Les moteurs de la croissance de l'économie burkinabe et sa vulnerabilité aux chocs extérieurs( Télécharger le fichier original )par K. Issaka YAMEOGO Ecole National d'Administration et de Magistrature (ENAM) - Conseiller des affaires économiques 2009 |
Paragraphe 2 : Le rôle de l'investissement dans la croissance économique du Burkina FasoLe Burkina Faso se situe parmi les pays de l'UEMOA qui consacrent des efforts appréciables en matière d'investissement par rapport au PIB réel. En effet, ce taux est au dessus de la moyenne de l'ensemble des pays de l'UEMOA. Le taux d'investissement moyen du Burkina Faso par rapport au PIB est d'environ 21,6% pour la période 2000-2008, contre une moyenne de 13.4% pour toute la zone. Graphique n°7 : Evolution du taux d'investissement réel en pourcentage du PIB du Burkina Faso et de L'UEMOA Source : Construit par l'auteur à partir des données du tableau 13 en annexe 1 Cependant, le taux de croissance de son PIB n'est pas meilleur que celui de plusieurs pays qui ont moins d'investissements. Cela pose donc le problème du rendement du capital dans le pays. L'étude sur la compétitivité et la croissance au Burkina Faso a déjà relevé la faible productivité des investissements du pays23(*). Elle l'explique par le sous investissement dans la maintenance des infrastructures publiques. Aussi, les investissements ne sont pas suffisamment dirigés vers les secteurs porteurs. Une étude menée par la Direction Générale de l'Economie et de Planification (DGEP)24(*) est arrivée à la conclusion que l'accumulation du capital a un impact positif et significatif sur la croissance économique, aussi bien à court terme qu'à long terme. Un accroissement de 1% du stock de bien d'équipement induit une croissance du PIB réel de 0,92% à court terme et 0,23% à long terme. L'impact de l'accumulation du capital à long terme est moins important qu'à court terme. Cette situation peut s'expliquer par le fait que le coût d'acquisition des biens d'équipements entièrement importés constitue une barrière quant à l'accès des unités de productions aux innovations technologiques. Le rôle du progrès technique dans le processus de production de l'économie du Burkina Faso se trouve donc posé. Or la théorie économique montre que le progrès technique constitue l'autre force dominante qui influe sur la croissance après l'accumulation du capital. Toutefois, la contribution de l'investissement (Formation Brute du Capital Fixe) à la croissance du PIB en 2002 a été de -0,01 point de pourcentage. Mais de 2003 à 2007, elle est passée de 1,1 à 5,3 points de pourcentage. L'investissement constitue de ce fait un facteur important pour la croissance. Des investissements supplémentaires sont donc toujours nécessaires pour maintenir un certain niveau de croissance économique. Paragraphe 3 : Les facteurs de l'environnement international et la croissance économiqueLe Burkina Faso est un pays à marché étroit ouvert sur l'extérieur et donc soumis à l'influence de l'environnement international sur lequel il a très peu de prise. Cet environnement est constitué par les financements publics extérieurs, des possibilités de migration, et enfin l'intégration régionale. Aussi, convient-il d'examiner dans quelle mesure ces différents facteurs de l'environnement international contribuent à la croissance économique. A- Les financements publics extérieurs et la croissance économique Le Burkina Faso figure parmi les pays recevant les flux de financements publics importants. Malgré une tendance internationale générale à la baisse des flux d'aides, ceux reçus par le Burkina Faso ont été en général croissants en longue période en raison de la bonne réputation attachée à la gestion économique du pays. Comme l'indique le graphique suivant les flux d'aide en pourcentage du PIB sont quasi-stationnaires, avec un taux plus important de 16% atteint en 2001 et 2002. L' Aide Publique au Développement (APD) a représenté environ 15% du PIB en moyenne entre 2000 et 2007. Des apports d'un tel volume ne peuvent qu'affecter profondément l'évolution économique du pays. Graphique n°8 : Evolution des flux d'aides (APD) reçus par le BF (2000-2007) Source : Construit par l'auteur à partir des données du tableau 17 en annexe 1 Un accroissement de l'aide n'entraîne pas forcement une augmentation de même montant de l'investissement. Le pays peut choisir d'en consommer une partie, puisque certains types de financements étrangers (aide programme) visent à la réalisation d'objectifs généraux en laissant au destinataire une marge de liberté importante dans l'utilisation des ressources. Certaines formes d'aides sont affectées (aide projet), par exemple au financement des infrastructures. L'aide apporte un supplément considérable au revenu courant de l'Etat qui augmente les possibilités d'investissements notamment dans le domaine des infrastructures routières, électriques et hydro-agricoles et des infrastructures sociales de base (éducation, santé). Par conséquent, les financements publics extérieurs augmentent les possibilités d'investir. Son effet sur la croissance est positif. B- La migration régionale et la croissance économique Les migrations, notamment vers la Côte d'Ivoire et à moindre degré vers le Gabon constituent un phénomène important mais difficilement appréhendé statistiquement. La décision de départ obéit à des motifs économiques mais aussi à des motifs sociologiques. Les flux migratoires étant difficiles à saisir directement, on peut tenter de les appréhender de manière indirecte à travers l'importance des transferts financiers des travailleurs émigrés en pourcentage du PIB. Graphique n°9 : Evolution des transferts courants (économies sur salaire) en pourcentage du PIB Source : Construit par l'auteur à partir des données du tableau 18 en annexe 1 En moyenne cette épargne s'est établie à 32 milliards de FCFA par an sur la période 2000-2007 dont la part provenant de la Côte d'Ivoire représente environ 90%. Les transferts des revenus des migrants à l'image de l'aide extérieure constituent un accroissement de revenus et un complément à l'épargne nationale. Cependant, on constate une tendance à la baisse des transferts des travailleurs migrants dans ce pays en raison de la crise déclenchée en septembre 2002. Les effets de la migration sur les zones de départ sont triples :
C- L'intégration régionale et la croissance économique Les accords d'intégration régionale conclus dans le cadre de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ont débouché en 2000 sur un libre échange à l'intérieur de la zone. Aussi, la mise en place du Tarif Extérieur Commun (TEC) a facilité davantage les échanges entre pays membres. Dans un tel contexte, les échanges entre pays sont encore plus importants et un pays peut bénéficier des avantages offerts dans un autre pays de la zone. A titre d'exemple, la Côte d'Ivoire constitue un débouché commercial important pour certaines productions du Burkina Faso, notamment pour les produits de l'élevage. Le Burkina Faso bénéficie également des biens publics existants dans d'autres pays voisins (ports, autoroutes, chemin de fer, etc.). L'interdépendance des conjonctures provient d'un effet de diffusion de la croissance économique. D'abord, la rentabilité des investissements au Burkina Faso dépend en partie des anticipations concernant la demande dans un autre pays de la zone. Ensuite, dans le cadre de l'apparition d'un marché régional unifié, le développement des échanges dû à un surcroît d'activité dans un pays de la zone profite à tous les pays de la région, y compris le Burkina Faso, en engendrant une baisse des coûts de transaction. Enfin, la transmission régionale de la croissance peut transiter par des échanges d'informations plus importants à l'intérieur de la région qu'entre les régions. En somme, la croissance économique du Burkina Faso est influencée positivement par des facteurs d'environnement international. Il s'agit des financements extérieurs, la migration (si la zone de départ est caractérisée par un sous emploi des facteurs) et l'intégration régional dans le cadre de l'UEMOA.
Au terme de cette partie, il ressort que l'économie du pays a évolué dans un contexte international particulièrement difficile entre 2000 et 2008. Cette période a été marquée par une augmentation du prix du baril de pétrole entre 2002 et juin 2008. Les conséquences d'une telle situation sont encore plus prononcées pour un pays qui dépend exclusivement de l'extérieur pour son approvisionnement en hydrocarbures. Toutefois, sur la période d'étude l'économie burkinabè a connu des taux de croissance positifs. La croissance a été de l'ordre de 5,3% de 2000 à 2008. L'apport du secteur tertiaire a été le plus élevé avec 2,51 points de pourcentage (marquant ainsi une tertiarisation de l'économie du pays) ensuite le secteur secondaire (1,35 point) et enfin le secteur primaire pour 1,16 point. Aussi, des facteurs transversaux tels que le commerce extérieur, l'investissement (public et privé) et des facteurs de l'environnement international (financements publics extérieur, la migration et l'intégration régionale) favorisent également la croissance économique. Ne serait-elle pas encore plus accrue si l'économie burkinabè n'était pas fortement exposée à certaines turbulences nées de l'extérieur ? La réponse à cette question fera l'objet de la seconde partie de notre étude. DEUXIEME PARTIE LES EFFETS DES CHOCS EXTERNES SUR LA CROISSANCE ET MESURES CORRECTIVES
La dimension internationale de l'activité économique est aujourd'hui un fait acquis. L'activité économique nationale est étroitement dépendante de l'environnement international. Une des caractéristiques les plus marquantes de nos jours est l'imbrication croissante des économies ainsi que la tendance à la construction de grands espaces économiques communs. Cependant, l'ouverture de l'économie vers l'extérieur possède des avantages mais aussi des inconvénients sur l'environnement économique national. Cette partie a pour objectif de montrer les effets négatifs des chocs externes sur la croissance (chapitre 1). Nous terminons avec des stratégies pour rendre la croissance plus forte et réduire ainsi la vulnérabilité de l'économie aux chocs externes (chapitre 2). * 23 Compétitivité et croissance économique au Burkina Faso, Bissiri SIRIMA & Al. * 24 Rapport sur l'économie du Burkina Faso 2004. L'étude a été menée sur des données de 1979 à 2003 |
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