
|
|
Provenance (PROVE)
|
1= Zakpota ; 2= Bohicon ; 3= Tindji ;
4= Agbangninzoun ; 5= Lissazounmè ; 6= Abomey ; 7=
Ombègamè ; 8= Dan ;
9= Fonkpamè ; 10= Autre (à préciser)
|
|
Religion (RELIG)
|
1= Animiste; 2= Chrétien 3= Musulman; 4= Autre
|
|
Situation matrimoniale (SMAM)
|
1= Marié(e) ; 2= Divorcé(e) 3= Veuf (ve) ;
4=Célibataire
|
|
Nombre de femmes (NOMFEM)
|
-
|
|
Nombres de personnes à charges
(NOMPERCH)
|
-
|
|
Niveau d'instruction (NIVINTRU)
|
0= Aucun ; 1= Primaire
2= Secondaire ; 3= Supérieur 4=Alphabétisé ;
5= Autre
|
|
Sources de revenu par ordre d'importance
|
|
|
Depuis combien d'années exercez-vous le travail de
manoeuvre ?
Pourquoi faites-vous ce travail ?
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
,
Quelles sont les opérations culturales pour
lesquelles vous servez d'ouvrier agricole ?
1= Défrichement ; 2= Labour; 3= Semis ; 4= Sarclage ; 5=
Démariage ;
6= Epandage ; 7= Traitement phytosanitaire ; 8= récolte ;
9= Tout ; 10= Autre (à préciser)
Faites-vous les traitements phytosanitaires en tant que
manoeuvre? 0= Non ; 1= Oui
Si Oui, pour quelles cultures ? Pourquoi ?
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
..........................................................................................
Si Non,pourquoi ? .
............................................................................................................... ...............................................................................................................
...............................................................................................................
....................................
Que connaissez-vous des risques liés au traitement
phytosanitaire ?
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
..........................................................................................
La manipulation des PCS est-elle dangereuse selon vous ?
.
0= Non ; 1= OuiJustifiez-
vous
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................
Avez-vous reçu des cas de manifestation d'attaques
(intoxication) liées aux PCS ?
0= Non ; 1= OuiSi oui,
parlez-nous
en ?
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
...............................................................................................................
....................................................................
Rémunération de la main d'oeuvre
salariée par opération et par culture (REMUMSA)
Activités
Superficie (1 ha)
|
Toutes les cultures
|
Coton
|
Toutes les cultures
|
Coton
|
Défriche- ment
|
Labou r
|
Semis
|
Déma- riage
|
Sarcla- ge
|
Epan- dage
|
Pulvé- risatio n
|
Rebu- tage
|
Récolte Un seul coup
|
Récolte double
|
Culture à plat
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Billon
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Classement (Ranking) selon le niveau de sollicitation
pour chaque opération culturale
|
Défrich e
Ment
1
|
Labou r
2
|
Semis
3
|
Sarclage
4
|
Déma -
Riage
5
|
Epan- Dage
6
|
Traitemen t Phyto- sanitaire
7
|
récolte
8
|
Score
|
Défrichement
1
|
|
|
|
Labour
2
|
|
|
Semis
3
|
|
|
|
|
Sarclage
4
|
|
|
|
|
|
Démariage
5
|
|
|
|
|
|
|
Epandage
6
|
|
|
|
|
|
|
|
Traitement phytosanitaire
7
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Récolte
8
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Score
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Rang
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ANNEXE 3 : Résultats des tests
statistiques Résultats du test t de Student
Statistiques
HJ/SUPER1 HJ/SUPER2
N Valide 45 45
|
Moyenne
|
26.7679545
|
21.25777778
|
Erreur std. de la moyenne
|
4.67544735
|
3.942877864
|
Médiane
|
|
20.145
|
10
|
Ecart-type
|
|
30.9234091
|
26.44962879
|
Variance
|
|
961.831547
|
699.5828631
|
Minimum
|
|
0
|
0
|
Maximum
|
|
161.14
|
102.86
|
Centiles
|
25
|
11.4375
|
4
|
|
50
|
20.145
|
10
|
|
75
|
31.9375
|
34.86
|
Moyenne comparées :
|
|
27.38795455 21.25777778
|
|
|
Test de student
|
|
|
t
|
ddl
|
|
1.19713754
|
44
|
Différence moyenne Intervalle de confiance 95% de la
différence
Inférieure Supérieure
5.520154545 -3.298783645 15.55909274
Sig. 0.19677005901
(bilatérale)"S" 1176
S>0,05 donc les deux moyennes ne sont pas
différentes.
Résultat de la régression simple entre le nombre
d'actifs agricoles et la superficie emblavée
Corrélations
SEBLATOTO NACTIF
SEBLATOTO Corrélation de Pearson 1 0.545897547
Signification , 2.62637E-08
N 90 90
NACTIF Corrélation de Pearson 0.54589755 1
Sig. (bilatérale) 2.6264E-08 ,
N 90 90
** La corrélation est significative au niveau 0.01
C=0,546 donc relation moyenne
Signification = 0 donc existence de relation linéaire car
< 0,01
Statistiques descriptives
|
|
|
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
N
|
SEBLATOTO
|
5.15166667
|
3.9988204
|
90
|
NACTIF
|
3.66666667
|
2.50841281
|
90
|
Test d'ANOVA réalisé entre le nombre d'actifs des
producteurs de coton et celui des non producteurs de coton
NACTIF
PROCOTON
|
Mean
|
N
|
Std. Deviation
|
Minimum
|
Maximum
|
.00
|
3.1500
|
45
|
1.49943
|
.75
|
6.75
|
1.00
|
4.1833
|
45
|
3.15166
|
1.00
|
18.50
|
Total
|
3.6667
|
90
|
2.50841
|
.75
|
18.50
|
ANOVA Table
|
|
Sum of Squares
|
df
|
Mean Square
|
F
|
Sig.
|
NACTIF * Between
|
|
|
|
|
|
PROCOTO Groups)
|
24.025
|
1
|
24.025
|
3.945
|
.050
|
N
|
|
|
|
|
|
Within Groups
|
535.975
|
89
|
6.091
|
|
|
Total
|
560.000
|
90
|
|
|
|
ANNEXE 4 : Cartes des différentes communes
pourvoyeurs de main-d'oeuvre salariée externe
|