III. ANOMALIES DE L'HEMOGRAMME [2, 11, 14, 20, 21,
22,23]
1. ANOMALIES DES GLOBULES ROUGES
1.1 ANEMIE
L'anémie se définit comme une diminution du taux
d'hémoglobine avec ou sans diminution du nombre de globules rouges
circulants. [2]
Trois grands types d'anémie peuvent être
distingués :
- les anémies dues à un défaut de
production de globules rouges ;
- les anémies dues à une destruction
augmentée de globules rouges ;
- les anémies dues à une perte de globules
rouges. [20]
Diagnostic biologique
Le diagnostic positif repose sur les normes établies en
fonction du sexe et de la tranche d'âge (Tableau I).Elle est
présente quand l'hémoglobine est inférieure de deux
déviations standards à ces normes.
Diagnostic étiologique
Le diagnostic étiologique repose sur des données
cliniques et biologiques simples.
Données clinique
Les symptômes de l'anémie sont liés
à son degré, à la rapidité d'installation de la
déglobulisation, au terrain sur lequel elle survient. Une anémie
très rapidement installée entraîne une symptomatologie
beaucoup plus dramatique qu'une anémie chronique pour un même
degré d'anémie, l'adaptation à l'hypoxie se faisant
progressivement. En outre, l'état cardiaque et respiratoire du malade
joue un rôle important dans ses possibilités d'adaptation, ainsi
que l'âge. [11, 21,23]
Dans le cadre d'une anémie chronique, installée
lentement, les signes cliniques de l'anémie traduisent
grossièrement sa gravité. Ils sont toujours moins marqués
au repos. On observe quelques soit la cause de l'anémie les mêmes
symptômes. Ce sont :
-En premier lieu : pâleur cutanée et
muqueuse, polypnée et tachycardie d'effort, et pour des efforts de moins
en moins marqués : l'asthénie est nette
-A un stade plus grave on constate une polypnée
permanente, avec tachycardie, et à l'auscultation du coeur un souff le
systolique anorganique, voire, plus tardivement, des oedèmes des
membres inférieurs ainsi que des signes d'anoxie
cérébrale : céphalées, vertiges,
bourdonnements d'oreille, « mouches volantes »
-A l'extrême un coma anémique (autour de 3
g/100 ml pour un sujet par ailleurs sain). [11,
21,23]
L'anémie aigue,celle notamment des
hémorragies abondantes,comporte les mêmes symptômes ,mais
souvent beaucoup plus intensément perçus,et il s'y ajoute une
tendance au collapsus et souvent une sensation de soif intense.
Ce sont essentiellement outre les symptômes liés
à l'anémie, l'interrogatoire qui précise l'origine
ethnique, les antécédents familiaux et personnels.
[11, 21,23]
Classification de l'anémie
[21,22]
L'analyse de la numération formule sanguine permet
d'apprécier la concentration corpusculaire en hémoglobine (CCMH),
qui, inférieure à 32 g/dl définit l'hypochromie. A partir
du volume globulaire moyen (VGM), il est possible également de
préciser le caractère microcytaire (VGM inférieur à
80 u3), normocytaire( VGM compris entre 80 u3 et 100 u3)
ou macrocytaire (VGM > 100 u3) de l'anémie.
L'analyse du frottis peut enfin révéler des
anomalies morphologiques caractéristiques des globules rouges dans
certains cas d'anémie hémolytique.
[21,22]
A ces données de la numération
érythrocytaire, s'ajoutent :
-la numération des réticulocytes
déterminant le caractère régénératif ou non
de l'anémie.
-l'examen des autres lignées précisant le
caractère isolé ou non de l'anémie.
Enfin, les autres examens seront orientés par les
données de la numération, qu'il s'agisse :
-du bilan martial
-de l'étude médullaire (myélogramme)
et/ou biopsies ostéomédullaire.
Il est ainsi possible de classer les anémies en trois
grands groupes principaux :
.les anémies microcytaires ou hypochromes et
arégénératives
.les anémies normocytaire ou macrocytaires
arégénératives
.les anémies normocytaire et
régénératives. [23]
LES ANEMIES MICROCYTAIRES [15, 20,
24,25]
L'existence d'une microcytose traduit une anomalie de
synthèse de l'hémoglobine et, dans la majorité des cas,
est le reflet d'une anomalie d'utilisation du fer.
Ainsi le dosage du fer permettra de différencier :
les anémies microcytaires à fer bas (260ug/100ml chez la femme et
270 ug/100 ml chez l'homme), des anémies microcytaires à fer
normal. [15]
LES ANEMIES MICROCYTAIRES HYPOSIDEREMIQUES
[15, 20, 25,26]
Elles correspondent à deux situations : les
anémies inflammatoires, où le fer est stocké dans les
macrophages sous l'action des interleukines de l'inflammation ; et les
anémies par carence en fer.
a) les anémies inflammatoires
[20]
Leur diagnostic repose sur :le contexte clinique de la
maladie inflammatoire (collagénose,infection) ;le contexte
biologique de la maladie inflammatoire :augmentation du
fibrinogène, des á 2-globulines,présence d'une
thrombocytose ;le dosage du fer bas avec une capacité de saturation
de la sidérophiline(CTS)basse(50umol) ;le dosage de la ferritine
normal ou élevé. L'anémie n'est que le témoin de la
maladie inflammatoire, elle ne nécessite aucun traitement
spécifique. Elle nécessite rarement des transfusions.
b) les anémies par carence martiale
[15, 20,26]
Le diagnostic des anémies par carence martiale repose,
dans la grande majorité des cas, sur des critères biologiques
simples.
Une carence isolée sans retentissement
hématologique est affirmée si le taux de férritine
sérique est inférieur aux valeurs normales de
référence. La férritine sérique est le reflet
indirect du stock en fer dans l'organisme. Les valeurs de férritine
sérique sont dépendantes du sexe :elles sont chez l'homme
comprises entre 30 ng/mL et 150 ng/mL ; chez la femme la limite
inférieure est plus souvent basse, entre 10 et 12 ng/mL. Des
réserves en fer plus réduites chez la femme expliquent ces
différences.
A cette phase précoce de la carence martiale, il
apparaît une diminution du fer sérique et une augmentation de la
transferrine. Lorsque les réserves en fer sont épuisées,
la carence martiale retentit sur l'érythropoïèse. Les
modifications sont les suivantes :
-diminution du pourcentage de la saturation de la transferrine
<0,16 ;
-augmentation de la protoporphyrine
érythrocytaire ;
-augmentation de l'indice de dispersion des volumes des
hématies exprimé sur les compteurs de globules automatiques par
la valeur red blood cells distribution width (RdW)
-microcytose avec un volume globulaire moyen (VGM)
inférieur à 80 u3, souvent associée à
-une anémie
-une augmentation modérée du nombre des
plaquettes est habituelle (500 à 600 X 109/L).
Chez le nourrisson
La carence en fer est fréquente et est pratiquement
toujours due à une carence d'apport alimentaire. La
gémellité et la carence en fer chez la mère sont des
facteurs favorisants.
LES ANEMIES MICROCYTAIRES
NORMOSIDEREMIQUES [15, 20,25]
La normalité du fer sérique doit être
contrôlée deux fois avant de pouvoir affirmer la normalité
du fer.
On doit évoquer deux pathologies : les
thalassémies et les anémies réfractaires.
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